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L’inquiétante division des rebelles libyens

LGS donne à lire ici un article de Renaud Girard, grand reporter au Figaro.

Etonnant, non ? En fait, ce qui devrait étonner c’est la désinformation quasi systématique par les grands médias, même ( et parfois : surtout) par ceux qui se réclament de la gauche, surtout dès qu’il s’agit de l’international.

Du coup, le Figaro (oui, celui de Dassault !) s’il laisse percer dans le titre (qui n’est peut-être pas choisi par le rédacteur) une "inquiétude", parvient néanmoins à un niveau d’impartialité alors que trop de ses concurrents ne savent même plus la signification du mot. "Impartialité", non pas par l’absence de parti pris, mais par l’apport d’informations qui tordent le cou au discours médiatique dominant.

Quelle époque !

Le Grand Soir.

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La mort du chef d’état-major des forces armées du CNT met en lumière le manque de discipline au sein des troupes rebelles.

Il y avait déjà l’enlisement militaire. Se profile désormais le spectre de la discorde chez les rebelles libyens. Par sa portée symbolique, la mort violente du chef d’état-major des forces armées du CNT (Conseil national de transition siégeant dans la ville rebelle de Benghazi) est une mauvaise nouvelle pour les grandes puissances occidentales.

Ne s’est-on pas un peu précipité en reconnaissant le CNT comme seule institution représentant le peuple libyen ? Était-ce bien raisonnable, pour la France, de livrer des armes à des rebelles qu’elle connaissait mal, combattants indisciplinés aux loyautés changeantes ? Savait-on vraiment où l’on mettait les pieds ? Les leçons des désastres afghan et irakien n’auraient-elles pas dû être tirées ? Autant de questions que les parlementaires, les experts en géopolitique et les opinions publiques d’Amérique, de France et d’Angleterre ne manqueront pas désormais de poser à leurs exécutifs respectifs.

A longueur de conférences de presse à Benghazi, le CNT s’est en effet présenté depuis cinq mois comme une institution capable d’apporter la démocratie, la concorde et la prospérité à la totalité du territoire libyen. Or voilà que la capitale de la « Libye libre » a donné jeudi le spectacle de lamentables chicaneries tribales. Elles feront immanquablement le jeu du dictateur Kadhafi, lequel a toujours répété à qui voulait l’entendre que seule une poigne comme la sienne pouvait maintenir ensemble les tribus libyennes et éviter le chaos au pays.

Pourquoi le CNT a-t-il, mercredi soir, rappelé Abdel Fatah Younès du front de Brega ? Pourquoi l’a-t-il fait comparaître, dans la journée de jeudi, devant une commission politique, comme aux plus belles heures du Comité de salut public de 1793 ? Pourquoi le général mis en accusation est-il ensuite sorti libre de son interrogatoire ? Pourquoi et par qui a-t-il été assassiné trois heures plus tard ­devant son domicile, avec deux officiers de son état-major ? Moustapha Abdel ­jalil, le président du CNT, n’a pas été en mesure de répondre à ces questions lors de la conférence de presse qu’il donna pour annoncer la mort du général Younès, dont l’heure de gloire avait été sa réception à l’Élysée le 16 avril dernier.
Fantasia à Benghazi

Selon une source française très proche du CNT, Abdeljalil a personnellement téléphoné, durant l’interrogatoire du général, pour convaincre ses accusateurs de laisser tomber cette affaire, visiblement provoquée par des rumeurs affirmant que Younès aurait secrètement repris langue avec Kadhafi. Voir leur chef vilipendé puis assassiné quelques heures plus tard mit en furie, jeudi soir, la puissante tribu des Obeidi, à laquelle appartenait Younès. Des hommes armés de la tribu procédèrent à une dangereuse fantasia devant l’Hôtel Tibesti, où venait de se tenir la conférence de presse du maître supposé de Benghazi. Rafalant à la kalachnikov la façade de l’hôtel, ils en brisèrent les fenêtres. Le service de sécurité de l’établissement se rua sur les journalistes internationaux, pour les mettre à l’abri de ces tirs fous. Mauvais moment pour les relations publiques du CNT…

L’incapacité du CNT à faire régner l’ordre dans les rues de Benghazi ne constitue pas son seul handicap. Militairement, il ne s’est pas montré capable de tirer, sur le terrain, un avantage décisif des deux atouts considérables qui sont les siens : le soutien aérien des chasseurs-bombardiers de l’Otan depuis la mi-mars ; la livraison d’armes modernes par la France et le Qatar à partir du début du mois de juin. Aucune coordination réelle n’existe entre les trois fronts rebelles que sont Brega, Misrata et le Djebel Nefousa. Lorsque les insurgés de Misrata furent reçus à l’Élysée il y a une semaine, ils demandèrent à la France un soutien qui ne passe pas par les « autorités » de Benghazi.

Politiquement, les analyses du CNT apparaissent, à l’expérience, sujettes à caution. Combien de fois les hiérarques du CNT, relayés par les chancelleries occidentales, n’ont-ils assuré que la chute de Kadhafi n’était pas « une question de mois, mais de semaines » ! A la fin du mois de juin, l’on nous avait exposé un plan imparable, digne des meilleurs scénarios de la CIA. Les armes françaises livrées aux Berbères du Djebel Nefousa devaient faire de ces derniers un fer de lance, capable de prendre en tenaille Tripoli, avec l’aide des combattants de Misrata, qui, eux, attaqueraient la capitale par l’est. Dans ce schéma idyllique, la population de Tripoli se soulevait alors à l’approche des forces rebelles, et c’était la fin de Kadhafi. Un film aussi beau que celui du mois d’août 1944 à Paris… Il semble que le général Younès n’ait pas été le seul Libyen à avoir une tribu derrière lui et que Kadhafi dispose, lui aussi, de tels soutiens.

Sur le plan des principes, le CNT dispose d’une feuille de route impeccable : ces hommes promettent la construction d’un État démocratique, respectueux de l’ordre international et où le religieux serait séparé du politique. Fort bien. Mais le problème est qu’on ne fait pas la guerre sans un minimum de discipline. Tant que le CNT n’aura pas réussi à imposer à lui-même et à ses troupes un minimum de discipline, le tyran Kadhafi continuera à couler des jours heureux à Tripoli…

Renaud Girard.

http://www.lefigaro.fr/international/2011/07/29/01003-20110729ARTFIG00...

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