La presse occidentale a énormément parlé des « difficultés » économiques du Venezuela. Elle a particulièrement insisté sur les énormes réserves pétrolières du pays qui auraient été un oreiller de paresse cachant l’incapacité d’abord du gouvernement Chavez, puis de celui de Maduro (pensez donc un simple travailleur !) les deux incapables d’impulser une politique économique menant à la prospérité du pays.
En transférant une partie de la manne pétrolière des poches des magnats du pétrole à celles de la partie la plus pauvre de la population, en développant des systèmes de santé et d’éducation performants et gratuits, ces gouvernements seraient aujourd’hui punis pour avoir transgressés les « vrais » lois économiques. La forte inflation et les pénuries de biens de consommation dans les magasins seraient la sanction de leur politique économique laxiste.
Certains entrepreneurs du secteur privé profitent de la situation et l’accentuent : ils stockent des produits de base et de l’électroménager pour provoquer de la rareté et faire monter les prix. Ils intensifient aussi leurs activités de contrebande vers la Colombie. De plus, ils occupent certains bastions dans l’appareil politique pour essayer de déboulonner le gouvernement.
Cette véritable guerre économique a créé un certain mécontentement qui a été le prétexte déclencheur de ce qu’on a appelé des « émeutes », en réalité des vendettas de l’extrême-droite vénézuélienne voguant sur ce que notre presse a qualifié de « mécontentement populaire ».
Le plus étrange c’est que nous, qui sommes honnêtes, avouions qu’il y avait des difficultés économiques, alors que l’extrême-droite, qui est malhonnête, a nié tant les résultats éminemment positifs de la révolution bolivarienne et les résultats des multiples élections que les actes terroristes de ses « manifestants », en réalité des groupes paramilitaires.
On oublie souvent qu’aucune économie n’est neutre. Le capitalisme est partout dans le monde un moyen de canaliser la richesse vers le capital, donc dans les poches de ceux qui le possèdent. La « science » économique est en réalité l’art de conduire une guerre de classe.
Cette guerre a un fondement idéologique : le sens donné au mot richesse. Pour certains la richesse est le capital, être riche c’est donc avoir beaucoup de capital, et tout ce qui ne sert pas à le nourrir en profit est du gaspillage. Ce sens donné au mot richesse est aujourd’hui dominant. Mais il existe un autre sens que nous devrions reconnaître : la richesse est tout ce qui concourt à créer du bien-être.
C’est cela le vrai fondement idéologique de la guerre économique. : la richesse des capitalistes, c’est ce qui est accumulé aux dépends des autres ; tandis que selon nous, gens des peuples, la richesse c’est le travail humain mis en œuvre pour améliorer le bien-être de tous.
Pour les capitalistes tout ce qui a été fait au Venezuela pour vaincre la misère est évidemment du gaspillage.
La guerre économique a ses armes. L’une d’elles est l’inflation. Celle-ci est aux aguets dès que les salaires augmentent, les prix prennent l’ascenseur aussitôt. L’inflation est une manière de neutraliser les améliorations salariales. C’est un des côtés de la médaille. Mais on oublie souvent l’autre côté de la médaille : les actions, les objets financiers non libellés en argent échappent à l’inflation. Autrement dit l’argent qui atterrit dans la poche des travailleurs perd de sa valeur alors que les actions ou les papiers valeurs qui atterrissent dans les coffres des banques des capitalistes restent stables ou augmentent la leur.
Chaque expérience révolutionnaire est précieuse, elle n’est jamais toute blanche ou toute noir, elle constitue un enseignement irremplaçable parce que résultant de la vie elle-même. C’est aujourd’hui en Amérique latine, en particulier au Venezuela que l’expérience la plus avancée est en route ; il faut la soutenir sans réserve parce que plus elle ira loin plus elle nous aidera tous en tant que révolutionnaires. Cela à condition qu’on sache en tirer les enseignements et qu’on ne passe pas notre temps à donner des leçons.
Christian Tirefort
Né en 1943 dans une petite ville du Valais, en Suisse. Christian Tirefort a eu une scolarité réduite à sa plus simple expression qui a commencé à 8 ans et s’est terminée à 14 ans. Il a fini l’école si tôt parce que ses instituteurs ont estimé qu’il n’avait plus rien à apprendre d’eux. Selon eux il aurait du continuer sa scolarité dans une école supérieure. Son tuteur ne l’a pas voulu et l’a envoyé faire un apprentissage de typographe dans une imprimerie. Il a alors tout d’abord lu et écrit des romans, puis poussé par ses camarades de travail il est devenu délégué syndical. Il s’est alors intéressé à la politique, surtout aux aspects théoriques. Toujours poussé par ses camarades d’entreprise il est tout d’abord devenu président du syndicat local, puis dès l’âge de 49 ans président central, c’est-à-dire le plus haut responsable national de la branche des médias. Il est aujourd’hui à la retraite, mais très actif sur le plan politique.
Son dernier ouvrage sorti en librairie :
MANIFESTE POUR UN NOUVEAU CONTRAT SOCIAL
Réhabiliter le travail, c’est le libérer de l’emploi capitaliste