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La Stratégie du Choc

Qu’y a-t-il de commun entre le coup d’état de Pinochet au Chili en 1973, le massacre de la place Tiananmen en 1989, l’effondrement de l’Union soviétique, le naufrage de l’épopée Solidarnösc en Pologne, les difficultés rencontrées par Mandela dans l’Afrique du Sud post-apartheid, les attentats du 11 septembre, la guerre en Irak, le tsunami qui dévasta les côtes du Sri-Lanka en 2004, le cyclone Katrina, l’année suivante, la pratique de la torture partout et en tous lieux - Abou Ghraib ou Guantanamo, aujourd’ hui ? Tous ces moments de notre histoire récente, répond Naomi Klein, ont partie liée avec l’avènement d’un ’capitalisme du désastre’. Approfondissant la réflexion entamée avec son best-seller, No logo Naomi Klein dénonce, ici, documents à l’appui, l’existence, depuis plus d’un demi-siècle, de stratégies concertées pour assurer la prise de contrôle de la planète par les multiples tenants d’un ultralibéralisme qui a systématiquement mis à contribution crises, désastres ou attentats terroristes - et qui n’a pas hésité, du Chili de Pinochet à Guantanamo - à recourir à la torture sous diverses formes pour substituer aux acquis des civilisations et aux valeurs de démocratie la seule loi du marché et la barbarie de la spéculation.

Editions Actes Sud

672 pages

ISBN : 9782742775446

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COMMENTAIRES  

22/08/2008 22:20 par citiesdust

Si on me demandait quel livre j’aurais regretté ne pas avoir lu cette année, j’aurais répondu le dernier livre de Naomi Klein. Ce bouquin est fait pour ceux qui ont pris du retard dans leurs analyses, pour ceux qui pensaient tout savoir et pour ceux qui s’en foutaient et qui ont décidé de s’y mettre. Cet ouvrage est incontournable, documenté et le propos est vérifiable. Un chef d’oeuvre ! Il est gros, dense mais reste toujours lisible. Achetez le ! Le voler, ce serait avoir bien peu de reconnaissance pour une telle masse de travail.

02/12/2024 21:31 par Sam

C’est sans doute LE bouquin qui a éclairé les enjeux de notre époque.

03/12/2024 12:06 par Abdul

Je voudrais pas semer le bouzyn mais enfin, bon, voici ce qu’elle écrit, Naomi, dans LE bouquin, à propos de Tiananmen

Le 20 mai 1989, le gouvernement de la République populaire de Chine lançait
clairement ce message en déclarant la loi martiale. Le 3 juin, les tanks de l’Armée
populaire de libération foncèrent sur les manifestants et firent feu au hasard sur la
foule. Des soldats se ruèrent sur les autobus où des manifestants avaient trouvé refuge
et les battirent à coups de matraque. D’autres soldats enfoncèrent les barricades
dressées autour de la place Tiananmen, où des étudiants avaient érigé une statue à la
gloire de la Déesse de la démocratie, et arrêtèrent les organisateurs. Au même moment,
des mesures de répression similaires se multipliaient partout dans le pays.

On ne saura jamais combien de personnes furent tuées ou blessées ces jours-là. Le
Parti admet qu’il y en eut des centaines, et des rapports de témoins oculaires de
l’époque font état de 2 000 à 7 000 décès. Quant aux blessés, il y en aurait eu jusqu’à
30 000. On assista ensuite à une véritable chasse aux sorcières contre les critiques et
les opposants du régime. Quelque 40 000 d’entre eux furent arrêtés, des milliers furent
emprisonnés et beaucoup — peut-être des centaines — lurent exécutés. Comme en
Amérique latine, le gouvernement réserva ses châtiments les plus durs aux ouvriers, qui
représentaient la plus grave menace pour le capitalisme déréglementé. « La plupart des
personnes arrêtées — et la quasi-totalité de celles qui furent exécutées — étaient des
ouvriers. L’objectif était de toute évidence de terroriser la population ; il était bien
connu que les personnes arrêtées étaient systématiquement battues et torturées », écrit
Maurice Meisner.

Pour l’essentiel, la presse occidentale traita le massacre comme s’il s’était agi d’un
nouvel exemple de la brutalité communiste : pendant la Révolution culturelle, Mao
avait éliminé ses opposants ; à présent, Deng, le « boucher de Beijing », écrasait ses
détracteurs sous l’œil inquisiteur d’un portrait géant de Mao. Un titre du Wall Street
Journal laissait entendre que la réaction du gouvernement menaçait d’anéantir dix
années de réforme — comme si Deng avait été l’ennemi de ces réformes et non leur
plus ardent défenseur, bien résolu à les faire entrer dans de tout nouveaux territoires.
Cinq jours après la répression sanglante, Deng, dans un discours à la nation, indiqua
on ne peut plus clairement que ses agissements visaient à protéger le capitalisme et non
le communisme. Après avoir déclaré que les manifestants étaient « la lie de la
société », le président chinois réaffirma la détermination du Parti à poursuivre la
thérapie de choc économique. « Bref, c’était un test, et nous l’avons réussi », dit Deng.
Puis il ajouta : « Peut-être ces événements malheureux nous aideront-ils à mieux faire
avancer la réforme et la politique d’ouverture, de façon plus régulière, voire plus
rapide. [...] Nous n’avons pas eu tort. Il n’y a rien de mal dans les quatre principes
cardinaux [de la réforme économique]. S’il y a un problème, c’est qu’ils n’ont pas été
appliqués avec assez de rigueur
32.

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