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Le Monde Diplomatique (juin 2013)

Dans l’éditorial du numéro de juin 2013, Serge Halimi dénonce la langue unique (le sabir, le globish) que les Solfériniens veulent imposer aux Français :

Marché unique, monnaie unique, langue unique ? Les portes et les ponts illustrant les billets européens incarnent déjà la fluidité des échanges entre des commerçants sans ancrage et sans histoire. Faut-il également que les étudiants puissent quitter leur pays sans dictionnaire ? Avec pour seul passeport linguistique un anglais d’aéroport. Utilisable partout, en particulier dans les universités françaises.

Car il paraît que celles-ci restent encore trop « décalées » — comme le reste du pays. Imaginez, on y parle toujours… français ! Mme Geneviève Fioraso, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, veut supprimer cet « obstacle du langage ». Il découragerait « les étudiants des pays émergents, la Corée, l’Inde, le Brésil », de venir se former en France.

Vingt-neuf Etats ont pourtant comme langue officielle celle de Molière (cinquante-six celle de Shakespeare). Et le nombre de locuteurs du français ne cesse de croître, en particulier en Afrique. Mais, à en juger par le parcours du combattant qu’elle leur inflige, les étudiants de ce continent ne sont pas ceux que la France veut attirer. Pas assez riches, pas assez susceptibles de payer les (gros) droits d’inscription d’une école de commerce ou d’ingénieurs.

Un reportage édifiant d’Olivier Cyran sur le Bangladesh, la « machine à coudre du monde », avec ses « meurtriers du prêt-à-porter » :

Avant même que l’effondrement des ateliers du Rana Plaza, à Dacca, ne tue plus d’un millier d’ouvriers, d’autres drames avaient mis en lumière les conditions de travail dans les usines de confection bangladaises. Comment le pays en est-il arrivé à une telle situation ?

Visible à plusieurs centaines de mètres à la ronde, l’étincelante tour de verre qui se dresse en solitaire sur la berge du lac Hatirjheel évoque un greffon de la City de Londres transplanté au cœur d’un gigantesque bidonville. C’est le siège de l’Association des fabricants et exportateurs de textile du Bangladesh (Bangladesh Garment Manufacturers and Exporters Association, BGMEA), l’organisation des employeurs du prêt-à-porter.

Un dossier très intéressant sur le vieillissement de la population mondiale. J’ai particulièrement savouré celui sur l’Allemagne qui, après avoir importé des aides-soignantes des anciens pays de l’Est payées au noir, exporte désormais ses grands-parents.

Et si, même sur le plan économique, une population vieillissante était un atout pour un pays ? C’est en tout cas la carte que veut jouer le Japon en misant sur le « marché argenté » (« Un marché qui excite le patronat japonais »). En Allemagne, les pensions ne suffisent plus pour payer les établissements médicalisés ; certaines familles envoient donc leurs parents en Thaïlande ou en Roumanie (« Les Allemands exportent aussi leurs grands-parents »). La Chine, essentiellement rurale il y a trente ans, a vu depuis les jeunes partir pour la ville, laissant derrière eux les vieux isolés dans leur village (« Qin Zhuang, royaume des aînés »). L’Afrique affronte une évolution identique (« “Te souviens-tu de nos 20 ans ?” »). En France, une nouvelle réforme se prépare, qui vise à faire payer les retraités (« Et maintenant, faire payer la crise aux retraités »). Selon les circonstances, les responsables politiques et les dirigeants d’entreprise valorisent les plus de 60 ans ou les fustigent (« A quel âge devient-on vieux ? »).

Notons qu’environ 7 146 retraités allemands vivant en maison de retraite en Hongrie en 2011. Plus de 3 000 retraités ont été envoyés dans des foyers en République Tchèque, et il y en avait plus de 600 en Slovaquie. Il en existe également un nombre inconnu en Espagne, en Grèce et en Ukraine. La Thaïlande et les Philippines sont aussi attirantes pour un nombre croissant d’entre eux.

Un réflexion très intéressante de Pierre Rimbert (“ Les robots ne joueront pas « La Traviata » ”) qui nous explique pourquoi, contrairement aux ordinateurs ou aux casseroles, les soins, la culture, l’éducation coûteront toujours « trop » cher, dans l’optique du capitalisme financier, évidemment :

Erigée en dogme de part et d’autre de l’Atlantique, l’exigence de baisse des dépenses publiques se répercute en premier lieu sur les services d’intérêt commun. Or, dans les secteurs où l’interaction humaine est irremplaçable, réduire les coûts implique inévitablement une perte de qualité. L’automatisation d’un nombre toujours plus grand d’activités exaucera-t-elle les maniaques de l’efficience ?

Difficile, pour les habitants des pays industrialisés, d’échapper au sentiment d’une vie quotidienne cisaillée par deux courants contraires. D’un côté, le foisonnement de services individuels accessibles par l’intermédiaire d’appareils toujours plus performants, pratiques et bon marché ; de l’autre, la raréfaction et le renchérissement des services collectifs de contact — ceux qui, rendus par des humains à des humains, tissent la trame de la société. Arbitrages budgétaires, modes intellectuelles, flux d’investissements : tout paraît encourager cette dynamique. La comprendre — pour la combattre ? — implique de saisir un mécanisme mis en évidence il y a près de cinquante ans, mais que les dirigeants politiques s’évertuent à ignorer. Son nom ? La « maladie des coûts ».

Pour Renaud Lambert, “ Le Brésil s’empare du rêve de Bolívar ” :

Unifier les douze pays d’Amérique du Sud pour les libérer de la tutelle américaine : au Brésil comme ailleurs, le projet d’intégration fait l’unanimité, ou presque. Rassemblant patrons et syndicalistes, mouvements sociaux et hauts fonctionnaires, une telle mobilisation pourrait toutefois faciliter l’émergence d’une nouvelle hégémonie, régionale celle-là.

Peut-on “ Prendre le pouvoir sans perdre son âme ” (Baptiste Dericquebourg) ? :

Comment passer du statut de principale force de l’opposition à celui de premier parti d’un pays ? Rares sont les formations politiques de la gauche radicale européenne en mesure de se poser sérieusement cette question. C’est toutefois celle qui tiraille Syriza, en Grèce, que ses résultats électoraux du printemps 2012 placent aux portes du pouvoir.

Syriza tiendra en juillet 2013 son premier congrès en tant que parti unifié (lire « Syriza en chiffres »). Propulsée par les élections législatives de mai et juin 2012 au rang de coryphée de l’opposition de gauche à la politique de la « troïka » — Fonds monétaire international (FMI), Commission européenne et Banque centrale européenne (BCE) —, la Coalition de la gauche radicale jouit d’une position unique en Europe. Avec elle, une force politique progressiste se trouve aux portes du pouvoir. Mais cette percée ambiguë, à la fois victoire et défaite face aux conservateurs de Nouvelle Démocratie, l’a également confrontée aux problèmes de l’élargissement de sa base électorale et militante, ainsi que de la recherche d’alliances. Problèmes d’autant plus urgents que, pour la direction de Syriza, le gouvernement tripartite sorti des urnes en juin 2012 ne devait pas tenir plus de quelques mois, et que de nouvelles élections auraient donc déjà dû avoir lieu.

José Luis Peixoto pense que l’avenir à court et moyen terme des Portugais est très sombre :

Passage du temps de travail de trente-cinq à quarante heures, élévation de l’âge du départ à la retraite… Avec le nouveau plan d’austérité entériné le 12 mai dernier, le Portugal poursuit sa descente aux enfers. Qu’ils partent ou qu’ils restent, ses habitants doivent faire le deuil de leurs rêves d’avenir.

Selon Karim Emile Bitar, la Syrie est le théâtre de guerres (au pluriel) par procuration :

Appuyé par le Hezbollah libanais, le régime de M. Bachar Al-Assad a repris l’offensive dans l’ouest de la Syrie. Un rapprochement américano-russe laisse entrevoir la possibilité de réunir une conférence internationale à Genève. Mais, deux ans après le début du soulèvement, la révolution est détournée par des acteurs régionaux et internationaux aux objectifs contradictoires et souvent mal définis.

Que penser des “ loups solitaires de Boston ” (Murad Batal Al-Shishani) ? :

Les attentats du marathon de Boston, le 15 avril dernier, ont fait resurgir le spectre d’un djihad mondial contre les États-Unis, qui mobiliserait les combattants islamistes du Sahel à l’Afghanistan en passant par le Caucase. Pourtant, les motivations des frères Tsarnaev ont peu à voir avec la situation en Tchétchénie, république dont ils sont originaires et dont le combat vise avant tout l’indépendance vis-à-vis de la Russie.

Benoît Bréville se demande si la France ne va pas connaître une “ Immigration choisie à l’américaine ” :

Actuellement en discussion au Sénat, la réforme de la politique américaine d’immigration prévoit d’ouvrir la voie à la régularisation de onze millions de sans-papiers. Cette mesure, qui focalise l’attention des médias et des partis politiques, en éclipse une autre : l’instauration d’un nouveau système d’attribution des visas qui ferait la part belle aux desiderata des entreprises.

Où en est la dissuasion française (“ L’arme nucléaire oubliée du débat français ”, Vincent Desportes) ? :

Le nouveau Livre blanc sur la défense remis au président de la République a reconduit la posture et l’arsenal nucléaires tels qu’ils avaient été définis par le général de Gaulle. Encore une fois, les changements intervenus au cours des dernières décennies et la modification des menaces n’ont pas été pris en compte. Au risque d’affaiblir les capacités de dissuasion de la France.

Le Koweït connaît, lui aussi, ses sans-papiers (Alain Gresh) :

Comme les autres pays pétroliers du Golfe, le Koweït vit grâce à une main-d’œuvre étrangère corvéable à merci. Mais les « bidoun », ces citoyens privés de droits, sont une particularité du petit émirat.

La science-fiction : nouveau genre dans la littérature africaine (Alain Vicky) :

La science-fiction déplie les possibles enfouis dans le présent et cristallise les formes que pourrait prendre l’avenir. En rendant ainsi sensibles des peurs et des espérances collectives, elle est toujours – à sa façon – politique. Alors que les Anglo-Saxons l’ont largement abandonnée au profit de la fantasy, les artistes africains s’en saisissent.

Savez-vous combien coûte un billet d’avion ? Non, bien sûr. Ariane Krol et Jacques Nantel expliquent pourquoi :

La semaine dernière, vous avez acheté un billet d’avion pour Montréal. Après avoir consulté le tarif sur le site de la compagnie aérienne, vous avez navigué sur Internet à la recherche d’une meilleure offre, pour finalement revenir au site original. A votre grand étonnement, le tarif avait grimpé. Vous vous êtes empressé de réserver votre billet avant que son prix n’augmente davantage.

Vous vous êtes fait avoir.

Enfin, un fort dossier sur “ Les nouveaux défis de la santé globale ” :

Trente ans après la découverte du virus du sida, le combat contre la maladie a connu des progrès certains. Infection elle aussi mortelle, le paludisme fait l’objet d’un travail de prévention systématique, comme en République démocratique du Congo (lire Bataille contre les moustiques en République démocratique du Congo), tandis que le traitement de la tuberculose est de plus en plus accessible. Créé en 2002, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme est l’instrument-clé de ce travail de titan qui nécessite la mobilisation de sommes importantes. Mais, en période de crise et de restrictions budgétaires, les bailleurs se montrent parfois hésitants à maintenir un soutien financier pourtant indispensable (lire les tribunes de Pascal Canfin et de Mark Dybul). Définis en 2000, les Objectifs du millénaire pour le développement ne seront pas atteints en matière de santé à l’horizon 2015 (lire « Défis du Millénaire en matière de santé »), et la situation en Afrique francophone demeure inquiétante (lire « L’Afrique francophone face au sida »).

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