Introduisant son sujet, le président Wade s’est ainsi exprimé : « C’est pour moi un grand plaisir que de me retrouver avec les étudiants. Je dis souvent qu’un vieux professeur est toujours un vieux étudiant. En somme, avec vous étudiants et professeurs, je me sens bien dans mon milieu naturel, ayant été Doyen de la faculté des sciences Economiques de l’université de dakar. »
Répondant à la problématique même du thème de la rencontre : « doutes et espoirs ? », l’ancien professeur d’économie semble noter les « pluriels » accordés aux termes « doute et espoir » et d’affirmer que « dans un partenariat comme le Nepad, un doute seul est déjà un problème. S’il est du côté africain, c’est grave car nous convaincrons difficilement, pour ne pas dire pas du tout, nos partenaires. S’il est du côté de ceux-ci, il nous revient de les convaincre. » Alors ne voulant pas s’éterniser sur un développement des concepts trop « compliqués », M.Wade a abordé la question autrement en essayant de prouver que le Nepad est cohérent, faisable et finançable.
Comme un cours magistral, le professeur a commencé par situer le Nepad dans son contexte : Le Nepad est apparu à un moment de profonde crise africaine : crise économique mais surtout politique.
Pour lui le continent noir est entré « très fragile » dans le 3ème millénaire, dans un monde bouleversé par des ruptures surprenantes de l’équilibre planétaire, faites de disparition des Etats communistes laissant en place des Etats n’arrivant pas encore à trouver une position stable dans l’économie de marché.
Ensuite il a rappelé la cohérence, la faisabilité et les modes de financement du nepad.
Au début, soucieux et conscients d’une renaissance africaine, les présidents, Thabo Mbeki (Afrique du sud), Olesegun Obasanjo(Nigeria) et Bouteflika (Algérie), après méditation commune ont mis sur pied le MAP, Millenium African Plan, diagnostic des sources de l’appauvrissement historique de l’Afrique et appel aux leaders africains pour une prise de conscience de la gravité de la situation.
Parallèlement au MAP, le plan OMEGA, sénégalais, lancé en même temps est une stratégie de rattrapage des pays développés par l’Afrique. Ces deux plans, après une brève concurrence, furent fusionnés pour donner naissance à la Nouvelle Initiative africaine (NIA). Pour intégrer sa dimension partenariat avec les pays développés la NIA fut débaptisée pour devenir le NEPAD (nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique). Ainsi le plan OMEGA est devenu le complément naturel du MAP, la composante économique du Nepad.
Et depuis le Nepad fait du chemin. Des dirigeants du G8 ont déjà reçu des Chefs d’Etats Africains pour des discussions autour du Nepad entre autres le président Chirac, recevant une douzaine d’entre eux le 8 février 2002 ou encore le président des Etats-Unis recevant Alpha Omar Konaré(Mali),John Kufuor (Ghana) et Abdoulaye wade (Sénégal). En plus de ces rencontres, des groupes de travail sont mis en place et traitant des problèmes spécifiques au décollage de l’afrique. Du développement humain à la paix en passant par la bonne gouvernance, rien n’est oublié qui gangrène l’intégration du berceau de l’humanité sur le marché international qui bat au rythme de la mondialisation.
Pour M. Wade, le Nepad est faisable parce que ses moyens de financement sont nombreux.
De la contribution immédiate fixe de chaque Etat à la celle des Etats africains pétroliers ; du rapatriement des ressources du secteur privé africain telles que les assurances ou de nos institutions financières à l’association possible du secteur public international avec secteur privé local. Le Nepad ne tarit pas d’ambition quand à ses sources de financement.
Mais comme le dit Wade, « nous avons identifié les projets dans tous les secteurs, tant au niveau régional qu’au niveau continental et les partenaires financiers potentiels sont parfaitement identifiés dans le secteur public comme privé, dans les pays du G8, au Moyen orient et en Asie. Ayant abordé la phase de mise en oeuvre, Il reste maintenant de faire les rapprochements et de lancer les projets. »
Espérant que le Nepad aura le soutien total de l’organisation Internationale de la Francophonie(OIF) ou encore q’un mariage OCDE-Nepad sera le moteur du décollage du continent noir longtemps resté à la traine.