Lénine, le porte-drapeau des opprimés et des exploités

« Sa volonté était uniquement inébranlablement tendue, comme une force irrésistible de la nature, vers un seul but : la Révolution ». Clara Zetkin.

Cent ans après la Révolution d’octobre, il est utile et nécessaire, surtout en cette sombre période, de rappeler quelques idées d’un homme qui a, qu’on le veuille ou non, profondément marqué l’histoire contemporaine. Parler de Lénine, c’est en quelque sorte lui redonner la parole, citer ses écrits et souligner son rôle décisif dans la glorieuse Révolution d’octobre 1917. La révolution que la bourgeoisie hait de toute ses forces, Lénine lui a consacré et sacrifié toute sa vie. Seule la révolution socialiste mondiale peut sauver l’humanité du capitalisme et de ses ravages qui deviennent aujourd’hui de plus en plus évidents et de plus en plus insupportables. Pour faire triompher la révolution, Lénine s’appuyait sur la doctrine de Marx et d’Engels, inconciliable avec le charlatanisme et la superstition. C’est lui qui disait « sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire » (1), phrase ô combien actuelle par ces temps de débandade idéologique généralisée. Lénine a déclaré une guerre implacable à la société de classe, à l’esclavage salarié, à l’État bourgeois, à la soumission de la femme à l’homme, au chauvinisme national, à toute forme d’opportunisme, à l’oppression, bref à toutes les conditions économiques, sociales et politiques qui méprisent et avilissent les hommes.

Pour Lénine, la marche en avant vers le socialisme ne peut résulter d’une quelconque perfection de la démocratie bourgeoise, de la conciliation des classes etc. Seule une révolution est en mesure de mettre un terme à la résistance de la minorité d’exploiteurs, et d’enfanter une nouvelle société. « Les hommes, disait Lénine, ont toujours été et seront toujours en politique les dupes naïves des autres et d’eux-mêmes, tant qu’ils n’auront pas appris, derrière les phrases, les déclarations et les promesses morales, religieuses, politiques et sociales, à discerner les intérêts de telles ou telles classes. Les partisans des réformes et améliorations seront dupés par les défenseurs du vieil ordre de choses, aussi longtemps qu’ils n’auront pas compris que toute vieille institution, si barbare et pourrie qu’elle paraisse, est soutenue par les forces de telles ou telles classes dominantes. Et pour briser la résistance de ces classes, il n’y a qu’un moyen : trouver dans la société même qui nous entoure, puis éduquer et organiser pour la lutte, les forces qui peuvent - et doivent de par leur situation sociale - devenir la force capable de balayer le vieux et de créer le nouveau » (2).

Lénine s’est battu inlassablement avec toute son énergie et sur tous les fronts pour rendre possible la Révolution socialiste tant rêvée et espérée par tous les opprimés et par tous les exploités du monde.Toutes ses forces, toutes ses actions pratiques, tout son travail théorique et toutes ses tactiques tendaient vers la même stratégie, l’émancipation des travailleurs, vers la révolution non seulement en Russie mais à l’échelle planétaire.

Mais aujourd’hui pour tous les bourgeois du monde, petits et grands, Lénine est un monstre, un démon, un dictateur responsable de tous les crimes et de toutes les horreurs possibles et imaginables. On ne lui pardonnera jamais d’avoir appelé les ouvriers, les paysans pauvres et les soldats à se dresser, les armes à la main, contre la société bourgeoise. « Malheur au génie qui s’oppose fièrement à la société bourgeoise et qui forge les armes qui lui donneront le coup de grâce. A un tel génie, la société bourgeoise réserve des supplices et des tortures qui peuvent paraître moins barbares que ne l’étaient le chevalet de l’Antiquité et le bûcher du Moyen Age, mais qui au fond n’en sont que plus cruels » disait Franz Mehring parlant d’un autre génie, Karl Marx (3). De son vivant déjà, Lénine était haï, détesté, calomnié et persécuté par les classes possédantes et par tous les opportunistes du mouvement ouvrier. On a même tenté de l’assassiner à coups de revolver. Les balles qui l’ont touché ont certainement contribué à abréger sa vie. Cet attentat sur la personne de Lénine montre à l’évidence la haine viscérale que lui vouent les ennemis de la classe ouvrière. Rien de plus normal dans une société fondée sur la lutte des classes ! « Du vivant des grands révolutionnaires, les classes d’oppresseurs les récompensent par d’incessantes persécutions ; elles accueillent leur doctrine par la fureur la plus sauvage, par la haine la plus farouche, par les campagnes les plus forcenées de mensonges et de calomnies » disait Lénine (4).

Près d’un siècle après sa mort, les idées de Lénine font toujours peur à tous les défenseurs de l’ordre établi. Car Lénine s’est attaqué aux fondements même des pouvoirs de cette minorité d’exploiteurs qui n’hésite et qui ne recule devant rien pour perpétuer ses privilèges. Lénine a démontré que sans le renversement du capitalisme par une révolution socialiste, point de salut pour tous les travailleurs et pour tous les opprimés. Le véritable crime de Lénine c’est d’avoir remplacé la Révolution bourgeoise de février 1917 par la Révolution socialiste d’octobre. Ce crime là, la bourgeoisie ne lui pardonnera jamais. « Lénine doit naturellement apparaître comme Attila venu détruire la Rome du bien-être et du confort bourgeois, basé sur l’esclavage, le sang et le pillage. Mais de même la Rome antique a mérité sa perte, de même les crimes du monde contemporain justifient la nécessité de sa destruction » disait Maxime Gorki (5).

Lénine était aimé et admiré par les ouvriers et les paysans pauvres. Il savait leur expliquer des choses profondes avec des mots simples. John Reed le décrivait ainsi : « Peu fait, physiquement, pour être l’idole de la foule, il fut aimé et vénéré comme peu de chefs au cours de l’histoire. Un étrange chef populaire, chef par la seule puissance de l’esprit. Sans brillant, sans humour, intransigeant et détaché, sans aucune particularité pittoresque, mais ayant le pouvoir d’expliquer des idées profondes en termes simples, d’analyser concrètement des situations et possédant la plus grande audace intellectuelle » (6).

Il ne s’agit pas ici de verser dans le culte de la personnalité ou de l’idolâtrie. Lénine lui-même combattait fermement ce genre de futilités. Ce sont les masses qui font l’histoire et non « les grands hommes ». « Il n’est pas de sauveurs suprêmes » disait Eugène Pottier dans l’Internationale. Mais pour faire la révolution, les masses ont besoin de chefs de la trempe de Lénine et des intellectuels révolutionnaires : « les ouvriers ne pouvaient pas avoir encore la conscience social-démocrate. Celle-ci ne pouvait leur venir que du dehors. L’histoire de tous les pays atteste que, par ses seules forces, la classe ouvrière ne peut arriver qu’à la conscience trade-unioniste, c’est-à-dire à la conviction qu’il faut s’unir en syndicats, mener la lutte contre le patronat, réclamer du gouvernement telles ou telles lois nécessaires aux ouvriers, etc. Quant à la doctrine socialiste, elle est née des théories philosophiques, historiques, économiques élaborées par les représentants instruits des classes possédantes, par les intellectuels. Les fondateurs du socialisme scientifique contemporain, Marx et Engels, étaient eux-mêmes, par leur situation sociale, des intellectuels bourgeois. De même en Russie, la doctrine théorique de la social-démocratie surgit d’une façon tout à fait indépendante de la croissance spontanée du mouvement ouvrier ; elle y fut le résultat naturel, inéluctable du développement de la pensée chez les intellectuels révolutionnaires socialistes » (7).

Sans Lénine, la Révolution d’octobre 1917 n’aurait probablement jamais triomphé. La révolution était le produit des rapports sociaux de la Russie de l’époque. Mais Lénine agissait dans le cadre des conditions sociales et politiques particulières. La Première Guerre mondiale et la Révolution de février étaient des occasions, des opportunités à ne pas manquer pour renverser le Gouvernement provisoire et donner ainsi le pouvoir aux ouvriers et aux paysans pauvres . « Il sentait l’âme du soldat, du soldat abasourdi par trois ans d’un carnage diabolique – sans raison et sans but –, du soldat éveillé par le tonnerre de la révolution » disait Trotsky (8).

En 1915, un an seulement après le déclenchement de cette terrible guerre impérialiste, Lénine appelait déjà à la transformer en guerre civile : « Le caractère réactionnaire de cette guerre, le mensonge éhonté de la bourgeoisie de tous les pays, qui dissimule ses visées de brigandage sous le manteau de l’idéologie “ nationale ”, suscitent nécessairement, dans la situation révolutionnaire qui existe objectivement, des tendances révolutionnaires au sein des masses. Notre devoir est d’aider à prendre conscience de ces tendances, de les approfondir et de leur donner corps. Seul le mot d’ordre de la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile exprime correctement cette tâche, et toute lutte de classe conséquente pendant la guerre, toute tactique sérieusement appliquée d’“ actions de masse ” y mène inévitablement » (9).

Lénine expliquait à qui veut l’entendre qu’il ne s’agit nullement d’une simple opposition à la guerre, mais de renverser tous les gouvernements en guerre à commencer par celui de la Russie.

Mais son propre parti n’était pas prêt à cette tâche c’est-à-dire mener la révolution bourgeoise déclenchée en février jusqu’à son terme. La plupart des dirigeants bolcheviks, avant le retour de Lénine de l’exil en avril 1917, étaient prêts à travailler avec le Gouvernement provisoire de Kérenski composé de bourgeois et de propriétaires terriens.

Dans ses célèbres « thèses d’avril », Lénine exige des Bolcheviks de se préparer à l’insurrection et à la prise du pouvoir : « Ce qu’il y a d’original dans la situation actuelle en Russie, c’est la transition de la première étape de la révolution, qui a donné le pouvoir à la bourgeoisie, à sa deuxième étape, qui doit donner le pouvoir au prolétariat et aux couches pauvres de la paysannerie » (10).

Les thèses de Lénine ont été accueillies avec beaucoup d’hostilité : « Même ses camarades de parti, les bolcheviks ahuris, se détournèrent alors de lui » écrivait Trotsky dans « Histoire de la révolution russe ». Lénine se trouva alors seul avec ses idées révolutionnaires. Mais en même temps, il savait qu’il pouvait compter sur les ouvriers, les paysans pauvres, la base du parti et sur les soldats qui désertaient massivement le front. Lénine disait que « ce pays d’ouvriers et de paysans indigents était mille fois plus à gauche que les Tchernov et les Tsérételli et cent fois plus à gauche que nous autres, bolcheviks » (11). Les masses opprimées savent que les puissants ne renoncent jamais à leurs privilèges, qu’ils n’accordent jamais rien par générosité ou grandeur d’âme et qu’ils ne reculent devant rien pour sauver leurs intérêts et perpétuer leur système. Elles ont compris, comme Lénine, que le moment était venu pour s’emparer du pouvoir les armes à la main.

Mais la direction du parti continue à tergiverser. Lénine devient de plus en plus impatient « Les bolchéviks doivent prendre le pouvoir sur le champ disait-il dans une lettre au comité central. (…) Temporiser est un crime. Attendre le Congrès des Soviets, c’est faire preuve d’un formalisme puéril et déshonorant ; c’est trahir la révolution » (12).

Le 24-25 octobre (6-7 novembre) 1917, les ouvriers, les paysans et les soldats russes s’emparent du pouvoir, un pouvoir qui les asservissait, qui les opprimait.

En ces premiers moments historiques, « quelque chose s’était brusquement éveillé en tous ces hommes écrivait John Reed. L’un parlait de la révolution mondiale en marche, un autre de l’ère nouvelle de fraternité, où tous les peuples ne seront plus qu’une grande famille (…) Mus par une commune impulsion, nous nous trouvâmes soudain tous debout, joignant des voix dans l’unisson et le lent crescendo de l’Internationale. Le chant roulait puissamment à travers la salle, ébranlant les fenêtres et les portes et allant se perdre dans le calme du ciel ». (13).

La Révolution d’octobre 1917 a renversé l’ordre ancien et ouvert les perspectives pour une nouvelle forme supérieure de vie. « La seule raison du succès des bolcheviks, c’est qu’ils réalisaient les vastes et élémentaires aspirations des couches les plus profondes du peuple, les appelant à l’ œuvre de destruction du passé et coopérant avec elles pour édifier sur ses ruines encore fumantes un monde nouveau » (14). Après la glorieuse Commune de Paris, les masses opprimées guidées par Lénine et les bolcheviks s’emparent à nouveau du pouvoir et entrent dans l’Histoire.

Mais on ne peut parler de Lénine sans évoquer sa compagne Nadejda Kroupskaïa. Comme disait Clara Zetkin « Il est impossible de parler de lui sans penser à elle. Elle était la main droite de Lénine, son meilleur secrétaire, sa compagne dévouée, la meilleure interprète de ses idées » (15).

Son dévouement a beaucoup aidé Lénine à supporter la clandestinité et la vie pénible des révolutionnaires partout traqués par la police du Tsar. Rappelons que Lénine et Nadejda Kroupskaïa ont passé plus de quinze ans dans l’immigration changeant sans cesse de pays, de villes et de logements. Kroupskaïa a probablement souffert plus que Lénine des affres de l’exil. Elle menait de front plusieurs combats et plusieurs tâches. En plus de ses travaux scientifiques dans le domaine de la pédagogie qui embrassent tous les domaines de la politique éducative (16), elle consacrait une grande partie de son temps à la diffusion des brochures et documents du parti, combattait les ennemis de Lénine, engageait des luttes pour la cause des femmes etc. mais si « la vie n’était pas gaie » en exil, le retour du couple en Russie en avril 1917 était triomphal : « Les masses, ouvriers, soldats, matelots, s’étaient portées au-devant de leur chef. Tout autour de nous, c’était une mer humaine qui bouillonnait. Qui n’a pas vu la révolution ne peut s’en imaginer la beauté majestueuse, triomphale » disait Nadejda Kroupskaïa dans « Souvenirs sur Lénine » (17).

Au crépuscule de sa vie, malade, affaibli et éloigné du pouvoir, Lénine pouvait encore et toujours compter sur sa plus fidèle camarade, Nadejda. C’est dire le rôle joué par cette femme discrète dans la vie de Lénine et partant dans la révolution d’octobre.

Le 21 janvier 1924, Lénine, le grand Lénine a cessé de vivre à l’âge de cinquante quatre ans après une lente agonie. Si la vie lui avait accordé quelques années de plus, le sort de la Révolution d’octobre aurait été probablement très différent. En tout cas, ses ennemis se sont empressés, contre la volonté de sa veuve, d’embaumer son corps afin de consolider leur propre pouvoir et pour mieux enterrer ses idées révolutionnaires.

Parlant des chefs des classes opprimées en lutte, Lénine disait « Après leur mort, on essaie d’en faire des icônes inoffensives, de les canoniser pour ainsi dire, d’entourer leur nom d’une certaine auréole afin de "consoler" les classes opprimées et de les mystifier ; ce faisant, on vide leur doctrine révolutionnaire de son contenu, on l’avilit et on en émousse le tranchant révolutionnaire » (18).

Après l’adieu officiel à Lénine, Nadejda Kroupskaïa prononça ces paroles : « Camarades, ouvriers et ouvrières, paysans et paysannes. Ne laissez pas votre peine se transformer en adoration extérieure de la personnalité de Vladimir Ilitch. Ne construisez pas de palais ou de monuments à son nom. A toutes ces choses, il accorda peu d’importance au cours de sa vie. Ça lui était même pénible.(...) Si vous voulez honorer la mémoire de Vladimir Ilitch, construisez des crèches, des jardins d’enfants, des maisons, des écoles, des hôpitaux, et mieux encore vivez en accord avec ses préceptes » (19) Son avertissement n’a pas été entendu.

Mohamed Belaali

(1) Lénine, « Que faire », Éditions du progrès, page 46.

(2) Lénine « Sur Marx et Engels » Éditions de Pékin, page 65.

(3) Franz Mehring « Karl Marx, histoire de sa vie », Bartillat, page 261.

(4) Lénine « L’Etat et la révolution » :https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/08/er1.htm

(5) Maxime Gorki dans V I Lénine : http://gallica.bnf.fr/ark :/12148/bpt6k1478992/f1.image (page 13).

(6) John Reed, « Les dix jours qui ébranlèrent le monde », Editions Tribord, 2010, page 220.

(7) Lénine, « Que faire ? » op cit, page 56.https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1902/02/19020200g.htm

(8) https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1924/04/lt1924042100c.htm

(9) https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1915/08/vil19150800b.htm

(10) https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/04/vil19170407.htm

(11) https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1924/04/lt1924042100c.htm

(12) https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/vil19171001b.htm

(13) John Reed, « Dix jours qui ébranlèrent le monde ». Op cit. pages 228 et 229.

(14) John Reed, op. cit.

(15) Clara Zetkin, « Souvenirs sur Lénine » : https://www.marxists.org/francais/zetkin/works/1924/01/zetkin_19240100.htm

(16) http://www.ibe.unesco.org/sites/default/files/kroupskf.pdf

(17) Nadejda Kroupskaïa, « Souvenirs sur Lénine » : https://www.marxists.org/francais/kroupskaia/works/1924/00/emigration.htm

(18) Lénine, « L’État et la révolution », op.cit.

(19) Cité dans Tariq Ali, « Les dilemmes de Lénine », Sabine Wespieser éditeur, 2017, page 459.

 http://www.belaali.com/2017/10/lenine-le-porte-drapeau-des-opprimes-et-des-exploites.html

COMMENTAIRES  

31/10/2017 11:10 par Rey

Texte splendide (et exact en plus, ce qui ne gâche rien). Un détail (mesquin, mais c’ est plus fort que moi) : à son décès, Lénine n’ avait que 53 ans et 274 jours (si s’ avèrent exactes les dates lues dans les livres d’ histoire et confirmées par Wikipédia (un média dont je salue la remarquable objectivité dans tous les domaines où le pouvoir du grand capital n’ est pas remis en cause.)). La référence à Trotsky fait légèrement tiquer, mais on pardonne tout à l’ auteur de ce beau texte (et tout indique qu’ à cette époque, Trotsky était encore fidèle à la révolution).

01/11/2017 09:02 par Dominique

Seule la révolution socialiste mondiale peut sauver l’humanité du capitalisme et de ses ravages qui deviennent aujourd’hui de plus en plus évidents et de plus en plus insupportables.

Le seul problème est que le capitalisme n’est que l’outil économique de l’ennemi, la civilisation industrielle de consommation de masse. Un aspect de ce problème est qu’avec la révolution industrielle, les exploités ont adopté la morale bourgeoise et ses attentes. Ce qui fait qu’il est inutile de chercher des responsabilités car d’abord le problème est mal posé, ce qui implique qu’il ne peut avoir de solution.

Pour preuve, chaque fois que les socialistes ou les communistes ont été au pouvoir, ils se sont alliés avec les industriels, c’est-à-dire avec l’extrême-droite, afin de réaliser le productivisme et le progressisme chers à toute civilisation suprématiste. Ce qui n’a jamais donné rien de plus qu’une forme de capitalisme d’état. La gauche est donc la gauche du capital, pas celle des exploités.

Le plus timoré des militants écologistes des années 60 était plus révolutionnaire que des escadrons entiers de militants d’aujourd’hui, car ces derniers, au lieu de dénoncer avec force la société industrielle de consommation de masse, se contentent de slogans creux comme "Consommez écosocialiste", "Consommez bio", etc.

La solution : que les zombies se réveillent ! Les exploités, en adoptant les attentes et la morale des bourgeois se sont fait zombies. "Babylone ma bien aimée, c’est pour toi que je vais bosser !" - Tryo, Yakamoneye
Mais malheureusement notre époque vit plutôt une résurgence du passé qu’une marche vers l’avenir. Comme dans les années 30, des fortunes se font et se défont dans les bourses pendant que les zombies s’appauvrissent, le trafic d’armes est un des plus florissants, et la politique du bouc émissaire est en plein développement, les migrants, ces affreux expatriés pauvres, ces singes hurleurs comme les appelle une de mes voisines, ayant remplacé les juifs dans l’imagerie des racistes.

Le problème de la gauche est donc que comme elle fait un faux diagnostic, elle s’interdit de penser les solutions et elle se condamne ainsi, comme les réactionnaires qu’elle dénonce à juste titre, à répéter les erreurs du passé. Mais même si elle tirait le bon diagnostic, je ne suis pas convaincu que les zombies du système la suivrait.

01/11/2017 11:24 par Assimbonanga

Qu’est-ce qui occupe l’espace dans les cerveaux des gens ? Les appli sur le téléphone portable, le billet ouigo à prix plancher, le blablacar, le uber, le bon coin, le jeu à gratter, le loto, le voyage en promo, la croisière costa et rabioter quelques trimestres pour gonfler la retraite. Aucun ne s’indigne que les plate-formes d’internet sont des parasites qui pompent 20% sur le travail des gens. Alors, la théorie révolutionnaire, on constate qu’on en est bien éloigné. Réfléchir, théoriser, raisonner critiquement, toutes ces applications du cerveau ont été compactées et ne sont plus réactualisées. Éventuellement, l’appli évangéliste, catho, coran peuvent être mises en route pour un confort mental moelleux et qui ne nécessite que de la crédulité et un instinct grégaire de la prière en groupe, réconfortante. La croyance prend le pas sur la foi qui fait lever les résistances. Les dictateurs l’ont très bien compris d’ailleurs, toute religion est bonne pour le peuple, en Russie, Turquie ou USA.

02/11/2017 12:37 par Geb.

@ Dominique...

Ce qui fait qu’il est inutile de chercher des responsabilités car d’abord le problème est mal posé, ce qui implique qu’il ne peut avoir de solution.
Je penses que tu as négligé de tenir compte du vieil adage qui dit qu’"à tout problème correspond une solution"... Même "mauvaise". Et surtout même si le problème est "mal" posé. Si tu juges que le problème est "mal posé" et que tu ne poses pas ton propre énoncé tu fais particulièrement et personnellement partie du problème.

L’adjectif "mauvaise" impliquant que sur l’instant elle ne correspond pas forcément à nos intérêts immédiats, ni à nos convictions personnelles.

En effet quoiqu’il arrive il se passe toujours quelque chose "après". Que tu le désires ou pas.

Et que si on ne "trouve" pas la "solution" c’est tout bonnement qu’on fait partie du "problème".

Quant à la recherche de "responsabilités", en dehors de tenter de se défausser des siennes propres, ça ne sert à rien sinon à tenter de ne pas répéter nos propres erreurs de jugement.

02/11/2017 17:52 par SM

Admirable texte qui encourage à rester debout malgré les défaites d’aujourd’hui.

02/11/2017 23:44 par KB

"confirmées par Wikipédia (un média dont je salue la remarquable objectivité dans tous les domaines où le pouvoir du grand capital n’ est pas remis en cause.)"

Effectivement, pour avoir moi-même contribué à Wikipédia pendant plusieurs années je ne peux qu’inciter à la prudence au sujet de ce média. Les contributeurs des sujets politiques ou historico-politiques ne le font évidemment pas de façon désintéressée, ce sont toujours des militants (en grande majorité libéraux et pro-américains), malgré parfois une neutralité de façade dans le vocabulaire employé (un peu comme pour l’AFP). En soi le problème n’est pas le caractère militants de ce média, puisque tous les autres le sont également, mais le relâchement de prudence que manifestent beaucoup de lecteurs devant un média qu’ils imaginent neutre (comme si wikipedia était travaillé par des robots dépourvus de conscience politique).

(Commentaires désactivés)