Les amalgames, la malhonnêteté, ne doivent pas rester sans réponse !
Le mensonge "FI = FN" :
Ce mensonge se manifeste principalement en pratiquant le sophisme par amalgame. Cela fonctionne ainsi :
"Le Front national a la position Y,
La France insoumise a aussi la position Y,
Donc le FN et la FI c’est la même chose".
Cette rhétorique est intellectuellement malhonnête, donc mensongère. Cela se démontre facilement, en l’appliquant à La République En Marche :
"Le Front national a défendu la suppression de la carte scolaire et l’autonomie des établissements,
Et La République En Marche a défendu la suppression de la carte scolaire et l’autonomie des établissements,
Donc le FN et LREM c’est la même chose".
Ou au parti Les Républicains :
"Le Front national veut baisser l’immigration,
Et le parti Les Républicains veut baisser l’immigration,
Donc le FN et LR c’est la même chose".
Ici comme ailleurs, la fausseté des sophismes par amalgame repose sur une chose simple : des points communs entre deux choses ne suffisent pas pour conclure que ces deux choses sont identiques.
Contrer ce mensonge est facile. En réalité, le FN et la FI présentent des différences idéologiques tellement profondes que prétendre à leur similarité n’a aucun sens. Notamment, pour ne citer que les plus évidentes :
– Le FN est raciste, alors que la FI est résolument antiraciste.
– Le FN est xénophobe, alors que la FI est ouvertement pour la solidarité internationale entre les peuples.
– Le FN ne propose pas de programme de redistribution des richesses au bénéfice des classes moyennes et des classes populaires, alors que c’est le cœur du projet de la FI.
Le mensonge "La FI est islamo-gauchiste" :
Ce point a été analysé avec rigueur par "Désintox", la rubrique de vérification des faits du journal Libération.
Le terme "islamo-gauchisme" provient notamment de l’historien des idées Pierre-André Taguieff, pour désigner une fraction de l’extrême gauche qui, par jusqu’au-boutisme de la défense des peuples géopolitiquement et économiquement dominés, en viennent à défendre ou excuser le communautarisme, la misogynie, l’homophobie, ou encore le rejet de la laïcité, au nom du droit des dominés à la différence.
Rappelons d’emblée qu’en France, les organisations islamo-gauchistes au sens ainsi défini n’ont jamais réussi à dépasser le stade du groupuscule marginal. Je pense par exemple aux "Indigènes de la République", ayant pour porte-parole Houria Bouteldja, dont j’ai combattu les positionssur le plateau de feue l’émission Ce soir (ou jamais !). En dépit de leurs propos et événements provocateurs (notamment un "camp d’été décolonial interdit aux Blancs"), destinés à attirer l’attention des médias mainstream pour avoir de la publicité gratuite (dont beaucoup tombent stupidement dans le panneau), ce groupuscule n’arrive pas à devenir un mouvement de masse. La raison en est simple : l’écrasante majorité des Français de confession musulmane sont contre le communautarisme, contre le racisme envers qui que ce soit, pour l’égalité hommes-femmes, et pour la laïcité : l’enquête sociologique quantitative publiée par l’Institut Montaigne en 2016 en atteste.
Cela étant, lorsqu’elle était militante antiraciste avant d’être députée de la France insoumise, Danièle Obono compta les Indigènes de la République parmi ses voisins de combat. Le mensonge anti-FI repose donc, à nouveau, sur un sophisme par amalgame :
"Danièle Obono a voisiné les Indigènes de la République dans son militantisme antiraciste,
Et les Indigènes de la République sont communautaristes, misogynes, anti-laïcité, racistes,
Donc Danièle Obono l’est aussi,
Donc à travers elle, la FI inclut une composante qui l’est aussi".
Contrer ce mensonge est facile, à plusieurs titres :
Danièle Obono a des points communs avec les Indigènes de la République : elle pense par exemple qu’il y a encore une mentalité coloniale dans la société française. Cependant cela ne permet pas de déduire "Obono = Indigènes".
Danièle Obono n’a rigoureusement jamais exprimé de position qui soit communautariste, misogyne, anti-laïcité, ou raciste.
Rigoureusement rien dans le programme de la France insoumise, "L’Avenir en commun", n’est communautariste, misogyne, anti-laïcité, ou raciste.
Par parenthèse, ces dernières semaines Danièle Obono est régulièrement attaquée pour avoir dit que parler de "radicalisation" est hors-sujet à propos d’un chauffeur de bus qui refuserait pour motif religieux de toucher un volant touché par une femme. Or, il se trouve qu’en toute rigueur, elle a raison : le fait d’adhérer à un islam puritain et réactionnaire est une chose, le fait de devenir djihadiste en est une autre.
Elle est également attaquée pour avoir dit que "la radicalisation n’est pas un concept scientifique arrêté". Or, là aussi, en toute rigueur elle a raison : la question de savoir si le djihadisme est la dernière étape d’une radicalisation religieuse ou si au contraire, les djihadistes sont majoritairement sans pratique religieuse avant de devenir terroristes, agite encore les experts antiterroristes et les islamologues. Je pense par exemple au débat entre les islamologues Gilles Kepel et Olivier Roy. Bref, là aussi les accusations sont des procès mensongers.
Le mensonge "La FI n’a pas de programme" :
Sans doute est-ce le mensonge le plus facile à contrer de tous. Il existe en effet un livre complet, toujours en vente à l’heure où j’écris ces lignes : L’Avenir en commun (Seuil, 2017). Il existe également un site Internet avec ce même programme et des livrets thématiques pour détailler certains volets. Il suffit donc de rappeler leur existence à quiconque convoque cette affirmation fausse.
Le mensonge "FI = danger de dictature" :
Qu’il s’agisse par exemple d’un Manuel Valls disant que la France insoumise serait "dangereuse pour notre démocratie", ou d’un Xavier Bertrand accusant Jean-Luc Mélenchon d’être "dangereux", cette diabolisation des Insoumis est de plus en plus courante.
Elément étonnant, cette accusation pourtant très grave ne repose généralement sur aucune preuve concrète : elle est juste affirmée.
Là encore, le mensonge est facile à contrer, à double titre :
Il n’y a rigoureusement rien dans le programme de la FI, "L’Avenir en commun", qui soit une menace pour la démocratie. Il prévoit au contraire, notamment, la rédaction d’une nouvelle Constitution par une Assemblée constituante élue, ce qui est par définition démocratique ; ainsi que le droit pour les citoyens de déclencher un référendum de révocation de leurs élus (député, maire, voire président), mécanisme qui existe par exemple en Californie pour révoquer le gouverneur par référendum mais qui n’existe pas en France.
Il n’y a rigoureusement rien dans le programme de la FI qui soit une menace pour les droits de l’Homme. Au contraire, Amnesty International, ONG de référence, a conclu que les propositions de la France insoumise rejoignent ses propres recommandations.
Le mensonge "Mélenchon est pro-Poutine", "pro-Assad", etc
Cette accusation revient en boucle, en particulier de la part d’un Benoît Hamon ou d’un Yannick Jadot.
Ce mensonge est lui aussi facile à contrer. Comme l’a expliqué Djordje Kuzmanovic, porte-parole de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon pour la défense et les affaires internationales, il est factuellement faux de prétendre que Jean-Luc Mélenchon serait "pro-Poutine", "pro-Assad", etc.. En réalité, sa position et celle de "l’Avenir en commun" consistent à vouloir rétablir la diplomatie du général De Gaulle : sortie de l’OTAN ; non-alignement sur les Etats-Unis ou sur toute autre puissance ; rétablissement de l’entente avec la Russie comme élément de rééquilibrage face à Washington et envers Berlin ; et rôle pour la France de porte-parole, parmi les nations riches, des intérêts des peuples pauvres.