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Les Solfériniens vont-ils dissoudre la SNCF et ouvrir la voie à la privatisation du réseau ?

CGT cheminots Yvelines

Déclaration de la délégation CGT pour
la CLM (Commission Locale Mixte) Yvelines

Le 17 septembre 2014
Mesdames et Messieurs les directeurs d’établissement,

La loi portant réforme ferroviaire a été promulguée le 04 aout dernier.

La délégation CGT déplore l’autisme du gouvernement sur le sujet, refusant d’entamer des négociations sérieuses et même d’entendre les revendications des cheminots qui se sont exprimés par la grève en juin dernier, à l’appel de la fédération CGT des cheminots et de Sud Rail.

Cette loi qui pourtant procède d’un mensonge d’Etat, car son article 1, sous prétexte de réunifier la SNCF et RFF, programme la dissolution pure et simple de la Société Nationale des Chemins de fer Français, éclatée en 3 entreprises distinctes, éclatant ainsi la famille cheminote dès le 1er janvier 2015.

Cela va avoir de multiples conséquences pour les agents : disparition des passerelles, disparition des directions transverses, comme les région SNCF ou même cette CLM, le plombage de la dette sur un groupe ferroviaire qui ne pourra pas s’autofinancer sans faire payer les cheminots par plus de productivité et plus de sous-traitance ; mais aussi les usagers par une augmentation des tarifs et une baisse de la qualité du service (fermetures des lignes et gares "non-rentables", suppression de moyens humains, baisse de la sécurité des circulation...).

Mais surtout, et c’est but de cette loi, avoué sans vergogne par le rapporteur Savary : la conséquence à moyen terme sera la privatisation du réseau, la vente à la découpe des activités, la mise en concurrence des salariés du ferroviaire en France !

Du point de vu des conditions de travail des cheminots, l’article 33 de cette loi programme l’abrogation pur et simple de notre régime spécifique de travail, à savoir nos RH 77 et 677.

La fameuse convention collective nationale qui doit être négocié entre patronat de l’UTP et syndicats cheminots pour s’y substituer marquera nécessairement un recul généralisé sans précédent de nos conditions de travail sur le nombre de RP, mais aussi sur les temps de repos journaliers, sur l’encadrement des repos pour les roulants, sur les cadences de travail.... Cela aura donc de fait aussi un impact sur nos conditions de rémunération, tant pour les sédentaires que pour les roulants.

Car le gouvernement, décidément bien inspiré par le MEDEF, a introduit une arme de guerre dans sa loi afin de s’assurer que ces "négociations" aurons lieu sous un rapport de force hyper favorable au camp patronal.

En effet, l’article 34 de la loi, donne un délais maximal de prorogation de nos RH 77 et 677 : le 1er juillet 2016.

Si aucune convention collective n’est signée passé ce délai, nos RH 77 et 677 seront donc purement et simplement supprimés !

Au passage en force gouvernemental, succède ainsi une stratégie de passage en force patronal, afin de nous contraindre à signer une CCN au rabais, voilà la vérité !

De plus, et c’est d’ailleurs l’objet de l’article 32 de cette loi, ces reculs sociaux au niveau de l’ensemble de notre corporation s’inscrivent dans une stratégie globale de remise en cause tous azimuts de nos droits sociaux, avec les attaques programmées dans tous les établissements contre les accords locaux et contre les effectifs, les OTS actuels et le dictionnaire des filières !

Et cela n’a pas trainé ! Il n’y a pas eu de repos d’été pour les restructurations et les mauvais coups contre les cheminots dans vos établissements !

D’abord la scandaleuse fermeture à la hussarde du BIR de Plaisir-Grignon, et la suppression d’un poste au BIR de Rambouillet, sans consultation du CHSCT concerné, sans respect pour les IRP, ni même pour les agents concerné qui sont encore sous le choc et surtout, sans aucune mesure pour ne pas aggraver les conditions de travail des agents de l’ELT N et U qui vont récupérer cette charge supplémentaire !

Mais aussi la tentative irresponsable de remise en cause des usages locaux des agents de l’ELT N et U sur les gares de Vanves et Clamart !

Mais aussi les attaques estivales contre les conditions de travail des agents du matériel, de IOP et de l’ET PRG sous prétexte de travaux, comme tout au long de l’année !

Nous savons que tout cela ne sont que des ballons d’essais et que vous avez un agenda belliciste de casse social du statut et des droits sociaux des cheminots.

Sachez bien Mesdames et Messieurs les directeurs d’établissement, que l’ensemble des syndicats cheminots de la Confédération Générale du Travail continueront à mener le combat, à mettre toutes leurs forces dans cette nouvelle bataille du rail contre les conséquences de cette réforme néfaste pour les cheminots et nuisible pour les usagers, nous feront obstacle à toute tentative de suppressions de postes, de remise en cause de notre statut et de nos droits sociaux, tant au niveau national, régional, qu’au niveau des établissements !

Sachez bien enfin que nous ne cèderons pas devant le calendrier de casse de l’entreprise et de casse de nos droit sociaux que prétend nous imposer ce gouvernement aux ordres de la finance et la direction de la SNCF, car, comme le disait Lénine, "celui qui s’incline devant des règles établies par l’ennemi ne vaincra jamais".

Nous continuerons donc à mener la lutte pour une SNCF unifiée et intégrée, assurant le monopole public du transport ferroviaire de marchandises et de voyageurs !

Plus que jamais, nous continuerons à combattre pour un statut unique et des conditions de travail de haut niveau pour tous les cheminots !

Merci pour votre attention

La CGT Cheminots Versailles


CLM : commission locale mixte c’est l’émanation du CE régional au niveau des départements.
OTS : c’est l’organisation du tableau de service où on trouve la répartition de tous les postes par établissements, afin de vérifier qu’il n y a pas de postes non tenus pour lutter contre le sous-effectif
BIR : Bureau d’information et de réservation

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COMMENTAIRES  

27/09/2014 08:08 par Leo Lerouge

Personne encore pour s’indigner du sort réservé aux Chemins de fer français et aux prolétaires du rail ?
Il y a pourtant beaucoup à dire là-dessus.
Mais paroles, paroles, les prolétaires ne sont invoqués que pour justifier de théories fumeuses.
Or, il est clair que c’est bien l’intention de ce gouvernement abject, qui s’accroche au label "socialiste", de vendre au secteur privé prédateur la SNCF (qui a déjà subi des assauts allant dans ce sens).
C’est, d’ailleurs, une directive européenne de 1991 qui demande, par ex, que les comptes des services publics des pays de l’UE soient "assainis pour les rendre compétitifs", de quoi je me mêle. Or,, ce sont les "socialistes" qui ont été les plus zélés pour se plier aux diktats européens.

On sait, grâce, entre autres, à "The Navigators" de Ken Loach, ce qu’il est arrivé à British Rail et aux travailleurs du rail britannique, ainsi que les conséquences dramatiques que cela a entrainé pour les usagers, après la privatisation de la maintenance de tronçons de chemins de fer.
Le gouvernement travailliste, mené par le sinistre Tony Blair et son "New Labour", contrairement aux promesses du parti, alors dans l’opposition, avait poursuivi la privatisation de BR.
Mais, à la suite de l’accident de Hatfield, en 2000, il avait dû placer, en 2001, sous le contrôle de l’administration la société Railtrack, privatisée en mai 1996.

Actuellement la com’ de RFF consiste à répéter que la SNCF doit être restructurée, qu’il y a des "milliards de déficit", que la compagnie est mal gérée et qu’il y a des "millions de personnes" (les cheminots et leurs familles) qui bénéficient de la "gratuité" des transports en train, ce qui ferait injustement supporter le coût du manque à gagner aux voyageurs et au contribuable.
Le travail de sape habituel qui mène à la mainmise du secteur privé sur une entreprise publique dont il voit les profits énormes à en tirer.
Que va-t-il se passer ?
Les cheminots, pour les plus anciens, seront mis à la retraite, et les autres seront, soit au chômage, soit, en partie seulement, réembauchés par les compagnies privées pour un salaire bien inférieur, sans matériel performant et avec interdiction (tacite ou pas) de se syndiquer.
Il est vrai que les cheminots ont toujours été bien trop turbulents pour la quiétude du pouvoir et de ses commanditaires.
Les employés des compagnies privées, non qualifiés, seront soumis à des contrats "flexibles", c’est-à-dire décidés, unilatéralement et selon leur bon vouloir, par les entreprises privées, et perdront sans doute, au moins en partie et progressivement, le bénéfice de protections sociales, comme les congés payés ou les indemnités de congés de maladie, ainsi que de tarifs réduits sur les transports ferroviaires - un accord qui avait été concédé pour ne pas avoir à augmenter les bas salaires alloués aux employés des services publics.
Et, donc, une fois de plus, le droit du travail et les acquis sociaux seront rognés pour tout un secteur industriel – sans que les crânes d’œuf de Bruxelles ne s’en mêlent, évidemment, la défense des travailleurs et l’"assainissement" du secteur privé n’étant pas leur vocation.

Qui va manifester avec les cheminots contre le sort qui leur est inéluctablement réservé, ainsi qu’aux chemins de fer français dont ils ont toujours été les fers de lance ?
La classe ouvrière qui existe encore dans ce pays a bien des soucis à se faire, car elle ne peut compter que sur elle-même.
Elle ira rejoindre un jour le lumpenprolétariat que crée sciemment la classe dirigeante pour étouffer toute velléité de révolte.
Mais les valeurs et les combats de la "gauche" sont ailleurs, apparemment.

27/09/2014 09:32 par Autrement

Pourquoi Marie-Noëlle Lienemann ("frondeuse" du PS) a-t-elle voté le "Paquet ferroviaire" euro-gouvernemental au Sénat ? (Vous pouvez vérifier).

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