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Lettre perdante

Ainsi, François Hollande se refuse à publier la lettre envoyée par la Commission de Bruxelles sur le budget français. Le Premier Ministre italien, M. Renzi, n’a pas eu cette pudeur, et il en a profité pour attaquer de front la-dite Commission. On pourrait croire que c’est là une différence de style et, on le sait, le style c’est l’homme. Mais il y a quelque chose de plus dans ce comportement timide, et pour tout dire puéril, de notre Président.

La lettre révélatrice

Ce que cette lettre révèle, car de bonnes âmes, MEDIAPART pour les nommer, en ont publié le texte obtenu par des fuites venant soit de Bruxelles soit de Paris, c’est l’arrogance d’une Commission européenne. Mais, pourquoi donc cette dernière prendrait-elle des gants ? Après tout, c’est bien François Hollande qui signa le Traité sur la stabilité et la gouvernance, le TSCG, qui met la France sous la tutelle de Bruxelles, c’est à dire en fait de l’Allemagne. Ce que François Hollande redoute, tout comme un mauvais élève craint le courroux de ses parents et cherche à leur cacher une mauvaise note, c’est d’être confronté aux conséquences de ses actes. Ce traité, le fameux traité « Merkozy », négocié par Mme Merkel et Nicolas Sarkozy, organise la soumission institutionnelle de la France à un pouvoir étranger. Oh, bien sûr, il est aujourd’hui facile d’affirmer qu’il n’est pas question que Paris modifie son budget pour satisfaire tant Bruxelles que Berlin. Mais, le mal est fait. Soit nous nous plierons, de mauvaise grâce, à cette règle inique et nous l’entérinerons, soit nous allons au conflit ouvert tant avec Bruxelles qu’avec Berlin, qui a refusé les 50 milliards d’investissements quémandés, toute honte bue, par le triste duo Macron-Sapin.

Le comportement de François Hollande sur cette fameuse lettre est révélateur de l’échec de sa politique. Il est révélateur de son incapacité fondamentale à assumer les conséquences de ses actes et de ses politiques. Mais, de cela, nous nous en doutions un peu. Sa vie privée en porte constamment témoignage.

La lettre accusatrice

Il n’en reste pas moins que le problème est bien réel et ne disparaîtra pas parce que notre Président n’a pas le courage de l’affronter. Sa politique économique est un échec, ce que les chiffres du chômage, publiés ce vendredi 24 octobre, viennent nous rappeler. L’économie française est à l’arrêt et n’engendre plus les recettes fiscales escomptées, ce qui creuse encore plus le déficit. Au-delà, sa politique européenne est un champ de ruines. Il n’a su ni gagner l’amitié ni gagner le respect de ses partenaires. La France se trouve aujourd’hui sur une trajectoire de collision avec l’Allemagne, ce qu’il prétendait éviter, en raison même de la politique qu’il a menée, toute faite de demi-mesures et de gros mensonges. Si, devant l’insensibilité et l’obstination allemandes, le gouvernement français avait menacé de quitter l’Euro, peut-être aurions-nous été pris au sérieux. A tout le moins, une sortie de l’Euro aurait redonné à l’économie française les marges de manœuvres qui aujourd’hui lui font si dramatiquement défaut.

Si François Hollande n’a pas voulu révéler le contenu de cette lettre, c’est parce qu’il sait, au plus profond de lui, qu’elle le condamne. Elle le condamne par son existence même. Cette lettre n’aurait jamais dû pouvoir être écrite. Elle le condamne par son contenu, cette inquisition à laquelle est soumise la représentation nationale française. Elle le condamne enfin et ce qu’elle témoigne de l’inévitabilité d’un conflit qu’il n’a pas voulu admettre mais qui s’impose à lui. Comment ici ne pas penser aux mots terribles de Winston Churchill lors des accords de Munich : « nous avions le choix entre le déshonneur et la guerre ; nous avons choisis le déshonneur ; nous aurons la guerre ».

Une lettre volée ?

On se souvient peut-être de la nouvelle d’E. A. Poe, La lettre volée, qui met en scène un détective et un policier autour d’une lettre dérobée susceptible de provoquer un effroyable scandale. Toutes choses étant égales par ailleurs, comme adorent le dire les économistes, et le talent en moins, c’est à une variante de cette lettre volée que nous convie François Hollande en prétendant nous dérober son contenu. Mais, nul n’est besoin de le connaître précisément, de savoir si Bruxelles a mis une virgule ou un point d’exclamation. Ce qu’il est impossible de dérober, c’est ce que cette lettre établit de manière fort claire : nous ne sommes plus un Etat souverain. Cette lettre signe la honte de François Hollande, et celle-là il ne l’a pas volée…

 http://russeurope.hypotheses.org/2952
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COMMENTAIRES  

29/10/2014 09:58 par domi

C’est Jacques Sapir qu’il nous faudrait comme président à défaut d’un vrai communiste, (vrai de vrai comme Bernard Friot !)

29/10/2014 13:09 par Scalpel

28 octobre 2014

Jacques Sapir découvre en se réveillant que la France n’est plus un pays souverain.
Il en fait des découvertes, Monsieur Sapir...
Qu’en pensent les rêveurs éveillés à œillères d’une "Autre Europe" Godot ?
Je m’esclafferais si cela n’était pas d’une si alarmante gravité.

Un jour, Monsieur Sapir se rendra compte de ce que l’UE c’est la guerre, un jour...

29/10/2014 14:56 par SEPH

Jacques SAPIR appuie avec raison où ça fait mal. Il a entièrement raison depuis longtemps.

Sarkozy est un serpent qui a piétiné le non du peuple français au référendum sur le TCE en faisant approuvé le traité de Lisbonne par les parlements français, il a de plus proposé que la France abandonne sa souveraineté budgétaire.Toutes ces turpitudes, Hollandes les a faites approuvées.

Le choix aujourd’hui est simple : soit le peuple français se soumet aux banques et aux lobbies pour être étranglé jusqu’à l’os, soit il se révolte pour arrêter ce cancer de la spéculation prédatrice du capitalisme.

En effet, l’affrontement avec le système capitaliste est inévitable si on ne veut pas mourir : Une autre politique est possible, si elle est planifiée avec cohérence et justice :

 sortir de l’U.E. et de l’OTAN
 ne pas rembourser la dette qui est en fait les intérêts du capital prêté par des voleurs ( les banques)
 nationaliser les banques.
 nationaliser les secteurs stratégiques ; pétrole, gaz, électricité,.....
 mettre en place un secteur public productif puissant avec les 100 milliards annuels de subventions aux patrons qui partent dans les paradis fiscaux, afin de relancer une production de richesses utiles à tous
 remettre sur pied le secteur public actuel
 créer une nouvelle constitution protégeant les plus faibles et contrôlant plus efficacement les organes du pouvoir et les grands groupes : mise en place de barrières interdisant les dérapages ;
 une politique étrangère économiquement équilibrées : BRICS, Amérique Latine,..........
 une politique étrangère fondée sur de nouvelles alliances : Russie, Chine Iran, Venezuela,Bolivie,......
 .......................

30/10/2014 08:57 par Ardwenn

À signaler aussi que cette lettre aurait été écrite en Anglais.
On sait combien peu d’importance les progressistes attachent à la langue parlée par un peuple, et combien pour eux l’internationalisme doit désormais être anglophone.
Il s’agirait donc là d’un point mineur, alors qu’en fait c’est là le comble de l’arrogance coloniale.
Il faut rappeler quand même que, lors de la dernière guerre, les autorités occupantes communiquaient en Français avec les autorités de la France occupée.

01/11/2014 12:30 par Feufollet

Connaissez-vous encore des chefs d’états
Qui seraient inspirés par la défense du bien de leur propre peuple
Pieds et poings liés au système du profit
Ils trahissent en continu leurs vagues promesses électorales
Pour ne plus défendre que les privilèges des castes supérieures
Ils sont capitaines de bateaux qu’ils conduisent au naufrage
Et qu’ils sauront quitter avant qu’ils ne sombrent dans les abysses
A la fin, c’est les femmes et les enfants d’abord, comme victimes
Faut dire en plus que F. Hollande est juste bon à diriger une mobylette
Et sauve-qui-peut, le capitaine est occupé à d’autres choses

04/11/2014 09:21 par Calame Julia

En 2017 si tous les prétentieux qui voudraient aujourd’hui se présenter devant les Français sont du même
acabit... c’est Angela qui nous offrira un choix...! ;-(

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