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Macron « le petit » et la révolte des « sans-dents et des gens qui ne sont rien »

Après Sarkozy et Hollande, voilà donc Macron, le nouveau serviteur des riches. « Macron, c’est moi en mieux » disait Sarkozy (1). Ce qui caractérise ces trois présidents c’est leur soumission absolue aux puissants et leur mépris profond pour le peuple. La guerre ouverte et sans répit que mène aujourd’hui Macron, comme hier Sarkozy et Hollande, contre l’immense majorité de la population a au moins le mérite de démystifier l’État républicain, la démocratie, la liberté de la presse, la séparation des pouvoirs, les droits de l’homme et bien d’autres concepts de l’idéologie bourgeoise dont la fonction principale est de masquer la violence des rapports sociaux de domination. Après quelques mois seulement du « macronisme », le masque tombe et le visage hideux de la classe dirigeante apparaît alors au grand jour.

Les exigences de la bourgeoisie en matière économique, sociale et politique sont satisfaites avec un zèle rare : destruction du code du travail, précarisation et flexibilisation de l’emploi, démantèlement du service et de la fonction publique, suppression des contrats aidés, baisse du montant de l’APL(Aide Personnalisée au Logement), augmentation de la CSG (Contribution Sociale Généralisée) pour les retraités, baisse programmée des retraites, flicage des chômeurs, sélection à l’entrée de l’Université, suppression de l’impôt sur la fortune (ISF), prélèvement forfaitaire unique (PFU) ou « flat tax » plafonné à 30 %, sur les revenus du capital (intérêts, dividendes, plus-values de cession de valeurs mobilières etc.), projet de loi pour museler davantage encore la liberté d’expression, intégration de l’état d’urgence dans le droit commun, projet de privatisation de la SNCF, mépris absolu des migrants etc. etc. Et il ne s’agit là que d’un début ! D’autres décisions encore plus violentes pour les plus démunis viendront allonger cette interminable liste de mesures en faveur des riches. C’est un véritable hold-up sur la richesse de toute une nation.

La bourgeoisie est aux anges. Aucun autre président ne l’a comblée autant que Macron. Ni Chirac, ni Sarkozy, ni Hollande n’ont mené une politique aussi brutale et aussi rapide contre le peuple et pour la minorité des puissants. Pour l’instant, le triomphe de Macron semble total.

Victor Hugo disait de Napoléon le petit « M. Louis Bonaparte a réussi. Il a pour lui désormais l’argent, l’agio, la banque, la bourse, le comptoir, le coffre-fort, et tous ces hommes qui passent si facilement d’un bord à l’autre quand il n’y a à enjamber que de la honte » (2). On peut également ajouter que Macron a pour lui une arme redoutable et décisive, les médias du grand capital. Les moyens de communication de masse demeurent l’instrument le plus efficace pour inculquer cette idéologie défaitiste et anesthésier une population déjà traumatisée par le chômage et la précarité. Pire, les mensonges véhiculés jour et nuit par les médias bourgeois sont intériorisés par les plus démunis. Le contenu mensonger de cette intense propagande idéologique, bien qu’il soit contredit quotidiennement par les faits, s’efface pour ainsi dire totalement. Les dominés participent ainsi, sans le vouloir, au maintien de leur propre servitude. La propagande et l’endoctrinement permanents remplacent l’information, le faux devient vrai et les apparences se confondent avec la réalité. Les intérêts d’une classe, la bourgeoisie, deviennent ceux de toutes les classes.

Les médias bourgeois ne tolèrent et ne supportent aucune critique ni aucune opposition qui va dans le sens des intérêts de l’immense majorité de la population. La caste des journalistes, admirateurs serviles de Macron, se jettent comme des chiens féroces et bien dressés sur celles et ceux qui leur tiennent tête et leur apportent la contradiction. Leur haine des hommes et des femmes qui refusent de courber l’échine devant Macron est totale. Parlant des matinales de France Inter, Jean-Luc Mélenchon disait « Les matinales c’est une expérience extrêmement douloureuse(...), il faut pas se tromper, si je me trompe moi par exemple je dis "y’avait 27.502 chômeurs" aussitôt "ahaha non 704, il s’est trompé il sous-estime le problème !". C’est des chiens, c’est une horde qui se jette sur vous pour vous dévorer » (3) ; rien de plus normal dans une société fondée sur la lutte des classes ! Car l’accumulation et la concentration des richesses doivent rester, vaille que vaille, entre les mains d’une minorité d’exploiteurs. Les médias, comme d’ailleurs l’armée, la police, la justice, en un mot tout l’appareil répressif de l’État ne sont que des instruments qui permettent à la classe dominante de perpétuer ses privilèges.

Mais les effets dévastateurs de cette politique de classe commencent à se faire sentir et un vent de révolte se lève peu à peu sur une France endormie.Tous les secteurs de la société sont touchés, car tous attaqués brutalement par Macron. Retraités, élèves, étudiants, enseignants, cheminots, éboueurs, électriciens, avocats, personnel hospitalier, salariés d’Air France, des Ehpad, des prisons, de Carrefour, de Casino, de Pimkie etc. font entendre leurs voix et leurs colères un peu partout en France (4).

Le mouvement qui se déroule sous nos yeux prend l’allure d’une lutte de classe à classe c’est à dire un combat politique qui dépasse le cadre syndical. C’est toute la politique du gouvernement et notamment sa politique d’austérité (réductions drastiques des dépenses de la sécurité sociale, de l’Éducation, de la santé, des transports, du logement public... pour les transférer dans les caisses du patronat) imposée par l’Union Européenne et appliquée avec zèle par Macron qui est contestée. L’austérité n’est qu’un paravent hypocrite derrière lequel se cachent les intérêts de la petite minorité d’exploiteurs. Les grévistes et les manifestants se battent également pour la survie des services publics menacés de disparition et contre « la destruction d’une civilisation associée à l’existence du service public » (5). La lutte des cheminots et de tous ceux et celles qui se battent aujourd’hui contre Macron n’est pas un combat pour des privilèges mais pour des droits et des devoirs égaux entre tous les citoyens.

La révolte de ces hommes et de ces femmes, « les sans-dents » comme disait Hollande ou «  ceux qui ne sont rien, les fainéants, les illettrés ... » comme dit Macron (6) est dirigée aussi contre

cette arrogance et ce mépris de classe affichés ostensiblement et exprimés sans retenue par le Président de la République et son gouvernement (7). Cette violence verbale cache mal une haine de classe qui se traduit concrètement par une politique entièrement dédiée à la minorité de la population la plus riche.

Personne ne peut prédire aujourd’hui l’avenir de ce mouvement populaire qui est en train de prendre forme. Mais ce qui est sûr, c’est que Macron et la classe qui est derrière lui vont utiliser tous les moyens dont ils disposent pour le dénigrer avant de le réprimer et de l’écraser. Plus la lutte dure dans le temps, plus la classe dirigeante devient brutale, arrogante et odieuse. Elle ne reculera devant rien pour défendre ses intérêts. Toute l’histoire des luttes des classes le démontre. Le pouvoir politique et la classe qui le soutient mobilisent d’abord les médias pour désinformer, démobiliser et démoraliser les grévistes et les manifestants. Le mot « réforme » (en réalité il s’agit de la destruction des services publics et des acquis sociaux) est répété inlassablement tout au long de la journée et de la nuit. Car les « réformes » son nécessaires. Il faut donc les accepter et les soutenir. C’est ainsi « qu’en 1995, la quasi-totalité des grands médias ont soutenu « la réforme » de la Sécurité sociale. En 2001, ils ont salué « la réforme » du statut de la SNCF. En 2003, ils ont apprécié « la réforme » du statut des intermittents et se sont félicités de « la réforme » des retraites (et du statut des agents de service dans l’Éducation nationale) » (8). Mais la bourgeoisie ne s’arrêtera pas là. Elle fera feu de tout bois. Les instituts de sondage, les intellectuels, les experts, les policiers, les CRS, la BAC, les renseignement généraux...seront enrôlés pour venir à bout d’un mouvement, somme toute, pacifique. C’est une véritable guerre déclarée aux travailleurs. Le rapport de force comme on le voit demeure profondément inégal. La bourgeoisie détient tous les pouvoirs, mais elle est en même temps ultra-minoritaire dans le pays. Le peuple, lui, possède un élément décisif pour gagner la bataille, le nombre. Mais cette arme n’est efficace que si des liens fraternels unissent tous les contestataires. Sans cette unité, la plus large possible, le mouvement risque d’échouer et la classe dirigeante, ennemie du progrès, viendra à bout de ce qui reste encore des acquis sociaux.

Toutes les forces du progrès n’ont d’autres choix que d’attaquer frontalement la classe qui a hissé Macron à la tête de l’État afin de briser les chaînes de cet asservissement du travail au capital.

Mohamed Belaali

(1) http://www.rtl.fr/actu/politique/sarkozy-fan-de-macron-7788868339

(2) Victor Hugo « Napoléon le Petit ». Réédité chez Actes Sud (2007), par Jean-Marc Hovasse.

(3) http://www.acrimed.org/Une-arrogante-replique-de-Patrick-Cohen-a-Jean-Luc-

(4) http://www.cestlagreve.fr/calendrier/

(5) Pierre Bourdieu, « Contre-feu ». Raison d’agir, page 30.

(6) https://www.lci.fr/politique/video-faineants-gens-qui-ne-sont-rien-ill...

(7) https://www.nouvelobs.com/edito/20180406.OBS4742/les-soignantes-de-rou...

(8) Henri Maler et Mathias Reymond « Médias et mobilisations sociales », Editions Syllepse, page 15.

»» http://www.belaali.com/2018/04/macron-le-petit-et-la-revolte-des-sans-...
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