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La rentrée 2008 sonnera-t-elle le glas de l’école publique et laïque ?

Main basse sur l’école publique

Abandon de la carte scolaire, nouveau programme, concessions sur la mixité, suppression de postes d’enseignants, multiplication des établissements privés...Xavier Darcos agit sur tous les fronts.
Quel sens donner à ces mesures engagées tous azimuts ?
Sous prétexte de liberté de l’enseignement, le gouvernement cherche-t-il à mettre en place une privatisation de l’école publique ?
Cette enquête révèle que les récentes réformes, en apparence éparses et dissociées, s’inspirent d’une stratégie élaborée par certaines associations catholiques ou libérales comme SOS Education.
La rentrée 2008 sonnera-t-elle le glas de l’école publique et laïque ?

L’Éducation Nationale est accusée de « fabriquer des crétins » et d’entretenir le « chaos pédagogique », l’insécurité et le chômage. En évitant les débats parlementaires, Xavier Darcos impose sans discussion une véritable révolution libérale. Le gouvernement met rapidement en oeuvre une succession de mesures : suppression de la carte scolaire et de postes d’enseignants, évaluation publique des enseignants et des établissements, financement par l’État du développement des établissements privés dans les banlieues… Eddy Khaldi et Muriel Fitoussi dévoilent la signification de ces mesures.

Ils révèlent que des associations de libéraux et de catholiques conservateurs proches du Front national et de l’Opus Dei sont à l’origine de ces propositions. Au nom de la liberté de choix, on prépare une privatisation de l’Éducation. La réforme de l’école est au coeur du projet de Nicolas Sarkozy. L’école institution de la République laïque est décriée, attaquée pour lui substituer une logique libérale dans laquelle l’école privée est instrumentalisée pour concurrencer et démanteler le service public.

Quelle part prennent l’actuel gouvernement et son ministre de l’Education nationale dans cette exacerbation de la concurrence, dans les nouveaux privilèges concédés à l’enseignement catholique ?

Quel rôle jouent les officines libérales et intégristes qui prennent pour cible l’école publique ? Quel sens donner à toutes ces premières mesures engagées dans la précipitation : suppression de la carte scolaire, instauration d’un chèque éducation pour le privé, concessions sur la mixité, le service minimum… ? Des faits, des actes, des décisions, des liens, des réseaux montrent les multiples connivences, qui depuis une
trentaine d’années s’entendent pour lancer une OPA sur l’Ecole publique.".

La rentrée 2008 sonnera" t" elle le glas de l’école publique et laïque ?

"Main basse sur l’école publique"
Muriel FITOUSSI et Eddy KHALDI
Editions DEMOPOLIS
sortie le 25 août 2008


Un petit résumé

L’Education nationale, née de l’idéal de l’école laïque, gratuite et obligatoire, est aujourd’hui en danger de mort. Sous la menace d’une croisade qui, portée depuis plus de 15 ans par les franges catholiques les plus intégristes des mouvements ultra" libéraux, s’invite désormais au coeur de la réforme économique menée par l’actuel gouvernement.
Hallucination, fantasme ?

Hélas, ce scénario catastrophe n’est pas une lubie surgie de l’imagination fantasque d’un auteur de science" fiction. A l’heure où l’opinion prend la mesure des récentes et violentes remises en question du principe de laïcité en France, il est grand temps de s’interroger, sur ce que peut cacher le discours de Nicolas Sarkozy au Latran, en direction de nos
chères têtes blondes. La mission éducative qu’entend mener Monsieur le chanoine d’honneur du Vatican, signeraitelle la fin de l’école publique ?

Ceux qui veulent en finir avec l’éducation nationale :

Depuis plus de 15 ans, dans un relatif secret, un certain nombre de groupements relevant d’une même nébuleuse clérico libérale, s’agitent en catimini. Leur but ultime : démanteler l’Education nationale et l’ensemble de son service public. Une croisade amenée avec prudence et minutie. Mais une détermination néanmoins implacable.

Au coeur de cette nébuleuse, à droite de la droite, une douzaine d’associations : « Enseignement et libertés », « Créateurs d’écoles », l’« OIDEL », « SOS Education », « FSP" Fondation de service politique », « Créer son école », « CLE" Catholiques pour les libertés économiques », « ILFM - Institut libre de formation des maîtres », « Fondation
pour l’école », « Famille et libertés », « Mission pour l’école catholique »…ou encore, l’ALEPS, « association pour la liberté économique et le progrès social », filiale ultra" libérale du MEDEF, créée dans les années 60, dans le sillage de l’UIMM.

Leurs « penseurs », leurs activistes, s’inscrivent dans la mouvance des idées agitées dans les « think tanks » de l’extrême droite, au sein du Front National, du Club de l’Horloge. Voire, pour certains… de l’Opus Dei.

Toutes réclament, à corps et à cris, l’avènement de la « liberté de l’enseignement » en France. Qu’entendent" elles par « liberté » ? Il s’agit en fait, d’organiser la mise en concurrence des établissements scolaires, dans une optique de concession de service public voire de marchandisation de l’école.

Celle" ci garantirait une « offre scolaire diversifiée », sensée répondre à une attente désespérée des familles, injustement privées de leur liberté de choix... Des mots d’ordre libéraux bon teint, en apparence, mais qui, en réalité, servent opportunément la vision cléricale de ces nouveaux croisés. Ceux" ci n’espèrent rien d’autre que le retour à 
l’école d’antan. Celle d’avant la République, aux mains de l’Eglise.

L’école publique laïque, voilà l’ennemie

A en croire plusieurs des associations précédemment citées, au premier rang desquelles, l’hyperactive et biennommée « SOS éducation », nous serions à la veille d’un cataclysme insoupçonné. L’oeuvre de Jules Ferry serait devenue un véritable bourbier, une sorte d’antre du Diable porteur de tous les signes de décadence de notre époque, coupable d’une entreprise criminelle de corruption des moeurs de la jeunesse. Cette école serait aux mains des syndicalistes de l’Education nationale, omnipotents héritiers du bolchevisme, décidés, couteau entre les dents, à faire de nos chères têtes blondes de la graine de révolutionnaires nihilistes. Les programmes scolaires sont stigmatisés, accusés d’intelligence avec l’ennemi, par la diffusion d’une vision marxiste et culpabilisante de l’histoire mondiale…

Des profs incompétents et démissionnaires, impuissants à endiguer la violence et l’échec scolaire montrés du doigt à toute occasion. Au final, tous les maux de notre société, seraient imputables à ce Monstre froid, mammouth ingérable, fossile « comparable à l’ex" armée rouge ».

Ces associations ne se contentent pas de stigmatiser les errances du système éducatif, de la méthode globale rendue responsable d’un illettrisme galopant, du contenu des programmes ou de la baisse alarmante du niveau depuis plusieurs décennies.

Elles vont bien plus loin. « Dans le concert des « déclinistes », rapporte un article de Libération le 6 novembre 2006, « SOS Education est à part. Elle ne compte pas de personnalités dans ses rangs et cherche désespérément des alliés (…) Le 24 octobre, Sauver les lettres, Sauver les maths et Reconstruire l’école ont publié une lettre au vitriol, qualifiant SOS Education de « groupuscule malfaisant ». Car, au" delà de constats communs, leurs buts divergent radicalement.

Dans la tradition laïque et républicaine, les trois associations réclament une école plus performante. SOS Education vise son affaiblissement, voire sa disparition. Le 17 septembre 2005, devant le Cercle Frédéric Bastiat qui se veut un haut lieu de la pensée, Vincent Laarman (Président de SOS Education, NDLR) annonçait la couleur : il n’y a d’espoir que « si l’Education nationale se trouve menacée dans sa survie par la concurrence d’un grand secteur éducatif libre ». Et de citer les Etats" Unis en exemple. »

Le but ultime ne serait" il pas, au prétexte de libérer l’école, de faire disparaître l’école publique ?

A l’ombre de l’Opus…

Mais les questions éducatives ne monopolisent pas leurs foudres guerrières. Certaines associations entendent bien, aussi, se mêler des questions touchant plus intimement au « progrès des sociétés humaines », tel qu’elles le conçoivent. C’est que l’avortement, la contraception, les prises de positions de Jean Paul II puis Benoît XVI figurent
parmi quelques" unes de leurs préoccupations essentielles.

Dans notre nébuleuse, CLE, Catholiques pour les Libertés économiques, dont les locaux se situent à l’adresse même du siège de l’Opus DEI en France. Son Président, Michel de Poncins, fut l’un des conseillers économiques de Jean" Marie Le Pen.

Ou encore, l’OIDEL. Une ONG très influente pour le "Droit à l’éducation" et la "liberté d’enseignement" , reconnue par l’ensemble des institutions européennes, mais dont l’appartenance à l’Opus dei est révélée dans force sites, documents officiels du gouvernement fédéral genevois, et par l’engagement reconnu « à l’oeuvre » de plusieurs de ses membres éminents.

Un document extrait d’un rapport comparatif de l’OIDEL sur 85 pays non encore publié est diffusé opportunément, en avant première, le 22 avril 2007, à l’issue du premier tour de la présidentielle, pour développer la « liberté d’enseignement en France ». Pourtant, il n’y a pas péril en la demeure de France nous sommes en 5ème position. Que signifient cette pression et la publication de ce programme d’action à ce moment de la campagne ? Que d’attention de la part de cette ONG européenne pour notre pays, en particulier à l’occasion de son Symposium de Lisbonne des 7 et 8 septembre 2007. L’OIDEL se penchait sur notre carte scolaire avec le concours des parents d’élèves des écoles
privées françaises de l’UNAPEL pourtant non concernées par cette question. Cette entreprise pour développer l’enseignement privé est également conduite, aujourd’hui, par les mêmes avec une rare violence en Espagne.

« Guide du candidat 2007/2008 »…

Tout cela ne porterait pas à conséquence, si l’écho auprès des politiques et des pouvoirs publics, ne se faisait aussi fidèle. Jusqu’à inspirer, avec une étrange concordance, l’agenda de l’actuelle politique « de réformes » du Ministre de l’Education, Xavier Darcos.

Dans le sillage de la campagne présidentielle, en 2007, l’ALEPS et d’autres se fendaient d’une initiative pour le moins audacieuse : l’édition d’un « Guide du Candidat 2007/2008 », véritable feuille de route énonçant un catéchisme auquel devrait se conformer le candidat favori, dans une logique purement libérale. Et le gagnant fut … Nicolas SARKOZY,
arrivé en tête des notes attribuées aux divers candidats.

En matière d’éducation, un « agenda des réformes », assorti d’un authentique planning d’exécution, annonce « dès 2007 », entre autres mesures" phares :

" « Suppression de la carte scolaire et sélection à l’entrée des établissements scolaires et
universitaires »

" « Liberté totale de l’ouverture de classes, d’établissements, et du recrutement d’enseignants et de personnel administratif par contrat privé »...

Puis, à plus long terme, rien de moins que la « suppression progressive du budget de l’Education nationale et du statut des enseignants fonctionnaires »… ou encore, l’ « autonomie totale des établissements en matière de programme, de personnel et de contrôle des connaissances… »

Dans son éditorial en ouverture de « la nouvelle lettre » n°928, le 8 septembre 2007, Jacques Garello, responsable de l’ALEPS, encourage le nouveau Président, avec cette mise en garde, qui laisse songeur : « Vous allez vous mettre à dos les syndicats d’enseignants à coup sûr, mais aussi les associations de parents et de façon plus large encore tous ceux qui sont attachés à l’idée du service public unique et laïque de l’Education nationale. Mais vous allez aussi sauver la jeunesse et, avec elle, l’avenir du pays. »

11 juin 2007, Elysée. Toutes affaires cessantes, sous le feu des caméras et des micros, Nicolas Sarkozy annonce un assouplissement de la carte scolaire, dès la rentrée de septembre 2007. Paris brûle" t" il ? Comment expliquer une telle précipitation, de la part d’un Président de la République à réunir, dans les tous premiers jours de son mandat, les
représentants des personnels et des parents d’élèves à l’Elysée pour traiter de la question de la suppression de la carte scolaire, qui réussit l’exploit de s’imposer au rang d’urgence nationale ? Comme si l’immense chantier de l’éducation nationale se limitait à la question de la carte scolaire. Rien n’indique, de surcroît, qu’il s’agisse là d’une demande émanant explicitement des parents, d’ailleurs la principale fédération s’y oppose. En septembre, l’académie de Paris n’a enregistré, en tout et pour tout, que 203 dérogations supplémentaires par rapport à l’année précédente.

Une goutte d’eau.

11 juillet 2007 dans sa lettre de mission au ministre de l’Education nationale, le Président de la République fixe parmi ses objectifs budgétaires : « S’agissant de l’enseignement sous contrat, qui répond à certaines attentes des familles, vous ne dissuaderez pas les établissements privés de s’installer dans des quartiers en difficulté et, au contraire, vous soutiendrez, lorsqu’ils existent, de tels projets d’installation, dans le respect des grands équilibres nationaux. ».

20 décembre 2007, palais de Saint" Jean de Latran, Vatican. Nicolas Sarkozy, président de la République française, est intronisé « chanoine honoraire ». Il s’en félicite, déclarant que « la laïcité n’a pas le pouvoir de couper la France de ses racines chrétiennes. Elle a tenté de le faire. Elle n’aurait pas dû ». Défendant le concept de « laïcité positive », il
enfonce le clou : « un homme qui croit est un homme qui espère. L’intérêt de la République, c’est qu’il y ait beaucoup d’hommes et de femmes qui espèrent (…) ».

Espérance que la République, sorte de monstre froid, aux valeurs morales déconnectées de toute transcendance, ne saurait nourrir ... « Depuis le siècle des Lumières, l’Europe a expérimenté tant d’idéologies. Elle a mis successivement ses espoirs dans l’émancipation des individus, dans la démocratie, dans le progrès technique, dans l’amélioration des conditions économiques et sociales, dans la morale laïque. Elle s’est fourvoyée gravement dans le communisme et dans le nazisme. Aucune de ces différentes perspectives (…) n’a été en mesure de combler le besoin profond des hommes et des femmes de trouver un sens à l’existence(…) Et puis je veux dire également que, s’il existe incontestablement une morale humaine indépendante de la morale religieuse, la République a intérêt à ce qu’il existe aussi une réflexion morale inspirée de convictions religieuses. D’abord parce que la morale laïque risque toujours de s’épuiser quand elle n’est pas adossée à une espérance qui comble l’aspiration à l’infini. Ensuite et surtout parce qu’une morale dépourvue de liens avec la transcendance est davantage exposée aux contingences historiques et finalement à la facilité."

Concernant l’éducation, Sarkozy se lance dans une vibrante homélie : « Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie ».

Tollé au sein du monde enseignant, qui dénonce, « une véritable provocation vis" à " vis de l’école publique ».

Nicolas Sarkozy s’était déjà illustré, en 2004 dans son livre « Les religions, la République, l’espérance »…. Son coauteur : Thibaud Collin, membre de l’association de service politique, « laboratoire d’idées » intégristes, réputé proche de l’Opus dei, et financièrement soutenue par le Vatican. Thibaud Colin est, par ailleurs, l’auteur d’un
pamphlet hostile à une quelconque reconnaissance de l’égalité entre homo et hétérosexuels … Thibaud Collin était de la visite au Vatican. Le discours lu par Nicolas Sarkozy, ressemble, par endroits, à un copier" coller de certains passages de leur oeuvre commune. « Le besoin spirituel, l’espérance, ne sont pas satisfaits par l’idéal républicain. La République est une façon d’organiser l’univers temporel (…). Elle n’est pas la finalité de l’homme ». Une République qui « ignore le bien et le mal », pouvait" on déjà lire à l’époque, veille du centenaire de la loi de 1905.

Ce 20 décembre, Henri Guaino, plume officielle du Président de la République, n’était, de toute évidence, pas de la partie.

17 janvier 2008, Ryad. Nicolas Sarkozy, en visite en Arabie Saoudite, persiste et signe devant les 150 membres du Conseil consultatif du Royaume, fief du wahhabisme, peu réputé pour son esprit d’« ouverture ». Le président de la République exalte ce qu’il nomme « l’héritage civilisateur des religions » … L’islam, qu’il prend la précaution oratoire
de distinguer de l’intégrisme, « négation de l’islam », est appelé à prendre toute sa place dans sa vaste « politique de civilisation » …

Pour paraphraser Thiers qui, lors du vote de la loi Falloux, justifiait : « un curé c’est 50 gendarmes », dans l’esprit de l’ancien Ministre de l’Intérieur, un imam c’est 50 keufs ?

La rupture est désormais consommée avec la pratique laïque des Présidents de la Vème République. Nicolas Sarkozy est le premier Président qui emploie le nom de Dieu, en visite officielle… Les religions, désormais intégrées au pacte républicain. Ou instrumentalisées ?

Elysée, Ministère de l’Education ... Qui est aux commandes ?

Flash" back : 1992. Nous sommes à la veille d’un important scrutin, les élections législatives de mars 1993. 150 personnes d’horizons divers, dont une grande partie de hauts fonctionnaires du service public de l’Education nationale et de responsables d’établissements privés, fondent une éphémère association : « Créateurs d’écoles ».

Un organisme destiné à vendre de la formation ? Pas vraiment. Le bulletin n°1 de Créateurs met en exergue un objectif, qui en dit long : « l’identification des verrous et les moyens de les faire sauter » (…) « problèmes juridiques et financiers, rôle des collectivités locales », « gestion des personnels », « outils pédagogiques », « élèves, affectation,
aide sociale », « programmes d’enseignement », « personnels administratifs, techniques, ouvriers et de service ».

Afin de « faire sauter » ces verrous, l’association préconise, non pas une révolution, mais une réforme de velours. « Ce sera sans doute la partie la plus délicate de notre travail, car il ne nous faudra pas tomber dans le piège de la « réforme globale », mais identifier avec précision les actions nécessaires, tout en les rendant possibles. (….) La
solution réside sans doute dans la mise en oeuvre de dispositifs dérogatoires, qui n’obligent pas à la remise en cause systématique de tout l’existant, mais qui permettent d’importantes innovations au niveau des établissements d’enseignement. » Un lent travail de déconstruction, pièce après pièce, de la maison Education. Un véritable projet de gouvernement.

Parmi les membres fondateurs de cette ambitieuse confrérie : Maurice Quenet, Dominique Antoine et … Xavier Darcos !

Soit, dans l’ordre, l’actuel Recteur de Paris, le Conseiller Education du nouveau Président de la République, et l’actuel Ministre de l’Education nationale.

Carte scolaire, service minimum, modification du statut des personnels, soutien à l’essor de l’enseignement privé, diminution de la place de l’Etat dans les missions de l’Education … Connexions, actions, déclarations, projets et programmes communs attestent de ce complot ourdi, dans l’ombre, depuis un peu plus de quinze années, en toute discrétion, par ceux" là même qui, aujourd’hui, sont aux commandes de l’Education nationale.

C’est sur l’histoire de ce complot, et l’identité de ses protagonistes que nous nous proposons, dans ce présent ouvrage, de faire toute la lumière. Et donner ainsi à comprendre, sous un jour nouveau, la politique éducative de l’actuel gouvernement…

Les défenseurs des « racines chrétiennes » de la France réussiront" ils à déraciner l’héritage républicain d’une école laïque, gratuite et obligatoire ?

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TABLE DES MATIERES

Introduction

1. Un gouvernement sous influences
La laïcité remise en question au sommet de l’Etat
Le ministre et son armée des ombres
Des mesures inspirées
SOS Education au service du ministre
L’enseignement catholique à l’affût

2. L’essor du privé entre stratégie catholique et logique libérale
Les stratégies de l’enseignement catholique
Financer le privé avec l’argent public
Le maquis des structures
Le nouveau « caractère propre »

3. Les guerres scolaires depuis 1970
1970" 1977 : la révolution libérale de l’enseignement catholique
1977" 1986 : l’échec du grand service public de l’éducation nationale
1988" 1992 : la gauche complexée
1993" 1995 : la droite décomplexée
2002 : la « République des proximités » libérales de Raffarin

4. Les nouvelles fabriques de doctrine
La campagne présidentielle de 2007 : un révélateur
Les antipédagogues récupérés
Le bricolage scolaire
Conclusion pour l’école publique

Bibliographie

Notes

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COMMENTAIRES  

24/08/2008 11:09 par cparske

Il est temps de sortir des mots et expressions en vogue et en vagues médiatiques qui peuvent être communs à des mises en problèmes radicalement opposées, et de participer à faire s’interroger à l’échelle citoyenne
- sur le potentiel de la fonction de l’enseignement collectif comme démultiplicateur du développement intellectuel individuel,
- sur la nécessité d’un enseignement collectif politiquement voulu comme devant donner avant tout un sens dynamique à la culture de chacun,
- sur la définition donnée par Paul Langevin :

"être cultivé, c’est avoir reçu et développer constamment une initiation aux différentes formes d’activité humaine, indépendamment de celles qui correspondent à la profession, de manière à pouvoir entrer largement en contact, en communication avec les autres hommes"

... n’est-il pas ???

24/08/2008 12:47 par Anonyme

Mais encore : pourquoi le 14 mars 2008 cette abrogation de l’article 5 du décret n°60-389 du 14/3/1960 ? pourquoi cette (autre)abrogation, art 15, décret n°60-745 ?

Je cherche les termes des contrats des écoles sous contrat de l’enseignement primaire privé
(contrat simple et contrat d’association, "simple" : l’instit est payé par l’état, ...."association" : en plus les frais de scolarité sont réglés par la commune....qu’en est-il de ces contrats ??)

D’après la loi, l’enseignement privé sous contrat doit respecter la liberté de conscience....

Pourquoi ce décret n° 60-389 du 14 mars 1960 vient-il d’être abrogé ?

L’instruction religieuse est-elle en passe d’être catégoriquement virée hors du temps scolaire ?

ou tout au contraire, s’agit-il d’intégrer la prière comme un outil par excellence à l’entrainement du développement de la mémoire ?

"Décret n°60-389 du 22 avril 1960 relatif au contrat d’association à l’enseignement public passé par les établissements d’enseignement privés

Article 5

Abrogé par Décret n°2008-263 du 14 mars 2008 - art. 15 (V)

L’organisation des services d’enseignement, dans les classes sous contrat d’association, fait l’objet d’un tableau de service soumis aux autorités académiques.

L’instruction religieuse peut être dispensée soit aux heures non occupées par l’emploi du temps des classes, soit à la première ou à la dernière heure de l’emploi du temps de la matinée ou de l’après-midi

Les autres heures d’activités spirituelles et éducatives complémentaires ne peuvent être incluses dans le tableau de service."

Pourquoi cet autre article 15, décret n°60-745 vient-il aussi d’être abrogé ce 14 mars 2008 ?

[la référence de ma recherche est celle -là (cf fichier joint, recherche par mot clé "instruction religieuse"...) :
"Les dépenses engagées par la commune pour les classes sous contrat ne peuvent sans préjudice des dispositions de la loi du 9 décembre 1905 (article 2), concerner, comme le contrat lui-même. que les activités scolaires comprises dans les programmes de l’enseignement public ; l’instruction religieuse et les exercices culturels sont à la chargedes familles (cf décret n° 60-745, art. 15)."]

Les communes vont-elles pouvoir ou devoir financer l’instruction religieuse ?

"Décret n°60-745 du 28 juillet 1960 relatif aux conditions financières de fonctionnement (personnel et matériel) des classes sous contrat d’association

Article 15

Modifié par Décret 70-795 1970-09-09 art. 10 JORF 11 septembre 1970
Abrogé par Décret n°2008-263 du 14 mars 2008 - art. 15 (V)

Le régime de l’externat simple pour les classes placées sous le régime de l’association est la gratuité. Toutefois, une contribution pourra être demandée aux familles, premièrement pour couvrir les frais afférents à l’enseignement religieux et à l’exercice du culte ; deuxièmement pour le règlement des annuités correspondant à l’amortissement des bâtiments scolaires et administratifs affectés aux classes sous contrat, pour l’acquisition du matériel d’équipement scientifique, scolaire ou sportif ainsi que pour la constitution d’une provision pour grosses réparations de ces bâtiments.

Le contrat précise le montant des redevances correspondantes ainsi que celles demandées aux familles des externes surveillés, des demi-pensionnaires et des internes."

Avez-vous seulement entendu oui dire de l’article 89

Appel à des mobilisations pour la défense de l’école publique de proximité

COLLECTIF POUR LA PROMOTION ET LA DEFENSE DE L’ECOLE PUBLIQUE DE PROXIMITE

Les 15-16 juillet, à l’Assemblée, SUIVEZ la discussion du projet de loi instituant un droit d’accueil pour les élèves des écoles maternelles et élémentaires publiques pendant le temps scolaire obligatoire.
Dans le cadre de ce débat et dans la continuité de leur action du 27 novembre 2007 (proposition de loi pour l’abrogation de l’article 89), et le 1er juillet (question écrite de Philippe Plisson au gouvernement), des députés de gauche font des propositions d’amendements (voir amendements 65, 66) sur l’Article 89 (qui impose aux communes de s’acquitter du forfait communal pour des enfants de la commune scolarisés dans une école privée d’une autre commune).
En revanche, les parlementaires responsables de l’AMF se gardent bien de saisir l’occasion d’une proposition d’amendement pour demander l’inscription dans la loi de leur "soi-disant accord" de 2006 ; cet accord, passé entre l’AMF, l’enseignement catholique et les ministères de l’Intérieur et de l’Education nationale qui stipule qu’une commune disposant de son école publique n’est pas obligée de participer aux dépenses de scolarisation d’un enfant dans une école extérieure, qu’elle soit publique ou privée, n’a aucune légalité !
Au courage politique, les responsables de l’AMF semblent préférer le profil bas, au risque de laisser les maires faire face isolément aux conséquences de cet article 89.
De leur côté, les structures représentatives politiques, associatives et syndicales évoquent très peu la question du financement de l’école privée, et jamais celle de l’article 89 dans leurs déclarations sur l’éducation ou la laïcité.
Dans le contexte actuel :
 omerta sur le financement de l’école privée, semblant se faire dans l’indifférence générale, du fait d’un déni d’information et de mise en débat de la part des médias et d’une absence de mobilisation collective à la hauteur des enjeux de la part des organisations syndicales, associatives et politiques

 démantèlement du service public : service minimum, semaine de quatre jours imposée sans concertation et sans délai, suppression de 11 500 postes pour septembre 2008 et annonce anticipée d’un nouveau train de13 500 pour septembre 2009, autant d’éléments témoignant d’une volonté déterminée de mise à sac de l’Education nationale
Il appartient aux citoyens de se mobiliser, en multipliant les actions dans deux directions :
 Pour l’abrogation de l’article 89,
Nous vous invitons
 A vous saisir de la discussion des 15 et 16 juillet à l’Assemblée pour transférer ce mail et interpeller localement vos parlementaires, les médias, vos structures représentatives politiques, associatives et syndicales, relayer et faire signer la pétition pour l’abrogation de l’article 89, vous saisir de toute occasion pour parler et faire parler du sujet
 A appeler votre nouvelle municipalité à prendre une délibération en ce sens
 A appeler les nouveaux responsables départementaux d’associations de maires à s’élever contre cet article, à l’instar du Collectif des maires de l’Aube.
- Pour le maintien de l’école publique de proximité
Nous vous invitons
 à soutenir toute action locale de défense de l’école, comme des services publics
 à préparer dès maintenant des actions à la rentrée : classes sauvages (appel aux enseignants retraités pour les animer), occupation d’écoles… à l’instar de Borée (Ardèche), l’Espérou (Gard)…
 à initier des actions de développement local visant à attirer de nouvelles familles comme Les Voivres (Vosges),Brezons (Cantal)…
 à entrer en lien et à vous solidariser avec d’autres initiatives locales à l’instar dans le Sud-Ouest du GERME du Comminges/ SOS Ecoles de Montagne (Haute-Garonne) et Sauvons nos classes (Pyrénées orientales)
(…) voir sur le site pour plus d’information
CDPEPP - Collectif pour la promotion et la défense de l’école publique de proximité
http://ecoledeproximite.lautre.net /112, Cité des Forges - 85000 La Roche sur Yon /06 22 13 57 29 / ecoledeproximite@yahoo.fr

COLLECTIF POUR LA PROMOTION ET LA DEFENSE DE L’ECOLE PUBLIQUE DE PROXIMITE
de Nicole Guérin, Présidente
à M Alain Frachon, Directeur de la rédaction Monde, M Bertrand Legendre, Editorialiste

LETTRE OUVERTE AU MONDE
Loi sur le droit d’accueil dans les écoles, Article 89 de la loi du 13 août 2004 : OMERTA !

Messieurs,
Les lecteurs-citoyens que nous sommes n’en reviennent pas de l’absence de relais de l’information par le Monde des discussions parlementaires autour du projet de loi sur le droit d’accueil dans les écoles.
L’éditorial du 15 juillet de M Bertrand Legendre [1], ne pouvant en tenir lieu, de par la date même de parution antérieure aux débats de l’Assemblée. En outre, le choix d’introduire l’article par une déclaration du député UMP Frédéric Lefebvre donne un registre très partial et orienté au contenu, bien en phase avec les interventions des députés UMP et de Frédéric Lefebvre qui le jour même[2], comme par hasard se fait fort d’évoquer cet éditorial.
Au nom de l’objectivité, nous n’attendons pas du Monde qu’il privilégie les arguments de la droite, préalablement à l’évènement qui plus est.
Nous aurions aimé qu’il couvre réellement l’évènement et nous restitue la teneur des débats des 15 et 16 juillet à l’Assemblée, voire des 22 et 23 juillet.
Cette loi touche un sujet suffisamment grave, à savoir l’éducation, fondement d’un projet de société (et comme le soulignait Sandrine Mazetier, Députée de Paris, c’était la 1ère fois depuis cette mandature que l’on parlait d’éducation dans l’hémicycle).
Les procédures de vote et modifications en urgence, les mises à mal du service public d’éducation, du droit de grève des enseignants, de la libre administration des communes induites par cette loi ont tout lieu d’inquiéter les citoyens-bailleurs de fonds que nous sommes, parents, élus, enseignants, et auraient mérité une information digne de ce nom de la part de votre journal.
De même, les nouveaux privilèges accordés à l’enseignement privé dans le cadre de cette loi, qui viennent s’ajouter à ceux de l’article 89.
Article 89 qui une nouvelle fois a fait l’objet d’amendements présentés par un parlementaire de gauche, le député des Hautes-Pyrénées Jean Glavany, amendements encore repoussés.
Mais pire, une fois de plus, et surtout manquant à des engagements devant l’AMF, le député-président de l’Association des Maires de France Jacques Pélissard n’a fait aucune proposition visant à donner une valeur légale à l’accord tripartite 2006 sur lequel lui et ses collègues ne cessent de nous leurrer [3].
Enfin, nous avons beaucoup de mal à croire que cette « frénésie législative » aille dans le sens de l’intérêt des familles et de l’intérêt de l’enfant comme vous le prétendez

Pour ne citer qu’un dernier exemple, le prétendu droit d’inscrire son enfant dans l’établissement de son choix (suppression de la carte scolaire) est ainsi refusé par les autorités académiques à toutes les nouvelles familles (près d’une vingtaine) hors département du Cantal souhaitant inscrire leur enfant au collège de Saint-Martin Valmeroux (collège à recrutement national), ceci afin de mieux faire fermer ce collège sous le prétexte fallacieux des petits effectifs, et supprimer une fois de plus un établissement scolaire public de proximité.
COMME LE DISAIT LE COMMISSAIRE DU GOUVERNEMENT LORS DU RECOURS AU TRIBUNAL ADMINISTRATIF DE CET ETABLISSEMENT EN 2002,
" CETTE PRATIQUE (DE L’EDUCATION NATIONALE), QUI CONSISTE EN FAIT A DEBRANCHER LE MALADE POUR POUVOIR ENSUITE AFFIRMER SANS RISQUE DE CONTESTATION QU’IL EST MORT, NOUS PARAIT CARICATURALE D’UN DETOURNEMENT DE POUVOIR, ... " .
Nicole Guérin, Présidente

Collectif pour la promotion et la défense de l’école publique de proximité
http://ecoledeproximite.lautre.net /06 22 13 57 29 /ecoledeproximite@yahoo.fr

[1]- article Le Monde, 15/7/08, « Les parents, les instits et le droit de grève /Bertrand Le Gendre
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/07/15/les-parents-les-instits-et-le-droit-de-greve-par-bertrand-le-gendre_1073479_3232.html?xtor=RSS-3232

[2]- extrait de la discussion sur le Droit d’accueil dans les écoles, 15 juillet, à l’Assemblée,
http://www.assemblee-nationale.fr/13/cri/2007-2008-extra/20081015.asp , rech « l’éditorial qui figure en page 2 du Monde »

[3]- extrait de la discussion sur les amendements 65, 66 sur l’article 89
http://www.assemblee-nationale.fr/13/cri/2007-2008-extra/20081017.asp , rech « article 89 »

Oui, l’enseignement publique est menacée, cela va du primaire, à la faculté, et cela se perçoit de toutes parts, moi aussi j’en suis très contrariée

25/08/2008 20:55 par pierre georges dit Fredo alias Colonel Fabien

D’accord sur le propos de "main basse sur l’école publique" ; nous vous invitons à découvrir ce que pensent Sarkozy et Frêche de l’Université et de bien d’autres sujets dans l’essai politique que notre blog http://www.les-dizygotes.com/ publie en intégralité "Sarkozy Frêche : les dizygotes".
A lire avant la fête de l’Huma ou bien les Congrès de l’automne et de l’hiver !

26/08/2008 09:29 par jean-marie Défossé

Pourquoi vouloir remettre en cause l’école laïque et l’ensemble des valeurs républicaines de notre pays ?Quelle peut être la sincérité des fondements d’une religion qui pousse dans une telle direction et remet en cause les principes même de l’égalité des chances de chaque citoyen de ce pays.Les défenseurs de telles pratiques partisanes en sont rendus à ne plus vénérer Dieu , mais un pape, une confession,une politique et tant pis pour Dieu , ce dernier n’avait qu’à les écouter , eux et leur morale ,eux et leur argent et surtout eux et leur intolérance battie sur la cupidité.

27/08/2008 00:52 par Anonyme

J’ai voulu publier cet article sur Bellaciao, il fut supprimé en l’espace de trois minutes.

C’est tout de m^me aberrant pour un site qui se veut communiste !!!

27/08/2008 07:52 par legrandsoir

Probablement parce qu’un article sur ce sujet a déjà été publié par bellaciao.

12/11/2008 19:03 par Anonyme

Mais c’est évident, le but non avoué est de privatiser l’école plublique !

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