RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Mexique : Ils n’ont pas été « affectés » (La Jornada)

43 étudiants de l'Ecole Normale Rurale d'Ayotzinapa, dans l'Etat de Guerrero, ont été enlevés par des policiers, après que ceux-ci aient tué 6 de leurs camarades, la journaliste Gloria Muñoz revient sur ce nouveau crime, sinistre épisode de la guerre menée contre les peuples du Mexique par un Etat soumis aux intérêts des compagnies minières, trusts de l' "Energie", fabricants d'armes aussi bien nord-américains que français, en étroite alliance avec les tueurs du narco-trafic.

Ce texte a été publié dans le quotidien La Jornada. Gloria Muñoz y tient une rubrique intitulée "Ceux et celles d’en bas". Le président de la république fédérale mexicaine, Enrique Peña Nieto, venait de faire savoir sa "sympathie" aux étudiants "affectés" (sic) par le massacre d’Ayotzinapa...

“ Ils n’ont pas été « affectés » ”

Gloria Muñoz Ramírez

Ils n’ont pas été « affectés », Monsieur le Président, ils ont été assassinés. Maintenant il se fait que tout le monde était au courant et que personne n’a rien dit. On dit en haut que l’affaire est liée au crime organisé allié avec quelques policiers, un maire peu recommandable, son épouse et son beau-frère. Et la version de la guérilla locale n’est pas très différente : des brigades justicières s’en sont prises au groupe délictueux « Guerreros unidos », comme si c’était un fait divers, comme s’il ne s’agissait pas d’un crime d’État.

Dans une atmosphère aussi lourde, que peut-on apporter ? Que Cuauthemoc Cardenas a été agressé par des gens qui le voient comme ce qu’il est : le fondateur et la figure morale du Parti de la révolution démocratique, celui-là même auquel appartiennent le gouverneur défendu jusqu’à l’ignominie par ses collègues, le maire en fuite et toute la bande des complices du massacre ? Inadmissible, l’agression. Oui. Mais pourquoi aucune analyse ne se focalise-t-elle sur l’indignation des jeunes et des proches qui rejettent totalement l’institution électorale et électrice peu précautionneuse de voir des délinquants potentiels rejoindre ses rangs ? Le dire n’est pas politiquement correct, on peut se retrouver accusée d’encourager la violence. Mais il n’en va pas ainsi. Le peuple a gardé la mémoire.

Les étudiants survivants racontent la persécution et le massacre. Des vidéos circulent où l’angoisse et la terreur vécues sont racontées en détails. Ils donnent des preuves graphiques qui accusent les patrouilles impliquées. Et ils refusent encore et encore la version officielle qui circule annonçant ce qui est à venir. Eux et les proches des 43 étudiants disparus nient que les cadavres trouvés à présent dans les neuf fosses communes soient ceux de leurs enfants et de leurs compagnons. « Ils ont été enlevés vivants, nous les voulons vivants » est plus qu’une consigne.

Que peut-on dire de plus après cela ?

La condamnation nationale et internationale est arrivée, bien qu’avec 14 jours de retard. Pendant que les étudiants de la polytechnique accaparaient les caméras et la parole, les indigènes d’Ayotzinapa étaient écartés. Il a fallu qu’apparaissent les fosses pour qu’on prenne toute la mesure de la tragédie et que la presse internationale se retourne. Et ensuite la « découverte » de ce que, à ce qu’on dit maintenant, tout le monde savait.

Que demander de plus ? La démission du gouverneur Angel Aguirre ? Ce n’est rien du tout et ils ne veulent même pas donner cela. Si Zedillo est passé à l’histoire comme le responsable du massacre d’Acteal, pourquoi à présent n’établit-on pas de responsabilités présidentielles ?

Qu’ils fichent tous le camp, comme disent les Argentins.

Gloria Muñoz Ramírez

http://www.jornada.unam.mx

»» http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-pierre-petit-gras/141014/sur-ayotz...
URL de cet article 27224
  

Même Thème
La Nuit de Tlatelolco, histoires orales d’un massacre d’Etat.
Elena Poniatowska
« Pour le Mexique, 1968 se résume à un seul nom, à une seule date : Tlatelolco, 2 octobre. » Elena Poniatowska Alors que le monde pliait sous la fronde d’une jeunesse rebelle, le Mexique aussi connaissait un imposant mouvement étudiant. Dix jours avant le début des Jeux olympiques de Mexico, sous les yeux de la presse internationale, l’armée assassina plusieurs centaines de manifestants. Cette histoire sociale est racontée oralement par celles et ceux qui avaient l’espoir de changer le Mexique. (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Ce n’est pas de Wikileaks que les Etats-Unis ont peur. Ce n’est pas de Julian Assange qu’ils ont peur. Qu’importe ce que je sais ? Qu’importe ce que Wikileaks sait ? Ce qui importe, c’est ce que VOUS savez." — Julian Assange

Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.