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Assemblée générale de l’ONU du 31 octobre 2018

Nous avons tous une dette envers les Cubains…

Pour la 27ème année consécutive, 31 délégations ont demandé ce 31 octobre à l’Assemblée générale des Nations Unies la levée du blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis, le débat devant se poursuivre le lendemain. À savoir qu’au cours des trois dernières années, la résolution annuelle sur la levée du blocus a été adoptée par 191 voix pour sur 193 votants. Mais, pour la première fois, la délégation étatsunienne comptait défendre sa position en présentant des amendements portant sur la situation à Cuba, dont des violations graves des droits de l’homme… [1].

Pour mémoire, voici le texte intégral de l’allocution du Docteur Bachar al-Jaafari, délégué permanent de la Syrie auprès des Nations Unies, [NdT]

* * *

Monsieur le Président,

La délégation de mon pays se joint au communiqué du représentant de la République bolivarienne du Venezuela au nom du Mouvement des pays non alignés, ainsi qu’au communiqué du représentant de la République arabe égyptienne au nom du Groupe des 77 et de la Chine, et souhaite apporter ses propres remarques.

Pour commencer, je souhaite la bienvenue à notre cher ami, Bruno Rodriguez, ministre des Affaires étrangères de Cuba. Que votre pays ami, Cuba, soit pleinement assuré du soutien continu de la République arabe syrienne à la résistance du peuple et de l’État cubains face au blocus injuste imposé par les États-Unis depuis 1962. La Syrie n’oublie pas que les amis et les frères, à Cuba, se sont tenus à ses côtés face à la guerre terroriste qui la frappe depuis huit années et jusqu’à ce jour. La Syrie n’oublie pas qu’ils continuent de la soutenir face à l’occupation israélienne du Golan arabe syrien. Et mon pays est fier que nombre de ses hommes et femmes, médecins et ingénieurs, ont été formés dans les prestigieuses universités cubaines qui demeurent un phare de la connaissance et du savoir, en dépit de l’inique blocus américain depuis près de 60 ans.

Mon pays soutient totalement et inconditionnellement le projet de résolution A/73/L.3, notamment les paragraphes reflétant le rejet des mesures coercitives unilatérales, lesquelles reviennent à une punition collective des peuples dans leur ensemble, contreviennent aux prérogatives de l’Organisation des Nations Unies, en plus de faire obstacle à la réalisation des objectifs du « Programme de développement durable à l’horizon 2030 » [2], aux échanges commerciaux internationaux et, par conséquent, à la pleine réalisation des impératifs inscrits dans les droits de l’homme.

Et nous en République arabe syrienne, dont le peuple endure depuis des décennies les conséquences des mesures coercitives unilatérales, continuerons à faire face au… [transmission interrompue]…, car comment se peut-il que les représentants de certains États continuent à appeler depuis la tribune des Nations Unies à l’accélération de la mise en œuvre des objectifs du « Programme 2030 », alors que leurs gouvernements imposent de telles mesures coercitives unilatérales à Cuba, à la Syrie, à l’Iran, au Venezuela, à la République populaire démocratique de Corée, à la Palestine, à la Fédération de Russie, à la Chine et à d’autres pays ?

Nous sommes aujourd’hui, Mesdames et messieurs, à 12 années de distance de la date prévue pour l’accomplissement de ce « Programme de développement durable » et nul ne peut nier que les blocus commerciaux, imposés par certains gouvernements, se moquent éperdument du développement commercial et social des peuples concernés. Il en résulte que, concernant ce Programme 2030, la crédibilité, la charte, les résolutions et l’agenda des Nations Unies sont tous en jeu, d’autant plus que l’année dernière, 191 États Membres ont accordé à l’ONU leur procuration sans conditions, afin qu’elle mette définitivement fin à ce blocus imposé au peuple cubain depuis 56 ans ; unanimité et procuration refusées par les seuls États-Unis et Israël.

Mesdames et Messieurs,

Nous avons tous une dette envers le peuple cubain, ses dirigeants et ses gouvernements. En effet, notre amie Cuba s’est toujours tenue du côté du droit, de la justice et de l’égalité, répondant aux appels de détresse humaine et médicale à travers le monde. Personne ne peut oublier le rôle de ses médecins et de ses citoyens dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola sur le continent africain. Alors que certains médecins occidentaux fuyaient devant cette infection, Cuba a continué à envoyer des centaines de médecins pour la combattre.

Souvenons-nous aussi, chers collègues, qu’en dépit des défis du blocus, ce pays n’a jamais cessé de divulguer son savoir et ses récentes techniques médicales et médicamenteuses. Des bienfaits offerts aux peuples, dans la majorité des cas, sans attendre en retour, prouvant que la volonté des peuples ne peut-être vaincue et démontrant la fausseté des prétextes avancés par certains gouvernements pour imposer leurs blocus commerciaux aux peuples.

En termes plus clairs, Mesdames et Messieurs, des gouvernements connus de vous tous ; lesquels, du fait de leurs fortes influences commerciales, politiques et militaires, pensent pouvoir punir les États qui s’opposent à leur hégémonie sur le monde et à leur manipulation des consciences au moyen de prétextes tournant autour des droits de l’homme et de la lutte contre le terrorisme, alors même qu’ils protègent les pires dictatures, couvrent les parrains du terrorisme et assurent une couverture politique et militaire à l’occupation israélienne de la Palestine et d’autres territoires arabes occupés.

Mon pays déclare son refus catégorique des amendements proposés par la délégation permanente des États-Unis au projet de résolution qui nous est proposé aujourd’hui. Et, nous affirmons que leur seul but est de perturber les travaux de l’Assemblée générale, de rompre les positions unifiées contre le blocus économique imposé à Cuba et donc, de rompre la quasi-unanimité à laquelle s’opposent uniquement les États-Unis et Israël. Ajoutez à cela que ceux qui ont proposé ces amendements sont dépourvus des compétences morale, politique et juridique qui les autoriseraient à parler des droits de l’homme à Cuba ou n’importe quel autre pays du monde.

Quant à l’aspect technique, ces amendements sont contraires au projet de résolution concernant « la nécessité de lever le blocus imposé à Cuba », usent d’un langage inadmissible et constituent un précédent dangereux, au sein des Nations Unies, du fait qu’ils cherchent à justifier ce blocus en plus de créer une base juridique factice justifiant les mesures coercitives unilatérales imposées à nombre de peuples de ce monde. Mais c’est là une tentative limpide. Nous pensons que personne dans cette enceinte ne se laissera abuser par cette ruse.

Aujourd’hui, les rapports successifs du Secrétaire général estimant l’étendue des pertes et dégâts dus aux mesures coercitives économiques unilatérales imposées à Cuba nous obligent de trouver une nouvelle approche qui dépasserait le simple fait de la levée du blocus, pour réclamer la mise à exécution des recommandations onusiennes rendant justice aux victimes de telles mesures, créer un registre international répertoriant celles qui ont porté atteinte aux droits de l’homme et soutenir l’Assemblée générale en ce qui concerne la suprématie du droit.

Monsieur le Président,

Partant de ces vérités et de ces principes, la Syrie invite l’Assemblée générale à concevoir des mécanismes efficaces qui mettent fin à ces pratiques hostiles, aux politiques des blocus et aux mesures coercitives unilatérales, naturellement contraires au droit international, et de veiller à ce que les gouvernements des États Membres qui recourent à ces mesures illégales assument pleinement la responsabilité politique, juridique et financière pour les pertes subies par les pays visés. Des mesures illégales qui entraînent la perturbation, voire l’effondrement de secteurs économiques essentiels à la vie des citoyens, notamment les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’alimentation, de l’agriculture, de l’industrie, du commerce, des communications et de la technologie.

En conclusion, Monsieur le Président, je trouve opportun de rapporter une observation de M. Idriss Jazaïri, Rapporteur spécial sur les effets négatifs des mesures coercitives unilatérales sur l’exercice des droits de l’homme, suite à sa récente visite à Damas. Je cite :

« Je suis profondément préoccupé par le fait que les mesures coercitives unilatérales contribuent à aggraver les souffrances du peuple syrien. Compte tenu des souffrances économiques et humaines causées par ces mesures, il est difficile de croire qu’elles existent pour protéger les Syriens ou pour encourager la transition démocratique ».

Cette évaluation d’un haut représentant de l’ONU est générale et s’applique aux situations tragiques endurées par tous les peuples confrontés aux effets et conséquences des mesures économiques coercitives unilatérales.

Nous pensons que le moment est venu de mettre fin à ces politiques punitives pratiquées par certains gouvernements d’États Membres de cette Organisation. Et ce, si nous sommes vraiment respectueux des principes de justice, d’égalité, et du droit de tous les peuples du monde au bien-être et au développement sans discrimination ni restriction.

Merci, Monsieur le Président

Dr Bachar al-Jaafari

Délégué permanent de la Syrie auprès des Nations Unies

31/10/2018

Transcription et traduction par Mouna Alno-Nakhal

Source : Vidéo / The Syrian Mission to the United Nations

Notes :

[1] Assemblée générale : des États réclament, pour la vingt-septième fois, la levée du blocus américain contre cuba, « l’exemple même de l’action unilatérale »

[2] L’Assemblée générale des Nations Unies a adopté le 25 septembre 2015 un programme de développement durable à l’horizon 2030 (Programme 2030), repris dans un document intitulé « Transformer notre monde : le Programme de développement durable à l’horizon 2030 »

PS : Selon diverses sources, la résolution non contraignante de l’Assemblée générale en faveur de la levée du blocus sur Cuba a été approuvée avec 189 voix pour, 2 voix contre (les États-Unis et Israël), tandis que l’Ukraine et la Moldavie n’ont pas participé au vote.

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