L’esclavage à l’origine de l’androcratie
C’est par la révolte contre le pouvoir gynécocratique et divin que commença l’anarchie ; mais la guerre commencée contre les femmes continua entre les hommes.
Après avoir vaincu la Déesse, méconnu la Soffet, outragé la Sophia, l’homme fort écrasa l’homme faible, l’intellectuel, il nivela l’humanité en prenant pour étalon la bête humaine.
C’est ce que nous enseigne la légende de Procuste qui raccourcit les étrangers pour les faire entrer dans son lit de fer.
La force déchaînée écrasa partout l’esprit et institua le règne des tyrans. La Grèce se hérisse de Républiques, les Celtes marchent de divisions en divisions ; une démocratie brutale monte et force toutes les intellectualités à se démettre. Ce sont les masses incultes qui veulent dominer. Toutes les lignes de démarcation disparaissent. On ne distingue plus, parmi les peuples, que des hommes libres et des esclaves selon qu’ils sont vainqueurs ou vaincus. Il semble que l’espèce humaine, emportée par un mouvement général de folie orgueilleuse, venait de perdre tout ce qui avait existé en elle de raison.
Tous voulaient, commander, aucun ne voulait obéir ; chaque fraction voulait le pouvoir, l’anarchie était partout. Les noms qu’ils se donnaient exprimaient leur désir d’indépendance.
C’est que, le joug de la Femme brisé, il n’en restait pas d’autre. L’homme avait bien pu se soumettre à celle qu’il aimait, ou à celle qui avait été sa Mère, mais pourquoi se serait-il soumis à un autre homme ? La première autorité qu’il voulut prendre est celle que représente l’Etat. La Religion appartenait encore à la Femme. Par sa révolte, il créa la séparation des pouvoirs, il inaugura la séparation du trône et de l’autel. La révolution masculine amena une corruption générale qui, bientôt, fit des progrès effrayants dans toutes les classes de la Société, pour aboutir à l’« abomination de la désolation » actuelle.
Pour montrer combien ce régime nouveau de l’homme était impopulaire, il suffit de rappeler que du mot « ab », père en hébreu, on fit « abomination ».
Dans l’« ancien régime », les anciens appellent Vénus Tanaïtis la Déesse des esclaves, mais des esclaves volontaires, les Slaves. Or les esclaves volontaires, ce sont les affiliés à la primitive doctrine théogonique.
La chevalerie, qui est le culte primitif, a toujours représenté les chevaliers, initiés à la doctrine, munis d’un cordon qui est l’insigne de l’ordre. Ce cordon représente le lien moral qui attache l’homme à la Divinité, comme le cordon ombilical attache l’enfant à sa mère.
Le mot Europe le désigne (Eu, lien ; rope, corde, cordon, lien, ligature). Cette corde a fait cordial, lien du cœur. C’est parce qu’une Déesse a créé la doctrine de Vérité, qui est la base même de toute religion, qu’on la désigne elle-même sous le nom d’Europe. On sait que c’est un des surnoms de la Déesse Diane. Ce mot, traduit dans toutes les langues, est devenu chez les Latins religare, c’est-à-dire religion ; primitivement, on disait red-ligio.
La vie morale était tout dans cette société antique. Le lien qui unissait les hommes à la femme était la base de la domination de soi-même qui élève l’homme.
Le mot serf indiqua d’abord la soumission volontaire des hommes liés à la Déesse. Ce lien, fait d’affection, de tendresse, était si heureux qu’on le désignait par ces mots : « un doux servage ».
LA CHEVALERIE