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Sortons Ana de l’enfer ("Lettre à Obama" suivi de "Carswell, hôpital des horreurs")

Monsieur le Président Obama
The White House
1600 Pennsylvania Avenue N.W.
Washington DC 20500 (USA)

Le dix sept décembre 2015

Monsieur le Président,

Nous vous écrivons cette lettre le 17 décembre, jour du premier anniversaire du rétablissement des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et Cuba. Ce jour là les Cinq étaient tous enfin libres, et nous en étions vraiment très heureux.

Une ombre au tableau, Ana Belén Montés n’était pas libérée. Cette femme courageuse était elle une espionne, contrairement aux Cinq. Elle a d’ailleurs plaidé coupable lors de son procès.

La plupart des espions vendent leurs renseignement, donc leur pays, pour s’enrichir personnellement. Un cas tout récent, celui de votre concitoyen Jonathan Pollard qui, alors qu’il était employé par les services du renseignement de la Marine américaine, avait vendu des milliers de renseignements à l’état hébreu. Condamné à perpétuité il y a trente ans, il a été libéré dans la plus grande discrétion le 20 novembre dernier.

Ana Belén Montés analyste au FBI n’était pas une espionne ordinaire. Elle donnait au gouvernement Cubain, sans aucune contrepartie, de précieux renseignements pour sauver des vies humaines, prévenir des attentats. Les attentats fomentés depuis les Etats-Unis à l’encontre de Cuba ont coûté la vie à des milliers de Cubains et fait de très nombreux handicapés à vie.

La cause défendue par Ana Belén Montés au prix de sa liberté nous touche d’autant plus en France, que nous avons vécu des scènes d’horreur le mois dernier. Nous n’étions pas le seul pays victime d’ attentas, la Russie, le Liban, et le Mali ont aussi connu des heures douloureuses ce même automne. Et que dire des pays martyrs comme la Syrie, l’Irak, la Libye, l’Afghanistan et tant d’autres qui vivent cette situation insoutenable au quotidien ?

Condamnée à passer 25 ans en prison, Ana Belén Montés est en isolement absolu depuis maintenant 14 ans dans l’unité médicale psychiatrique fédérale de la prison-hôpital pour femmes Carswell de Fort Worth au Texas. Dans cette prison qui est pourtant un lieu de soins, les conditions de vie des recluses sont particulièrement terribles, voire odieuses. Nous les connaissons au travers de témoignages, notamment ceux relayés par la journaliste Betty Brink du Weekly de Fort Worth, concernant Kirstin White et Kathleen Rumpf. Aujourd’hui toutes les trois sont décédées. Ces conditions sont encore plus dures pour Ana Belén Montés du fait de l’isolement absolu dans lequel elle se trouve. La législation de votre pays limite pourtant un tel isolement à une année, éventuellement renouvelable une fois au cas où la personne condamnée représenterait un grave danger pour la sécurité des Etats-Unis. Ce n’est bien sûr pas le cas pour Ana Belén Montés, et d’ailleurs cette accusation tombe d’elle- même puisque vous avez retiré Cuba de la liste des pays pourvoyeurs de terrorisme.

Il est frappant de voir les similitudes entre le discours actuel de votre gouvernement et les propos d’Ana Belén Montés lors de sa plaidoirie. Visionnaire, elle avait anticipé sur le futur des relations entre Cuba et votre pays.

Vous avez déclaré : "Les Etats-Unis sont encouragés par l’intention (...) de se livrer à des relations respectueuses et de coopération entre nos deux peuples et gouvernements.”. Ana Belén Montés ne disait pas autre chose, quatorze ans plus tôt : "Mon plus grand souhait serait de voir l’émergence d’une relation amicale entre les Etats-Unis et Cuba. ".

John Kerry a déclaré quant à lui : "Nous sommes déterminés à vivre en bon voisinage basé sur le respect mutuel, et nous voulons que tous nos citoyens des États-Unis et de Cuba se tournent vers l’avenir avec espoir", quand quatorze ans plus tôt, Ana souhaitait : "Que notre gouvernement (...) abandonne son hostilité à l’égard de Cuba et travaille de concert avec La Havane, imprégné d’un esprit de tolérance, de respect et de compréhension mutuelle."

Monsieur le président, Ana Belén Montés a été condamnée par la justice fédérale et non par la Cour de Justice d’un Etat. Il vous est donc possible d’intervenir pour obtenir pour elle des conditions de détention simplement humaines, et puisque nous nous acheminons vers Noël, en la graciant, vous vous montreriez en harmonie avec le prix Nobel qui vous a été attribué au début de votre premier mandat. Cette demande nous la formulons aujourd’hui au nom de 261 amis de France.

Recevez, Monsieur le président, l’expression de nos sentiments humanistes les plus sincères.

Jacqueline Roussie
Maurice Lecomte

Nous avons écrit au président Obama pour la Thanksgiving, puis à nouveau le 17 décembre. Nous écrivons spontanément de plusieurs pays.

Ana a su par sa mère qu’une solidarité naissait, et elle en a été bouleversée.
Son anniversaire est le 28 février, vous pouvez lui envoyer une carte avec quelques mots.

Il ne faut pas une carte qui puisse se retourner contre elle, sa prison est violente, mais quelques mots de sympathie.

Elle ne recevra pas ce courrier, mais il est important que l’administration de la prison sache qu’à l’extérieur les gens commencent à connaitre son histoire.

JR

Son adresse :

ANA BELEN MONTES 25037-016
FMC CARSWELL
FEDERAL MEDICAL CENTER
P.O. BOX 27137
FORT WORTH, TX 76127. USA

Ana Belén Montés

Ana Belén Montés, née en 1957, est fille d’un couple de portoricains. C’est l’aînée d’une famille de quatre enfants. Son père était médecin militaire et travaillait au sein de l’armée US. Cet homme violent et autoritaire battait sa famille. Sa mère avait obtenu le divorce au bout de 16 ans de mariage. Ana avait alors 15 ans.

Après avoir obtenu une licence, puis une maîtrise en relations internationales à l’Université de Virginie, Ana est entrée à 28 ans à l’Agence de Renseignement pour la Défense du Pentagone (DIA), où elle devenait, 7 ans plus tard, analyste. Elle a eu quelques temps un emploi fictif à la représentation diplomatique à La Havane, soit disant pour « étudier » les militaires cubains. En 1998, retour dans l’Ile pour cette fois, « observer » le déroulement de la visite du Pape Jean-Paul II.

Cette femme discrète, devenue analyste de première catégorie au à la DIA, spécialiste de Cuba, avait accès à presque toute l’information sur l’Ile dont disposait la communauté du renseignement, en particulier sur les activités militaires cubaines. De par son rang, elle était membre du très secret « groupe de travail inter agences sur Cuba », qui rassemble les principaux analystes des plus hautes agences de renseignements des Etats-Unis, comme la CIA par exemple.

Elle a été arrêtée en septembre 2001, jugée et condamnée à 25 ans de prison en mars 2002 pour espionnage. Elle a échappé de peu à la peine de mort grâce à son avocat Plato Cacheris. Elle avait remis à Cuba, sans contre partie financière, l’information lui permettant de connaître les plans d’agression des Etats-Unis contre l’île.

Voici ce qu’elle a déclaré lors de son plaidoyer lors de son procès avant l’annonce de sa sentence :

« Il existe un proverbe italien qui peut-être, décrit le mieux ce que je crois : Le monde entier n’est qu’un seul pays. Dans ce pays mondial, le principe d’aimer son prochain comme soi même, est le guide essentiel pour des relations harmonieuses entre tous les pays.

Ce principe implique tolérance et compréhension pour la façon de se comporter envers les autres. Il implique que nous traitions les autres nations comme on aimerait être traité : avec respect et considération. C’est un principe que, malheureusement nous n’avons jamais appliqué à Cuba.


Votre honneur, je suis devant vous aujourd’hui pour une activité à laquelle je me suis livrée parce que j’ai obéi à ma conscience plutôt qu’à la loi. Je crois que la politique de notre gouvernement vis-à-vis de Cuba est cruelle et injuste, profondément agressive, et je me suis sentie moralement dans l’obligation d’aider l’île à se défendre contre nos efforts de lui imposer nos valeurs et notre système politique. Nous avons fait preuve d’intolérance et de mépris à l’égard de Cuba depuis plus de 40 ans. Nous n’avons jamais respecté le droit pour Cuba de choisir sa propre voie vers ses propres idéaux d’égalité et de justice. Je ne comprends pas pourquoi nous devons continuer à dicter aux Cubains comment ils doivent choisir leurs dirigeants, qui peuvent ou ne peuvent pas être leurs dirigeants, et quelles sont les lois appropriées pour ce pays. Pourquoi ne pouvons-nous pas laisser Cuba poursuivre son propre chemin, comme le font les Etats-Unis depuis plus de deux cents ans



Ma manière de réagir à notre politique Cubaine a peut-être été moralement condamnable. Peut-être que le droit pour Cuba d’exister libre de toute pression politique ou économique ne justifie pas les informations secrètes que j’ai transmises pour l’aider à se défendre. Je peux seulement dire que j’ai fait ce qui me paraissait être juste pour réparer une grave injustice. 



Mon plus grand désir est de voir des relations amicales s’établir entre les Etats-Unis et Cuba. J’espère que mon cas contribuera d’une certaine manière à encourager notre gouvernement à abandonner sa politique hostile envers Cuba et à collaborer avec la Havane dans un esprit de tolérance, de respect mutuel, de compréhension... »

Ana Belén Montés a été en quelque sorte précurseur des nouvelles relations entre Cuba et les Etats-Unis.

Elle est la prisonnière 25037-016 de la prison de Carswell, une annexe du FBI de la Station Aérienne de la Marine des Etats-Unis située au Texas. Elle y est internée dans la section de psychiatrie, bien que ne présentant pas de troubles de ce type.

C’est un lieu dangereux pour elle, qui pourrait avoir de graves répercussions sur son état mental.

Ana Belén Montés est sensée recouvrer la liberté en 2026, dans 11 ans. Elle a déjà accompli 14 ans de réclusion. Elle est soumise à un régime d’isolement extrême. Elle ne peut pas recevoir la visite d’amis, uniquement celles de ses parents et de sa fratrie. Son père est décédé et sa mère souffre de démence. Sa sœur Lucy et son frère Alberto ont tous deux des postes à responsabilité au sein du FBI, elle à Miami, et lui à Atlanta. Lucy a d’ailleurs été décorée pour sa contribution à l’arrestation des membres du réseau « Avispa » auquel appartenaient les Cinq. Ce ne sont donc pas eux qui vont lui apporter un grand réconfort ! Reste son jeune frère Juan Carlos dont je sais seulement qu’il tient une crèmerie à Miami.

Ana est interdite de téléphone, n’a accès à aucun moyen d’information, ni journal, ni revue, ni livre. Elle n’a pas le droit de regarder la télévision et ne peut recevoir de colis. Il lui est même interdit d’avoir le moindre contact avec les autres personnes détenues dans cette prison hormis la détenue qui partage sa cellule.

Les autorités pénitentiaires ne donnent aucune information sur sa santé, les traitements médicaux qu’elle reçoit, ni ne justifient le fait qu’elle soit dans un centre destiné aux personnes souffrant de troubles psychiatriques.

Le régime carcéral qu’elle subit n’est pas conforme aux Droits de l’Homme et est beaucoup plus sévère que celui appliqué aux dangereux criminels.

Un essai a été fait de lui écrire. La lettre a été renvoyée à l’expéditeur en recommandé. Le Bureau fédéral des Prisons y précisait qu’elle ne pouvait avoir de contacts qu’avec ses parents les plus proches, étant donné qu’elle était condamnée pour espionnage.

Nous en savons un peu plus depuis avril 2013, car pour la première fois sa sœur Lucy a accepté de répondre aux questions du journaliste Jim Popkin. Ses frères se sont opposés à tout interview.

C’est ainsi que nous avons appris qu’Ana avait partagé sa cellule successivement avec une femme qui avait étranglé une femme enceinte, une ancienne infirmière qui avait tué par injections 4 patientes , et une admiratrice de Charles Manson, qui avait tenté de tuer le Président Ford.

Le travail d’enquête de plus d’une décennie de la journaliste Betty Brink du Weekly, un journal local de Fort Word où est situé Carswell, nous apprend que cet hôpital-prison fédéral a succédé à un autre fermé entre autres raisons, pour négligence médicale généralisée. C’est très exactement l’identique qui s’y est installé et perdure au vu et su de toutes les autorités en place. Rares sont les critiques, et les dénonciateurs s’exposent à le payer très chèrement. Le terme de « négligence » utilisé est un euphémisme et cette pratique tant sadique qu’assassine englobe des personnels au delà du médical, au regard de chacune des histoires sordides (nombreuses et répétées) ayant pu être connues. Sur une longue période en décennies, et c’est le cas, il est possible de dire qu’elle est structurelle.

Lucy dévoile que dans une lettre de 14 pages, Ana lui avait écrit « il ne me plait pas d’être en prison, mais il y a certaines valeurs pour lesquelles il vaut la peine d’être en prison, ou qui méritent que l’on se suicide pour ne pas passer tout ce temps en prison ».

Nous voyons à travers ces paroles qu’Ana a gardé intactes ses convictions, mais lui infliger de vivre dans de telles conditions relève du sadisme et doit avoir des effets dévastateurs.

Nous devons aider cette femme courageuse. Nous devons faire connaître son histoire, et développer des campagnes pour que dans la prison où elle endure sa peine, elle puisse au moins avoir un traitement plus humain.

Jacqueline Roussie
Maurice Lecomte

* * *

Hôpital des horreurs

Un séjour dans l’établissement pénitentiaire médical Carswell peut-être une condamnation à mort pour les femmes détenues

Par Betty Brink

Traduit par Maurice Lecomte

19 Octobre 2015

http://november.org/stayinfo/breaking3/HorrorHospital.html
http://www.aclutx.org/2005/10/19/hospital-of-horrors-federal-medical-c...

Revenez aux Actualités de la Guerre Anti-Drogue : Ne m’Archivez Pas
(Article original et photos à : www.fwweekly.com/content.asp?article=3325)

Ici la prison de Carswell. ... Nous avons une détenue qui ne respire plus. Elle vire au bleu. "La bande 911 grésillait, mais les mots étaient clairs.

"Sont-ils en train de faire la Réanimation Cardio Pulmonaire ?" a demandé l’opérateur de la compagnie d’ambulance Med-Star.

"Je suppose que oui," a répondu l’appelant. "Ils sont environ 90 personnes là-haut. ..."

Betty Appleby devient plus fâchée et plus frustrée chaque fois qu’elle écoute la bande, décrivant les moments clés d’une tragédie qui allait changer sa grande famille, très unie pour toujours.

"Pouvez-vous le croire ? Quatre-vingt dix personnes ? Je sais que c’est une exagération de celui ayant appelé, mais cela me dit, que c’est vraiment beaucoup de personnes ayant piétiné autour de cette cellule et détruit des preuves qui auraient pu nous aider à découvrir ce qui est exactement arrivé à ma sœur, de sorte que nous aurions pu voir que justice soit faite. Et avoir la paix".

Appleby parle de sa plus jeune sœur, Linda D’Antuono Fenton - la détenue qui a "viré au bleu." Le 23 février 2004, Fenton a été trouvée inconsciente et près de la mort dans une cellule supposée de haute sécurité au Centre Médical Fédéral Carswell - une prison dont un juge fédéral avait prétendument ordonné son retrait, deux ans plus tôt. Elle était à deux jours d’être libérée, après avoir purgé près de sept ans pour un délit de drogue - deux jours avant qu’elle ne puisse sortir et, comme elle l’avait promis dans des lettres à sa famille et ses amis, dire au monde ce qui se passe à l’intérieur des murs de l’hôpital de la prison fédérale de Fort Worth.

Fenton avait 34 ans. Au cours de son dernier mois à Carswell, elle avait écrit à sa famille de longues lettres joyeuses disant à quel point elle était heureuse d’en avoir presque fini avec la prison, pour trouver un emploi, obtenir de nouveaux vêtements et prendre un nouveau départ.

"Linda voulait quitter cet endroit avec panache", a déclaré Appleby. "Ma mère a fait louer une limousine pour aller la chercher à la porte. Mais au lieu de ça, elle est rentrée dans un sac mortuaire."

La nuit de l’appel du 911, Fenton a été transportée au Centre Médical Ostéopathique de Fort Worth. Elle y mourut huit jours plus tard, sans avoir jamais repris conscience, avec les membres de sa famille à son chevet - et avec des chaînes aux jambes, deux gardes de service à sa porte. "Elle était dans le coma, pour l’amour de Dieu", a déclaré son frère. "Où était la compassion pour ma mère ? Pour nous ?"

Le bureau du médecin légiste du comté de Tarrant a jugé la mort de Fenton comme un suicide par pendaison. Mais comme à peu près tout le reste du rapport officiel concernant la mort, c’est une décision que la famille, les amis de Fenton, les détenus actuels et anciens de Carswell, trouvent impossible à croire.

Les rapports de l’intérieur de la prison varient largement sur presque tous les points : si elle avait été suicidaire, comment exactement et dans quelles conditions cela a-t-il été diagnostiqué - et pourquoi était-elle là où elle était. Les autorités pénitentiaires ont dit à la famille que Fenton était devenue suicidaire au début du 23 février et avait été mise sous surveillance préventive - mais ses amis à la prison ont dit que Fenton n’était pas suicidaire mais en fait étourdie à la pensée de la liberté. La cellule de l’Unité de Logement de Sécurité [SHU], où elle a été trouvée n’était pas l’endroit où sont gardés ceux censés être suicidaires.

Un pathologiste de Floride qui a effectué une seconde autopsie a conclu que les blessures de Fenton ne sont pas compatibles avec un suicide par pendaison, mais avec "une prise d’étouffement mortelle" comme celle enseignée à de nombreux gardiens de prison et policiers - et qui, a dit un ancien détenu, est fréquemment utilisée à Carswell. Ses vêtements, qui auraient pu fournir de nouvelles preuves supplémentaires, ont disparu. Les responsables de l’hôpital ont refusé la demande de sa famille d’examiner son corps pour des signes d’abus sexuels.

Fenton n’en est jamais sorti, et elle ne contribuera jamais à soulever le voile sur l’enfer des conditions carcérales la menaçant. Mais plus d’un an plus tard, les controverses entourant sa mort servent le même but, braquer la lumière sur Carswell et son Bureau Fédéral de l’unique hôpital médical et psychiatrique de prison pour femmes détenues - et aussi en effet, sur le traitement des femmes dans d’autres établissements pénitentiaires fédéraux.

Les questions sur Carswell vont au-delà du cas de Fenton. Nicole Vasquez, 27 ans, et Mari Ayn Sailer, 29 ans, y moururent respectivement, en Août et Septembre, dans des circonstances douteuses. Vasquez, une patiente récemment opérée, est morte d’un choc septique tandis que le personnel médical pénitentiaire a apparemment ignoré ses appels à l’aide. Dans le cas de Sailer, la prison a informé le bureau du médecin légiste du Comté de Tarrant qu’elle enverrait son corps pour une autopsie - puis est revenue sur sa décision. La prison a dit aux médecins légistes qu’ils avaient décidé de ne pas faire d’autopsie, ce qui est contraire à la politique des prisons, selon le porte-parole de Carswell, Deborah Denham. C’est uniquement sous la pression de la famille de Sailer que les responsables de la prison ont consenti à faire leur propre autopsie. La famille attend toujours le rapport.

Les accusations de grossière négligence médicale, de viol par des gardiens de prison, et l’exposition toxique pour les travailleurs de la prison – sont des problèmes hebdomadaires à Fort Worth selon un rapport datant de 1999 - continuent de s’accumuler. En 1999, Beverly Joseph a failli mourir d’une insuffisance cardiaque congestive, après que l’assistant d’un médecin ait diagnostiqué sa douleur thoracique intense comme une infection des voies urinaires. Marilyn Shirley, une prisonnière du camp de faible sécurité, a été violée à l’extérieur du complexe hospitalier par un gardien de prison en 2000. La même année Janice Pugh est morte d’un cancer du cerveau qui n’a jamais été traité. Tom Charles, un ancien ouvrier d’entretien du Bureau des Prisons, est totalement invalide après l’exposition journalière à la poussière de plomb durant son travail en 1999. Aujourd’hui, Darlene Fortwendel est en train de mourir d’un cancer du foie non traité. Et la liste continue. Plus de familles, d’anciens détenus et des avocats se présentent demandant des réponses et, jusqu’à présent, n’en obtiennent que fort peu. Certains y font encore enfermer des membres de leur famille - y compris ceux dont les peines de prison limitées pour des crimes non violents menacent de devenir des condamnations à mort en raison de l’échec des fonctionnaires de la prison à fournir des soins appropriés.

La réponse de Carswell aux questions relatives à ces soins médicaux est passe-partout : "Nous offrons des soins qui sont comparable aux normes communautaires", a déclaré Denham, adjoint exécutif du Surveillant Ginny Van Buren, qui ne donne pas d’interviews. Le Bureau des Prisons soutient que la situation de Carswell est unique parce que beaucoup de femmes qui y sont envoyées ont des antécédents d’abus de drogues au long terme ou de maladies non traitées auparavant en raison de la pauvreté. "Á Carswell", a déclaré le porte-parole du BOP Mike Truman, "beaucoup de ces femmes obtiennent des soins médicaux de qualité, pour la première fois depuis des années."

Pas vrai, a dit la détenue récemment libérée Dana Corum, une diabétique fragile dont le propre cas de négligence médicale a été décrit par l’hebdomadaire Weekly en 2000. Parce que l’hôpital a échoué à lui fournir des médicaments appropriés et un régime diabétique, elle souffre maintenant d’insuffisance rénale. "L’endroit ne s’améliore pas," dit-elle. "Ce qui est pire maintenant, c’est que les femmes qui y meurent sont jeunes, comme Linda."

Brian McCarthy, le pathologiste de Floride qui ré-autopsié Fenton à la demande de sa famille, a dit que son corps de 102 livres a montré un "schéma d’ecchymoses" sur les bras, le cou et les poignets qui étaient "compatibles avec les effets d’une lutte physique". Son enquête, a-t-il écrit, l’a conduit à une seule conclusion : "La mort de Linda Fenton ... a été un acte d’assassinat prémédité."

Linda Fenton n’était certainement pas la prisonnière modèle de Carswell. Elle était combative - parfois physiquement - et toujours prête à dire aux responsables de la prison ce qu’elle pensait d’eux. Ces tendances avaient leurs racines dans un état qu’elle ne pouvait pas contrôler. Quand elle avait 11 ans, un accident de voiture l’a mise dans un coma pendant 10 jours et lui a laissé de graves blessures à la tête, au lobe frontal. Son frère, Paul D’Antuono, dit qu’ensuite elle a développé le syndrome de Tourette, un trouble neurologique grave caractérisé par des tics faciaux et corporels souvent accompagnés de paroles et d’obscénités compulsives. Elle a passé les six années suivantes dans un hôpital psychiatrique sous traitement en raison de cet état. "Notre mère a déménagé à Fort Lauderdale [où se trouvait l’hôpital de l’Etat] afin de pouvoir passer chaque jour avec Linda", a déclaré D’Antuono.

Dans une lettre au FBI, McCarthy a expliqué que, bien que la condition [séquelles de son accident] n’ait pas altéré les capacités intellectuelles de Fenton, elle en a fait "un franc-tireur, capable d’être verbalement offensante, de confrontation, et irritante" et l’a "vouée à une maladie mentale chronique ... pour le reste de sa vie". Fenton, le pathologiste a dit, qu’elle n’aurait jamais dû être assignée à un endroit comme Carswell, où "ses défauts émotionnels n’ont pas été reconnus et ... où on ne lui a pas donné un traitement médical approprié."

Ses frères, sœurs et amis ont dit que Fenton, néanmoins, avait une intelligence vive et était capable d’être aimante et bonne, une amie dévouée à ses codétenues. "Tout le monde aimait cette fille", a déclaré Corum.

Eh bien, non, pas tout le monde. Elle a passé beaucoup de temps à l’isolement - dans l’Unité de Logement de Sécurité [SHU], au même endroit où elle se retrouverait avec un drap noué autour du cou. Le SHU est une unité d’isolement pour les détenus perturbateurs ou ceux qui enfreignent les règles. Le plus souvent, elle y a été envoyée à la suite d’agressions verbales aux gardes et médecins. "La seule différence entre nous et eux", a-t-elle écrit dans une lettre en 2001, "c’est qu’ils n’ont pas eu à se présenter devant un juge, à nouveau. Je ne voulais pas laisser la plupart d’entre eux sortir les ordures ou arracher les mauvaises herbes dans la cour. Et j’ai la mauvaise habitude de leur dire ce que je pense d’eux. Alors, quand ils me verrouillent pour cela, je me bats habituellement avec eux. Ma façon de penser, c’est, que si je dois aller en bas ça sera dans une flamme de gloire et que j’en prendrais quelques-uns avec moi !! N’est-ce pas ?!? ... Je suis une Rebelle Sans Cause, la seule cause que j’ai, c’est le principe de la chose !! "

Puis, dans une sorte de prémonition de sa mort, Fenton a écrit qu’elle ne pensait pas qu’elle parviendrait à quitter la prison vivante. "Je ne sais vraiment pas si je vais être en mesure de le faire au travers de cette ... Je pense que cet endroit va finir par me tuer, et que je vais finir par mourir en prison, c’est la seule manière pour moi de sortir du Texas".

Á Carswell, les batailles verbales de Linda ont été principalement menées contre son psychiatre, William Pederson, le responsable de la psychiatrie à Carswell, et un garde.

La mère de Fenton et son beau-père ont été témoins d’un incident impliquant une autre garde, quand ils sont venus pour passer du temps avec elle pour son anniversaire en 2003. Alors qu’ils attendaient qu’elle soit amenée à la pièce des visiteurs, ils ont entendu une agitation, et Linda a commencé à crier dans le hall. Elle avait dit quelque chose ou passer outre un ordre de l’une des gardes, qui ont menacé de la reprendre sans lui permettre de voir ses parents. Selon son beau-père, Fenton a déclaré à la garde, "Je sais que je suis une détenue, mais je suis un être humain." La garde a crié : "Vous n’êtes ni une détenue, ni un être humain. Vous êtes une psychotique et une putain de folle. Si vous ne fermez pas votre gueule, je vais réorganiser votre foutue gueule." Le beau-père de Fenton, Bill Brown, s’est plaint de l’incident dans une lettre du 3 Juillet 2003 au directeur du Bureau des Prisons [BOP] Harley Lappin, mais n’a obtenu aucune réponse.

La méfiance de Fenton à l’égard de Pederson était bien connue de sa famille et de ses amies détenues. Elle se plaignait régulièrement de ses tentatives pour la forcer à prendre deux puissants médicaments anti-psychotiques, Haldol et Thorazine auxquels elle était allergique, ce que son dossier médical montrait. Pourtant, en 2002, Pederson est allé devant le tribunal fédéral pour demander l’ordonnance d’un juge afin de l’obliger à prendre les médicaments. Le tribunal a rejeté la demande et a par contre ordonné au bureau des prisons de transférer Fenton de Carswell, selon la mère de Fenton, Dorothy Brown. Fenton a dit à sa mère que le juge lui avait dit qu’elle avait besoin d’être dans un environnement moins stressant et a recommandé un camp de prisonniers à faible sécurité. Le BOP ne s’est jamais conformé à l’ordonnance.

Denham a refusé de répondre aux questions sur Pederson ou sur le traitement de Fenton. Tout ce qu’il s’est permis de dire, et Denham a répondu par courrier électronique, c’est que Pederson est un psychiatre de la prison.

Les demandes d’interview de Pederson par l’hebdomadaire Weekly ont également été rejetées. Denham est la seule personne autorisée à parler au nom de la prison, a-t-elle dit.

Fenton avait également écrit qu’elle allait poursuivre Pederson en justice dès qu’elle serait sortie, avec "un groupe entier de femmes [de la prison] qui projettent de l’accuser de faute professionnelle."

"Linda n’était pas suicidaire." Elle était prête à rentrer à la maison."

La détenue a été catégorique à propos de son amie – suffisamment outragée pour se risquer à écrire à un journaliste, mais s’étant aussi inquiétée des représailles pour demander que son nom ne soit pas révélé. "Il y a plus à son histoire, et c’est probablement lié aux viols ici", a-t-elle écrit. Elle n’a pas précisé, mais l’hebdomadaire Weekly a documenté un viol et au moins sept cas d’inconduite sexuelle à Carswell lesquels ont conduit à des peines de prison ou à des licenciements pour les hommes impliqués. "Ils ne l’ont pas protégée", a écrit la détenue de Fenton. "Elle est la seule prisonnière que j’ai jamais connue qui ait été mise sous surveillance préventive et laissée sans surveillance."

Que Linda Fenton ait menacé de se suicider ou non, n’est que la première des nombreuses questions sur ce qui est arrivé dans les derniers jours de sa vie. Que ce soit sur ceci, ou sur de nombreux autres points, les informations fournies par les autorités pénitentiaires aux médecins civils et à la famille de Fenton sont pleine de contradictions.

Parce que les officiels de la prison ont refusé de parler avec l’hebdomadaire Weekly sur le cas de Fenton -et, pour la conférence de presse, le BOP n’a pas constitué de rapport offert à des copies de son dossier pour les parties publiques- une grande partie de la version officielle des événements est glanée à partir de ce que la famille de Fenton a dit et de la fiche de traitement de Fenton du Centre Médical Ostéopathique de Fort Worth. Sa famille a fourni à l’hebdomadaire Weekly des copies des rapports du médecin et de l’autopsie du médecin légiste du Comté de Tarrant.

Selon ces documents, les médecins ostéopathes ont été informés par les autorités pénitentiaires que Fenton avait "fait une tentative de suicide par pendaison." Mais dans le même paragraphe, le médecin civil a également écrit, "apparemment la patiente a fait des menaces suicidaires depuis plusieurs jours, mais elle n’a pas d’antécédents de tentatives antérieures."

Christopher McGee, le travailleur social affecté à Carswell Fenton, a dit à sa famille une semaine après la mort de Fenton qu’il n’y avait eu aucune tentative de suicide. Les membres de la famille ont déclaré que McGee leur a dit que Fenton a été mise en SHU parce que, après qu’une fête de départ prévue par les copines détenues de Fenton ait été inexplicablement annulée par Pederson, Fenton "perdue", s’est mise en colère et est devenue combative. Il leur a vraiment dit qu’elle était sous surveillance 24 heures sur 24, ce qui contredit le rapport d’un garde disant qu’elle était seule quand elle a été retrouvée, ainsi que l’assertion ferme du médecin ostéopathe indiquant qu’elle est restée comateuse pour le mieux une bonne demi-heure avant que les efforts pour la sauver aient commencé.

McGee n’a pas été disponible pour commenter.

L’ancienne détenue Dana Corum et une prisonnière actuelle, qui a demandé à garder l’anonymat par crainte de représailles, ont dit toutes deux à l’hebdomadaire Weekly que l’explication circulant parmi les autres détenues à la prison hôpital était que Fenton était à l’USD en raison des ses envies de suicide parce qu’elle avait peur de rentrer à la maison - affirmation contestée par les lettres de Fenton ainsi que par sa famille et ses amis.

Tonya Wrisley a partagé l’unité psychiatrique de Carswell avec Fenton pour les trois derniers mois de la vie de Fenton. "Nous étions de très proches amies," a t-elle dit récemment à son domicile près de Portland. Les deux femmes ont passé "beaucoup de temps ensemble et se sont confiées l’une à l’autre", a déclaré Wrisley. Elle aussi avait entendu dire que Fenton s’est tuée par peur de rentrer à la maison, une histoire que Wrisley a rejeté d’emblée. "Linda était si enthousiasmée de rentrer à la maison. Elle avait fait tous ses plans à propos de ce qu’elle allait faire, et elle avait tout de prêt. Je ne croirai jamais qu’elle s’est tuée."

En effet, ses longues lettres écrites à la main à sa mère et à d’autres membres de la famille durant cette période brossent le tableau d’une femme excitée et pleine d’espoir pour une nouvelle vie libre de médicaments et de la vie trépidante qui l’avait amenée en prison.

"Linda était heureuse, enthousiaste, elle voulait juste accomplir sa mission", a déclaré Wrisley.

Cette "mission", a dit la sœur de Linda, Betty Appleby, était de travailler avec les enfants à risque pour leur éviter la prison. "Il est impossible que Linda se soit suicidée", a dit Appleby. "Elle allait rentrer à la maison dans les deux jours. Elle avait réchappé de cet endroit, et elle était tellement enthousiasmée d’en sortir enfin."

Fenton avait déjà pris des dispositions pour une formation professionnelle dans la ville natale de sa mère, Inverness. Elle avait obtenu une lettre d’acceptation dans un programme de l’Armée du Salut qui aide les ex-détenus à trouver du travail. Dans ses dernières lettres à la maison, elle avait demandé à sa mère de lui acheter un manuel de formation pour qu’elle puisse obtenir un permis de conduire de la Floride. Elle a même demandé à Dorothy de vaporiser du parfum sur les nouveaux vêtements qu’elle avait envoyés pour que Linda les porte à la maison.

"Après toutes ces années de prison," a dit Appleby, "elle voulait à nouveau sentir sa féminité. Cela peut sembler idiot, mais cela a brisé mon cœur quand je l’ai lu. Ce ne sont pas les mots de quelqu’un qui envisage de se tuer dans quelques jours."

Si Fenton était suicidaire, son traitement par le personnel pénitentiaire de Carswell a violé la politique écrite du Bureau des Prisons relative à la prévention du suicide, stipulant que tout détenu menaçant de s’automutiler doit être placé dans une "salle de guet du suicide" spéciale et être gardé sous observation durant 24 heures. Cette salle n’est pas dans le SHU - et en fait, cette politique stipule que si un détenu est déjà dans l’USD et menace de se suicider, il doit en être immédiatement retiré, vers la salle désignée où la personne l’observant "aura la communication verbale avec lui et procédera à son observation constante, à tout moment" (Insiste le BOP). La politique stipule clairement aussi que si un détenu se suicide, l’endroit où il se trouve doit être préservé comme une scène de crime et toutes les preuves préservées. Denham a déclaré que la prison Carswell suit la politique du BOP à la lettre.

Néanmoins, les responsables de la prison ont dit aux médecins du Centre Médical Ostéopathique que la détenue était seule "au moment de cet incident." Les médecins ont estimé que Fenton était probablement resté inconsciente et en détresse respiratoire durant une demi-heure à 45 minutes avant que quelqu’un n’intervienne pour tenter de la réanimer.

Une autre ancienne détenue de Carswell qui est maintenant professeur d’université a déclaré que si Fenton avait été sous surveillance préventive, elle n’aurait pas été laissée seule pendant une demi-heure ou plus, ni aurait eu régulièrement un drap avec lequel se pendre. Les règles du BOP confirment qu’une salle de guet du suicide n’est pas censée contenir des draps.

"Ceux qui sont en salle de guet du suicide sont mis là-dedans avec des couvertures en papier et [il est intimé] à d’autres prisonniers de s’asseoir à l’extérieur du plexiglas et de les regarder 24/7," écrit-elle. L’ex-détenue, qui a demandé que son nom ne soit pas utilisé parce qu’elle craint toujours des représailles, était parfois l’une de celles invitées à s’asseoir et regarder ces femmes en détresse.

D’autre part, elle a dit, qu’il est [fort] possible que Fenton ait été soumise à une prise d’étranglement. "Elles sont couramment utilisées sur les détenus, indifféremment hommes et femmes, pour les soumettre," a-t-elle dit.

Dans le cas de Fenton, les comptes rendus des fonctionnaires de la prison diffèrent aussi sur ce qu’ils ont trouvé quand ils sont finalement venus la voir. Selon les dossiers, les responsables de la prison ont dit aux membres du personnel hospitalier ostéopathique que Fenton a été trouvée "suspendue par un drap de lit" – ce qui est aussi reflété dans le rapport du médecin légiste du Comté de Tarrant. Ce n’est pas ce qu’a dit McGee, le travailleur social, à la famille de Fenton une semaine plus tard. Selon les parents, McGee a dit que Fenton a été retrouvée gisant sur le lit avec un drap noué autour de son cou, si étroitement que les ambulanciers ont dû le couper.

Appleby a indiqué que McGee, "plutôt nonchalamment", a dit à la famille que Fenton n’a pas pu se pendre parce qu’il n’y avait rien dans la cellule à quoi elle aurait lié le drap pour ce faire.

"Aucune de ces histoires ne se recoupe", a déclaré Paul D’Antuono. "Vous comprenez pourquoi nous sommes soupçonneux ?"

Il y a beaucoup de personnes soupçonneuses dans le camp des prisonniers de la prison et de l’hôpital de Carswell ces jours-ci, y compris les familles des deux jeunes femmes qui y sont mortes au cours des derniers mois.

Nicole Vasquez avait 27 ans, à deux mois de sa date de libération après avoir purgé sa peine consécutive à une accusation relative à la drogue ; elle est morte le 1er août. Mari Ayn Sailer, de 29 ans, avait purgé une année de ses 18 mois de prison pour fraude fiscale quand elle est morte le 12 septembre. Les détenues témoignent que, dans les jours ayant précédé les décès, les deux femmes ont à plusieurs reprises supplié le personnel médical pénitentiaire pour une aide, mais n’en ont jamais reçue.

"Le médecin en place les a toujours renvoyées non traitées", a déclaré Corum, qui connaissait les deux femmes.

Dans le monde étrange de la prison-hôpital, les soins médicaux pour les personnes considérées [d’emblée] comme ayant des problèmes de santé les moins sérieux, consistent en ce qu’un détenu se rende de son propre étage à l’étage « médical », à faire la queue pour demander de l’aide ou à siéger dans la ligne en fauteuil roulant.

Darlene Fortwendel, une ex-détenue souffrant d’une forme rare de cancer du foie, connait de première main le « soin » médical de Carswell. Elle a finalement obtenu une libération compassionnelle de Carswell il y a un mois, après sept mois durant lesquels les médecins de l’hôpital de la prison ont refusé de traiter son cancer. Elle était là quand Vasquez est morte.

Vasquez, qui souffrait d’un lupus, avait subi une chirurgie cardiaque à la fin 2004 dans un hôpital du Connecticut tandis qu’elle purgeait son temps à la prison fédérale. Elle a été envoyée à Carswell pour les soins de suivi.

"Elle se plaignait de douleurs sévères et de fièvre," a dit Fortwendel, mais quand Vasquez est allée à l’appel des malades, elle n’a reçu que des médicaments en vente libre, qui ont semblé être de peu d’aide. En dépit de sa propre maladie, Fortwendel, elle et Corum et d’autres dans la section des soins aux chroniques du cinquième étage de l’hôpital ont fait de leur mieux pour prendre soin de Vasquez. "Elle était très malade, et il n’y a aucune infirmière de service à cet étage", a déclaré Fortwendel. Si une détenue entre en détresse, les seules personnes assez proches pour les aider sont les gardiens ou leurs codétenues.

Vasquez est morte dans la nuit "vomissant tout sur elle-même", a déclaré Corum.

Le porte-parole de la prison, Mike Truman a dit qu’une autopsie a montré que Vasquez est morte d’un choc septique. Selon le site web de l’Institut National de Santé, le choc septique est le résultat d’une infection généralisée pouvant se développer après une chirurgie.

La famille de Sailer, en revanche, n’a même pas de rapport d’autopsie. Ils ne savent toujours pas de quoi elle est morte. Son frère, Bruce Sailer, est sûr qu’on lui a menti à propos de sa mort. Elle est entrée à Carswell comme malade psychiatrique, après avoir beaucoup souffert dans sa vie de dépression et de troubles bipolaires de la personnalité, mais elle était en bonne santé physique, a dit Bruce. "Ma sœur avait seulement 29 ans," a t-il écrit dans un courriel à l’hebdomadaire Weekly. A vingt-neuf ans d’âge, "on ne meurt pas dans son sommeil. ... J’ai peur de ne jamais découvrir pourquoi ma sœur est morte."

Une autre détenue qui connaissait Sailer a dit qu’elle était morte après qu’on l’ait retrouvée inconsciente dans son lit et que l’équipement nécessaire pour la réanimer n’était pas disponible sur le sol.

Quand on a demandé une copie du rapport d’autopsie de Sailer, la porte-parole de la prison Denham a renvoyé l’hebdomadaire Weekly au médecin légiste du Comté de Tarrant, car ce bureau "a fait les autopsies sur tous les décès à la prison." Mais pas de Sailer, semble t-il. Elvela Young, qui traite les rapports pour le bureau du médecin légiste, a déclaré que, tandis que tout le personnel de ce bureau s’attendait à l’autopsie de Mari Ayn, la prison a appelé et l’a stoppée. "Nous n’avons jamais eu le corps," a dit Young. "Ils ont repris la juridiction." Et en dépit de la déclaration de Denham, Young a dit, "Nous n’avons pas fait [les autopsies des femmes étant mortes à la prison] durant de nombreuses années."

Bruce Sailer a écrit que lorsqu’il a demandé pourquoi la prison avait repris le corps, il lui a été dit que c’était parce "qu’il n’y avait aucun traumatisme contondant sur son corps, et donc aucune trace d’acte criminel. [Il s’ensuivait pour eux] qu’aucune autopsie n’était nécessaire."

"J’ai clairement indiqué aux gens de Carswell que ma famille voulait une autopsie," a-t-il écrit. La prison a alors accepté d’en faire une, a-t-il dit, mais m’a indiqué qu’il me faudrait attendre "quatre à six semaines" pour qu’un rapport d’autopsie soit délivré, afin que je puisse apprendre la cause de son décès. Jusqu’à présent, tout ce qu’il a reçu est une lettre type de la prison disant qu’elle est morte parce que "son cœur s’est arrêté." Ce [qu’ils disent] que la prison a fait, "c’est tout simplement faux, et je suis sûr que c’est illégal" a-t-il dit.

Denham a déclaré que, pour l’ensemble des décès dans une prison fédérale, peu importe la cause, une autopsie est nécessaire. Le site Web du bureau des prisons précise que, "S’il n’y a pas de blessure traumatique évidente, un rapport complet d’autopsie portant les signatures originales et certifiées devant notaire doit être fourni." Denham a dit que l’autopsie de Sailer n’a pas été autorisée.

L’ex-détenue qui est maintenant un professeur d’université a déclaré que les conditions médicales dans [le pavillon] psychiatrique de Carswell étaient tellement incroyables lorsqu’elle s’y est retrouvée emprisonnée à compter de 2002 jusqu’à sa libération l’an dernier, qu’elle pense, parfois, avoir rêvé. Elle-même n’y a jamais été enfermée, mais dit qu’elle a parfois été recrutée pour aider à observer celles sur le plancher de l’étage au dessous. "Certaines de ces femmes avaient été enfermées dans des cages le plus souvent en plexiglas," a-t-elle dit. "Certaines étaient nues, avaient jeté la nourriture et même des excréments sur les murs et le plancher."

Corum, qui était encore à Carswell lorsque Sailer est morte, se rappelle de la souffrance vive de la jeune femme. "Elle a continué à dire aux médecins en place à l’étage médical qu’elle était malade", a-t-elle déclaré, "et ils ont continué de la renvoyer à son étage sans la traiter." Elle dormait dans un grand dortoir avec environ 10 autres lits, a dit Corum. "Quand elle a été trouvée, ils l’ont emmenée sur une civière avec un masque à oxygène sur le visage." Peu de temps après, son corps a été enlevé, "les agents du FBI couraient dans tous les sens." a dit Corum.

Au cours des dernières semaines, d’autres familles encore se sont présentées avec des allégations de négligence médicale flagrante à l’encontre des détenues qui sont encore vivantes - mais leurs proches craignent qu’elles ne survivent pas pour pouvoir être libérées. Toutes sont des femmes qui ont été reconnues coupables de délits non-violents liés aux drogues ou de délinquance en cols blancs.

Certaines, comme Nina Baum Best de New York ont ​​été envoyées à Carswell après des préjudices dans d’autres prisons. Elle a été condamnée à 18 mois pour fraude de passeport en Novembre 2004. "Elle était en bonne santé et allante ce jour-là dans la salle d’audience", a écrit son frère David Baum dans un courriel. Après près d’une année à la garde du BOP, elle est maintenant dans un fauteuil roulant, en nécessité de l’utilisation d’un cathéter, et souffre d’une variété de maladies débilitantes dont certaines si graves que David Baum craint elle ne meure en prison. Il accuse également que beaucoup de ses blessures ont été infligées par les soignants de la prison.

Les ennuis de Best ont commencé à la Prison Fédérale de Danbury, dans le Connecticut, son a dit son frère, où sur une période de trois semaines, elle a été "battue à la tête et jetée au SHU, enchaînée nue sous la douche, mise dans une camisole de force, et privée de nourriture." Ce traitement inhumain lui a été infligé, a-t-il dit, en guise de punition pour des infractions mineures. Quand elle a découvert qu’elle ne pouvait plus uriner après une longue période d’isolement au cours de laquelle elle a eu peu de nourriture et d’eau, "il lui a été refusé un cathéter, ce qui l’a laissée dans une douleur atroce," a écrit son frère. Maintenant, elle a la vessie endommagée et ne peut plus uriner sans un cathéter.

Lorsque sa sœur a été envoyée à Carswell, a dit Baum, la famille a été contente, parce qu’ils croyaient qu’elle allait enfin être traitée avec humanité et recevrait des soins décents. Mais à Carswell, a-t-il dit, elle a été "prise entre l’incompétence et la méchanceté." Peu de temps après son arrivée, elle a contracté un zona avec une douleur constante et peu ou pas de traitement, et elle est toujours régulièrement envoyée à l’USD, bien qu’elle soit dans un fauteuil roulant. "Le pire de tout," a dit Baum, "c’est qu’elle est en train de perdre espoir."

La sœur de Billy Wilson, Evelyn Jones, a été diagnostiquée comme ayant une "forme rare de cancer de la vésicule biliaire" en Juillet tandis qu’elle se trouvait au Camp Prison Fédéral Bryan à College Station, a-t-il dit. Elle a été envoyée à Carswell, essentiellement pour y mourir, a écrit Wilson dans un courriel. "Le pronostic initial [de vie] était de deux semaines." Trois mois plus tard, elle était toujours en vie, a souligné Wilson, bien que Carswell l’ai mise dans son programme de soins palliatifs et refusé de lui donner tout type de traitement autre que des antidouleurs. La famille a demandé un deuxième avis. Il a fallu plus d’un mois, a écrit Wilson, pour que l’hôpital organise un PET scan. Après cela, le pronostic a été changé pour indiquer qu’elle avait quatre à six mois à vivre.

"Notre famille estime qu’il y a une possibilité que les médecins [qui ont donné le premier pronostic] aient eu tort et que si ma sœur avait reçu immédiatement le traitement, elle aurait pu avoir une chance de vivre .... Je pense qu’elle est sur la voie de devenir la prochaine victime du système carcéral de Carswell".

Maintenant, l’espoir de la famille repose sur une demande de libération compassionnelle qu’ils ont faite par le biais de FedCure, un groupe à but non lucratif qui contribue à aider les familles des personnes en prison. "Si nous pouvions obtenir sa libération", a dit Wilson, "nous pensons que nous pourrions lui faire suivre un traitement qui prolongerait sa vie." Á partir de ces lignes, la famille est toujours en attente.

Les cas répétés de négligence médicale et l’inconduite sexuelle ont placé Carswell sur l’écran radar de plusieurs groupes de réforme pénitentiaire. FedCure et l’American Bar Association du Barreau et du Comité des Peines de Correction, emmenés par des défenseurs comme l’ancienne procureur du Ministère de la Justice Margaret Love, qui font pression pour la réforme de la détermination de la peine et l’élargissement des conditions de libération anticipée des prisonniers non-violents qui sont malades, mourants, des personnes âgées ou qui ont de jeunes enfants. Jusqu’ici, toutefois, leurs efforts ont eu peu de résultats au Congrès, même si Love a déclaré : "les tribunaux sont prêts, et la plupart des avocats américains sont prêts."

D’autre part, l’année dernière Stop au Viol dans les Prisons a convaincu le Congrès pour qu’il adopte la première loi globale de prévention des viols en prison dans l’histoire de la nation - avec l’aide du témoignage de la survivante d’un viol à Carswell, Marilyn Shirley.

La famille de Linda Fenton n’attend plus aucune justice de Carswell. Ils sont convaincus que les officiels de la prison ont dissimulé les véritables circonstances de sa mort. "Nous ne sommes pas sur le point de nous reposer ou nous arrêter jusqu’à ce que tous ceux qui sont impliqués dans la mort de Linda sont tenus pour responsables et la prison fermée", a dit Appleby.

Son frère Paul a poussé le FBI à ouvrir une enquête. La famille a pris le même cabinet d’avocats qui a remporté il y a deux ans un jugement de 4 millions $ pour l’ex-détenue Marilyn Shirley contre le gardien de prison de Carswell qui a été reconnu coupable en cour criminelle de l’avoir violée.

Paul D’Antuono a dit qu’il pense commencer à avoir l’idée de ce qui est arrivé à sa petite sœur. "Elle était une combattante," a-t-il dit. "Elle n’avait peur de personne. ... Elle fixait votre visage et vous disait tout ce qu’elle pensait de vous ou de ce que vous faisiez, peu importait le résultat." Et souvent, a-t-il dit, sa langue était acérée. "Contrairement à vous ou moi," a-t-il dit, "Linda ne pouvait pas s’aider."

Son frère est sûr qu’elle aurait combattu "comme un tigre" s’ils ont essayé de l’enfermer au SHU et estime que les gardes auraient pu la tuer en essayant de la contrôler. Ou, a-t-il dit, sa mort a pu être intentionnelle.

Immédiatement après la mort de Fenton, la famille a demandé qu’elle soit examinée pour déterminer si elle avait été agressée sexuellement. Un responsable de l’hôpital a refusé, disant que la famille devait d’abord déposer un rapport de police.

"La famille n’avait aucune raison de croire qu’un viol avait eu lieu," a écrit le médecin. Mais il a également noté "qu’ils étaient toutefois préoccupés en ce qui concerne les contusions sur ses hanches et une bosse sur la tête." Une recherche de sperme n’a jamais été faite, une autre défaillance d’investigation qui met Appleby en colère. "Pourquoi devrions-nous avoir à déposer un rapport de police pour les convaincre de prendre un coton-tige et faire un prélèvement ? Quels ennuis cela représentaient-ils ?"

Lorsque McCarthy, le pathologiste de Floride, a écrit au FBI pour demander une enquête, il a noté que "La scène du crime a été entièrement ... manipulée avec un manque de professionnalisme."

L’examen post-mortem de McCarthy et sa propre enquête l’ont poussé à conclure non seulement que Fenton était morte après "une lutte physique et une prise d’étouffement de police," mais qu’elle avait en fait été assassinée.

McCarthy et Paul D’Antuono croient tous les deux qu’il y avait des membres du personnel à Carswell qui ont eu des raisons de craindre le retour de Fenton au monde extérieur. Elle n’avait fait aucun secret du fait qu’elle allait donner un coup de sifflet dénonciateur sur ce qu’elle estimait être des fautes professionnelles médicales et d’autres méfaits à la prison. "Je vais me mettre en contact avec tous les réseaux majeurs," a-t-elle écrit dans une lettre, "et laisser le public américain connaître quel genre de choses, non seulement le docteur [Pederson] mais le système entier de prison nous a fait, tout cela aux frais du contribuable."

Maintenant, son frère a dit, "Nous ne saurons jamais ce que Linda savait. Ou même pourquoi elle est morte, à moins que quelqu’un ne soit enclin à se présenter. Quelqu’un sait-il, là-bas la vérité."

Vous pouvez joindre Betty Brink à betty.brink@fwweekly.com

* * *

ÉTATS-UNIS - PLUS SUR L’ENFER CARSWELL

Par : Dr. Néstor García Iturbe
Traduit par Maurice Lecomte

8 octobre 2015

Lors de la rédaction du premier article sur la prison existante à Carswell, au sein de la base navale américaine sise à Fort Worth, au Texas, où est détenue notre sœur Ana Belén Montes, nous nous sommes proposé de continuer à dénoncer les horreurs et les violations des droits humains qui sont engagées dans cet établissement.

Lorsque vous débuterez cet article ayez à l’esprit une question que je considère importante. Cette prison est située dans une base navale américaine, où il est question d’abus et de violations, mais je ne peux m’empêcher de penser que je sais au moins une autre base navale américaine, où il y a aussi une prison et également des abus et des violations de toutes sortes qui sont faits. Est-ce une norme pour les prisons existantes dans les bases navales américaines ? Ceci est quelque chose à quoi, à l’avenir, nous consacrerons une enquête spéciale.

Maintenant, concentrons-nous sur Carswell.

L’information fournie n’a pas été le résultat d’un esprit fiévreux souhaitant affecter le prestige du système carcéral américain, elle est tirée d’un article intitulé L’HÔPITAL DES HORREURS, publié dans un organe de presse de Fort Worth, Weekly, écrit par Betty Brink et reproduit par l’American Civil Liberties Union du Texas. Selon le titre publié, une peine de prison effectuée au centre de traitement médical Carswell peut devenir une peine de mort pour des femmes, un Séjour dans l’établissement pénitentiaire médical Carswell peut être une condamnation à mort pour les femmes détenues.

Le décès est celui de Linda d’Antuono Fenton qui était à Carswell, âgée de 34 ans, le Jour du 23 Février 2004 où elle a été trouvée dans une cellule dite de haute sécurité du Centre Médical Fédéral, inconsciente et quasi expirante. Il manquait deux jours à Linda pour obtenir sa liberté, après avoir été emprisonnée pendant sept ans suite à sa condamnation pour un problème de drogue. Linda dans ses lettres à sa famille et à ses amis avait promis qu’elle ferait aux journalistes un rapport sur ce qui se passait dans Carswell.

En raison de l’état où il était Linda, elle a été déplacée au Centre Médical Ostéopathique de Forth Worth, où elle est morte huit jours plus tard sans avoir repris conscience. Bien que dans cet hôpital, en dépit d’être dans le coma, elle avait les jambes attachées et deux gardiens de prison à la regarder en permanence. Cela a provoqué la protestation de sa famille.

Le Coroner du Comté de Tarrant, qui a examiné le corps a diagnostiqué qu’elle était morte par suicide et qu’elle s’était elle-même pendue, quelque chose d’impossible à croire pour les prisonniers eux-mêmes et sa famille, d’abord et simplement parce qu’il est supposé que dans une cellule de haute sécurité, il n’y a aucun élément qu’un prisonnier puisse utiliser pour se pendre, et pourquoi aurait-elle fait cela deux jours avant la date d’obtention de sa liberté ?

Les vêtements que Linda portait quand elle a été trouvée dans la cellule, ont disparu. Les responsables de l’hôpital ont refusé la demande de la famille que le corps soit examiné pour la recherche de violences subies.

Un pathologiste de Floride, du nom de Brian McCarthy, qui a effectué une seconde autopsie sur le corps de Linda, a conclu que les blessures existantes ne sont pas consécutives à un suicide par pendaison, mais indiquent qu’elle a été victime de strangulation – une prise d’étranglement, technique utilisée par de nombreux gardiens de prison et agents de police, qui, selon les prisonniers est une pratique courante dans Carswell. Le corps de Linda a montré des signes d’ecchymoses sur les bras, le cou et les poignets, typiques des effets d’une lutte pour essayer de se libérer. L’enquête écrite, conduit à la conclusion que la mort de Linda Fenton n’a pu être qu’un acte d’assassinat prémédité.

En outre d’autres cas, pourraient s’ajouter comme ceux de Nicole Linda Vasquez 27 ans et Mari Ayn Sailer 29, qui sont mortes en Août et Septembre, respectivement dans les petites circonstances troubles.

Nicole, qui avait subit une intervention chirurgicale est morte d’une septicémie après que le personnel médical de la prison ait ignoré ses demandes d’attention en raison de l’état où elle était. L’autre cas concerne la mort de Sailer. Á sa mort, cette prison a informé le Comté de Tarrant pour qu’un médecin fasse l’autopsie, mais plus tard, est revenue sur sa décision. Le médecin de la prison a déclaré qu’ils avaient décidé de ne pas faire d’autopsie, ce qui est contraire aux normes établies pour les prisons. Sur la pression de la famille, les responsables de la prison ont consenti à une autopsie qui a été effectuée, mais la famille n’en a jamais obtenu les résultats.

Á Carswell d’autres problèmes existent, liés à la négligence médicale, la violation de détenues par des gardiens de prison et l’exposition toxique des travailleurs et des gardiens de prison.

Beverly Joseph a failli mourir d’un problème cardiaque, après qu’un assistant médical ait, pour une douleur thoracique, diagnostiqué une infection des voies urinaires. Marilyn Shirley, une prisonnière d’un Camp de faible sécurité, a été violée à l’extérieur de l’hôpital par l’un des gardiens de prison. Janice Pugh est morte d’un cancer du cerveau pour lequel elle n’a jamais reçu d’attention médicale. Tom Charles, un ouvrier d’entretien de la prison a été déclaré inapte après avoir été exposé en travaillant à une forte dose de poussières de plomb. Darlene Fortwendel est décédée d’un cancer du foie pour lequel elle n’a jamais reçu de traitement médical. Beaucoup d’autres cas [similaires] se produisent dans l’histoire de Carswell.

Apparemment l’envoi de notre sœur Ana Belen Montes dans cette prison fatidique était non seulement destiné à ce qu’elle accomplisse la peine imposée, mais les conditions mêmes auxquelles elle est soumise ainsi que les actes criminels qui se produisent dans Carswell, comme l’a dit le journaliste de l’hebdomadaire de Forth Worth, sont pratiquement une condamnation à mort.

* * *

Carswell le Guantanamo du Texas

Violation droits de l’homme | Ana Belen Montes

Rubrique : [GRUPOELHERALDO] UE. PRISON Carswell. Une autre violation des droits de l’homme.

Etats-Unis - PRISON Carswell.
Une autre violation des droits de l’homme.

Par : Dr. Néstor García Iturbe
Traduit par Maurice Lecomte

Le 11 octobre 2011.
http://museocheguevaraargentina.blogspot.fr/2011/10/eeuu-prision-de-ca...

Nous avons récemment eu un exemple de la façon dont les prisonniers sont traités au Centre Correctionnel Carswell à Fort Worth, au Texas, qui est paradoxalement nommé Établissement Médical Carswell.

L’exemple est basé sur le témoignage d’une détenue ayant séjourné à cet endroit où personne ne se soucie le moins du monde des prisonnières, ni les gardiens, ni les médecins, ni le directeur de la prison.

La recluse nous fait part d’une terrible histoire, à savoir l’insistance avec laquelle ce sont d’autres prisonnières qui ont alerté les gardes de la douleur sévère dans la poitrine que ressentait l’une des détenues. Les médecins ont diagnostiqué qu’elle souffrait de brûlures d’estomac et l’ont renvoyée dans sa cellule.

Quoique la prisonnière ait continué à se plaindre de ces douleurs terribles, personne ne s’en est à nouveau préoccupé, de sorte qu’elle est morte de [sa maladie] cardiaque et a été retrouvée le lendemain, gisant sur le sol froid de sa cellule à environ 30 pieds du bureau du médecin.

Dans cette même prison où il n’y a pas le moindre souci pour les vies de celles qui y accomplissent leurs peines, les tribunaux américains ont incarcéré la prisonnière matricule 25037-016, dont le nom est Ana Belen Montes.

Personne ne sait la raison de son incarcération à Carswell, où sont envoyées des personnes souffrant de maladies graves ou de déséquilibres mentaux. Si elle est malade, quel traitement médical reçoit-elle ? Pourquoi une telle restriction et un tel secret ?

Tout est organisé de telle sorte que personne ne puisse rien savoir d’elle. Il lui est interdit de recevoir des visites d’amis ou des appels téléphoniques, Elle ne peut ni recevoir ni envoyer de lettres. Il se pourrait que tout soit réglé pour qu’un jour, elle aussi, soit à l’aube d’un jour trouvée morte gisant sur le sol froid de sa cellule.

Je continue de penser que nous devons exiger

un traitement humain pour Ana Belén Montes.

* * *

Activités du Comité pour un traitement plus humain d’Ana Belen Montes

Traduit par Maurice Lecomte

Posté le 8 Octobre 2015
https://elblogdelapolillacubana.wordpress.com/2015/10/08/actividades-d...
https://jovenesporlos5.wordpress.com/2015/10/07/actividades-del-comite...

Le mouvement international de solidarité pour la libération de la patriote portoricaine Ana Belen Montes, emprisonnée aux États-Unis depuis 2001 pour avoir, de l’intérieur des organes de renseignement américains, contribué à la prévention d’actes violents et subversifs contre Cuba, sans jamais espérer quoi que ce soit en retour, a pris ce mois dernier une grande force.

Sous l’impulsion du Comité pour un traitement plus humain d’Ana Belen Montes, récemment constitué, au travers de la figure du Dr. Néstor García Iturbe, plus d’une cinquante de personnes s’y sont incorporées dans ces derniers jours. En plus des membres de Cuba, qui ont suscité la création d’organisations de base dans les villes et les lieux de travail, les ont rejoint des représentants de Porto Rico, des États-Unis, du Venezuela, d’Argentine, du Mexique, du Panama, de la France et de la Suède.

De nombreux articles relatifs à l’affaire sont apparus ces jours-ci sur les sites de la presse nationale et étrangère, quelque chose qui n’a pas été le cas depuis un certain temps. Plusieurs lettres au président Barack Obama ont également été transmises, demandant la grâce de cette femme courageuse. La même, écrite en espagnol, français, portugais et italien, a été envoyée à de nombreuses personnes comme une contribution à la diffusion du sujet.

Également la situation des liens d’Ana à sa famille a pu être clarifiée. Elle n’en reçoit aucune aide du fait des différences politiques. Sa sœur Lucy, s’est manifestée avec une crudité extrême durant un échange avec deux journalistes, en particulier à partir du refus d’Ana à manifester un repentir pour avoir travaillé pour la Cuba. Lucy, est une employée du FBI spécialiste dans la poursuite des "espions" cubains. Son frère Tito est lui aussi un employé spécial du FBI à Atlanta, et un ennemi acharné de la révolution cubaine. Sa mère, maintenant très malade, reste sous la protection de Lucy. Par rapport à son père, maintenant décédé, Ana a manifesté du mépris en raison de mauvais traitements subis pendant son enfance.

Depuis le Puerto Rico, une lettre a été envoyée à la prison de Carswell pour vérifier s’il est possible de l’atteindre à travers ce canal ou d’obtenir des informations sur son statut et état. Nous avons demandé aux compagnons portoricains de se mettre en rapport avec l’Union Américaine pour les Libertés Civiles au Texas, où se trouve la prison, pour essayer d’obtenir un avocat intéressé à sa situation.

Plusieurs rapports ont été envoyés à diverses organisations et organes de presse de la gauche américaine, en particulier ceux qui luttent pour les droits des prisonniers, dans le but de recueillir des informations sur l’état d’Ana Belén dans la prison.

Á l’initiative des membres du Comité dans les différents pays, l’affaire a commencé à se présenter lors d’événements internationaux, contribuant à la diffusion de l’information et à la sensibilisation de l’opinion publique. Des démarches ont été faites pour porter cette situation à l’attention du pape Francisco.

Vous pouvez également intégrer le Comité pour un traitement plus humain d’Ana Belén Montes où que vous soyez, et soutenir grâce à vos efforts personnels les actions qu’il réalise dans plusieurs parties du monde. Vous pouvez exprimer votre intérêt en écrivant à sarahnes@cubarte.cult.cu ou victormanuelgonzalez01@gmail.com.

Tiré de Jóvenes por Los Cinco https://jovenesporlos5.wordpress.com/2015/10/07/actividades-del-comite...

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Différents liens.

L’Hôpital des horreurs par Betty Brink
http://november.org/stayinfo/breaking3/HorrorHospital.html
http://www.aclutx.org/2005/10/19/hospital-of-horrors-federal-medical-c...
http://www.aclutx.org/2013/10/27/give-me-liberty-with-elizabeth-carswe...

Ma sœur Ana Belen est Che Guevara américaine et cubaine
Musée de Buenos Aires en Argentine CABA. 5 octobre 2015
http://museocheguevaraargentina.blogspot.fr/2015/10/mi-hermana-ana-bel...
http://museocheguevaraargentina.blogspot.fr/2015/10/todos-exigen-por-a...
http://museocheguevaraargentina.blogspot.fr/2015/10/cuba-eu-mi-hermana...

Violation américains droits de l’homme PRISON Carswell Texas Guantanamo Montes Ana Belen http://museocheguevaraargentina.blogspot.fr/2011/10/eeuu-prision-de-ca...

Ana Montes : quelle menace mondiale est-elle ?
http://rebelion.org/noticia.php?id=203871

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Pourquoi les riches sont-ils de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres ?
Monique Pinçon-Charlot - Michel Pinçon - Étienne Lécroart
Un ouvrage documentaire jeunesse engagé de Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, illustré par Étienne Lécroart Parce qu’il n’est jamais trop tôt pour questionner la société et ses inégalités, les sociologues Monique et Michel Pinçon-Charlot, passés maîtres dans l’art de décortiquer les mécanismes de la domination sociale, s’adressent pour la première fois aux enfants à partir de 10 ans. Avec clarté et pédagogie, ils leur expliquent les mécanismes et les enjeux du monde social dans lequel ils vont grandir et (...)
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« Le pire des analphabètes, c’est l’analphabète politique. Il n’écoute pas, ne parle pas, ne participe pas aux événements politiques. Il ne sait pas que le coût de la vie, le prix de haricots et du poisson, le prix de la farine, le loyer, le prix des souliers et des médicaments dépendent des décisions politiques. L’analphabète politique est si bête qu’il s’enorgueillit et gonfle la poitrine pour dire qu’il déteste la politique. Il ne sait pas, l’imbécile, que c’est son ignorance politique qui produit la prostituée, l’enfant de la rue, le voleur, le pire de tous les bandits et surtout le politicien malhonnête, menteur et corrompu, qui lèche les pieds des entreprises nationales et multinationales. »

Bertolt Brecht, poète et dramaturge allemand (1898/1956)

Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
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Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
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L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
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