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Tunisie - Le tableau est noir : il est temps de siffler mon Général !

Faut-il attendre le déclenchement officiel de la guerre civile pour mettre de l’ordre dans le pays ? Le moment est venu de redresser un pays à la dérive et voué à l’implosion.

Depuis plus de 15 mois, la Tunisie vit dans l’incertitude la plus absolue, sans Constitution, sans projet. Les constituants ne semblent pas pressés de sortir définitivement le premier article de la Constitution promise.

Fin avril, encore une diversion de Hamadi Jebali, pour occuper la scène politique et le peuple pendant deux ou trois mois : le chef du gouvernement provisoire a lancé à la Constituante un appel pour la création d’un conseil des sages. D’après lui, ce conseil serait constitué d’anciens politiciens ayant une expérience certaine. Il pourrait être consulté sur des questions cruciales et dans des circonstances exceptionnelles de crise, parce que crise, il y aura ! En fait, il est plus difficile de définir les prérogatives de ce type de Conseil que d’écrire la Constitution. En réalité, ce conseil aura une seule mission : justifier le dépassement du délai du 23 octobre et prolonger la durée de la Constituante à l’infini, manoeuvre politicienne inacceptable et non recevable. Il faut en finir avec ces diversions irresponsables qui nous autorisent à affirmer qu’Ennahdha cherche à s’éterniser au pouvoir.
Ahmed Ben Salah a été le premier à applaudir cette initiative ! Serait-il l’instigateur de l’installation de ce Conseil réunissant les survivants de tous les régimes. Conseil des sages, des retraités, des vieux : voilà la nouvelle trouvaille de la Révolution tunisienne initiée par la jeunesse ! Y’ a pas photo, sans être dans le secret des dieux, on peut deviner qui seront les neuf (9), sans jeu de mots, heureux élus de cette mascarade !

Le pays vit également au rythme des déclarations irresponsables et haineuses d’un président des présidents qui, au lieu de jouer au sage, encourage les courants salafistes dont les militants sont « ses enfants », de son propre aveu.

Les sorties et baisers quotidiens du président provisoire jalonnent l’ordinaire du tunisien et tunisienne. Après le baisemain, le baise-crâne, le pari est ouvert pour le prochain « baiser » ! Sera-t-il toujours frontal ? Question angoissante : où, dans quelle partie du corps ? A moins que le prochain adorateur ou la prochaine adoratrice fasse preuve d’initiative et d’imagination-innovation et s’enthousiasme pour les pieds !

Les informations, provenant de l’intérieur du pays, ne sont pas rassurantes : gouverneurs dégagés, mosquées occupées par des jihadistes, zones de non-droit suite à leur appropriation par des « khalafistes ». L’imirat de Sajnane a déjà fêté son premier anniversaire sans que cela ne choque notre classe politique, opposition comprise et compromise. Ce même territoire complètement marginalisé souffre d’un exode sans précédent. Nombre de jeunes, filles et garçons, s’exilent dans les villes du Littoral et vivent une précarité inquiétante car leur gagne-pain leur a été sauvagement retiré. Les filles de Sajnane sont condamnées à fuir à destination des villes - pour quel avenir ?

En plus de cette gabegie, Standard & Poor’s, agence de notation, vient de sanctionner la Tunisie en la reléguant à la note BB dans la catégorie spéculative. Notre pays n’est plus mathématiquement en mesure d’honorer ses engagements en matière de dettes extérieures. La nouvelle de la dégradation de la dette tunisienne est tombée comme un coup de tonnerre au moment même où les constituants discutaient et négociaient une augmentation de leurs salaires de 105 %, l’équivalent de 9 SMIGs voire plus. Une honte dans un pays où le taux de chômage avoisine le 25 % et le taux de pauvreté dépasse allégrement les 30%.

Il est à rappeler que la note BB se situe dans la catégorie "spéculative". Elle signifie un taux d’intérêt très élevé (comme celui de la Grèce ou l’Espagne). La Tunisie aura beaucoup de mal à boucler une émission obligataire, un casse-tête, même avec des taux d’intérêts élevés de 7-8 %. La note BB est la dernière note avant la faillite !
La semaine dernière la ville de Sidi Bouzid a été privée d’alcool. Ce n’est pas de l’intox, c’est une histoire vraie et rapportée par des pro dignes de foi qui nous informent que des violents affrontements ont opposé des salafistes à des clients de bars et de consommateurs de boissons alcoolisées dans la ville de Sidi Bouzid, en fin de journée du samedi 19 mai 2012.

Le peuple tunisien observe avec consternation le déchirement des partis de l’opposition qui font un pas en avant et dix pas en arrière. Les bourguibistes et leurs alliés ne comprennent pas la démarche de BCE qui a perdu sa langue depuis son appel bis repetita et son retour du Qatar. Sa commission des sages a brillé par son silence - d’où le désarroi total dans les rangs de la classe politique.

A la grande surprise générale, L’UGTT s’est montrée très « sage » le 1er Mai 2012. Elle a ignoré les provocations de la milice d’Ennahdha et de ses sympathisants peu sympathiques. Pour sauver la face, elle s’est contentée de lancer un appel pour la défense de la République, de l’Unité et de la souveraineté nationales.

Au centre de ce cirque politique à ciel ouvert, le pays dérape sérieusement :(1) hausse vertigineuse des prix, source de préoccupation majeure pour les plus démunis, (2)chômage et misère généralisés atteignant des proportions plus qu’intolérables laissant sur le carreau plus du quart de la population, scandale d’autant plus inacceptable que la Révolution a éclaté sous le signe de la dignité et du travail, (3) insécurité rampante et trafic de tout genre faisant de la Tunisie une plaque tournante de la mafia, des trafiquants et des criminels. L’incendie du marché de Moncef Bey illustre parfaitement cette affirmation.

Les citoyens et citoyennes sont désemparés et soucieux sinon déçus. Certains et certaines songent sérieusement à quitter le pays pour ne plus affronter la violence et le désordre. En bref, pour sauver leur vie.
Alors, faut-il attendre le déclenchement officiel de la guerre civile pour mettre de l’ordre dans le pays ? Le moment est venu de redresser un pays à la dérive et voué à l’implosion. Personne ne demande à quiconque de prendre le pouvoir mais nous réclamons la restitution de notre République avec sa Constitution, sa sécurité et le bien-être et la solidarité. Nous comptons sur tous les hommes et toutes les femmes libres de ce pays pour nous éviter la « libyanisation » de la Tunisie.
A défaut, nous serons tous et toutes accusés de non-assistance à peuple en danger par nos enfants et ceux et celles qui ont exposé leur corps aux balles des snipers et de la police pour dégager Ben Ali.

Cet état de dégradation de l’économie et de la sécurité, met le pays à deux doigts de la faillite et de l’implosion sociale. Compte tenu des conséquences graves qui découleront de cette situation, nous appelons avec force à une refonte rapide et objective de la feuille de route pour la Tunisie pour mieux encadrer le présent et le futur afin d’éviter la mise sous-tutelle à la grecque et une « somalisation » certaine. Cette feuille de route s’articule, selon nous, sur six axes :
o retrait de la confiance accordée au gouvernement Jbali vu son incapacité à gérer correctement le pays et de le sortir de l’impasse.
o promulgation par un acte solennel de la Constituante du texte original de la Constitution de 1959 comme Constitution de la République tunisienne avec application immédiate de ses dispositions et transformation de l’ANC en Parlement.
o mise en place d’un exécutif intérimaire en remplacement de l’exécutif provisoire qui a échoué dans sa mission. Le Parlement aura la tâche d’identifier et de désigner à l’unanimité une personnalité ayant les qualités intrinsèques d’un homme ou d’une femme d’Etat de consensus, intransigeant (e) en ce qui concerne l’unité nationale et les valeurs de la République pour être accepté (e) et pourquoi pas soutenu (e) par tous les tunisiens et tunisiennes sans distinction d’origine sociale ou territoriale. Cette personnalité devra exposer au peuple la situation complexe et critique du pays. Elle fera passer l’intérêt supérieur de l’Etat avant le sien. Cette personnalité assurerait les charges de Président de la République en application des dispositions de la Constitution adoptée par la Constituante.
o le Chef de l’Etat intérimaire formera immédiatement son gouvernement composé d’un effectif très réduit (une quinzaine de portefeuilles au maximum) formé par des patriotes / technocrates capables d’impulser l’action gouvernementale et de ramener l’adhésion et la confiance des citoyens/citoyennes et des opérateurs et chefs d’entreprises tunisiens et étrangers.
o L’armée nationale doit mettre fin aux agissements de ces hors-la-loi salafo-jihadistes que les forces de sécurité intérieure ne sont plus en mesure de maitriser aux dires du Ministre lui-même !
o procéder immédiatement à la préparation des prochaines élections présidentielles, parlementaires et municipales. La mise en place d’une administration électorale dotée de moyens humains et financiers constituerait un premier pas de bonne foi vers la normalisation de la vie démocratique du pays. Un comité d’experts indépendants, à désigner, devra établir un nouveau code électoral réellement juste et transparent tenant compte des conditions politiques objectives du pays afin d’éviter le ratage des élections du 23 octobre dernier.

Sans la mise en oeuvre rapide de cette feuille de route, la Tunisie risque d’entrer dans une phase ouvrant la voie à la guerre civile ou à une aventure incontrôlable et néfaste pour tous les tunisiens et tunisiennes. Nous comptons sur les pays amis pour nous aider dans la concrétisation de cet agenda.

Mustapha STAMBOULI

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