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Une "démocratie digitale", la dernière invention anti-cubaine

Les États-Unis ont inventé maintenant sans aucune base conceptuelle ce qu’ils nomment une « démocratie digitale », une dénomination qui cache une nouvelle manoeuvre illégale contre Cuba comme l’ont récemment dénoncé les medias havanais Radio Rebelde et le portail Cubadebate.

Bref, l’entité étasunienne « l’Agence des États-Unis pour le Développement International » (USAID), subordonnée au Département d’État, offre jusqu’à trois millions de dollars aux Cubains qui « deviennent des dissidents digitaux » pour que, selon Washington, ils collaborent à un « changement de régime » dans l’île.

La propre Maison Blanche reconnaît que depuis 1997 elle a dépensé plus de 200 millions de dollars pour des tentatives de subversion, un chiffre dans lequel elle n’inclut pas les déboursements pour des instruments strictement d’espionnage et qui de plus se rapporte uniquement à une courte période de la longue politique agressive contre Cuba.

Tenant compte des changements politiques et sociaux en Amérique latine, Washington a fomenté de la même manière la promotion et la création d’actions conspiratives en Bolivie, en Équateur, au Nicaragua et au Venezuela, ce à quoi le président Raphaël Correa s’est rapporté quand il a dénoncé l’interférence directe de groupes étrangers dans les pays de l’ALBA, et il a précisé que « les gouvernements progressistes nous ne baissons pas la tête devant aucun empire ».

L’objectif « d’acheter » des cyberdissidents est reconnu dans une communication du Département d’État dirigée au Congrès des Etats-Unis, et qui a été publiée le 24 juin dernier par le journal « El Nuevo Herald » aux États-Unis. C’est dans cette communication que l’on parle, avec désinvolture, de la « démocratie digitale » et, de manière suggestive, elle a été rendue publique 48 heures après l’accord des nations de l’ALBA d’expulser l’USAID de leurs territoires.

La missive en question révèle que la tentative d’intromission digitale à Cuba est financée par trois entités du Département d’État : le Bureau de l’Amérique latine et des Caraïbes (de l’USAID), le Bureau de la Démocratie, des Droits de l’homme et du Travail (DRL) et celui des Affaires de l’Hémisphère Occidental (WHA).

Conscients de l’illégalité de leurs projets à Cuba les auteurs de la missive ne livrent pas de détails à propos des destinataires des dollars, mais ils précisent que six de neuf des programmes yankees contre Cuba se concentrent sur la technologie.

L’invention grossière d’une « démocratie digitale » en 2012 marque encore un épisode dans l’agression permanente de Washington contre Cuba depuis 1959, l’année du triomphe de la Révolution après la fuite de Batista de La Havane. Une documentation étasunienne confirmative de ces actions criminelles a été révélée dans le texte « L’opposition fabriquée » édité en 2001 par la Maison d’Editions Politiques. (La Havane).

Dans les faits, l’intromission contre Cuba se manifeste pendant plus d’un demi-siècle, elle possède beaucoup de facettes, elle viole avec effronterie la Charte de Nations Unies (ONU) et d’autres normes fondamentales des relations internationales. Elle débute avec force en 1959 et s’accentue en 1961 après l’échec de l’invasion de Playa Girón et de la décision cubaine de s’identifier comme étant une nation de régime socialiste, et culmine dans la période avec le blocus économique, financier et commercial instauré en 1962 et toujours en vigueur aujourd’hui.

En 1998 on a déclassé un document de l’Agence Centrale d’Intelligence (la CIA) émis en 1961 et dans lequel peuvent être lues les confessions du général Lyman Kirpatrick qui était Inspecteur Général de cette entité, des confessions qui se rapportent à Cuba. (1) Au début il précise que l’histoire du projet cubain commence en 1959 et énumère ses aspects principaux :

a) Former une organisation d’exilés cubains pour diriger des activités d’opposition et pour donner une couverture aux opérations de l’Agence CIA ;

b) Réaliser une offensive de propagande au nom de l’opposition ;

c) Créer à l’intérieur de Cuba un appareil clandestin pour la récollection de données d’intelligence ;

d) Développer en dehors de Cuba une petite force militaire qui serait introduite dans l’île.

Kirpatrick remarquait que « la main du gouvernement nord-américain n’apparaîtrait pas. » Mais, ses « actions » sont devenues des réalités avec l’installation de Radio Swan, l’émergence à Cuba de bandits armés et l’aventure désastreuse de la Baie les Cochons.

L’ingérence et les abus américains remontent, dans les faits, à des dates antérieures à la victoire de la Révolution Cubaine. Lisons : Le 23 de ce mois (décembre l958), quand le régime de Batista était sur le point de s’effondrer, les dirigeants nord-américains cherchaient des formules qui frustreraient le triomphe populaire imminent. Le directeur de l’époque de la CIA a résumé la discussion au Conseil de Sécurité National des Etats-Unis avec une phrase impérative : « nous devons empêcher la victoire de Castro » (2)

En rendant hommage ce juillet 2012 au 59ème anniversaire de l’Assaut de la Caserne Moncada, au 56ème du débarquement du Granma, et au 53ème du triomphe de la Révolution, on ne peut que constater l’échec des objectifs agressifs impériaux. La guérilla d’abord et ensuite l’Armée Rebelle n’ont pas été surpris. En 1958 et dans la Sierra Maestra l’actuel président cubain, Raúl Castro, a reçu la mission d’organiser le Service d’Intelligence Rebelle (SIR), et en janvier 1959, sur proposition de Fidel Castro, le Département de Recherches de l’Armée a été créé, alors qu’en mars, c’est le Département d’Information d’Intelligence des Forces Armées Révolutionnaires (DIIFAR) qui nait .En juin 1961 les organes mentionnés ont fusionné pour conformer le Département de Sécurité de l’État.

La création et l’action de ces entités étaient indispensables pour contrecarrer l’agression économique et le banditisme car les Etats-Unis en avaient terminé avec leur quota de sucre, se refusaient de raffiner le pétrole soviétique et simultanément introduisaient des armes stimulés par la fausse perception de que les envahisseurs ratés de Playa Girón triompheraient. Des bandes de mercenaires ont alors émergés ainsi que des attentats barbares comme celui du bateau marchand français La Coubre, détruit par une explosion terroriste dirigée par la CIA.

La base navale yankee installée dans le territoire usurpé cubain de Guantánamo, a servi d’appui aux groupes terroristes qui ont été liquidés en 1963, bien que les derniers bandits aient été capturés entre 1964/65 dans l’Escambray.

Les manoeuvres illégales de caractère divers et alimentées par Washington étaient, en parallèle, accompagnées d’une propagande nourrie qui caractérisait le socialisme cubain comme étant dépourvu de liberté et de démocratie. A propos de cet aspect, à continuation des paroles suggestives de Raúl Castro :

« Quand un État, comme le nôtre, représente les intérêts des travailleurs, quelles que soient sa forme et sa structure, c’est un type d’État plus démocratique qu’aucun autre qui ait existé dans l’histoire, parce que l’État des travailleurs qui construit le socialisme est, sous n’importe quelle forme, un État des majorités alors que tous les Etats antérieurs ont été des Etats de minorités exploitantes. La propriété des moyens de production l’ont transformé de propriété privée de quelques-uns en une propriété commune de tous » (3)

L’histoire a non seulement acquitté Fidel Castro, le premier leader du 26 juillet et ensuite l’acteur principal dans les batailles qui ont créé le premier et l’unique territoire socialiste de l’Amérique.

En janvier dernier il a écrit dans sa Réflexion intitulée le « Le fruit qui n’est pas tombé » :

« La nation cubaine a prouvé, malgré sa condition de factorerie coloniale yankee où sévissaient l’analphabétisme et la pauvreté généralisée, qu’il était possible de faire face au pays qui menaçait de l’absorber définitivement. ». En faisant allusion à l’épisode de Playa Girón, il a ajouté : « La défaite et la capture de la quasi-totalité des mercenaires en moins de soixante-douze heures et la destruction de leurs avions qui opéraient depuis des bases au Nicaragua et de leurs moyens de transport naval constituèrent une défaite humiliante pour l’Empire et ses alliés latino-américains qui avaient sous-estimé la capacité de lutte du peuple cubain. »

De grandes vérités en peu de mots.

Hernán Uribe

Periodista/escritor chileno

http://alainet.org/active/56713

Traduction : R. Muller -Association Suisse-Cuba

Notes :

(1) Voir : Inspector General, Survey of the Cuban Operation, octubre 1961. National Archive, The New Press, New York, 1998.

(2) Foreign Relations of The United States 1958-1960, Volume Cuba, Washington, 1991.

(3) Harnecker, Marta et al." Cuba y la Democracia" , México, Siglo Veintiuno, 1975.

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