RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Venezuela. Eloge de l’inobjectivité

Les chroniques Latines de Jean Ortiz portent un regard loin des clichés sur les luttes de libération du continent sud-américains... Toujours un oeil vif sur l'Espagne et les enjeux sous-jacents du quotidien...

Mes positionnements sur le Venezuela me valent les propos agressifs répétés d’abonnés au marquage à la culotte, qui prennent sans doute plaisir à me lire régulièrement. Je respecte leur curiosité intellectuelle, leur fidélité à mes blogs et l’amour contrarié qu’ils me témoignent. J’en suis flatté... s’ils me couvraient de louanges...

Pour ces distributeurs de labels, je ne serais pas « objectif », mot valise s’il en est... J’en conviens, je le leur concède, j’acquiesce, j’abonde dans leur sens : je ne suis pas objectif, pour la bonne et simple raison que l’objectivité n’existe pas, pas plus que la neutralité. Il n’y a que des points de vue (j’allais ajouter, horreur absolue : « de classe »), et l’honnêteté consiste à dire de quel point de vue l’on parle, l’on se situe. De la confrontation des points de vue peut naître une relative objectivité, lorsque les médias, l’édition, les cours au lycée, à la fac, les manuels scolaires... expriment et garantissent le pluralisme des idées, des opinions, des analyses... Ce qui, c’est bien connu, est tout à fait le cas, dans notre France assujettie, satellisée, macronisée... jadis des Lumières.

Un exemple, un seul, de la sacro-sainte « objectivité » de la pensée inico-unique : le vingtième siècle serait celui des « totalitarismes »... et hop, communisme et fascisme renvoyés dos à dos, et des millions de citoyens que l’on prend pour des ânes, des moutons « objectifs », l’ânnoonnent, le bêêêlent, le réciiiitent... « Vu à la télé ». « Ecouté à la télé ». Lu dans le journal, objectif en diable, « Mondolibégaro ». Aussi unique que « La Pravda » à l’époque, et qui n’appartient qu’à ses salariés... Mes détracteurs (de bonne foi ?) croient défendre la liberté d’expression ; ils protègent celle du marché... Mais il est vrai que le marché et sa main invisible, d’Athènes à Caracas, veillent au bonheur des peuples... tels « un véritable criminel de guerre ». L’expression, au plus haut point partisane, outrée, est d’un militant fort peu objectif, mais si juste, si visionnaire : Frantz Fanon.

Mes amis « objectifs » se targuent de connaître (-eux-) le Venezuela, et il est vrai qu’ils ne racontent pas que des craques : inflation record, corruption, bureaucratie, économie poussive, population fatiguée, violence... Et là nous pourrions en débattre sereinement. Mais comment dialoguer avec des objectivistes qui nient les tentatives de coup d’Etat de l’opposition vénézuélienne... purs montages et inventions, selon eux, du régime bolivarien liberticide. Les mêmes rengaines, toujours les mêmes maux-mots... hier contre Cuba, dont les Etats-Unis sont aujourd’hui amenés à reconnaître la fausseté, la perversion, et l’inefficacité. A ta santé Fidel !

Alors , quand bien même notre connaissance du Venezuela ne se bornerait qu’aux « ranchitos », aux « barrios », « aux conseils communaux », aux « missions », aux « communes socialistes », elle nous paraît plus objective que la désinformation permanente, la haine et la soif de revanche des classes dominantes, envers cette révolution et ce pays qui disposent de « deux siècles de réserves pétrolières », et qui envoient bouler Washington.

Président Maduro, nous vous en supplions, pour faire la paix avec le gentil « impérialisme » (invention communiste inhérente au capitalisme), produisez des bananes, vous aurez moins de problèmes... quoi que, Jacobo Arbenz en eut dans une république bananière... Revenons à nos moutons moutonniers... Si nous connaissons mal le Venezuela, nous connaissons encore plus mal l’impérialisme, « grand ennemi du genre humain » (propos subjectifs du sanguinaire Che Guevara), auteur (l’impérialisme !) de 200 interventions, afin de garantir les intérêts du « monde libre » en Amérique latine, de défendre la « liberté », la « démocratie », les « droits de l’homme », et tout le tintouin, comme en Irak, en Syrie, en Ukraine, en Lybie, en Afghanistan... et ici à Saint-Domingue, à la Grenade, au Chili, au Nicaragua, au Guatemala, au Panama, à Cuba, au Mexique, au Vietnam, en Colombie... Alors, chat échaudé... Et comme nous sommes peu objectifs à l’égard de l’impérialisme, nous préférons, en toute partialité, mettre en garde, appeler à la solidarité ( lucide), avant que les libérateurs ne finissent leur travail, et que le crime ne soit consommé. « Une barricade n’a que deux côtés », disait la très manichéenne Elsa Triolet. Nous avons choisi le nôtre. Et si cela déplaît aux puissants et à ceux qu’ils trompent : tant pis, ou tant mieux !

Jean Ortiz

»» http://www.humanite.fr/blogs/venezuela-eloge-de-linobjectivite-580505
URL de cet article 29044
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Auteur
Vive le Che !
Jean ORTIZ
Comment expliquer en 2017 le prestige têtu de Che Guevarra, la fascination qu’il exerce encore et toujours ? Le nouvel ouvrage de Jean Ortiz propose une analyse et un point de vue fournis et argumentés, à contre-courant des poncifs et des contre-vérités qui ne manqueront pas de ressurgir en ce cinquantième anniversaire de son assassinat. Il est évident que se joue sur cette figure du combat anticapitaliste comme dans son legs au mouvement pour l’émancipation humaine, une bataille toujours aussi (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Nous pouvons faire sauter un navire américain et en rejeter la faute sur les Cubains. La publication des listes des victimes dans les journaux américains accroîtrait encore l’indignation. Nous pouvons aussi détourner des avions. Dans des endroits bien choisis où l’impact serait énorme, nous pourrions poser des charges de plastic. Nous pourrions également repeindre des B26 ou C46 de nos forces aériennes aux couleurs cubaines et nous en servir pour abattre un avion de la République dominicaine. Nous pourrions faire en sorte qu’un prétendu appareil de combat cubain abatte un avion de ligne américain. Les passagers pourraient être un groupe de jeunes étudiants ou de vacanciers. »

Général Lyman LEMNITZER (1899 – 1988)
Chef d’état-major des armées (1960-62) et Supreme Allied Commander de l’Otan (1963-1969)

Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.