Vous dites : « Allez donc voir un peu ce qui se passe au Venezuela en ce moment ... peut être écrirez-vous des articles un peu plus réalistes ! »
Ben, justement, j’en reviens et je suis scié entre ce que j’ai vu et ce qu’on écrit en Europe. C’est tellement gros que le Parlement européen qui compte 785 députés a pu en réunir seulement 65 pour voter une motion sur cette affaire de fréquence hertzienne : 43 de droite et extrême droite tandis que tous les députés de gauche présents (22), y compris les tièdes socialistes on voté contre. Quant à l’Union européenne, elle a rédigé à retardement un communiqué laborieux mi-chèvre mi-choux.
La suite de vos affirmations semble puisé dans les colonnes de la presse putschiste : « profs analphabètes, médecins formés en trois mois ou qui sont de vagues infirmières », etc.
Quel mépris colonial !
Avant Chavez, les 2 millions de pauvres des bidonvilles ne savaient pas ce qu’était un toubib. J’ai personnellement rencontré un Français qui vit à Caracas et qui m’a raconté l’excellence des soins donnés en urgence à sa femme par un médecin Cubain dans un "barrio". Ces médecins si nuls que l’espérance de vie des Cubains est la plus grande de tous les pays d’Amérique latine, avec parfois des écarts de 14 ans avec certains d’entre eux. Lisez les rapports de l’OMS !
Les policiers font peur ? J’ai été également impressionné, lors des manifestations des étudiants fils à papa de l’université catholique, de voir comment la police traitait cette jeunesse dorée avec respect après avoir reçu des pluies de projectiles (17 blessés, dit notre presse en oubliant d’ajouter : parmi les policiers), voire des tirs à balles réelles.
Pourquoi vous en prendre aux réussites les plus généreuses ? La mission Milagro qui a rendu la vue à des dizaines de milliers de pauvres abandonnés par les gouvernements de naguère, l’éradication de l’analphabétisme (lisez les rapports de l’UNESCO).
Des repas sont distribués à ceux qui crevaient de faim ? Vous nous racontez des pénuries alimentaires sans nous dire (mais le savez-vous ?) que l’oligarchie essaie de créer une famine en stockant les denrées et que le gouvernement découvre chaque jour des stocks cachés.
Des putschistes ont fui ? Vous vous horrifiez que leurs maisons soient rachetées. Fallait-il les confisquer ?
Quant à l’omniprésence de la publicité pour le gouvernement sur les chaînes de télévision d’Etat, l’omniprésence de Chavez, c’est en effet une réalité. Comme vous, j’ai eu du mal avec ça. Mais pourquoi ne pas dire que l’essentiel des chaînes de télévision, 9 sur 10 quotidiens nationaux sont anti-chavistes ? Le gouvernement fait un contre pilonnage dont chacun aimerait en effet qu’il cesse. Mais comment le peut-il dans ce contexte où les médias appartenant à des industriels immensément riches remplacent de facto les partis politiques de droite ?
Vous terminez en écrivant : « Je demande qu’on réagisse et je suis désarmée ! »
Désarmée ? Cela vous distingue en effet (et à votre avantage) de la chaîne de télévision Venevision où des stocks d’armes ont été découverts. « Un peu rouillées », a essayé de minimiser Gustavo Cisneros, milliardaire vénézuélien et patron de cette chaîne qui avait été un des moteurs du coup d’Etat de 2002.
Cisneros qui n’a pas connu pour cela un seul jour de prison et dont la chaîne émet toujours alors qu’elle aurait été fermée chez nous depuis avril 2002.
Vous avez le droit de détester ce gouvernement, son chef, sa propagande, mais il vaut mieux le faire en examinant l’ensemble de la problématique, en ne rapportant pas des ragots, en regardant enfin qu’une révolution est en marche, que ses partisans ne sont pas infaillibles, ni des saints. Mais aussi que leurs adversaires les enverraient, eux, leurs militants, les pauvres, dans l’enfer dont on s’accommodait naguère quand personne ne parlait du Venezuela.
Si vous aimez (ce que je veux bien croire) la démocratie et la liberté, si vous détestez le sang, tremblez à l’idée que les oligarques qui affrontent le gouvernement élu pourraient prendre le pouvoir par la force et le mensonge.
Maxime Vivas.