auteur Jeffrey SACHS

Trump veut recréer le mandat britannique en Palestine

Jeffrey SACHS, Sybil FARES

Le président américain fait pression pour qu'une résolution de l'ONU rétablisse presque entièrement la structure du mandat d'il y a 100 ans, en remplaçant simplement le Royaume-Uni par les États-Unis comme autorité de contrôle.

L'administration Trump fait pression cette semaine au Conseil de sécurité de l'ONU (CSNU) pour qu'une résolution élaborée par Israël soit adoptée, visant à éliminer la possibilité d'un État palestinien. Cette résolution a trois objectifs. Elle établit le contrôle politique des États-Unis sur la bande de Gaza. Elle sépare Gaza du reste de la Palestine. Et elle permet aux États-Unis, et donc à Israël, de déterminer le calendrier du retrait supposé d'Israël de Gaza, ce qui signifie qu'il n'aura jamais lieu. Il s'agit là d'impérialisme déguisé en processus de paix. En soi, cela n'a rien de surprenant. Israël dirige la politique étrangère américaine au Moyen-Orient. Ce qui est surprenant, c'est que les États-Unis et Israël pourraient bien s'en tirer à bon compte avec cette parodie, à moins que le monde ne s'exprime avec urgence et indignation. Le projet de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies établirait un Conseil de paix dominé par les États-Unis et le Royaume-Uni, (…)

Pourquoi Joe Biden est un échec en matière de politique étrangère

Jeffrey SACHS

Seul un président d'exception pourrait résister aux profits de guerre sans fin de cette gigantesque machine de guerre ; hélas, Joe Biden n'essaie même pas.

En matière de politique étrangère, le président des États-Unis a deux rôles essentiels. Le premier est de freiner le complexe militaro-industriel (CMI), qui pousse toujours à la guerre. Le second consiste à maîtriser les alliés des États-Unis qui attendent d'eux qu'ils fassent la guerre en leur nom. Quelques présidents avisés réussissent, mais la plupart échouent. Joe Biden est certainement un échec. Dwight Eisenhower a été l'un des présidents les plus avisés. À la fin de l'année 1956, il a été confronté à deux crises simultanées. La première est une guerre désastreuse et malavisée lancée par le Royaume-Uni, la France et Israël pour renverser le gouvernement égyptien et reprendre le contrôle du canal de Suez après sa nationalisation par l'Égypte. Eisenhower a contraint les alliés à mettre fin à leur attaque effrontée et illégale, notamment par le biais d'une résolution de l'Assemblée générale des Nations unies parrainée par les États-Unis. La deuxième crise est le soulèvement (…)
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Témoignage du professeur Jeffrey D. Sachs

Jeffrey SACHS

Témoignage de Jeffrey D. Sachs, professeur d’université à l’Université de Columbia*

Session du Conseil de sécurité de l’ONU sur la destruction du gazoduc Nord Stream, 21 février 2023.

Mon nom est Jeffrey D. Sachs. Je suis professeur d’université à l’Université de Columbia. Je suis un spécialiste de l’économie mondiale, notamment du commerce mondial, de la finance, des infrastructures et de la politique économique. Je me présente devant le Conseil de sécurité des Nations Unies en mon nom propre. Je ne représente aucun gouvernement ou organisation dans le témoignage que je vais livrer. La destruction des pipelines Nord Stream le 26 septembre 2022 constitue un acte de terrorisme international et représente une menace pour la paix. Il est de la responsabilité du Conseil de sécurité de l’ONU de se saisir de la question de savoir qui a pu commettre cet acte, afin de traduire l’auteur devant la justice internationale, de poursuivre l’indemnisation des parties lésées, et de prévenir de telles actions à l’avenir. Les conséquences de la destruction du Nord Stream 2 sont énormes. Elles comprennent non seulement les vastes pertes économiques liées aux pipelines (…)

Les sanctions économiques en tant que punition collective : le cas du Venezuela (Center for Economic and Policy Research)

Mark WEISBROT, Jeffrey SACHS
Note du Traducteur : voici la traduction (partielle) du rapport du CEPR. Les lecteurs sont invités à consulter l'original pour les notes, références et sources mentionnées. Sommaire Cet article examine certains des impacts les plus importants des sanctions économiques imposées au Venezuela par le gouvernement américain depuis août 2017. Il constate que la plupart des conséquences de ces sanctions n'ont pas été ressenties par le gouvernement, mais par la population civile. Les sanctions ont réduit l'apport calorique de la population, augmenté les maladies et la mortalité (tant chez les adultes que chez les nourrissons) et déplacé des millions de Vénézuéliens qui ont fui le pays en raison de l'aggravation de la dépression économique et de l'hyperinflation. Ils ont exacerbé la crise économique du Venezuela et rendu presque impossible la stabilisation de l'économie, ce qui a contribué à la surmortalité. Tous les impacts ont touché en priorité les Vénezueliens les plus pauvres et (…)

Hillary est la candidate de la Machine de Guerre

Jeffrey SACHS

A propos des élections présidentielles aux Etats-Unis, l'attention médiatique se concentre sur les frasques de Donald Trump. En face, dans le camp démocrate, Hillary Clinton se pose comme un rempart. Mais qu'en est-il réellement ? Jeffrey Sachs, économiste et consultant spécial du secrétaire général des Nations Unies, récapitule l'expérience et le bilan en politique étrangère de la candidate démocrate (Collectif Hasta Siempre - Suisse).

Il ne fait aucun doute que Hillary est la candidate de Wall Street. Cependant, plus dangereux encore, elle est la candidate du complexe militaro-industriel. L'idée qu'elle est mauvaise sur les questions d'entreprise mais bonne sur la sécurité nationale, est erronée. Sa soit-disant expérience en politique étrangère a servi à soutenir chaque guerre exigée par l'Etat profond dirigé par les militaires et la CIA. Les relations proches de Hillary et Bill Clinton avec Wall Street ont aidé à alimenter deux bulles financières (1999-2000 et 2005-2008) et la Grande Récession suivie de l'effondrement de Lehman Brothers. Dans les années 1990, ils ont poussé à la déréglementation financière au profit de leurs bailleurs de fonds qui, en retour, ont lâché les pires démons de la manipulation financière, les actifs toxiques, la fraude financière et finalement l'effondrement. Dans l'opération, ils ont gagné les élections et sont devenus plus riche. Pourtant, les connexions d'Hillary avec le (…)