auteur Olivier FOREAU

Une taupe à la Maison blanche

Olivier FOREAU

Il est bien naturel qu’en tant que sous-étasuniens, nous ayons suivi les élections américaines avec comme toujours, un mélange d’espérance et de sueurs froides. Il faut dire aussi que tous les quatre ans, c’est notre avenir qui se joue : contre qui serons-nous en guerre l’an prochain ? À quelles nations aurons-nous encore le droit d’adresser la parole ? Quels groupes terroristes financerons-nous, quels apartheids cautionnerons-nous, à quels génocides collaborerons-nous ? Autant de questions en apparence anodines, mais relevant de l’essence même de ce que nous sommes : un peuple libre et souverain, guidé par ses valeurs.

Une perte indicible Ce n’est pas sans raison si le 5 novembre dernier nous avons eu la sensation, désormais familière, de vaciller dans l’abîme. La débandade vertigineuse du camp démocrate a été comme un coup de tonnerre dans le ciel livide de nos derniers espoirs : comment un pays qui a été capable d’élire Joe Biden, a-t-il pu passer à côté de Kamala Harris ? Avec elle, c’est une nouvelle part de nous-mêmes qui s’effondre. Son programme visant à « tourner la page » tout en continuant à faire exactement la même chose, avait tout pour nous séduire. Et la force de ses engagements, comme par exemple son soutien sans faille à l’anéantissement des habitants Gaza, n’a laissé personne indifférent. Avec elle, la gauche mondiale vient de perdre une de ses figures les plus inspirantes, du calibre d’une Sandrine Rousseau, voire même d’une Marlène Schiappa. De part et d’autre de l’Atlantique, beaucoup s’interrogent : que va-t-il rester de la démocratie ? Des conséquences incalculables (…)

Influences, incidences et ingérences (2)

Olivier FOREAU

Á l’heure même où la contre-offensive ukrainienne s’achemine vers le triomphe, il est étrange que nous soyons si chichement informés de ses progrès. Bien sûr, cela fait chaud au cœur d’apprendre que les frappes ukrainiennes continuent de décimer avec succès les populations civiles, mais qu’en est-il de la percée victorieuse de nos forces sur la ligne de front ? Comment se fait-il que nos médias, qui jusqu’ici nous briefaient au quotidien sur la débandade des troupes de Poutine, aient basculé depuis début juin dans une sorte d’apathie, voire de mutisme ?

Sans la perspicacité suraiguë de Catherine Colonna, nous n’aurions jamais compris la vraie raison de ce changement : « la France a déjoué une campagne numérique russe de désinformation » visant à « saper les conditions d’un débat démocratique », révèle France 24 le 13/06/2023. Heureusement qu’en France il n’y a de débat sur rien, sinon le pire aurait pu être à craindre. Une campagne de manipulation complexe et persistante « Au moins quatre quotidiens français ont été victimes de l’opération. (...) Les hackers produisaient de faux articles sur une page en tout point identique à celles du site officiel de ces médias » : en clair et aussi incroyable que cela puisse paraître, nous pourrions ouvrir Le Parisien ou Le Monde, et nous retrouver face à un torrent d’affabulations plus absurdes les unes que les autres. Sur les réseaux sociaux, ces faux articles sont partagés par des vrais utilisateurs abusés par cette propagande, nous prévenait déjà L’Echo au mois de février. Bref, (…)

Influences, incidences et ingérences (1)

Olivier FOREAU
Si par moments, il arrive que le doute vienne perturber la satisfaction que nous nous inspirons à nous-mêmes, la première chose à faire, c’est de relâcher sans hésiter les muscles de notre corps. Il suffit ensuite d’allumer France Inter pour renouer avec la paix intérieure, et mesurer l’étendue de notre résilience. Écoutons par exemple l’éditorialiste Jean-Marc Four, qui dans un podcast d’autant plus revigorant qu’il suinte à grosses gouttes la foi en nos valeurs, nous livre ses réflexions pleines d’espoir sur l’année écoulée. Pour quiconque jette un œil par-delà nos frontières, il est clair que « le bilan est déprimant », à cause notamment de la « fascination mondiale pour les hommes forts » (seuls les pays libres, conduits par un légume en phase terminale, ont su ne pas tomber dans ce piège). Mais si « la démocratie parait fragilisée, le côté obscur de la force n’a pas encore gagné ». En effet, « les militants pro démocratie n’ont pas renoncé, preuve que l’aspiration à plus (…)
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La débâcle en chantant (2)

Olivier FOREAU
« Je suis favorable à un nouveau train de sanctions », piaffait le 4 avril notre chef de gare tricolore, « en particulier sur le charbon et le pétrole, dont on sait qu’ils sont particulièrement douloureux. » En effet nous ne produisons ni l’un ni l’autre, donc personne ne peut savoir mieux que nous combien il va être douloureux de s’en priver. Mais la douleur n’est-elle pas le fondement même de la démocratie ? Quoi de plus solidaire, et de plus conforme à l’essence de ce que nous sommes, que de boycotter les ressources dont nous avons le plus désespérément besoin ? Du feu de l’action à la douche froide Les pays libres se distinguent d’ordinaire par leur aptitude à plonger les autres dans la ruine et la désolation, alors que les régimes autocratiques (Cuba, Venezuela, Syrie etc.) n’imposent de sanction à personne, ce qui permet de les repérer plus facilement. Aux sempiternels détracteurs des valeurs que nous défendons, il convient de rappeler que de tous les systèmes répressifs, (…)

La débâcle en chantant (1)

Olivier FOREAU
Il est temps de se rendre à l’évidence : au fil des mois Joe Biden est devenu, grâce à sa perception aiguë du monde qui l’entoure, un modèle et un guide pour l’humanité entière. Petits et grands rêvent de l’avoir pour ami, ou tout au moins d’égaler un jour son charisme inimitable. Car sans lui, nous aurions déjà perdu espoir depuis longtemps. Le 24 mars dernier, il descendait justement parmi nous pour nous réinsuffler la foi dans les valeurs qui sont les nôtres, comme il sait si bien le faire y compris auprès de son propre fils, tellement secoué par la situation en Ukraine qu’il n’arrive même plus à remettre la main sur son ordinateur portable. Mais ne sommes-nous pas tous nous aussi, d’une certaine manière, ses enfants ? Nous reviennent en mémoire, pêle-mêle, nos débuts dans la dissidence avec Joe le taxi, notre premier cri de révolte pour la paix : La musique à Joe résonne C’est la rumba (Joe, Joe, Joe) Le vieux rock au mambo bidon (Joe, Joe, Joe) Vas-y Joe (Joe, Joe, (…)