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30 ans de Gnu et du logiciel libre

Entretien avec Lionel Allorge de l’April à l’heure de Prism, "les logiciels libres sont les plus sûrs"

Ce vendredi est célébré le trentième anniversaire de la création de GNU, le système d’exploitation libre de Richard Stallman, évènement fondateur du logiciel libre. L’occasion de revenir sur la philosophie du logiciel libre et son importance à l’heure de Prism et de la révolution mobile avec le président de l’April, association de promotion du libre, Lionel Allorge. Entretien.

April, association créée en 1996 à Saint Denis, Paris 8. Dans le "bocal", lieu où se réunissaient les étudiants en informatiques pour programmer. Ils ont rapidement été en contact avec Richard Stallman créateur de GNU et de la Free Software Foundation et font aujourd’hui tout un travail de défense et promotion du logiciel libre.

On fête aujourd’hui les 30 ans du libre, suite à l’appel fondateur de GNU, par Richard Stallman… Pouvez-vous nous raconter ce qui a mené à cet acte ?

Lionel Allorge

Lionel Allorge : Tout est partie de l’idée fondatrice que les utilisateurs doivent pouvoir rester maitres de leur système informatique, quel qu’il soit, ordinateur, tablette, smartphone… Richard Stallman le dit souvent, ou bien c’est vous qui contrôlez votre ordinateur ou bien c’est votre ordinateur qui vous contrôle. On le voit très bien avec l’iPhone par exemple où vous ne pouvez installer que des logiciels qui ont été validés par Apple. C’est Apple qui décide ce que vous faites avec un iPhone ou un iPad. L’autre notion importante du libre, c’est le partage du savoir. Les codes informatiques s’échangent. Si le logiciel était un gâteau, il faudrait en fournir la recette.

C’était une pratique normale aux débuts de l’informatique, qui était très universitaire. Tout le monde s’échangeait les recettes des logiciels, même IBM par exemple, qui vendait du matériel, et qui donnait les programmes permettant de faire fonctionner la machine. Il y avait alors une notion de contrôle par les pairs.

Mais les industriels ont petit à petit compris qu’ils pouvaient faire payer les logiciels, au nom du copyright aux États-Unis, du droit d’auteur en France. C’est quand il y a eu ce clash que Richard Stallman s’est dit qu’il n’était plus possible de continuer à perdre en liberté.

La petite anecdote fondatrice, c’est que le MIT, où Stallman travaillait, venait de recevoir une nouvelle imprimante avait été fournie sans code source. Les chercheurs avaient pris l’habitude de faire des petits programmes permettant de détecter les problèmes sans avoir à se déplacer, comme les bourrages de papier. Là ce n’était plus possible. On n’était plus dans le partage du savoir.

Stallman a alors décidé de refaire un système complet basé sur UNIX. De manière à ce que en tant qu’auteur, il puisse accorder à d’autres le droit de l’utiliser. Et comme il ne pouvait pas tout faire seul, le 27 septembre 1983, il a lancé un appel à la communauté scientifique, et c’est cet appel qu’on célèbre aujourd’hui.

C’est donc l’acte fondateur du logiciel libre ?

Lionel Allorge : Le projet ne va réellement démarrer qu’en 1984, où il va réellement poser les bases. Il publie alors le GNU manifesto, où il pause les bases du logiciel libre. Il y avait, avant lui, des logiciels on pouvait dire libres, c’était explicitement dit dans leurs clauses d’utilisation. Mais rapidement Stallman a du formaliser légalement ces principes, rédiger une licence, la GPL version 1. Tout cela s’est construit progressivement à mesure qu’il faisait.

Richard Stallman

C’est GNU qui a désigné, formalisé ce qu’est le libre. Qui a déterminé ses 4 libertés fondamentales. La première est la liberté d’utilisation sans aucune contrainte. La deuxième est la liberté de pouvoir étudier et modifier le logiciel. On doit pouvoir adapter le programme à ses besoins. Et cela nécessite d’avoir accès au fameux code source, la recette de cuisine. Troisième liberté, on doit avoir le droit de le redistribuer. Y compris de le revendre, car le logiciel libre n’est pas forcément gratuit par nature. Enfin dernière liberté, pouvoir redistribuer le logiciel modifié.

Comment le monde du libre peut faire sa place dans le monde du mobile et des tablettes notamment ?

Lionel Allorge : On en est au tout début. On n’est pas capable actuellement d’avoir un système de smartphone qui soit totalement libre. On a bien Android de Google, dont le code de base est libre. Le problème c’est que les constructeurs ne se satisfont pas de ça. Non seulement ils rajoutent une surcouche logiciel à Android, c’est très visible avec Samsung par exemple qui change complètement l’interface, mais surtout notre plus gros problèmes ce sont les couches basses. C’est-à-dire tous les petits logiciels qui servent à faire fonctionner les petites puces dans l’appareil, qui parlent directement avec le matériel, les drivers dirait-on dans le monde du PC. Ce qui gère le GPS, le Wi-Fi, la connexion au réseau téléphonique… Chacune de ces puces est fournie par le fabriquant avec un logiciel qui n’est absolument pas libre.

La Free Software Fondation a par exemple lancé le projet Replicant, qui est Android, épuré de tout ce qui n’est pas libre. Mais pour l’instant ça ne marche que sur un ou deux téléphones. Et pour installer ce genre de système, il faut jailbreaker l’appareil, c’est-à-dire supprimer toutes les protections mises par le constructeur. Et les tablettes c’est à peu près pareil.

Bref, du côté smartphone et tablettes, c’est vraiment l’appareil qui contrôle l’utilisateur…

Lionel Allorge : L’exemple qu’on donne souvent dans les conférences, c’est le kindle, la liseuse d’Amazon qui permet de lire des livres électroniques. Des gens avaient acheté le fameux 1984 d’Orwell dessus, mais Amazon s’est aperçu après coup qu’il n’avait pas les droits pour la version électronique du bouquin et a effacé le livre électronique des tablettes. C’est comme si quelqu’un rentrait chez vous pour enlever des livres de votre bibliothèque. Vous n’êtes plus du tout maître de votre système informatique.

Autre exemple, vieux projet de loi sous Clinton qui prévoyait d’installer un numéro dans chaque processeur permettant de vérifier quel matériel a agi sur quel logiciel. C’est vraiment l’idée de garder le contrôle sur tout système informatique.

C’est une bonne transition, pour évoquer Prism et Linus Torvald, créateur de Linux, qui concédait récemment et à demi-mot avoir été approché par la NSA pour laisser à l’agence une porte cachée (backdoor) dans le logiciel. Est-ce possible ?

Lionel Allorge : Qu’il ait été approché, ça je n’en doute pas. Qu’il le fasse, j’en doute. Cela peut toujours être fait, mais la pratique du libre devrait permettre de le détecter. C’est pour cela qu’il faut des communautés. Je ne suis donc pas trop inquiet avec la grosse communauté qui étudie et modifie Linux. Mais il y a une masse telle de logiciels libres qu’on ne peut pas garantir que chacun ait été recontrôlé. Pour autant, le logiciel libre reste le meilleur moyen pour éviter ce genre d’intrusions, il nous semble clairement que ce sont les programmes les plus sûrs.

Ce que l’affaire Prism semble conforter…

Lionel Allorge : Oui ! Beaucoup de spécialistes sont par exemple convaincus que la NSA a ses entrées chez Microsoft. Notamment, il a été détecté dans un code un mot clé : NSA Key, qui serait justement une clé pour permettre à l’agence de renseignement de rentrer dans le programme. Pour nous, il est certain que ces grandes boîtes sont régulièrement approchées la NSA. Le logiciel libre nous semble vraiment la meilleure solution, même s’il faut garder à l’esprit qu’il n’y a pas de garantie à 100 % en informatique.

D’où le logiciel libre devrait être au cœur de nos services publics...

Cela dépend essentiellement des gens qui sont à la direction technique (DSI). Par exemple la gendarmerie est passée au libre, pas la police nationale. La gendarmerie nationale a fait le constat il y a quelque temps que pour se garantir un système sûr, il lui faut du libre qu’elle peut « auditer », dont elle pourrait vérifier qu’il n’y ait pas notamment de porte dérobée qui permette d’accéder à leur système informatique. Ils ont remplacé tous les systèmes Windows par Ubuntu.

Pour nous, l’April, c’est une de nos grosses activités, d’aller voir les institutions et les élus pour défendre le logiciel libre. Une forme de contre-lobby pourrait-on dire. On a eu une petite victoire à l’investiture de ce nouveau gouvernement, avec la circulaire Ayrault qui encourageait l’utilisation de logiciels libres dans les administrations. On a eu un amendement refusé dans la loi Peillon sur le fait d’utiliser en priorité des logiciels libres dans l’Éducation Nationale. Mais juste après lors du vote de la loi Fioraso sur l’Enseignement Supérieur et la Recherche, un amendement est passé qui donne la priorité au libre.

Propos recueillis par Pierric Marissal

»» L’Humanite.fr
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  • Les premiers samedi du libre. C’est un évènement, tous les premiers samedi du mois à la Villette où n’importe qui peut venir se faire installer un système d’exploitation libre GNU/Linux (Ubuntu ou autre), gratuitement, en plus ou en remplacement de son système d’exploitation Apple ou Microsoft. Les bénévoles sur place partagent leurs connaissances, logiciels libres et expériences.

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