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1er Colloque International "Trans-identités, Genre et Culture" à La Havane : la transsexualité n’est pas une maladie.

Le 1er Colloque International "Trans-identités, Genre et Culture" , annoncé dans ces colonnes le 3 mai dernier, a réuni à La Havane, à La Casa de la Amistad, des spécialistes de trois continents : l’Australie, l’Europe avec la France et la Grèce, l’Amérique : Cuba, Canada, Colombie, Mexique.

C’est à l’aide de conférences, d’exposés, de vidéo-débats, de table-rondes avec traductions simultanées espagnol-français que durant trois jours se sont ainsi rencontrées différentes disciplines comme la médecine, la psychologie, le droit, les études culturelles avec un objet de travail commun : la trans-identité et plus spécifiquement la transsexualité.

Organisé par la Section "Diversité sexuelle" de la Société Cubaine Multidisciplinaire pour l’Etude de la Sexualité (SOCUMES) et l’Association "L’Elan Retrouvé" ( Paris) ce colloque avait pour but d’établir un échange scientifique et de construire une marque de référence commune pour l’abord des Trans-Identités.

D’emblée Mariela Castro Espà­n, Présidente du Colloque pour Cuba, définit de très belle manière l’esprit de la rencontre "Nous sommes en train de construire, d’élaborer un langage qui nous aide à articuler un discours pour la dépathologisation des trans-identités. Et cette construction doit être non seulement trans-disciplinaire, elle doit être faite avec la participation des personnes trans" .

Ainsi différentes personnes trans vivant à Cuba interviendront dans les exposés et les débats. A noter la participation de la Professeure Viviane Namaste de l’Université de Montréal, transsexuelle, qui présentera le travail des artistes trans’ à Montréal. Elle lira également l’exposé d’Axel Léotard, Président de l’Association française "Intertrans’ sur la situation française marquée par une longue pratique ségrégative psychiatrique, juridique et sociale. Axel comme beaucoup de transsexuel(le)s français n’avait eu la possibilité de venir au colloque pour raison financière.

Ce qui est essentiel est bien que cette participation des personnes trans’ ne fut pas « un show » mais le résultat d’une stratégie politique de santé mettant au centre l’humain. Les équipes cubaines ont travaillé pour la réalisation de ce colloque et pendant le colloque, comme elles ont l’habitude de le faire au quotidien. C’est bien à partir des rencontres structurées avec les personnes trans’ par Cenesex, le Centre National d’Education Sexuelle, dirigé par Mariela Castro Espà­n, que les propositions se font pour modifier les lois. C’est ce point spécifique de la politique cubaine qui a impressionné Viviane Namaste : une construction interdisciplinaire conjuguant la loi, le médico- psychologique, le social, où il y a une stratégie de travail en commun avec les personnes concernées, ce qui n’existe pas dans les autres pays.

L’autre point spécifique dans l’orientation du colloque est la dépathologisation ou la non pathologisation de la transsexualité. Pour mémoire, il convient de rappeler que l’homosexualité a été retirée du DSM III, le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’Association Américaine de Psychiatrie en 1973 seulement. La transsexualité figure toujours aujourd’hui dans ces mêmes classifications psychiatriques comme trouble de l’identité sexuelle. C’est en 2005 que la Commission Nationale cubaine abandonnera le terme « Troubles de l’identité de genre » pour s’identifier comme Commission Nationale d’Attention aux Personnes Transsexuelles. C’est en février 2010 que le Ministère de la Santé, en France, retirera le transsexualisme des pathologies mentales.

Cette non pathologisation de la condition transsexuelle, dira le Docteur Alberto Roque Guerra, aura été le même souci de tous les intervenants du colloque avec pourtant des références différentes de celles qui sont habituelles à Cuba, notamment psychanalytiques (Hervé Hubert, Bernard et Concepcion Doray, Magda Gomez)

En tant que Président du Colloque pour la France, je soulignerai également lors de la conclusion l’aspect essentiel de la non pathologisation : « la transsexualité n’est pas quelque chose qui a à voir avec une psychopathologie, une maladie, mais simplement quelque chose qui a à voir avec la diversité humaine, une différence de l’humain quant à la construction de l’identité sexuelle »

Dans cette construction d’une différence, le point singulier de la création artistique a mis en avant ce qui fait réelle valeur de l’humain, la valeur créatrice individuelle prise dans un rapport social. C’est ce qu’ont développé d’un point de vue psychanalytique trois psychologues grecques, Dimitra Athanasopoulou, Themis Golegou, Assimina Rapti.

« Ce que nous avons besoin encore plus que la réassignation sexuelle, c’est la réassignation sociale », indique une personne trans, « se sentir reconnu dans la société, par ses proches, son milieu de travail » (…) « Ce qui est important c’est de prendre la décision de l’opération et la réaliser. Il est tout aussi important de recevoir une aide, un appui pour commencer une « nouvelle vie », souvent un nouveau lieu, un nouveau nom, repartir à zéro, sans l’histoire qui a produit la discrimination antérieure » dit-elle encore.

Ce que les intervenant ont appris et continuent d’apprendre ne peut se faire qu’avec les personnes qui portent ces questions. Ainsi Mariela Castro parle de personnes qui vivent des contradictions avec leur identité de genre. C’est bien dans le travail de ces contradictions que des avancées sur l’individualité et son articulation au collectif pourront se faire. Cela orientera Mariela Castro vers la perspective plus large des droits et de la politique sociale sur cette question.

L’exposé de l’universitaire australien Veck Lewis sur la violence de la transphobie au Mexique comme défaut d’une politique sociale, le formidable documentaire «  Translatina » sur les questions ségrégatives sur la sexualité et le VIH en Amérique Latine, l’approche de la prise en charge des difficultés relationnelles dans les familles présentée par la psychiatre cubaine Ada Alfonso, auront été d’autres exemples de l’importance d’un travail nécessaire sur le lien social comme moteur de la réalisation concrète du progrès. Cela touche directement la question de la ségrégation sociale qui nécessiterait d’autres développements. Retenons que l’expérience cubaine a été extrêmement riche d’enseignements en ce qui concerne le traitement fondamental de cette question dans tous les registres : accès gratuit à tous les soins, politique contre la discrimination, promotion de l’intégration sociale, à commencer par la participation des personnes concernées dans la réflexion sur l’élaboration des législations les concernant.

C’est bien sûr cet élément qui fait avancer la proposition de loi de changement d’état-civil des personnes transsexuelles qui ne souhaitent pas être opérées. Le premier point contre la ségrégation est bien de pouvoir nommer les personnes trans’ selon leur identité et non le sexe anatomique d’origine. La promulgation de cette loi et le travail de réforme du Code des Familles marqueraient une révolution pour le bien-être des transsexuels à Cuba, et par ses répercussions, dans le monde.

Tant pour la méthode que pour les solutions concrètes, l’expérience cubaine donne des idées et des espoirs stimulants pour avancer dans le domaine médico-psychologique, social et juridique. Nous serons heureux de poursuivre ce travail en commun et de répondre favorablement à l’invitation de Mariela Castro de construire ensemble un second congrès international en 2012 à La Havane.

Hervé Hubert


Pour nos lecteurs hispanophones, nous joignons en complément un autre article en espagnol

Cine y transexualidad

Magda Gomez

Durante el coloquio llevado a cabo en La Havana el 9, 10 y 11 de junio pasados, sobre "Trans-identidad, género y cultura" , y en el cual tuve la oportunidad de participar, uno de los objetivos era construir un marco de referencia sobre la transexualidad, el transgénero y las trans-identidades, promoviendo la despatologización no solamente desde un punto de vista de los derechos humanos, sino desde un abordaje cultural.

Es asà­ que pudimos encontrar varios acercamientos y maneras de tratar el tema a partir del arte y la cultura, siendo el cine una de las manifestaciones principales a partir de las cuales se abordÏŒ el transexualismo y a partir del cual surgieron varios elementos interesantes sobre todo para una comprensión mas amplia y profunda de la realidad social de los sujetos "trans" .

Encontramos por un lado, la exposiciÏŒn del cineasta cubano Frank Padrón, sobre las identidades transgénero en el cine latinoamericano, especificamente en el cine cubano, donde se evidencia que a pesar de los avances a nivel médico y psicológico realizados en Cuba para tratar a ésta población, aún se está lejos de la aceptaciÏŒn social. La estigmatizaciÏŒn y marginalización de los sujetos « trans » por parte de la sociedad, es una cuestiÏŒn presente y permanente, que se extiende también a otros paà­ses de América latina, situación que da cuenta del fénomeno de la "transfobia" .

Este fenÏŒmeno, asà­ como otros aspectos a los que se ven confrontados diariamente los sujetos transexuales y trasgénero pudieron ser apreciados a través de la muestra del documental "Translatina" , dirigido por Felipe De Gregory y estrenado en el año 2010. Este documental auspiciado por la Organización Panamericana de la Salud (OPS), el Programa Conjunto de las Naciones Unidas sobre el VIH/SIDA (ONUSIDA) y el Programa de las Naciones Unidas para el Desarrollo (PNUD), contó también con el apoyo de la Red Latinoamericana y del Caribe de Personas Trans (REDLACTRANS) y de la Regional Latinoamericana y Caribeña de la International Lesbian & Gay Association (ILGA-LAC).

"Translatina" , fue producido en el Perú pero contiene imágenes de nueve paà­ses de América latina, expone mediante testimonios de representantes de la población civil, autoridades de salud y justicia, los retos que enfrentan las mujeres transgénero, travestis y transexuales para obtener acceso a la educación, al trabajo, a la justicia, a la salud, entre otros.

En la mayorà­a de los testimonios que presenta éste documental, se pueden apreciar dramáticas historias de vida, que dan cuenta de la exclusión, y segregaciÏŒn de las cuales han sido objeto los sujetos "trans" , asà­ como de la violación a los derechos humanos, lo que incluye una creciente lista de asesinatos, como causa de discriminaciÏŒn.

A pesar de éste oscuro panorama, "Translatina" devela sin embargo, la perseverancia y esperanza de las trangéneros en América Latina, a través de la muestra de las movilizaciones de la comunidad mediante marchas como las realizadas en Chile, México y Argentina, para hacer un llamado sobretodo a los gobiernos para buscar polà­ticas, que ofrezcan marcos legales especificos para la protecciÏŒn de sus derechos.

Este documental también nos informa sobre los avances conseguidos en los diferentes paà­ses, tal es el caso de Ecuador donde hay una ley que penaliza la discriminación por orientación sexual e identidad de género y se contempla la unión de hecho entre personas independientemente de la orientación sexual, o en Brasil, donde las transexuales pueden acceder a servicios de salud con su nombre femenino.Aunque no es dicho en el documental, quiero agregar que Colombia es uno de los pocos paà­ses en el mundo, donde el cambio de nombre en el documento de identidad es posible sin la operación de reasignaciÏŒn de sexo. Y por supuesto tenemos el ejemplo de Cuba, donde la cirugà­a de reasignación de sexo es posible gratuitamente y donde no hay una forma de tolerancia por parte de la sociedad cubana en la medida que no hay registros de violencia fisica hacia la comunidad "trans" .

Organizaciones que trabajan con la comunidad transgénero, como Và­a Libre del Perú, afirman que la comunidad participa en espacios donde antes no estaban, y aportan, como por ejemplo en ONUSIDA, la OEA, entre otros.

Podemos decir que la comunidad "trans" se encuentra actualmente más empoderada y mas organizada a través de una red extraordinaria de apoyo a nivel latinoamericano, la cual esta contruyendo iniciativas de aceptaciÏŒn y educación desde cada paà­s con el fin de despatologà­zar y evitar la discriminaciÏŒn de ésta comunidad, a pesar de un contexto de violencia, asesinatos y represión.

Quisiera por último resaltar el trabajo de otros cineastas latinoamericanos, a propósito de los cuales hablé en mi exposiciÏŒn llamada "El transexual en el cine" , presentada igualmente en el coloquio, y de los cuales quiero destacar principalmente "Hotel Gondolin" documental argentino que se presenta como una và­a hacia la búsqueda de soluciones y de desmarginalización de los transexuales que se dedican a la prostitución ; "Pasarelas libertadores" documental venezolano que denuncia sobre todo la violencia y los abusos a los que estan sometidos diariamente los transexuales que se prostituyen en la Avenida Libertador de Caracas, especialmente por parte de la policà­a ; y la pelicula también venezolana, « Cheila, una casa pa’maita » triunfadora del festival de cine venezolano de Merida en el 2009, en la que se explora un problema no muy abordado por la cinematografia latinoamericana en general, como es la aceptación de los transexuales y la pobreza desde otra óptica a través de la historia de su personaje principal, una transexual llamada Cheila.

El cine nos muestra diferentes caras del transexualismo, pero principalmente las diversas problemáticas a las que se ve confrontado el transexual, el cine va a hacernos espectadores sobretodo del sufrimiento que experimentan éstos sujetos, como producto generalmente del rechazo y la discriminación por parte del entorno, éste sufrimiento va a ser escenificado por el suicidio, la muerte, la huida, y la complicidad segregativa de la ley y su praxis, también por el estatus que el dinero adquiere como medio para alcanzar el fin deseado : una cirugà­a que logrará una correspondencia entre la imagen y el sentimiento, el cine también nos muestra el peso que lo simbólico tiene sobre la imagen, o al contrario, que la imagen tiene sobre lo simbólico, mostrando asà­ la verguenza y frustración que puede llegar a experimentar el transexual frente a la imposibilidad de cambiar de nombre en el documento de identidad, incluso habiendo cambiado de sexo, y la reacción del otro frente a ésta incongruencia ; pero la vergüenza no es lo mas grave, sino la consecuencia de ésta imposibilidad (el no acceso a la salud, a la educación o al trabajo) lo que va a ligar la transexualidad a la marginalización y a la prostitución, cuestiones para nada ajenas a la realidad latinoamericana, y de otros paà­ses como Tailandia o SriLanka, en los cuales también recientemente se han producido documentales que dan testimonio de ésta realidad. Nos queda sin embargo a través de la experiencia cubana y a través del documental "translatina" , la sensación de que es posible una "transformación" social y que el sujeto transexual es la clara muestra y prueba de ello.

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(Propos rapportés par le New York Times, 27/3/2010).

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