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A propos du collectif le C.O.U.R.R.I.E.L.

Georges Gastaud, professeur de philosophie dans le Pas-de-Calais, Secrétaire national du Pôle de renaissance communiste en France (PRCF) depuis 2004, a fondé récemment le collectif le C.O.U.R.R.I.E.L. afin de défendre la langue française, dans la sphère commerciale en particulier.

Point besoin de lever les yeux bien longtemps pour être agressé par Carrefour Market, Subway, The Phone House, Optical Center (orthographe étatsunienne), Flower Party, I love L.A. (le Livret A), Family TGV, The Frog & Rosbif etc.

Pour Georges Gastaud, il s’agit d’un « combat citoyen contre les discriminations majeures qui se mettent en place en Europe contre ceux qui ne parleront pas parfaitement la langue dominante de l’Empire en construction. » En bon lensois, et puisque le Louvre arrive dans sa ville, Gastaud espère que la signalétique ne sera pas fournie qu’en français et en anglais, mais aussi dans les langues des voisins (allemand, néerlandais).

Georges Gastaud observe à juste titre qu’il est difficile de défendre la langue française à partir de la gauche car ce combat a longtemps été l’apanage de la droite élitiste, voire réactionnaire (celle de feu Jean Dutourd, par exemple). Si l’on pense le problème en personne de gauche, force est de constater, avec Gastaud, que ce sont les classes les plus défavorisées, les plus acculturées qui pâtissent au premier chef du basculement obligatoire vers l’anglais.

Perdre sa langue, c’est perdre sa culture, mais aussi sa mémoire, individuelle et collective. Et dans cette mémoire, insiste Gastaud, il y a la mémoire des luttes, le combat pour des droits démocratiques. Défendre sa langue, défendre toutes les langues, c’est défendre l’émancipation humaine.

De droite comme de gauche, les pouvoirs publics français ont démissionné, quand ils n’ont pas favorisé le recul du français en France. Ainsi, en 2007, le gouvernement de Lionel Jospin ratifia le protocole de Londres qui supprimait l’obligation de traduction des brevets en français.

L’Institut de Sciences Politiques de Paris à Reims, situé sur le « Campus euro-américain », ne délivre des cours qu’en anglais. La page d’accueil de son site (qui ne manque pas d’air) fait appel à l’histoire de France, à son héritage dans ce qu’ils ont de plus français : « Reims, a Gallo-Roman city and the traditional site of the coronation of France’s kings [un Anglais ne dirait pas " France’s kings" mais "French kings" ou, à la rigueur, "the Kings of France ; pas facile de frimer], has a rich architectural legacy and is the capital of the Champagne-Ardenne region, world-renowned for its production of champagne. » L’institut est associé à plusieurs universités qui sont toutes nord-américaines.

La réforme des lycées encourage l’enseignement en « langues étrangères », en fait uniquement de l’anglais.

La langue de travail de l’Eurométropole Lille-Courtrai-Tournai (actuellement présidée par Martine Aubry) est l’anglais, alors que les travaux de ce groupement devraient se tenir en français et en néerlandais.

Les grandes écoles estiment que l’obligation d’enseigner en français nuisent à leur attractivité internationale : elles ont donc demandé que la loi Toubon soit supprimée pour l’enseignement supérieur.

La Commission européenne a proposé que l’anglais soit la seule langue utilisée dans les relations douanières.

En Allemagne, les tribunaux de certains Länder statuent désormais en anglais.

Le C.O.U.R.R.I.E.L. estime que, pour renverser la vapeur, une réglementation est inévitable, d’autant que la pénétration de l’anglais a été favorisée par des lois : « entre le fort et le faible, c’est la liberté qui opprime et la loi qui libère. » Il conviendrait de :

1. Renforcer la loi de 1994 relative à la langue française en ajoutant dans la constitution le droit d’étudier et de travailler en français ; pénaliser financièrement les entreprises privées ainsi que les services et entreprises publiques qui ne proposent pas de traductions des documents de travail, tiennent leurs conseils d’administration ou proposent des cours dans une langue étrangère (hors cours de langue). De même, il serait souhaitable de réfléchir à un dispositif concernant les entreprises et commerces dont les raisons sociales ou les enseignes sont exprimées en anglais.

2. Proposer une initiation à plusieurs langues à l’école primaire et reporter le choix au collège.

3. Diversifier de façon coercitive par l’introduction de quotas d’élèves par langue l’enseignement. Ceci devrait se traduire notamment par une répartition égale entre les langues de nos voisins, c’est-à -dire l’allemand, l’anglais, l’espagnol, l’italien, le néerlandais et le portugais et par un développement des langues des pays de la francophonie et des langues minoritaires : arabe, vietnamien, ouoloff, bambara, peul, basque, breton...

4. Restaurer le volume d’heures de français qui n’a cessé de décroître depuis trente ans en insistant notamment sur la grammaire, l’orthographe et en accordant une place importante à la littérature. Redonner leur place à l’enseignement des langues anciennes : le latin et le grec.

5. Accorder automatiquement des cartes de résidents aux ressortissants des pays francophones, notamment aux étudiants (« citoyenneté francophone de résidence »)

6. Développer les programmes bilatéraux d’enseignement au sein des deux ensembles auxquels la France appartient, à savoir la Francophonie et l’Union Latine. Dans le cadre de la Francophonie équitable et respectueuse de chacun, une attention toute particulière devrait être accordée au développement des langues des autres pays membres.

7. Renforcer la Direction Générale à la Langue Française et aux Langues de France : en la rattachant directement au Premier Ministre comme c’était auparavant le cas ; en lui accordant des effectifs conséquents ; en soumettant à son visa les projets de loi comportant un volet linguistique ; en nommant un ou plusieurs représentants de la DGLFLF dans chaque ministère, chargés de faire appliquer la loi Toubon et dotés de pouvoirs de censure.

8. Refuser tout document de travail en provenance de l’Union Européenne qui ne soit pas rédigé en français. Idem pour les autres institutions internationales.

A lire :

Quelques ouvrages récents :

- DURAND Charles-Xavier, Une colonie ordinaire au 21ème siècle, EME.

- TAILLANDIER François, La langue française au défi, Flammarion.

Et aussi des classiques :

- HAGEGE Claude, Halte à la mort des langues, Odile Jacob.

- DU BELLAY Joachim, Défense et illustration de la langue française, NRF

- LECHERBONNIER Claude, Pourquoi veulent-ils tuer le français ?, Albin Michel

Sur la toile : l’incontournable

http://www.legrandsoir.info/L-alienation-linguistique-chroniques.html

et le très utile

http://www.languedutravail.org/

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