RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
Les Etats-Unis perdent l’accès à la vie privée européenne.

Le Parlement européen a repoussé un Traité Antiterroriste avec Washington

Depuis les attentats de septembre 2001, les pays de l’Union Européenne avaient partagé avec les États-Unis des informations sur des transferts bancaires des citoyens européens. Hier ils l’ont repoussé malgré le lobby conservateur.

En désobéissant aux ordres des gouvernements des Etats membres, le Parlement Européen repousse un traité de lutte antiterroriste qui aurait permis aux États-Unis de continuer d’avoir accès à l’information sur les transferts bancaires.

Depuis les attentats de septembre 2001, les pays de l’Union Européenne avaient partagé avec les États-Unis des informations sur les transferts bancaires des citoyens européens. Selon Washington, il s’agit d’une mesure essentielle pour suivre le financement d’organisations terroristes et de cette façon empêcher des attaques. L’accord n’a jamais eu de caractère formel et l’accès à l’information fut unidirectionnel - les États-Unis pouvaient voir les données des citoyens européens mais pas vice versa.

Cet arrangement a été critiqué par divers parlementaires européens, puisqu’il a été conclu à portes fermées et dans le dos de la citoyenneté. Dans le passé, Washington a été accusé d’abus de pouvoir pour l’utilisation sans discernement de l’information. « Je suis contre le fait que des organisations comme la CIA obtiennent des information sur des citoyens européens avec l’excuse de lutter contre le terrorisme », a affirmé un eurodéputé communiste grec.

Hier, le Parlement Européen a repoussé la proposition, 378 votes contre 196. L’accord cherchait à régulariser le fait que Washington ait un accès aux transferts bancaires réalisés par l’entreprise Swift basée en Belgique. SWIFT contrôle les transferts de milliers de banques, y compris la majorité des banques européennes.

Durant les jours précédant le vote, il y a eu des tentatives désespérées de la part des gouvernements européens et des autorités étasuniennes pour inverser la tendance. La secrétaire d’État des Etats-Unis Hillary Clinton s’est rendue d’urgence à Bruxelles pour presser les députés européens de voter en faveur du traité.

Parmi les pays membres, une vaste majorité appuyait le traité. Pas tant par la peur des terroristes que par la crainte de perdre les faveurs de Washington. L’accord était majoritairement défendu par les partis conservateurs européens, qui craignaient qu’un vote négatif n’affecte les relations avec les Etats-Unis. Cependant, même le gouvernement de centre gauche de José Luis Rodriguez Zapatero - celui qui occupe actuellement la présidence tournante de l’UE - a fait tout son possible pour que l’accord aboutisse. C’est que la plupart de gouvernements européens s’étaient inclinés devant les pressions massives venant de Washington.

Le président conservateur de la Commission Européenne, José Manuel Barroso, avait désespérément essayé de vendre aussi l’accord aux députés européens et à l’opinion publique, affirmant qu’il s’agissait d’un mécanisme fondamental pour la lutte antiterroriste.

La conservatrice suédoise Ceclia Malmström, actuelle commissaire des Affaires Européens, a fait une dernière tentative pour sauver le traité - en essayant d’ajourner le vote - mais sans succès.

En novembre 2009 les ministres de l’Intérieur européens avaient approuvé l’accord de manière intérimaire. Sous pression de Washington, l’approbation du traité était cherchée avant que le Traité de Lisbonne n’entre en vigueur - ce qui donnait un pouvoir de décision au Parlement Européen - quelque chose que les États-Unis voulaient éviter.

Maintenant, après le rejet de la part du Parlement Européen, ce qui a été consenti précédemment n’est plus valable. Beaucoup de leaders à Bruxelles ont commencé à reconsidérer la portée des réformes établies par le Traité de Lisbonne. Parmi les changements, le traité qui est entré en vigueur le 1er janvier 2010 augmente substantiellement les pouvoirs du Parlement Européen, organe législatif de l’UE.

En tant qu’unique institution choisie directement par un vote populaire, le Parlement Européen a une plus grande légitimité face à la citoyenneté européenne par rapport à d’autres organes de l’UE. Le fait que les députés européens soient élus au suffrage universel marque une différence substantielle face à la Commission et au Conseil dont les membres sont choisis. De même que le fait que les députés européens soient directement responsables face à la citoyenneté les rend plus sensibles à l’opinion de la population et moins sensibles aux pressions de Washington et d’autres intérêts.

La décision a laissé les chefs d’État des pays membres furieux et inquiets par le tour inattendu des événements et le rôle croissant du Parlement Européen.

Nicolás Nagle
Página 12. Depuis Bruxelles, le 12 Février 2010.
http://www.pagina12.com.ar/diario/elmundo/4-140109-2010-02-12.html

Traduit de l’espagnol pour El Correo par Estelle et Carlos Debiasi.
http://www.elcorreo.eu.org/article.php3?id_article=4645

URL de cet article 10014
  

L’Affaire Assange, histoire d’une persécution politique
Nils MELZER
L’affaire Assange, c’est l’histoire d’un homme persécuté et maltraité pour avoir révélé les sordides secrets des puissants, notamment les crimes de guerre, la torture et la corruption. C’est l’histoire d’un arbitraire judiciaire délibéré dans des démocraties occidentales qui tiennent par ailleurs à se présenter comme exemplaires en matière de droits de l’homme. C’est l’histoire d’une collusion délibérée des services de renseignement dans le dos des parlements nationaux et du grand public. C’est (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"cette cloture a été placée pour votre protection. Ne vous en approchez pas, ne tentez pas de la traverser ou nous vous tirerons dessus".

panneau (en anglais) accroché sur une cloture de fils de fer barbelés qui entoure la ville d’Abu Hishma (Irak)

Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.