Ne soyons pas des altermondialistes benêts !

Du 1er au 9 août 2009, à Notre-Dame-des-Landes (44), la « Semaine de résistance » visait à mobiliser les organisations militantes et les citoyens contre un projet local de nouvel aéroport, et plus largement, à débattre des politiques de lutte contre le changement climatique. A cette occasion, un débat politique intitulé « Comment les politiques prennent en compte l’écologie » a été organisé le 7 août. Il a rassemblé 500 personnes. Les intervenants étaient Yannick Jadot et François Dufour (Europe Ecologie), Jean-François Pélissier (Alternatifs), Corinne Morel-Darleux (Parti de Gauche), Aurélien Bernier (M’PEP), Vincent Liegey (Europe Décroissance), Christine Poupin (NPA), et Bernard Frot (Mouvement écologiste indépendant).

Vous trouverez ci-dessous l’intervention d’Aurélien Bernier pour le M’PEP.

Dans son avant-dernier livre, Comment les riches détruisent la planète (Seuil), Hervé Kempf s’en prend à juste titre aux « écologistes benêts ». Qu’ils soient militants associatifs ou politiques, les écologistes benêts sont ceux qui ne voient le monde qu’à travers la crise écologique en oubliant la crise sociale. Ceux qui défendent une écologie qui ne serait « ni de droite ni de gauche ». Ceux qui prétendent sauver les écosystèmes sans mettre fin au capitalisme.

Depuis la parution de ce livre en 2007, les écologistes benêt n’ont pas disparu, bien au contraire. Les choses se sont même aggravées. A présent, certains vont jusqu’à assumer sans le moindre complexe un capitalisme vert qui nous promet des éoliennes et des centrales photovoltaïques par milliers, mais sans la moindre remise en cause de l’ordre économique mondial qui tente même d’y puiser une seconde jeunesse.

Aller au fond des choses

Face à cette offensive extrêmement dangereuse, nous ne devons pas être nous aussi des militants politiques ou des altermondialistes benêts. Pour cela, il faut bien-sûr promouvoir une écologie clairement antilibérale, mais surtout, il faut aller au fond des choses. Ce qui n’est actuellement pas le cas. Nous avons travaillé pour imaginer le monde idéal que nous aimerions construite. Mais le mouvement altermondialiste ne dit jamais comment sortir concrètement et rapidement du néolibéralisme. Pour illustrer cette forme d’autocensure, prenons trois exemples.

Premièrement, l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Dix ans après le contre-sommet de Seattle, le mouvement altermondialiste n’a toujours pas de discours clair au sujet de cette institution. Nous entendons parler de réformer l’OMC, de limiter ses pouvoirs. Nous entendons dire qu’il faut « sortir l’agriculture des compétences de l’OMC ». Mais que faut-il comprendre ? Qu’il faut y laisser les services et l’industrie ? Qu’il faut laisser l’OMC empêcher toute mesure ambitieuse de protection de l’environnement au nom de la libre-concurrence ? Soyons clairs. L’OMC est un rassemblement de fanatiques ultralibéraux. Elle n’est pas réformable, et il faut tout simplement en sortir.

Deuxième exemple : le protectionnisme. Depuis des années, nous observons et dénonçons les ravages que produit la mondialisation néolibérale sur le plan social et sur le terrain de l’écologie. Le libre-échange, qui met en concurrence les pays à bas coûts de main d’oeuvre et les pays développés et qui produit de façon inévitable un alignement vers le pire, est le véritable coeur de cette mondialisation néolibérale. Il faut donc en finir, et le seul moyen d’y parvenir rapidement est d’instaurer un protectionnisme écologique et social sur des bases universalistes. Taxer aux frontières les productions qui polluent et qui ne respectent pas un certain nombre de critères sociaux ne signifie pas se replier sur notre petit territoire national, mais vise au contraire à jeter les bases d’un commerce réellement équitable à l’échelle de la planète.

Enfin, le dernier exemple constitue le principal tabou des mouvements sociaux, et il s’agit bien évidemment de la question européenne. Si un gouvernement de gauche "’ la vraie gauche antilibérale, cela va de soi "’ arrivait au pouvoir en France, la quasi-totalité de ses propositions se heurterait aux traités, aux directives et aux règlements européens. Nous le savons tous. Interdire les OGM, développer les services publics, mettre en place une fiscalité de justice sociale... Tout cela est interdit par le droit communautaire. Nous savons pertinemment qu’une fois au pouvoir, nous devrions pratiquer la désobéissance européenne et construire du droit national qui, parce qu’il serait socialement juste et soucieux de l’écologie, serait contraire au droit européen. Nous le savons tous, mais seul le M’PEP ose le dire et le revendiquer. Pourquoi ? Ce silence est incompréhensible, alors même que l’abstention atteint des sommets, que l’altermondialisme s’essouffle et que le fatalisme n’a jamais été aussi présent.

Organiser la contre-offensive

L’enjeu de cette clarification, qui concerne tous les militants de la gauche et de l’écologie politique, est énorme. Nous ne pouvons plus l’éviter, sauf à nous contenter de luttes de résistance (contre un projet d’aéroport, contre une fermeture d’hôpital, contre une parcelle d’OGM...) sans jamais passer à la contre-offensive. Or, nous devons reprendre la main. C’est en étant cohérents et crédibles que nous redonnerons aux citoyens l’espoir de changer le cours des choses et, qu’au final, nous gagnerons.

Aurélien Bernier
http://abernier.vefblog.net/

secrétaire national du Mouvement politique d’éducation populaire (M’PEP), auteur du livre « Le climat, otage de la finance », 2008, Mille-et-une-Nuits.

Le 9 août 2009

COMMENTAIRES  

12/08/2009 11:01 par Vladimir

SORTIR DE LA BULLE DU POLITIQUE CLASSIQUE ? ou etre detourné.... :

Jeudi dernier (le 06 août) un évènement c’est produit près de Nantes : le pillage d’un super marché par plusieurs dizaines de personnes. En avez-vous entendu parlé ? moi non.

Je m’intéresse donc à cette info. Premier réflexe : Google News, et là je trouve un article sur Europe 1. Rien sur Le Monde, ni sur Libération, ni sur Rue 89. Tiens tiens, ça excite ma curiosité.

Je poursuis donc par mes sources d’info alternatives, et tombe sur cet article dans le Jura Libertaire, reproduit intégralement ci-dessous, avec en plus une revue de presse consacrée à l’évènement.

Je note que cette action se voulait éminemment politique, qu’elle n’a pas été reprise par les grands médias à l’exception de Europe 1 qui passe sous silence la dimension contestataire et politique de l’évènement et de Marianne.

Je ne prend pas de position sur cet évènement, je n’en connais que trop peu d’éléments pour pouvoir émettre une opinion mesurée, mais j’ai souhaité vous rapporter ici la façon dont les médias nous manipulent en sélectionnant les infos qu’ils nous donnent en pâture au 20h00. En d’autres circonstance, le vous mets mon billet que cet incident aurait fait la une du 20h00, avec des images bien trash de rayons saccagés, d’un patron passant de l’ire aux larmes et de salariés choqués.

Et bien sur personne ne serait revenu sur cette info, sauf peut-être dans la presse écrite et sur Internet. Mais qui lit encore la presse papier ? qui va chercher l’info sur Internet ? Pas la très grande majorité des télespectateurs de TF1, France 2 et M6, qui sont également des électeurs.

Manipulation médiatique : l’exemple du super-marché pillé le 6 août près de Nantes
lundi 10 août 2009 (11h29)

De Bluboux

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article89908

Pour voir l’article complet, cliquez sur le lien suivant :

Le Jura Libertaire

Vendredi 7 août 2009

Camp Climat : Autoréduction au Super U de Vigneux

Aujourd’hui à 12 heures, une centaine de personnes masquées ont réquisitionné de la nourriture au Super U de Vigneux pour alimenter le camp Climat.

Festoyons ensemble !

http://juralibertaire.over-blog.com/article-34678233.html

l’autre façon de faire de la politique,puissions nous y arriver un jour :

Sur la route de Tegucigalpa, avec le Père Andrés Tamayo

Marche Honduras Anti- Coup Defie Media conviction qu’ils n’existent pas

Par Belén Fernández
Spécial pour The Narco Bulletin Nouvelles

10 août 2009

Août 10, 2009, Catacamas-AUTOROUTE TEGUCIGALPA, HONDURAS : Myriad marches anti-coup, en provenance de différentes régions du Honduras, ont été fusionnés en huit et sont mis à converger demain, 11 août, sur les villes de Tegucigalpa et San Pedro Sula......

http://narconews.com/Issue59/article3756.html

12/08/2009 14:49 par Ganapati

Ne soyons pas benêts,

refusons les mensonges
- les ours polaires ne sont pas près de la disparition
- le pôle sud ne fond pas plus que de raison.
- il n’y a pas de consensus scientifique sur un réchauffement climatique anthropique
- l’augmentation de CO2 atmosphérique suit l’augmentation des températures océaniques

Soyons pragmatiques

Les ennemis désignes du capitalisme, le CO2 et les terroristes, sont-elles des menaces réelles ou des moulins à vent ?

13/08/2009 10:36 par misraf

l’ecologie europe c’est la releve de la defunte organisation altermondialiste qui a vendu ce qu’elle avait a vendre en l’ occurence ""la globalisation""""la mondialisation""
""la financiarisation a outrance"".maintenant cohen bendit va se charger de vendre la necessité de mettre en bourse l’air que nous respirons pour nous protegez des pollutions nuisibles et nous faire admettre que le capitalisme a changer de couleur et qu’il est devenu vert, humain et genereux.Au momment justement ou toute la planete est assujetie aux lois implacables du profit et du productivisme. sacré cohen va !!!

13/08/2009 16:12 par Ignatius

Bonjour

1- Merci au Grand Soir de reprendre ce texte d’Aurélien Bernier car sur le site du M’PEP, pas de possibilité de placer un commentaire.

2- Très bien de ne pas être un "écologiste benêt" ; mais encore faudrait-il être un "écologiste". Car sinon, cela donne à entendre que tous les écologistes seraient des "benêts".

- Ecrire qu’il est nécessaire d’être "écologiste" ne signifie pas que c’est suffisant : évidemment !

- Je reçois une lettre de diffusion du M’PEP (merci à celui qui m’a abonné ;=) ; la dernière m’informait d’une Lettre du M’PEP au Front de Gauche. Je n’y ai trouvé qu’une seule occurrence de "écolo" : pour évoquer "Europe-Ecologie". Dois-je alors déduire de cette absence que pour le M’PEP tous les écologistes sont des "benêts" ?

3- J’en viens aux 3 exemples "concrets" donnés dans son intervention : OMC, protectionnisme et Europe.

- Le type même d’exemples "abstraits" ; au sens où "abstraire", c’est séparer les choses, les "extraire".

- Car en réalité, la critique d’Aurélien Bernier est "abstraite" car, quoi qu’elle en dise, elle ne va pas "au fond des choses".

- Le "fond des choses", c’est la question du pouvoir. Faire de la conquête du pouvoir un préalable du changement de la société, c’est répéter les mêmes erreurs historiques du "socialisme réel" et de la "social-démocratie". Après les "déçus de la gauche", les futurs "déçus de l’Autre gauche" ?

- Peut-on faire autrement ? Peut-on changer la société sans prise préalable de pouvoir (de l’Etat, dans les régions, etc.) ?

- Vendredi dernier, lors du débat, il m’a semblé que les Objecteurs de Croissance proposaient une "véritable stratégie de transformation", c’est-à -dire une critique cohérente et anti-systémique du capitalisme, en combinant les expériences des alternatives concrètes et des contre-pouvoirs dans les luttes sociales avec un projet de société, sans dédaigner la visibilité électorale : bref, de quoi commencer sans attendre non pas une "contre-offensive » mais une sortie définitive du capitalisme.

Merci d’avoir lu jusqu’au bout.

25/08/2009 15:55 par Temas

Très bon article, tout d’abord.
Mais il me semble que le cheval de bataille n’est pas d’être écologiste, ou "écologiste benêt", mais bien (vous n’allez pas me contredire) l’ordre économique mondial capitaliste qui sème la terreur partout où il impose sa doxa. Je lis dans les commentaires que c’est un bon article, encore suffit-il d’être écolo. En clair, dans un monde (utopique) sans exploitation, sans de profits industriels énormes des multinationales, sans esclavage, et de rapports de dominations, où le seul modèle d’agriculture entre autre devient l’agriculture biologique et saine, il n’y aurait plus besoin de parler d’écologie. Se dire écologiste n’a aucun sens si l’on continue de manger des haricots verts d’Ethiopie et des tomates d’Espagne en décembre. En clair, dès que l’on rentre dans un supermarché, on laisse notre altermondialisme sur le seuil des portes coulissantes pour devenir consomm-acteurs cautionneur du capitalisme. Bravo pour cet article en tout cas.

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