Syndicat

Le mot " syndicat " est l’un des plus beaux mots de la langue française. Son origine est grecque. Il signifie " rechercher ensemble ce qui est juste " .

Qu’y a-t-il de plus beau que de parler ensemble, d’échanger des informations, de prévoir ensemble, d’établir des objectifs communs ensemble, de lutter ensemble ? Je plains les salariés non syndiqués, même s’ils représentent la grande majorité. Leur vie professionnelle n’est que solitude, repli sur eux-mêmes en cas de coups durs. Ils prêtent leur pauvre flanc au discours dominant et aux pratiques de ceux à qui ils vendent leur force de travail.

Peut-être mon analyse est-elle un peu biaisée : mes parents, un de mes grands-pères étaient syndiqués, et j’ai derrière moi quarante années de carte syndicale dans un syndicat auquel est également affiliée mon épouse. S’il me fallait revivre ma vie professionnelle, je ne pourrais la concevoir sans le regard, l’écoute, l’appui d’autres, sans une réflexion personnelle mise au service d’autres, sans penser ma cause, mes intérêts personnels par le prisme de ceux des autres.

Je suis très attristé de voir à quel point dans le milieu enseignant - le seul que je connaisse vraiment - la notion de syndicat, le simple réflexe de penser les choses ensemble, donc de faire, au plein et noble sens du terme, de la politique, tend à devenir une obscénité, « a dirty word », comme on dit outre-Manche, dans un pays où, justement, depuis quarante ans, les " unions " ont été laminés, jour après jour, par des initiatives parlementaires et gouvernementales en provenance des deux grands partis.

Les salariés qui ont pris ce train ont tort car, en face, on sait ce que se syndiquer veut dire. Les syndicats patronaux pullulent, sont disciplinés et organisés, et ils n’ont pas même besoin des escroqueries à échelle phénoménale de tel continuateur des deux cents familles pour être puissants et riches.

Je sais bien que, dans quantités d’entreprises françaises, il est impossible de se syndiquer sous peine de subir du harcèlement débouchant sur une démission ou un renvoi. La chute du taux de syndicalisation dans la fonction publique est le fait des salariés eux-mêmes, même si je n’oublie pas la formidable pression des superstructures qui vantent l’individualisme, les solutions personnelles, bref la débrouille.

Dans la lutte contre la Loi Pécresse, les universitaires qui n’ont pas rejoint le mouvement étudiant, alors qu’ils avaient marqué leur sympathie deux ans plus tôt lors de l’affaire du CPE qui les concernait moins directement, firent du sarkozysme même s’ils n’avaient pas voté pour lui. Ils furent " pragmatiques " , recherchant " l’efficacité " et voulant" responsabiliser " les étudiants, par exemple en augmentant les droits d’inscription. Bref, ils réagirent en usagers. Une porte d’amphi bloquée les fit tout autant se hérisser qu’un métro à l’arrêt. S’ils avaient agi en citoyens, s’ils avaient bien voulu se souvenir que ce n’est pas aux malades de payer pour leur maladie ou aux étudiants de payer pour leurs études, le pouvoir n’aurait pas triomphé aussi aisément.

Si les syndicats étaient beaucoup plus représentatifs, ils feraient office de réels contre-pouvoirs, on entendrait beaucoup mieux leur parole collective. Sun dikê.

COMMENTAIRES  

02/06/2008 12:54 par SophinetteK

Hélas..
Les syndicats généralistes véhiculent aujourd’hui une image désuète, ringarde.. Je vous laisserez lire à ce sujet le texte "nous on veut vivre" mis en lien, texte rédigé par un collectif lycéen en mai dernier.

La plus que centenaire Dame CGT c’est merguez et vin rouge.. C’est à cela que ce résume la représentation mentale du syndicalisme de la jeunesse d’hier, maintenant travailleurs (ou chômeurs !) et d’aujourd’hui : travailleurs (chômeurs ?!) de demain.. La CFDT c’est le syndicat qui signe.. Notamment les retraites en 2003 ou en 2008 pour les infirmiers de la FPH (Fonction publique hospitalière)c’est le paiement des heures sup (légions dans ce secteur) et le rachat des jours CET (compte épargne temps) à un prix défiant toute concurrence (minorées jusqu’à 25% pour les plus qualifiés et les plus "anciens").. La CFTC, FO se meurent en douceur.. Il ne reste guère que ces gauchos de SUDistes ; syndicalisme contre lequel F Hollande (socialiste je crois) appelle à la lutte. Reste le syndicat corporatif.. Mais il ne fait pas forcément meilleure recette.

Comment voulez-vous que le salarié lambda aie confiance en ce terne syndicalisme ? Les manifestations, sont codifiées, chacun sous son étendard et à sa place, bien réglées au pas d’une marche funèbre et pour finir le stand merguez et les discours lénifiants des organisateurs avant de s’en retourner tranquillement à ses petites occupations. Et pour quels résultats ?

Je suis d’accord il est important de se syndiquer étant moi même déléguée syndicale et militante pour la cause de l’hôpital public et la reconnaissance de ma profession.. Cela me parait même essentiel mais le syndicalisme traditionnel ne répond peut-être plus aux besoins et aux attentes des salariés..

03/06/2008 13:51 par Mélanie

Une autre action pour les retraites et pour viser à demander aux syndicats d’agir :


Appel aux organisations syndicales sur la "réforme" des retraites.


A l’attention de : Syndicats de salariés du secteur public et privé

Nous salariés du public et du privé, demandons que soit en préalable régularisées ces importantes questions, avant toute nouvelle réforme équitable des retraites.

1/ Sur les recettes exonérées, visées par la Cour des Comptes :

- La taxation immédiate des stock-options, qui, selon les termes du dernier rapport constituent "bien un revenu lié au travail, donc normalement taxable", qui ont ainsi entraîné une "perte de recette aux alentours de 3 milliards d’euros" ( année 2005).
Ce rapport de la Cour des Comptes précise que : les 100 premiers bénéficiaires devaient toucher chacun une plus-value de plus de 500.000 euros et les 50 premiers de plus de 10 millions d’euros.

2/ Sur les dettes de l"Etat :

- Apurement de ses dettes, supérieures à 10 milliards d’euros, qu’il a cumulées à l’égard de la "Sécu" en ne compensant pas systématiquement les exonérations de charges (rapport Cour des Comptes).

3/ Sur les recettes de privatisations :

- Transfert des sommes non versées depuis 2002 vers le fond de réserve des retraites, comme la loi le prévoyait.

A savoir que ce fond était abondé à hauteur de 30 milliards d’euros en 2002. Il aurait dù étre à hauteur de 300 milliards en 2007, or 3% seulement des recettes de privatisations effectuées depuis ont alimenté ce fond de réserve.

4/ Sur les gains de la VAB, détournées des bénéfices du travail, vers les profits :

- 8,4 points de valeur ajoutée depuis 25 ans (référence INSEE), représentant pour la seule année 2006, 134 milliards d’euro, au détriment des bénéfices du travail.

5/ Sur les "niches" fiscales :

- 254 "niches" fiscales qui permettent à 3900 gros contribuables d’échapper à tout impot sur le revenu, privant l’Etat de 43 milliards de recettes, une somme supérieure au déficit budgétaire.

Nous demandons avec force et en préalable également, pour des raisons de simple justice et d’égalité des citoyens devant la loi, de morale républicaine, que le régime spécial de retraite des parlementaires soit réformé, pour l’aligner sur les critères que ces derniers décident, votent et font appliquer aux autres régimes de retraites des citoyens.

A savoir :

1/ passage à 40 années de cotisations au lieu de 37,5 années pour les parlementaires.

2/ abandon du scandaleux privilége de la double cotisation qui ne se justifie en aucun cas, permettant aux parlementaires de bénéficier d’une retraite à taux plein au bout de 22,5 années seulement de cotisations.

Nous appellons pour toutes ces raisons, les organisations syndicales du public et du privé, à s’emparer avec force et résolution de ces questions, pour les faire valoir au nom des salariés.

Merci de bien vouloir signer, divulguer et faites connaitre cet appel SVP.
N’oubliez pas de valider votre signature dans le mail de confirmation qui vous sera adressé.

Pour signer l’appel :
http://www.ohfr-redir.com/1434

08/04/2015 23:31 par chb

Tristounet constat, toujours d’actualité.
L’édito de S Halimi en avril 2015 prouve la nécessité de syndicats (et d’un PC ?) forts, représentatifs, capables de former et de mobiliser leurs membres. Or, tout cela a quasiment disparu au cours des ans, des luttes ratées, des présentations médiatiques généralement venimeuses, des encroûtements et compromissions aussi.
Et puis la mode n’est plus au collectif, ni au choix assumé (cf le succès du vote blanc, revendiqué comme une expression démocratique !)...
Peu d’écho donc pour la grève générale + manif parisienne de demain, malgré l’appel intersyndical depuis 1 mois et demi, malgré l’urgence des revendications portées, malgré la brutalité des attaques aux droits des salariés et au service public, malgré l’hypocrisie patente du gouvernement "de gauche", malgré la multiplication des luttes syndicales et l’augmentation de l’exclusion sociale.
C’est plus ce que c’était, ma pauv’. Le syndicalisme lui-même n’ose plus.

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