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Uribe, les Etats-Unis et le camouflet à la France

troupes vénézueliennes en patrouille aux frontières

Il y avait bien des négociateurs français

Il est clair que la Colombie et les Etats-Unis ont beaucoup de mal à expliquer qu’il y aurait connivence entre Chavez , Correa et les FARC pour pratiquer le terrorisme international. D’abord parce que d’autres pays étaient impliqués, non seulement la France mais aussi l’Espagne et la Suisse. Nous allons voir jusqu’à quel point. D’autre part, la thèse de la lutte contre le terrorisme international, qui justifierait tout de la part des Etats-Unis, a du mal à passer dans le continent latino-américain. Ce sous-continent ne cesse de subir le terrorisme d’état des Etats-Unis qui, soit directement soit par le biais d’hommes de main qu’ils protègent comme Posada Carriles (*), assassinent des hommes d’Etat, déstabilisent des gouvernements élus et installent des assassins formés à leur école (**).

Il faut bien comprendre que ce qui s’est passé en Equateur a soulevé l’indignation générale. En France, les médias aux ordres ont bien tenté de faire porter le chapeau de la crise andine à Chavez, aux FARC ou à toute autre victime (1). Mais de toute la planète est venue la réprobation. Les Etats-Unis paraissent bien isolés avec leurs alliés criminels et voyous, Israël et la Colombie. Notre presse servile tente encore de nous cacher ce qui paraît de plus en plus évident : il y avait des négociateurs français à proximité de Reyes et ils préparaient la venue de Sarkozy.

Nul n’ignore désormais que l’incursion en Equateur et l’assassinat ont été préparés par l’armée nord américaine jouissant de techniques sophistiquées. Le résultat sur le fond est que cette crise témoigne de la perte d’influence du président Bush. L’OPEP, à laquelle appartient Chavez, a refusé d’augmenter la production pétrolière après la flambée des cours, malgré la demande de Bush. Les pays pétroliers lui ont répondu que cette augmentation ne dépendait pas d’eux. On ne saurait être plus clair. Même attitude de l’Organisation des Etats d’Amérique (OEA) qui a longtemps été le symbole de la vassalité de l’Amérique latine aux Etats-Unis. Lors de sa réunion d’urgence, cette organisation a condamné l’incursion en Equateur. Et voici que la France, partie prenante dans cette affaire, puisque c’est bien en préparant l’accueil du président français pour récupérer Ingrid Bétancourt que Reyes et 16 compagnons et compagnes ont été assassinés en territoire équatorien (2), continue à discuter avec Chavez la libération de la franco-colombienne. La France paraît plus décidée que jamais à obtenir cette libération, quitte à envoyer 10 bataillons à la frontière pour éviter un coup fourré de Uribe et Bush.

Dans toute l’Amérique latine, aujourd’hui 6 mars, dans toutes les capitales, y compris à Paris, vont défiler des centaines de milliers de personnes qui vont réclamer la paix en Colombie et désigner le système mafieux et l’allégeance de ce pays aux Etats-Unis. Ces manifestants vont dénoncer le rôle de ce pays qui est devenu la plate-forme des Etats-Unis et d’un véritable terrorisme d’Etat contre ses voisins. Dans ce pays s’imbriquent des phénomènes dont peu de gens sont au courant en Europe : les liens étroits entre les Etats-Unis et le terrorisme qu’ils font régner dans toute l’Amérique latine, les trafiquants de drogue et les paramilitaires payés par l’oligarchie qui font régner la terreur dans la paysannerie indigène (3). Sans cette connaissance de la région il est impossible de comprendre qui sont les FARC et comment ils ont été contraints de devenir guérilleros pour échapper à ce système qui a fait des milliers de morts de syndicalistes et de journalistes. Donc les manifestations qui auront lieu aujourd’hui réclameront la paix, l’indépendance et la fin du terrorisme d’Etat pour la Colombie et elles prendront aussi l’allure d’un hommage à Reyes et ses compagnons autant qu’une exigence de libération des otages.

Si chez nous, les milliards déversés dans nos médias, l’incurie intellectuelle de nos journalistes et le poids d’un système de propagande peuvent entretenir l’idée de la criminalisation des FARC, voir d’une réaction outrée de Chavez, cette position a du mal à contenir la réalité des faits et surtout l’incontournable évidence de la condamnation unanime de l’Amérique latine et le rôle joué dans l’assassinat par la négociation avec le président français.

Les négociations entre Sarkozy et Chavez se poursuivent

« Le président de la République s’est entretenu aujourd’hui par téléphone avec le président vénézuélien, Hugo Chavez, pour évoquer la situation régionale et la question des otages en Colombie », a annoncé dans un communiqué le porte-parole de l’Elysée, David Martinon.

Peu auparavant, M. Chavez a indiqué depuis Caracas avoir exprimé sa volonté de paix, dans un entretien téléphonique avec Nicolas Sarkozy. « Les deux présidents ont exprimé le souhait que les récents développements n’enrayent pas la poursuite du processus de libération des otages qui restent aux mains des FARC » (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie), a précisé M. Martinon.

Selon le porte-parole, « devant la montée préoccupante des tensions dans la région andine », le chef de l’Etat français « a réitéré son appel à tous les pays de la région et à tous les acteurs concernés à faire preuve de retenue et de responsabilité, afin que soit rapidement retrouvé le chemin du dialogue et de la coopération ».
M. Sarkozy « a une nouvelle fois remercié le président Hugo Chavez pour ses efforts qui ont permis la libération de six otages », a ajouté M. Martinon.

Les conditions de l’assassinat de Reyes et l’implication française

On sait que le président de l’Equateur, Rafael Correa, avait été personnellement avisé par un coup de téléphone d’Uribe de la mort de Reyes à l’occasion d’une « poursuite à chaud ». Mais l’Equateur avait découvert que non seulement il s’agissait d’un bombardement d’hommes et de femmes endormis, mais aussi que les troupes d’Uribe et les conseillers étasuniens étaient venus en territoire équatorien chercher le corps de Reyes pour l’exhiber triomphalement.

La présidence française paraît avoir été alertée par le même Uribe qui a expliqué aux négociateurs français qu’ils ne pouvaient se rendre sur le lieu fixé - toujours selon la même fiction de la « poursuite à chaud » - et ce quelques heures avant l’ouverture de la négociation.

Ce qu’il faut savoir (et que notre presse servile nous laisse ignorer alors que toute la presse d’Amérique latine et du monde en fait état) est que, en total accord avec Uribe, le président Sarkozy avait trois envoyés personnels en Colombie. Depuis octobre dernier, ils menaient la négociation avec Reyes pour obtenir la libération de la franco-colombienne et ex-candidate présidentielle Ingrid Betancourt. Les trois négociateurs français étaient installés dans une zone proche de celle où l’attaque s’est produite. Le mois dernier, un autre envoyé personnel de Sarkozy avait maintenu une réunion avec le Commissaire pour la Paix, Luis Carlos Restrepo, qui fait partie du gouvernement d’Uribe. A ce qu’il semble, samedi, les trois négociateurs se trouvaient à 200 kilomètres de la zone de l’attaque et se dirigeaient vers une réunion avec Reyes quand ils ont reçu l’appel téléphonique. Le Commissaire pour la Paix les a prévenus de ne pas s’approcher du point de rencontre dans les heures suivantes.

Alors qu’Uribe avait donné des garanties pour qu’ils traitent de la libération des otages, il a violé sa parole avec l’aide des Etats-Unis, dont il est l’homme des basses oeuvres. D’ailleurs, seul Washington a soutenu le président colombien.

La presse latino américaine fait état de la présence des négociateurs français et du processus engagé. Le camouflet a donc été infligé non seulement à Rafael Correa et à Hugo Chavez mais aussi à la France.

Il faut toute la vassalité française aux Etats-Unis pour qu’il n’y ait pas d’incident diplomatique. Le coup de téléphone du président français à Hugo Chavez était bien le moins que le président puisse faire surtout s’il voulait réellement récupérer Ingrid Bétancourt.

L’isolement d’Uribe et des Etats-Unis

L’entretien téléphonique est intervenu le jour même où l’Organisation des Etats Américains (OEA) se réunissait à nouveau à Washington pour tenter de trouver une issue diplomatique à la crise déclenchée par le raid colombien en territoire équatorien contre la guérilla des FARC.

La Colombie s’est retrouvée isolée avec les Etats-Unis. D’ailleurs Uribe n’a cessé, avec le même embarras que Bush, de souffler le chaud et le froid en appelant à la paix et au dialogue et l’instant d’après en sortant les accusations les plus outrées et les plus fantaisistes contre Hugo Chavez et les FARC.

Face aux annonces de mobilisation de troupes vénézuéliennes et équatoriennes aux frontières colombienne, Uribe a dit qu’il ne mobiliserait pas ses forces armées. Ce qui ne veut strictement rien dire vu que l’armée colombienne, flanquée de « conseillers » étasuniens, est de toute façon en permanence à la frontière et y protège les incursions de voyous paramilitaires, voire de terroristes, contre le Venezuela. Après, il a provoqué les présidents du Venezuela et d’Équateur en les accusant de « connivence » avec la guérilla des FARC, alors qu’il avait donné sa parole de ne pas intervenir.

On imagine bien qu’un tel contexte soulève l’indignation de toute l’Amérique latine et des gouvernements du monde entier. Même si les grandes orgues médiatiques font tout pour créer une situation d’égalité entre l’agresseur et la victime, en entretenant l’opacité et le flou sur la réalité.

Le président vénézuélien Hugo Chávez a accusé Uribe d’être un « assassin » et un « mafieux », ce qui est rude mais parfaitement exact. Même le président du Pérou, Alan Garcia, qui est lui-même suspect des mêmes tares qu’Uribe, a appelé au dialogue. Mais il a précisé qu’il était impossible de ne pas critiquer la violation de la souveraineté territoriale équatorienne.

La Colombie s’est retrouvée isolée avec les Etats-Unis qui ont du néanmoins faire profil bas pour éviter d’être directement impliqués . Le porte-parole du Conseil National de la Sécurité Gordon Johndroe, a exprimé sa surprise « pour l’étrange réaction du président Chávez ». Et plus tard, une déclaration officielle du département d’État disait : « Nous soutenons le gouvernement de la Colombie dans son combat contre les organisations terroristes qui menacent la stabilité et la démocratie ».

Mais Uribe a tenté d’impliquer plus franchement son allié nord-américain, craignant que celui-ci ne le lâche. Le directeur national de la police colombienne, Oscar Naranjo, a révélé dans une conférence de presse que la localisation de Reyes a été rendue possible grâce à une information fournie par la CIA. Selon Naranjo, l’agence nord-américaine avait détecté un téléphone cellulaire que Reyes utilisait sporadiquement. Le chef policier a souligné que l’information a été délivrée aux forces colombiennes environ dix jours avant samedi, le jour de jour de l’attaque. Comme l’a souligné le quotidien El Païs qui rapporte ces faits, « il confirmait que l’opération avait quelques jours de préparation, tandis que se développait y compris la négociation des français avec les FARC et qu’il ne s’agit pas d’une réaction défensive comme l’a argué le gouvernement colombien dans un premier temps. »

Uribe est allé jusqu’à se plaindre du changement d’attitude du président Correa, calme le samedi quand il lui avait téléphoné et « furieux » le dimanche. Il oubliait de signaler qu’entre temps, Correa avait découvert qu’il ne s’agissait pas d’une poursuite à chaud, comme le lui avait affirmé Uribe. Entre temps, Correa a été informé que les guérilleros dormaient lorsque leur campement a été bombardé et, après de brèves consultations avec d’autres gouvernements, il en est arrivé à la conclusion que l’attaque était planifiée depuis longtemps. Uribe avait menti et lui avait caché durant tout ce temps qu’il préparait une incursion sur le territoire équatorien.

Tous les gouvernements, celui d’Argentine, celui du Brésil, ont déployé une intense activité qui a abouti à la condamnation unanime de l’OEA. Parce qu’il s’agissait d’établir les véritables responsabilités pour éviter une guerre que semblent souhaiter les Etats-Unis et la Colombie. C’est d’ailleurs le seul sens que l’on puisse donner à cette expédition meurtrière et en violation de toutes les paroles données. Il s’agissait d’un piège pour déstabiliser la région et tenter d’arrêter le processus de libération et d’unification bolivarienne qui ne cesse de gagner du terrain. Dans cette affaire, les Etats-Unis et la Colombie n’ont pas réussi à entraîner les gouvernements dits « modérés » derrière eux et le rôle joué une fois de plus par Lula et Christina Kichner doit être souligné.

Correa avait sollicité une réunion urgente de l’Organisation des Etats Américains (OEA) pour discuter de la crise mais les Etats Unis ont essayé d’empêcher la convocation. Finalement, les chancelleries sud-américaines, surtout celles d’Argentine, du Brésil et du Chili ont obtenu qu’elle ait lieu et qu’elle aboutisse à cette condamnation et à l’isolement de ceux qui souhaitent que la violence ne s’arrête jamais ici comme au Moyen-Orient, parce qu’elle est la garantie de leur domination et de leur pillage.

Nos médias fauteurs de guerre qui cachent ces réalités deviennent de plus en plus criminels dans une monde où montent les dangers.

Danielle Bleitrach

(1) on aura tout lu, y compris que Chavez était lié aux FARC par le trafic de drogue. Quand on connait un peu la région il y a pourtant des évidences, la drogue ne peut quitter la Colombie que par les zones totalement contrôlés par les paramilitaires et Uribe a des liens avec ces paramilitaires trafiquants de drogue. Alors que Chavez subit de la Colombie voisine des incursions de ces mêmes paramilitaires trafiquants qui déstabilisent le Venezuela, assassinent les syndicalistes et les paysans.

(2) Des rumeurs insistantes font état du fait que c’est en localisant les appels de Chavez à Reyes pour la libération d’Ingrid Bétancourt que l’armée américaine a pu assassiner le porte-parole des FARC. De même aujourd’hui, Chavez a décidé d’employer les grands moyens et d’envoyer des troupes pour mettre en place la récupération des otages et protéger le chef historique des FARC qui paraît s’impliquer lui-même dans cette opération comme pour affirmer la volonté de paix des FARC.

(3) Quand je lis des sondages sur l’opinion de la population colombienne contre les FARC ou le soutien à Uribe, je ne peux m’empêcher de penser à toute cette population, environ 40 %, qui vit dans des conditions de sous développement abominables, depuis les enfants des rues de Bogota, drogués et prostitués, jusqu’aux pauvres péons des zones rurales frappés, violés, menacés par les paramilitaires de l’oligarchie - et je me demande qui a répondu aux sondages…



Rédaction Le Grand Soir :

(*) voir articles sur Posada Carriles, un des nombreux terroristes sous protection des Etats-Unis :
http://viktor.dedaj.perso.neuf.fr/mot.php3?id_mot=59

(**) voir site étatsunien consacré à la dénonciation de cette école de formation de tortionnaires et autres School Of Americas rebaptisée plus pudiquement depuis Western Hemisphere Institute for Security Cooperation http://www.soaw.org/

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