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Auteur : Fethi GHARBI
L’aspiration à la destruction par haine de l’autre et par dégoût de soi

La rage identitaire ou le règne de l’anomie

Fethi GHARBI

« Chers djihadistes, l’Occident s’achève en bermuda [...] Craignez le courroux de l’homme en bermuda. Craignez la colère du consommateur, du voyageur, du touriste, du vacancier descendant de son camping-car !

Vous nous imaginez vautrés dans des plaisirs et des loisirs qui nous ont ramollis. Eh bien,nous lutterons comme des lions pour protéger notre ramollissement [...] Chers djihadistes, nous triompherons de vous. Nous vaincrons parce que nous sommes les plus morts. » Philippe Muray La crise que nous traversons en ce début de millénaire va au-delà de l'économique, c'est une crise de valeurs qui remet en cause les fondements mêmes de cette civilisation marchande à l'agonie.. Les individus dédaignant toute transcendance religieuse et toute utopie se trouvent livrés à eux-mêmes, soumis au règne de l'éphémère. Leurs identités en perpétuelle redéfinition n'étant plus cadrées par un moule collectif deviennent volatiles. Cette identité éclatée née avec ce qu'on s'accorde à appeler la seconde modernité pousse l'individu à se chercher sans cesse de nouveaux repères. Chacun se crée son propre récit auquel il adhère et qui lui donne cet élan vital si nécessaire. Or cette quête permanente et ce flottement des repères sont si (...) Lire la suite »
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De l’art de gouverner le monde

Fethi GHARBI
« Gouverner, c'est faire croire » - Machiavel « Le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas », citation apocryphe dementie par Malraux lui-même mais qui ne cesse d'être ressassée depuis voilà plus ´d'un demi siècle . En 2008, Nicolas Sarkozy n'a pas hésité à nous la resservir toute crue au moment où l'Occident se trouvait pris dans le tourbillon de son choc des civilisations(1), une citation devenue la tarte à la crème de tous et de n'importe qui, chacun y apporte, comme dans les auberges espagnoles, tout ce qu'il souhaite trouver. En vérité, le spirituel chez l'auteur de « La metamorphose des Dieux » est aux antipodes du « retour du religieux » sous sa forme fondamentaliste et identitaire. Mais la pensée de Malraux n'est pas la première à avoir été corrompue. Il faut dire que l'art de la perversion constitue une constante dans la réthorique d'une intelligentsia à la dérive. Cette manie du hold-up intellectuel tendant à vider de sa substance toutes formes de pensées subversives s'inscrit dans ce que (...) Lire la suite »

L’ultime retour des barbares

Fethi GHARBI

« Eh bien, oui, proclame Hitler, nous sommes des barbares et nous voulons être des barbares. C’est un titre d’honneur. Nous sommes ceux qui rajeuniront le monde. Le monde actuel est près de sa fin. Notre tâche est de le saccager... » - cité par Jean-Claude Guillebaud, La Refondation du monde, 1999, Seuil.

« Invasions barbares » est une expression rejetée depuis quelque temps par les historiens allemands et germanophones. Ces derniers lui préfèrent le terme, moins péjoratif, de Völkerwanderung, qui veut dire « marche des peuples » ou « migration des peuples ». La plupart des historiens anglo-saxons parlent aujourd'hui de « Migration Period » pour évoquer cette longue et douloureuse agonie de l’empire romain. Mais tout est affaire de point de vue me diriez-vous. Goths, Vandales, Suèves, Alains, Huns et Burgondes avaient formé les premières vagues d’envahisseurs. Mais ce sont les Francs, les Alemans, les Bavarois, les Lambards et les Avars qui avaient eu raison de l’empire non seulement en le morcelant mais surtout en portant un coup fatal à la culture latine et à la civilisation gréco-romaine. C’est ainsi que sous les incessants coups de boutoirs des tribus germaniques, on assiste à l’effritement d’un état fort et centralisé. L’apparition de formes quasi-primitives de pouvoir a fini par soumettre l’Europe (...) Lire la suite »
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La thérapie de choc ou la maïeutique néolibérale

Fethi GHARBI
« Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres » Antonio Gramsci Nous sommes les témoins et les acteurs d'une époque charnière caractérisée par l'éclipse des repères et par l'éfritement des échelles de valeurs. C'est ce vide insupportable régi par le chaos que viennent investir avec la violence d'un ouragan les obsessions mortifères de tous ces hallucinés de la pureté originelle. Nous vivons en effet une drôle d'époque où les tenants du néolibéralisme le plus sauvage se détournent des pseudo-valeurs décrépites de l'idéologie libérale et s'appuient de plus en plus sur les fanatismes religieux devenus plus porteurs, donc plus propices aux manipulations. Mais cette alliance apparemment contre-nature ne constitue en fait qu'un paradoxe formel. Comme le souligne Marc Luyckx Ghisi, l'intégrisme religieux est ce sacré de séparation qui impose à l'homme de dédaigner son vécu pour retrouver le chemin de dieu . Dans le même ordre d'idées, la modernité, (...) Lire la suite »

Hamadi Jebali ou le triomphe de l’échec

Fethi GHARBI

Les plus éminents stylisticiens ne peuvent que s’incliner face à la beauté de l’oxymore que vient de nous tricoter le chef du gouvernement tunisien, Hamadi Jebali…de quoi faire mourir de jalousie un fin prestidigitateur de l’envergure de Silvio Berlusconi.

Cela a cloué le bec à toutes ces mauvaises langues qui veulent nous persuader que le parti intégriste d'Ennahdha n'est qu'un conglomérat de salafistes obscurantistes et violents et de voyous habités plus par le mercenarisme que par une quelconque idéologie. Grâce à ce tour de passe passe, Jebali et son parti islamiste nous prouvent une fois pour toute qu'ils maîtrisent aussi et surtout l'art du discours. L'opposition tunisienne a compris un peu tard et à ses dépens, du moins je le suppose, qu'Ennahdha compte plus sur une élite de fins sophistes que sur son armada de gros bras qu'il met en scène de temps à autre rien que pour intimider…du moins pour le moment. Faut-il rappeler que le soir même de l'assassinat du très populaire leader de l'extrême gauche Chokri Bellaïd, alors que le pays entier était sous le choc, M. Jebali s'est invité à la télévision pour annoncer qu'il comptait se débarrasser de son gouvernement formé d'une coalition de trois partis dont Ennahdha avant de proposer de former un nouveau (...) Lire la suite »

Les civilisations meurent-elles par suicide ?

Fethi GHARBI
"Quand une civilisation arrive à relever des défis, elle croît. Sinon elle décline. Les civilisations meurent par suicide, non par meurtre" Arnold Joseph Toynbee Si l'on s'en tient à la vision de Toynbee, l'histoire se présente comme l'essor et la chute des civilisations et non comme les péripéties vécues par des État-nations ou des groupes ethniques. Pour définir une civilisation, le culturel l'emporte sur tous les autres critères. Toynbee considère que la "civilisation occidentale" embrasse toute l' Europe occidentale et se distingue à la fois de la "civilisation orthodoxe" de Russie et des Balkans et de la civilisation gréco-romaine qui a précédé. Cet historien se dissocie de la représentation que se font les idéologues de la modernité inscrivant la civilisation occidentale née à la renaissance et la civilisation gréco-romaine dans un même continuum historique et culturel. Toynbee réfute cet accolement factice qui depuis cinq siècles n'arrête pas d'amalgamer pensée grecque et modernité. L'Europe de la (...) Lire la suite »

Libye : « L’aube de l’Odyssée », une contrefaçon de l’épopée homérique

Fethi GHARBI
Ulysse, épuisé par la guerre de Troie, mais assoiffé du désir de retrouver sa douce Pénélope, embarque et entame dans la précipitation un long et périlleux périple. Sa dulcinée lui est apparu e en rêve...majestueuse...son corps élancée, couleur d'ébène, était paré d'or...des diamants atournaientde manière exquise ses cheveux et son cou... ses pieds baignaient dans un parfum enivrant aux senteurs étranges... On est en l'an onze du vingt et unième siècle. « L'aube de l'odyssée » s'annonce tumultueuse. Déjouant le courroux de Poséidon, notre héros loue les services d'Harmattan (*), un vent violent et poussiéreux venant des pays des francs. Un souffle dévastateur pousse le nef vers le sud... vers les rivages de la terre natale...Ulysse n'a qu'une idée en tête : pourfendre tous ces prétendants frustes qui s'agglutinent autour de sa Pénélope adorée. L'histoire est un éternel recommencement... ou du moins c'est ce que prétendent tous ces bonimenteurs qui de tout temps ne font qu'enrober le destin cruel des uns et les (...) Lire la suite »

Où va la Tunisie ?...

Fethi GHARBI

Une chose évidente mais souvent éludée : le monde arabe est gouverné dans sa totalité par des régimes monarchiques. Si les uns comme ceux du Maroc et du Golf s’assument en tant que tels, d’autres se griment lamentablement en se prenant pour ce qu’ils ne sont pas : des républiques. Les monarchies , les vraies, ont si l’on peut dire le mérite d’éviter à leurs sujets les énormes dépenses consacrées aux fausses campagnes électorales et aux élections truquées.

En destituant le Bey en 1957 et en proclamant la république, Bourguiba n'a été pendant tout son long règne que le digne héritier du régime qu'il venait de renverser. Trônant à la tête de sa république en monarque absolu, il a vidé les institutions de toute leur substance. Aucune comparaison avec le présidentialisme gaullien. Quand on reprochait à la Vème république de n'être qu'une sorte de monarchie, De Gaulle la qualifiait d'élective. Si le présidentialisme en France dérive actuellement vers un hyper-présidentialisme asphyxiant, il n'en demeure pas moins que l' institution judiciaire et le pouvoir législatif gardent l'essentiel de leur autonomie face à l'exécutif. Dans un pays comme la Tunisie tout comme en Afrique noire et dans le monde arabe l'empire a imposé des pouvoirs absolus déguisés en républiques fantoches qu'il corrompt pour mieux les tenir en laisse. Le régime de Ben Ali constitue l'illustration malheureuse d'une telle collusion. Pendant plus de deux décennies, une dictature des plus (...) Lire la suite »

Ben Ali, l’arbre qui cache la forêt

Fethi GHARBI
Frappé d'anathème, le clan Ben Ali va jusqu'à susciter l'opprobre des dirigeants français et étasuniens ! Après quelques semaines d'hésitation, les chefs d'états occidentaux se rendent à l'évidence et tournent subitement le dos à leur protégé. "La révolution du jasmin" comme on se plait à la nommer les a désarçonné à tel point qu'ils se mettent à applaudir à l'unisson le soulèvement du peuple tunisien. Voila qu'Obama en personne félicitant ce peuple qui vient de déposer un despote ami du "monde libre" ! Cet étonnant élan pro-démocratique ne peut dénoter qu'une vision confuse des évènements qui ont lieu en Tunisie. Beaucoup confondent ce soulèvement avec les révolutions colorées de l'Europe de l'Est. Certains vont jusqu'à comparer la révolution tunisienne aux manifestations d'une partie des iraniens pendant les dernières élections présidentielles alors que tout le monde sait maintenant qu'elles étaient manipulées en grande partie par les services spéciaux occidentaux. Une telle manoeuvre de récupération frise le (...) Lire la suite »

Ma douce, ma brune Afrique...

Fethi GHARBI

Berceau de l’humanité... l’admettent sans trop y croire tous ces pyrrhoniens opiniâtres, honteux d’une aussi sombre ascendance. L’Afrique n’est pas loin de nous rappeler le destin cruel des héros de la tragédie grecque. Mère désavouée, elle continue de subir les assauts enfiellés d’une progéniture renégate, outrée, semble-t-il, par une filiation aussi peu glorifiante. Des siècles durant, la génitrice noire ne cesse d’être saignée à blanc , déchiquetée par la fureur vampirique d’une descendance matricide.

« Si je savais quelque chose qui fût utile à ma patrie et qui fût préjudiciable au genre humain, je la regarderais comme un crime. » Montesquieu « Pour les intérêts de notre pays, il ne faut pas avoir peur de mettre la main dans celle du diable » Jacques Foccart Qu'il est loin le temps où, crédules mais généreux, croyant à la fin du colonialisme, des visionnaires de l'envergure d'Amed Sékou Touré, de kwamé n'krumah, de Modibo Keita, de George Padmore, de Patrice Lumumba,de Jomo Kenyatta ou d'un Léopold Sedar Senghor rêvaient d'une Afrique renaissant de ses cendres, chacun s'ingéniant à l'atourner au gré de son imagination. Senghor peinait à concilier sa "négritude" révoltée et son fédéralisme candide, lui qui ambitionnait la création d'un Commonwealth à la française. Pour ce poète, l'âge des empires est révolu, les sociétés humaines de demain seront fondées sur la solidarité de langue et de culture. Il voyait dans la francophonie la panacée à tous les maux de l'Afrique française. La langue de l'empire, devenue (...) Lire la suite »
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