Auteur Rosa LLORENS

Wardi : 70 ans après, l’espoir est toujours vivant

Rosa LLORENS
Wardi, du réalisateur norvégien Mats Grorud, est un film d’animation localisé dans le camp palestinien de Bourj el Barajneh, un quartier de Beyrouth. Les trop rares films palestiniens, ou faisant entendre des voix palestiniennes, sont souvent de beaux films. Malgré leurs mauvaises dispositions, les critiques, lorsqu’ils en parlent, au lieu de le nier, mettent plutôt en œuvre divers procédés pour les affaiblir et les neutraliser. Il est donc intéressant de jeter un coup d’œil sur quelques (…)
18 

Sérotonine, la molécule anti-Gilets Jaunes

Rosa LLORENS
La sérotonine est à la mode : dans son best-seller 12 Règles pour la vie. Un antidote au chaos,paru en janvier 2018, le Canadien Jordan Peterson en faisait déjà une panacée face aux problèmes de notre société. Mais que vaut le dernier Houellebecq ? se demandent des critiques. On peut y répondre en posant deux autres questions : pourquoi prend-on plaisir à lire les romans de Houellebecq ? S’est-il vraiment transformé, comme l’affirment certains critiques, en un citoyen solidaire, prophète et (…)

Miracle sur les ronds-points : les Gilets Jaunes réinventent l’esprit de Noël et le Contrat Social.

Rosa LLORENS
La période de Noël est bien souvent une corvée qu’on aborde dans la mauvaise humeur : il faut sacrifier à une obligation de consommation et, pendant un mois, on ne croise plus que des foules moroses, obnubilées par les cadeaux et victuailles à accumuler. Une fois rassasiés, on passe à un rituel tout aussi obligatoire et stressant : les soldes ; et les commerçants d’exiger de nous un esprit de consommation joyeuse. Les dindes et chapons ne sont pas que dans les assiettes : c’est nous qu’on (…)

L’irrésistible déclin d’Emmanuel Macron

Rosa LLORENS
"Le roi est nu", lit-on dans bien des articles sur Macron et la crise des Gilets Jaunes ; on pourrait plutôt dire : "Le roi est creux". Comment cette bulle a-t-elle pu gonfler au point de devenir un président de la République ? Comment a-t-on pu exalter son "charisme", prendre au sérieux ses prétentions jupitériennes ? Début novembre encore, alors que les GJ préparaient leur Acte I, des journalistes de France Info s’extasiaient sur "l’itinérance mémorielle" : quelle culture ! où va-t-il (…)

The House that Jack built : descente aux Enfers et transfiguration de Lars von Trier.

Rosa LLORENS
Commenter un film de Lars von Trier, c’est toujours un work in progress, inachevable, tant il fonctionne sur divers plans à la fois, du plus naïf ou anecdotique au plus critique ou grandiose, du conte pour enfant à l’analyse politique ou au mythe. The House that Jack Built en apporte une nouvelle illustration : partant d’un personnage de fait divers, le serial ailler, et d’une comptine (le titre renvoie à une « chanson à accumulation » – analogue de la chanson française : « Le fermier prend (…)

Un peuple et son roi : un livre d’images sans queue ni tête

Rosa LLORENS
Ce texte n'est pas une réponse à l'article de Guillaume Suing, il était déjà écrit quand je l'ai lu, et le film y est considéré sous un autre angle. Un peuple et son roi : un livre d’images sans queue ni tête. Certains critiques, sceptiques sur le film, hésitent à se montrer sévères, du fait de la rareté des films politiques aujourd’hui. Mais Un peuple et son roi est-il un film politique ? Il manque, pour cela, une réflexion sur la Révolution, une interprétation des (…)

La Pilarica contre Sant Jordi : deux fêtes nationales, espagnole, catalane, aux styles opposés.

Rosa LLORENS
On comprend mal, depuis la France jacobine, les enjeux et le sens de la lutte des Catalans, depuis la fin de la dictature franquiste, pour l’autonomie, pendant trente ans, puis, face au refus de dialogue et à l’hostilité de Madrid, pour l’indépendance. Les différences entre les deux fêtes nationales, qui semblent valider l’image traditionnelle des manuels d’une Espagne "sol y sombra" (ombre et lumière), seront peut-être éclairantes. Le 12 octobre dernier, les Espagnols, y compris ceux de (…)

Mademoiselle de Joncquières et les féministes

Rosa LLORENS
Le film d’Emmanuel Mouret, tiré d’une nouvelle insérée dans Jacques le Fataliste de Diderot, n’engage apparemment pas de grands débats. C’est même le consensus des critiques qui est fastidieux, en particulier sur la subtilité et l’élégance des dialogues, écrits dans une langue XVIIIe, et sur le jeu parfait des acteurs. Sur le premier point, il faut avouer qu’il y a bien des platitudes (on est loin de Marivaux !), que les acteurs s’efforcent de débiter comme des traits d’esprit ; on (…)

La marche, entre "slow life" et "Blitzkrieg".

Rosa LLORENS
La rhétorique de Macron relève d’un logiciel très clair : celui de l’aristocratie néo-libérale et de son programme de reconquête. Ainsi, l’image du "premier de cordée" (et des derniers de cordée) vient d’un sport qui oppose par nature le haut et le bas, l’élite et les manants. Ce n’est pas un hasard si le film de montagne s’est développé dans l’Allemagne de la montée du nazisme : la grande réalisatrice du régime nazi (grande, oui, car ses idées n’annulent pas son talent), Leni Riefenstahl, (…)
11 

Macron chez les Vikings : quand Jupiter se rêve en Odin.

Rosa LLORENS
La déclaration de Macron sur "le Gaulois réfractaire au changement" constitue, politiquement, une forme de félonie : connaît-on un autre exemple de chef d’Etat ou de gouvernement qui profite de ses visites officielles à l’étranger pour casser du sucre sur le dos du peuple qu’il est censé représenter ? Pour moi, il ne me vient à l’esprit que la "boutade" de Léopold Senghor, président du Sénégal, à qui on demandait s’il connaissait la cuisine sénégalaise : "Assez pour préférer la cuisine (…)

Une Pluie sans fin : un coup de tonnerre dans un été aride

Rosa LLORENS
Une Pluie sans fin, de Dong Yue, vous laisse saisi d’admiration, mais perplexe : sous quel angle considérer le film ? une métaphore de la société chinoise post-Mao ? un film de genre (policier) à dimension métaphysique ? un chef-d’oeuvre formel ? un coup de tonnerre qui annonce (ce qui se rapprocherait du titre anglais Looming Storm) la fin de l’hégémonie hollywoodienne ? Le blog du cinéma (Une pluie sans fin : le polar de l’été, article signé : Aurélien) contextualise le film : "Le cinéma (…)

En Guerre : Stéphane Brizé, le Ken Loach français.

Rosa LLORENS
Malgré le proverbe cannois “ Á mauvaise sélection, bon palmarès ” et vice versa, cette année, c’est : mauvaise sélection et mauvais palmarès – même si, il faut le reconnaître, les jurys cannois évitent souvent le pire (comme Les Filles du soleil, film de propagande pour légitimer le dépeçage programmé de la Syrie en présentant un pseudo bataillon de femmes comme le fer de lance des troupes kurdes – féminisme et impérialisme font très bon ménage). On avait donc le choix (si l’on peut dire) (…)