Au fil des boycotts, Israël perd ses alliés (Middle East Monitor)

En faisant durer les négociations, les dirigeants israéliens s’imaginent qu’ils peuvent convaincre tout le monde qu’ils recherchent effectivement la paix. Mais comme le dit l’adage : « on peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps ».

L’isolement d’Israël sur le plan international est finalement devenue réalité. Ces dernières semaines, ceci a été illustré par l’absence des principales personnalités politiques israéliennes aux funérailles de Nelson Mandela, immédiatement suivie par l’imposition d’un boycott académique à l’encontre des universités et institutions israéliennes par l’Association des études américaines (ASA).

Pour de nombreux observateurs, il semble désormais que les nuages activistes se transforment en un déluge de boycotts. Israël est à court d’alliés.

Le simple fait que les journalistes israéliens eux-mêmes évoquent l’augmentation du nombre de boycotts dans leurs articles souligne l’importance des événements actuels. La provocation ouvre la voie à une saine réflexion. Les campagnes de boycott qui ont commencé à voir le jour vers la fin de la seconde Intifada revêtent une toute nouvelle dimension. Loin de se limiter aux produits issus des colonies, ils s’étendent désormais lentement mais sûrement aux produits israéliens en général.

Même les gouvernements qui ont investi sans compter leur temps et leurs ressources dans la recherche d’une paix équitable concèdent aujourd’hui que ceci est lié au fait qu’Israël modifie constamment les règles du jeu. En 1993, six problèmes liés au statut définitif ont été identifiés et ont fait l’objet d’une négociation lors de la signature des Accords d’Oslo : les frontières, Jérusalem, les réfugiés, les colonies, la sécurité et l’eau. Benjamin Netanyahu, Premier ministre en fonction, en a ajouté un septième : la reconnaissance d’Israël en tant qu’« État juif », et, plus récemment, un huitième : le droit de poster des soldats israéliens dans la vallée du Jourdain.

En faisant durer les négociations, les dirigeants israéliens s’imaginent qu’ils peuvent convaincre tout le monde qu’ils recherchent effectivement la paix. Mais comme le dit l’adage : « on peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps. La course au boycott est lancée, et il semble désormais peu probable que la marche arrière puisse être enclenchée.

La liste des pays ayant annoncé des mesures diverses à l’encontre d’Israël s’allonge. Un rapport israélien publié récemment indique que l’Afrique du Sud a refusé d’importer des produits provenant de la mer Morte car ceux-ci avaient été fabriqués par des entreprises opérant au delà de la « ligne verte ». Pretoria va même plus loin en informant un certain nombre de grandes entreprises britanniques et françaises de son intention de cesser toute collaboration avec elles en cas de poursuite de leurs transactions avec les colonies israéliennes. Dans le même esprit, la Cour de justice de l’Union européenne a statué que les produits émanant des colonies ne sont pas israéliens et devraient par conséquent être bannis des marchés européens. Il y a quelques semaines, la Roumanie a décidé de ne plus envoyer de travailleurs en Israël suite au refus du gouvernement de Tel Aviv de lui garantir que ceux-ci ne seraient pas employés dans les colonies.

Les autorités israéliennes, blessées dans leur fierté, n’attribueront sans doute pas beaucoup d’importance à ces événements. Cependant, elles sont réellement effrayées par les conséquences économiques alors que de plus en plus d’européens boycottent non seulement les produits issus des colonies mais également les produits israéliens.

Constatant l’isolation croissante auquel le pays fait désormais face, certains hommes politiques israéliens un peu plus rationnels essaient désespérément de redorer l’image de leur pays. Leur récente rétraction du plan Prawer qui avait déclenché une polémique en visant à la « relocalisation » (terme israélien pour épuration ethnique) de milliers de Bédouins du Néguev illustre cette volonté. Un débat a lieu au sein du parti au pouvoir, le Likoud, pour savoir s’il doit ou non continuer à s’aligner sur le parti Israel Beytenou, réputé pour son discours raciste et dont le dirigeant, Avigdor Lieberman, été réhabilité récemment.

Heureusement, il n’est pas aisé de jeter de la poudre aux yeux à tout le monde. De telles politiques ne suffiront pas à dissimuler le racisme ouvert envers les non-Juifs ou même les Juifs d’origine non européenne qui pervertit la société israélienne, et ce, malgré quelques exceptions symboliques à la règle.

Alors qu’Israël erre dans les profondeurs de l’isolation internationale, peu nombreux sont ceux, israéliens ou non, qui trouvent une explication rationnelle à son auto-destruction. Certains l’attribuent à un ethnocentrisme borné, d’autres l’imputent à un manque de perspicacité. Dans les deux cas, les conséquences sont les mêmes. D’autres pourraient faire remarquer, non sans ironie, qu’Israël a perdu ses points de repère historiques. Le révisionniste Vladimir Jabotinsky n’avait-il pas mis en garde ses camarades sionistes contre le fait que les peuples indigènes résistent à toute domination étrangère ?

Aujourd’hui, Israël est soumis à au moins 20 boycotts différents en raison de sa politique. Tant que le pays persistera à renier les droits nationaux du peuple palestinien, sa réputation au sein de la communauté internationale continuera d’être compromise. Tant qu’Israël défiera la Cour internationale de Justice avec la construction du mur de l’Apartheid et l’occupation de territoires palestiniens, le retour sur investissement de sa politique se limitera au mouvement de boycott. Et le nombre de boycotts semble appelé à augmenter.

Aujourd’hui, Israël est non seulement en conflit avec ses alliés occidentaux, y compris les Américains, mais se trouve également en situation d’affrontement permanent avec eux, tout comme avec une grande partie de la communauté internationale. Le pays a entamé des négociations, non pas pour résoudre le conflit, mais pour éviter d’être isolé davantage et gagner du temps pour pouvoir poursuivre politique coloniale. Pour l’instant, le dilemme auquel Israël est confronté semble se limiter à des problèmes politiques et de réputation, mais les conséquences économiques des boycotts et sanctions se feront sentir tôt ou tard. Ceci permettra peut-être aux Israéliens d’entendre raison et de commencer à faire preuve d’une réelle sincérité dans les négociations visant à établir une paix équitable et durable. Israël est sans doute en train de perdre ses alliés, et pourrait aussi finir, faute de prudence, par manquer de temps.

* Le Docteur Daud Abdallah est directeur du Middle East Monitor

https://www.middleeastmonitor.com/resources/commentary-and-analysis/8903-as-boycotts-mount-israel-is-running-out-of-friends

Traduction : Info-Palestine.eu - Claire L.

 http://www.info-palestine.eu/spip.php?article14312

COMMENTAIRES  

09/01/2014 23:12 par quimporte

On peut mesurer l’isolement auquel est parvenu Israël, en prenant connaissance des positions exprimées à son encontre par l’assemblée générale des Nations Unies qui a proclamé 2014 « ANNÉE INTERNATIONALE DE LA SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE PALESTINIEN ». Seuls Australie, Canada, États-Unis, Israël, Îles Marshall, Micronésie, Palaos ont voté contre.

Qu’elle déclare espérer "LE SUCCÈS DES NÉGOCIATIONS ISRAÉLO-PALESTINIENNES" ne doit pas masquer l’évolution des positions de l’ensemble des pays du monde à l’égard d’Israël et des palestiniens, et la condamnation plus ou moins catégorique ou feutrée, mais presque unanime, de la politique israelienne.

http://www.un.org/News/fr-press/docs/2013/AG11460.doc.htm

17/01/2014 23:42 par Cirederf

Les Francais et les Allemands se sont réconciliés , c’est ce qui pourrait arriver si les habitants de la zone de Gaza et d’ailleurs cessaient d’enseigner à leurs jeunes enfants la haine et le besoin de tuer du juif.

18/01/2014 00:08 par Maxime Vivas

Finalement, il vaut mieux être sourd que d’entendre ça.

21/01/2014 14:37 par Eyrin

Côté enseignement de la haine les israéliens n’ont rien à envier aux palestiniens, plusieurs études israéliennes sur le système éducatif l’ont démontrées.

Sauf que ce n’est pas les Palestiniens qui sont venus colonisés les israéliens, ce ne sont pas les palestiniens qui condamnent plus d’un million de personnes dont une très grande majorité d’innocents à vivre dans une prison à ciel ouvert, ce ne sont pas les Palestiniens qui font tout pour refuser la paix qui ne peut que leur être profitable à la différence des sionistes qui eux perdront la possibilité de s’étendre de plus en plus.
Le seul pas en faveur de la paix d’un gouvernement israélien a été fait par Isaac Rabin qui l’a payé de sa vie à cause d’un vilain terroriste palestinien qui ne voulait pas la paix, quoique...
Ne parlons même pas de la différence de niveau de vie ou la majorité des israéliens vivent comme des occidentaux pendant que la majorité de leurs voisins gazaouis eux vivent comme un pays du tiers monde en plus emprisonnés ou l’attribution de l’eau et de l’électricité est décidé par les matons et leurs terres volées...
Ne faisons pas le décompte des morts des 2 côtés car là ça deviendrait très sérieusement obscène tant il y a différence !

Oui les français ont contraint les allemands à faire la paix MAIS les allemands avaient perdus la guerre et n’occupaient plus la France !
Oui les noirs sud africains vivent en paix avec les afrikaners MAIS avant il y a eu la fin de l’apartheid, un semblant de justice pour les victimes et un minimum de tentatives d’égalité de traitement.
La paix sans un début de justice c’est totalement illusoire.

C’est à Israël de faire le premier pas pour la paix, c’est eux qui sont les plus forts, qui contrôlent tout, qui ont colonisés des terres qui ne leur appartenaient pas grâce à l’entrisme et aux pressions terroristes faites sur le gouvernement britannique.
Jamais ce territoire n’aurait du leur être donné mais il y aurait du avoir réparations en terre européennes de la part des pays responsables de cette horreur qu’a été la Shoah.
C’est eux qui occupent illégalement le Golan afin d’agrandir encore un peu plus leur territoire et d’en voler les ressources en eau qui appartiennent au 100’000 arabes syriens qui ont fuis.

Les concessions les palestiniens ne peuvent plus en faire sauf peut-être arrêter de respirer ou s’exiler et perdre ce qui leur reste de terre qui leur appartient depuis des centaines de générations.
Les peuples du monde entiers (toutes races et religions confondues) sont avec la société civile palestinienne non violente et même une partie des juifs les soutiennent ce qui contraint nos élites politiques et économiques à suivre le mouvement contre leur gré car bien souvent sous influences étrangères.

Les seuls à oser continuer de soutenir la politique colonialiste d’Israël c’est le gouvernement américain totalement sous la coupe d’une minorité communautariste qui le fait au détriment de la vaste majorité des américains qui aux dernières nouvelles n’étaient pas encore sionistes + d’autres micro pays qui vivent grâce aux USA.
Mais le peuple américain en a de plus en plus marre de payer et de soutenir une cause qui n’est pas la sienne surtout que c’est pas comme si les américains ne souffraient déjà pas suffisamment.

Si le sionisme veut vraiment un état juif qu’il se retire de toutes les colonies illégales au regard du DROIT INTERNATIONAL et soutienne la création d’un état palestinien totalement indépendant avec port, aéroport, armée, justice, prison et maitrise de ses frontières.
Car dans l’état actuel des choses cette solution est devenue illusoire et la seule qui sera à terme possible ça sera un état binational laïc ou juifs et musulmans de bonnes volontés vivront en paix.

Le boycott prendra peut-être du temps mais il contraindra le gouvernement israélien à faire les concessions que jamais ils n’ont envisagées.
Ou ils seront au banc des nations ce qui économiquement détruira le pays car plus aucun pays ne peut vivre en autarcie quand bien même certains de son peuple se croient élus de la cuisse de Jupiter !

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