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Brésil. Sur la voie du fascisme ?

147 millions de Brésiliens ont voté dimanche sept octobre.

Alors que les sondages lui accordaient entre 32 et 36% de voix, ce sont 46,03% d’électeurs qui ont voté pour Jaïr Bolsonaro, candidat de l’extrême droite, de la théocratie évangélique néo-pentecôtiste, des gros propriétaires terriens, des industries pesticides et autres poisons, et des lobbys des armes à feu. Le candidat du Parti des travailleurs Fernando Haddad obtient 29, 28 %. Le troisième candidat, de centre gauche, Ciro Gomez du Parti démocratique travailliste, arrive en troisième position avec 12, 47%. Cela s’annonce très mal pour le second tour pour les forces de progrès et les démocrates de ce pays.

Candidat de la bête immonde, dont le ventre est encore fécond, cet ancien capitaine de 63 ans radié de l’armée en 1988 pour infraction grave au règlement disciplinaire et menaces d’actions terroristes à l’explosif, puis innocenté, est largement favori pour le second tour qui se déroulera le 28 octobre. Face à lui le candidat, par défaut, du Parti des travailleurs Fernando Haddad, en l’absence de Lula emprisonné en avril 2018 sans aucune preuve à charge, de l’aveu même de son juge inquisiteur Moro, et éliminé de facto de l’élection présidentielle, dont il était donné largement vainqueur.

Un psychopathe en politique.

Mais arrêtons-nous sur le profil de Bolsonaro et sur quelques aspect de son projet.
Surnommé Bolsonazi par les forces démocratiques, député fédéral depuis 1988, il ne connaît ni remords, ni retenue, attise la haine et les frustrations, en exaltant les instincts les plus obscurs et « d’insondables pulsions » chez ses partisans. Lors du coup d’État parlementaire qui destitua, en avril 2016 à mi-mandat, la présidente Dilma Rousseff élue avec 54% des suffrages en 2014, il s’est distingué abjectement en dédiant, euphorique, son vote de destitution au patron de la police politique et des tortionnaires brésiliens de la dictature militaire, le colonel Ustra, qui arrêta en janvier 1970 Dilma Rousseff, et supervisa les tortures dont elle fut la victime. En 2003 il agressa violemment une députée du PT, en lui hurlant au visage « qu’il ne la violerait pas , car elle était laide ».

Dès l’annonce de sa candidature, il engage une campagne axée sur le racisme, la misogynie, l’homophobie, l’ordre moral le plus réactionnaire, et stigmatise les étrangers originaires du Moyen-Orient, d’Afrique, ou d’Haïti en les qualifiant de « « déchets de l’humanité ». »

Son registre linguistique, élémentaire, indigent, vulgaire et sordide, se limite à des propos quotidiens ignominieux, exaltant la violence, contrôlés et assumés, contre les progressistes, les syndicats, les pauvres, les femmes, les homosexuels , mais aussi les Indiens et les Noirs qui, dit-il, « sont mal élevés » et « sentent mauvais ».

Ardent défenseur du retour de la pratique de la torture du temps de la dictature militaire, il regrette que celle-ci n’ait pas exécuté les opposants emprisonnés et torturés, et estime que les militaires auraient dû liquider trente mille opposants pour pacifier le pays, et qu’il était prêt à le faire.
À propos de l’apologie de la torture par cet ancien parachutiste, rappelons que le Brésil de la dictature a bénéficié pendant de très longues années de la coopération « technique » monstrueuse, très officielle, de la France de Pompidou et de Giscard avec la nomination, en tant qu’ attaché militaire à l’ambassade de France au Brésil, d’octobre 1973 à novembre 1975, du futur général Aussaresses, parachutiste lui aussi, tortionnaire-assassin de patriotes algériens, parmi lesquels Larbi Ben M’hidi, Maurice Audin, Ali Boumendjel.

Bien avant l’annonce de sa candidature à la Présidence de la république, encensée par les classes possédantes, haineuses et revanchardes, il pose sur des photos en ciblant, arme de guerre au poing, les adversaires de son projet liberticide. Au-delà de son projet de libéralisation du port d’armes, dans un pays où près de 60 000 personnes sont victimes d’homicides volontaires par armes à feu chaque année, il confirme son statut de chef de gang d’une meute de brutes -parmi lesquels ses fils-, mais aussi l’image de sauveur de la nation brésilienne qu’il a construit au fil des mois avec l’aide généreuse et militante de l’empire médiatique Globo d’une part, et de la chaîne de télévision Record d’autre part, qui appartient à Edir Macedo. Ce même Edir Macedo , théocrate patenté, est le chef des néo-pentecôtistes, un mouvement théocratique millénariste-sioniste, importé des U.S.A dans les années quatre-vingt-dix, qui compte aujourd’hui 42 millions de fidèles, totalement embrigadés et aliénés à et par la « « théologie de la prospérité » », dont le credo est : « « plus on gagne, plus on donne à l’église, et plus on se rapproche ainsi de Dieu » ».

Ces médias, dont Globo, qui forment l’essentiel de ce l’on appelle au Brésil les médias PIG, -porc en anglais-, sigle que l’on peut traduire par « parti de la presse golpiste », diffusent massivement et unilatéralement à l’échelle de ce pays-continent, les discours de la haine et de la régression contre les forces de progrès, et contribuent à la banalisation et à la naturalisation de la violence et de l’idéologie fasciste.

Pinochet comme modèle

Ayant choisi comme vice-président le général à la retraite Mourâo, tout aussi nostalgique de la dictature militaire, cet admirateur de Pinochet, exprime la synthèse parfaite de la terreur d’État, dans laquelle le Brésil a été maintenu de 1964 à 1984, et d’un programme d’oppression économique, sociale, culturelle, élaboré par son conseiller économique, l’ultralibéral Paulo Guedes, un élève des Chicago Boys, sinistre laboratoire d’économistes dirigé par le non moins sinistre Milton Friedman, à qui le Chili doit régression, misère, milliers de morts, de torturés et de disparus, lors du golpe de Pinochet contre le Président Salvador Allende, en septembre 1973.

En accord avec les politiques ultralibérales, il a voté, au lendemain de la destitution de Dilma Rousseff, pour le Projet d’amendement constitutionnel de gel des investissements publics pendant vingt ans, un projet démentiel porté par le vice-président, et néanmoins usurpateur, Michel Temer. Qualifié de « projet de fin du monde » par les démocrates et progressistes brésiliens, l’entrée en vigueur au début de 2017 de ce projet malthusien mortifère, dans les domaines de la santé et de l’éducation, entre autres, a plongé des millions de Brésiliens dans la précarité et l’extrême pauvreté en quelques mois. Conséquences immédiates : une augmentation spectaculaire, pour la première fois depuis 26 ans, du taux de mortalité infantile, et le retour des maladies éradiquées totalement, depuis deux décennies, suite à l’arrêt du programme fédéral stratégique de santé familiale, et à l’interruption de l’action de plus de quatre mille équipes de Santé familiale, laissant ainsi sans accès aux soins de santé de base plus de 15 millions de personnes.

La rencontre de ces deux figures de la régression, l’économiste ultralibéral et le candidat fasciste, exprime l’alliance, bénie par les U.S.A , des classes possédantes, des fractions réactionnaires des classes moyennes, des fondamentalistes religieux, de militaires hauts gradés et autres nostalgiques de la dictature, et va amplifier tragiquement les inégalités sociales, les injustices, la pauvreté, la misère et le malheur pour le peuple brésilien, indépendamment de la destruction des libertés démocratiques, et barbariser encore plus les rapports sociaux.

Symbolisé par ces deux individus, ce programme porteur d’oppression, de tyrannie, de terreur, a de très fortes chances de devenir le quotidien des Brésiliennes et Brésiliens à compter du 29 octobre 2018. À moins d’un sursaut vital de toutes les forces démocratiques, progressistes et républicaines de ce pays, ce qui pour le moment est loin d’être acquis.

Smaïl Hadj Ali

 https://www.lesoirdalgerie.com

COMMENTAIRES  

12/10/2018 14:37 par Renard

Et ben c’est pas un rigolo celui-là, ce que je ne comprends pas c’est comment expliquer son gros score ?

12/10/2018 16:51 par Yannis

Ufff, ce portrait fait dresser les cheveux sur la tête !! Incroyable que les citoyens brésiliens se soient fait berner en ce sens, et se laissant aujourd’hui confisquer droits et libertés aussi rapidement, Cela ressemble à un suicide collectif, et la première à en pâtir sera, après la culture, la forêt amazonienne, ou ce qu’il en reste, qui aiguise tous les appétits, une promesse d’enrichissement pour beaucoup. Il faut ajouter que de nombreux Brésiliens de la classe populaire sortant de la pauvreté grâce aux effets de la politique sociale de Lula, ont été horrifiés quelques annèes plus tard de voir leurs ressources un peu diminuer avec Dilma, entre autre du fait de la baisse du prix des matières premières et du coût de la vie (qui s’est envolé depuis belle lurette au Brésil). Ils se sont donc tirés une balle dans le pied en jouant du "dégagisme", et d’autres balles plus meurtrières encore sont à venir.

Triste pour ce pays qui représentait (au moins dans l’imaginaire et dans les projections d’avenir) il y a quelques années une autre voie de développement, plus écologique et plus respectueuse de l’environnement, de l’humanité, potentiellement si riche de ses métissages. C’est l’inverse qui s’est produit, l’appat du fric tue tout !

Mais sous un aspect moins violent, nous avons aussi en France un tueur à gages et une belle bande de malfrats aux commandes de l’appareil d’état. Eux non plus n’ont pas de temps à perdre...

12/10/2018 17:03 par dan

Que dire du peuple brésilien qui vote pour ce personnage, après les années Lula et Roussef qui ont permis tant d’avancées sociales ?

12/10/2018 18:47 par Borboleta

Que dire du peuple brésilien qui vote pour ce personnage, après les années Lula et Roussef qui ont permis tant d’avancées sociales ?

Que dire de la base matérielle des avancées sociales de Lula et Roussef pour que tout un peuple vote pour ce personnage ?

12/10/2018 19:58 par Xiao Pignouf

Je ne connais pas du tout le Brésil, mais ce Bolsonaro fait froid dans le dos.

Si le Brésil est une société métissée, j’imagine que ce sont majoritairement les blancs qui votent pour lui. Si je me trompe, je voudrais qu’on me corrige.

A moins qu’il existe un nationalisme brésilien qui transcende les couleurs, mais comme ça n’existe pas chez nous, j’ai tendance à en douter.

Donc, et sans connaître la démographie brésilienne, si les pronostics donnent le pire gagnant, c’est qu’il a dû bénéficier d’un fort taux d’abstention des classes populaires.

Ou alors, si les classes populaires se mettent à voter pour lui, pourquoi ? Les années Lula n’ont donc servi à rien ? Si ce n’est à enrichir substantiellement lesdites classes populaires jusqu’à les rendre haineuses des plus faibles encore ? Drôle de fable que voilà. Comment un pays peut-il retourner à ses pires heures en si peu de temps ?

Du dehors, c’est proprement incompréhensible.

MM. Ortiz et Lemoine, vous qui connaissez si bien l’Amérique Latine, vos lumières seraient bienvenues.

12/10/2018 22:15 par Palamède Singouin

Me semble que c’est l’uruguayen Pepe Mujica qui disait que les gens quand vous les sortez de la pauvreté, ce n’est pas du socialisme qu’ils rêvent mais de téléphones portables dernier cri.
Les Brésiliens vont avoir des téléphones portables.

12/10/2018 23:33 par Borboleta

MM. Ortiz et Lemoine, vous qui connaissez si bien l’Amérique Latine, vos lumières seraient bienvenues

Inutile de faire appel a des specialistes, ou de faire des conjectures ethniques pour solutionner votre question. La reponse est evidente : si la situation est telle qu’elle est , c’ est parceque les annees lula et roussef n’ont en rien, sapées le pouvoir des capitalistes. Autrement dit, et pour etre plus clair : parceque leur programme politique n’etait pas communiste.
Tant que la gauche continuera a se poser des questions telles que celle la, l’avenir revonutionnaire, la possibilité de vivre dans un monde plus juste, sera égale a 0.

12/10/2018 23:54 par Salvador

La démocratie représentative, maintenue sous perf’ par des élus intouchables et des médias de milliardaires, est définitivement bonne pour les ânes.
Ce qui se profile en France n’est pas bien plus rassurant.
Courage à eux.

13/10/2018 01:39 par Roubachoff

Le paradoxe, c’est que Lula, si on en croit les échos venus de là-bas, aurait sans doute gagné. Doit-on en déduire qu’une grosse partie de ses électeurs s’est tournée vers le fou furieux ? La seule chose que je sais, de manière indirecte mais fiable, c’est que les classes aisée et moyenne détestent la gauche. Mais ça n’explique pas tout. Faut-il y voir le même symptôme qu’en Europe ? Quand elles ne voient plus le salut à gauche, les classes défavorisées se tournent vers l’extrême-droite ? Dans ce cas, nous pouvons frémir, parce que c’est ce qui nous attend…

13/10/2018 07:32 par HUGO

Les empreintes digitales de la CIA sont sur l’élection au Brésil
11 Oct 2018
MARCELO ZERO
La montée du fascisme « bolsonarien » dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle*, suralimentée par une avalanche de fausses informations disséminées sur Internet, n’est pas surprenante. C’est une vieille tactique développée par les agences de renseignement américaines et britanniques dans le but de manipuler l’opinion publique et d’influencer les processus politiques et les élections. Elle a été utilisée en Ukraine, dans le Printemps arabe et au Brésil en 2013. Il y a de la science derrière cette manipulation.

Certains pensent que les élections sont gagnées ou perdues uniquement sur la base de débats rigoureusement rationnels sur les politiques et les propositions. Mais les choses ne fonctionnent vraiment pas de cette manière. En réalité, comme le professeur de psychologie à l’université Emory l’explique dans son ouvrage The Political Brain : The Role of Emotion in Deciding the Fate of the Nation [Le Cerveau politique : le rôle des émotions dans la détermination du destin de la nation], les sentiments sont généralement décisifs dans la définition du vote.
Sur la base de récentes études en neurosciences sur ce thème, Weston dit, contrairement à ce qui est communément compris, que le cerveau humain prend des décisions principalement fondées sur les émotions. Les électeurs basent fortement leurs choix sur leurs perceptions émotionnelles des partis et des candidats. L’analyse rationnelle et les données empiriques jouent normalement un rôle secondaire dans ce processus.
C’est pourquoi il y a un grand pouvoir manipulateur dans la production de l’information à fort contenu émotionnel et de fausses nouvelles.
Les documents révélés par Edward Snowden prouvent que les services de renseignement américains et britanniques ont des départements spécialisés et perfectionnés dédiés à la manipulation de l’information qui circule sur Internet pour infléchir l’orientation de l’opinion publique. Par exemple le Joint Threat Research Intelligence Group of the Government Communications Headquarters (GCHQ), une agence de renseignement britannique, a une mission et une portée comprenant l’utilisation de « sales tours » pour détruire, réfuter, dénigrer et écraser ses ennemis.
Les tactiques, en bref, sont : 1) diffuser toutes sortes de fausses informations sur Internet pour détruire la réputation de ses cibles ; et 2) utiliser les sciences sociales et d’autres techniques psycho-sociales pour manipuler le discours et l’activisme en ligne dans le but de générer des résultats souhaitables.
Mais ce n’est pas n’importe quel genre d’information. Celle-ci est choisie pour avoir un grand impact émotionnel, non pour susciter le débat ou réfuter des informations concrètes. L’une des techniques les plus courantes est la manipulation de photos et de vidéos, ce qui a un effet émotionnel immédiat et tend rapidement à devenir viral. La candidate à la vice-présidence Manuela D’Àvila, par exemple, a été la cible permanente de ces manipulations. Fernando Haddad a également été constamment victime de déclarations totalement fausses ainsi que d’images et de propos manipulés.
La manipulation abjecte d’images de « biberons érotiques » qui auraient été distribués à des tout petits enfants dans les écoles maternelles publiques de São Paulo par le PT est un exemple de jusqu’où peut tomber une campagne intégrant le genre de sales tours recommandés par les services de renseignements nord-américains et britanniques.
Bien que cette manipulation puisse sembler très basse et invraisemblable aux yeux d’une personne rationnelle, elle pénètre fortement et profondément dans le cerveau politique émotionnel de larges segments de la population.
Rien n’est fait par hasard. Avant d’être produites et diffusées, ces manipulations grossières sont étudiées dans le but de causer le plus grand dommage possible. Elles sont spécifiquement dirigées vers les groupes sur Internet qui ont peu de moyens de vérification des faits et sont fortement conservateurs, et qui ont donc tendance à être choqués par ces manipulations grotesques et à les croire.
La vérité est que ce qui se passe au Brésil aujourd’hui révèle un niveau de manipulation sophistiqué qui exige une formation et de grandes sommes d’argent. D’où tout cela vient-il ? Du capital national ? Ou pourrait-il y avoir des ressources financières, techniques et logistiques provenant aussi de l’étranger ?
Il est évident que cette question nécessite une enquête sérieuse qui, apparemment, n’aura pas lieu.
Le capital financier national et international, ainsi que des secteurs de la classe des affaires, ont déjà pris le parti de Bolsonaro pour le second tour. Une grande partie des oligarchies médiatiques l’ont également soutenu. Le « centre » – mal nommé, c’est en réalité un groupe de conservateurs projetant un coup d’État, en colère face à la menace de sa disparition politique – a déjà commencé à adhérer partiellement au fascisme brésilien, essayant de survivre grâce aux miettes qu’il peut obtenir si Bolsonaro, « La Chose », comme on l’appelle, et Mourão, l’« Aryen », gagnent l’élection.
On peut considérer cela comme le suicide définitif de la démocratie brésilienne et un pari sur le conflit, la confrontation, l’autoritarisme et le fascisme qui approfondiront les crises économique et politique dans le pays.
Cependant, l’aggravation de la crise économique et politique-institutionnelle qui sera inévitablement provoquée par la victoire du proto-fasciste Bolsonaro pourrait servir à ceux qui veulent mettre la main sur les ressources et les entreprises stratégiques du Brésil.
Le chaos et l’insurrection peuvent être utiles, surtout pour ceux qui viennent de l’étranger. Nous le voyons souvent au Moyen-Orient. Pris dans son sens le plus large, le coup d’État peut être approfondi jusqu’à une « solution de pouvoir » soutenue par l’armée et la justice. De cette manière, la porte sera ouverte à des reculs bien plus importants que ceux imposés par Michel Temer, principalement du point de vue de la souveraineté nationale.
Du point de vue de la stratégie géopolitique, l’alignement automatique entre Bolsonaro et Trump serait très intéressant pour les États-Unis dans la région. Nous savons qu’une des principales priorités stratégiques pour les Américains est un grand jeu de puissance contre la Chine et la Russie. Bolsonaro, qui a déjà promis de faire don de la base de lancement de fusées d’Alcantara aux Américains et de tout privatiser, pourrait servir de centre de gravité de leurs intérêts dans la région, en intervenant au Venezuela et en allant à l’encontre des intérêts russes et chinois en Amérique du Sud.
Pour cette raison, il semble évident qu’un doigt – ou une main entière – des agences de renseignement étrangères, principalement nord-américaines, est à l’œuvre dans les élections brésiliennes. Le modus operandi utilisé dans cette course finale est identique à celui appliqué dans d’autres pays, il exige des ressources techniques et financières et un niveau de sophistication manipulatrice que la campagne de Bolsonaro ne semble pas avoir toute seule.
La CIA et d’autres agences sont ici, agissant d’une manière généralisée.
Les forces progressistes doivent maintenant se coordonner pour contrer ce processus manipulateur. La réponse ne peut consister simplement à recourir à des arguments pour s’opposer à cette haine manipulatrice. La réponse dans le conflit autour du cerveau politique doit aussi être émotionnelle.
Les positions anti-PT, anti-gauche, anti-démocratiques, anti-droits de l’homme et anti-égalitaires qui caractérisent Bolsonaro et qui ont été créées par les agents du coup d’État et leurs médias faussaires doivent être combattues par des sentiments opposés comme l’espoir, l’amour, la solidarité et le bonheur.
Ils projettent un passé d’exclusion, de violence et de souffrance. Nous devons projeter un avenir de sécurité et de réalisation.
Face à une campagne sordide de diffamation et de manipulation, dirigée depuis l’étranger, notre campagne devrait être la même que celle d’Adlai Stevenson, le grand politicien démocrate américain, qui disait aux Républicains : « Cessez de mentir sur les Démocrates et je cesserai de dire la vérité sur vous. »
Bolsonaro, son colistier et ses adeptes communiquent au moyen de déclarations choquantes et de discours de haine. Ce n’est pas une information fausse, c’est facile à vérifier. Par conséquent, tout ce que nous avons à faire est de les démasquer pour ce qu’ils sont et ils fondront comme des vampires exposés à la lumière du soleil.

* Note de la rédaction : le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro a remporté le premier tour de l’élection présidentielle au Brésil avec 46% des voix. Un deuxième tour de scrutin aura lieu le 28 octobre.

Traduit de l’anglais par Diane Gilliard pour le Journal Notre Amérique. Reproduit avec l’aimable autorisation de Brazil Wire. Tous droits réservés

Source : Brazil Wire, 9 octobre 2018

13/10/2018 09:38 par François de Marseille

Et que dire d’un peuple qui à voté Macron ?
Les ficelles sont les mêmes partout.

13/10/2018 18:39 par Xiao Pignouf

@Borboleta, vous en savez apparemment plus que moi.

Des conjectures ethniques ? Non, je prenais en compte la diversité de la population brésilienne face à la possible élection d’un personnage qu’on dit raciste. Raciste ? Contre qui alors ? Contre les non-brésiliens ou contre ceux de son peuple qui n’ont pas la même couleur que lui ?

Il est évident que des forces extérieures sont en mouvement pour remettre le Brésil dans une escarcelle d’où Lula l’avait sorti.

Alors, Borbo, vous pouvez avoir des raisons de penser que le bilan des années Lula-Rousseff n’a pas été suffisant pour éviter ça, et je ne vous contredirai pas sur ce point. Vous devez en connaître un rayon, et je m’inclinerai si vous daignez approfondir votre propos.

Cela étant, le Bolsonaro n’est pas encore élu. On peut se rassurer en ce disant que les sondages que nos médias reprennent allègrement sont truqués.

parceque leur programme politique n’etait pas communiste.

Et de quel modèle parles-tu, camarade ?

13/10/2018 19:32 par Danael

Je suis un peu d’accord avec Borboleta : il n’y a pas eu un processus de véritable démantèlement des structures capitalistes. Il y a eu une certaine redistribution de la richesse qui a permis de diminuer la pauvreté avec succès et d’améliorer les conditions des travailleurs. Le consumérisme a fait ensuite son travail. Ne voyez là aucun blâme particulier, juste un fait qui expliquerait aussi ce retour du bâton qui nous interroge tous.
http://www.brasilpassion.com/lula-da-silva.html
Il faut ajouter l’offensive destructrice des États-Unis qui utilise( en dehors de l’achat de candidats qui lui sont favorables) le levier du commerce de la drogue ( comme jadis au Nicaragua) pour créer et installer la corruption, la violence et une société de clans avec pour conséquence un rôle accru du pouvoir de l’armée et de la police. C’est ce même planning d’un marché élargi de la drogue qui est envisagé pour l’Europe. Il y a aussi de la part des Américains une politique de remplacement des cultures populaires par l’implantation de sectes religieuses qui concourent à fabriquer un communautarisme en concurrence, contribuant par là aussi à la destruction du tissu social.

13/10/2018 20:24 par Borboleta

je m’inclinerai si vous daignez approfondir votre propos
Personnellement, j’apprécie trop la liberté pour etre a l’aise avec les postures de soumissions. Inutile donc de vous incliner, cette position me revulse. Tant qu’a approfondir mes propos, je crois que c’est inutile, voire, contre-explicatif : les meilleures certitudes, c’est celles qu’on acquiert soit même, lorsque la réalité des faits objectifs poussent a remettre en questions ses propres idées reçues.

De quel modèle parles tu...

En revanche, soyez aimable, de ne pas deformer ce que j’ai ecrit. J’ai parlé de programme, pas de modele. Et il me semble que mes autres termes sont assez clairs et explicites pour qui sait lire entre les lignes. A moins, bien sur de manquer d’imagination ou de meconnaitre l’histoire.

Cdlt

13/10/2018 21:37 par Danael

C’est bien sûr un véritable coup d’état orchestré de l’extérieur avec la complicité de juristes corrompus qui ne permet pas à Lula de se représenter. Une autre leçon à retenir : les anciennes pratiques des institutions font partie aussi du problème.

14/10/2018 01:00 par Xiao Pignouf

Inutile donc de vous incliner, cette position me revulse

ne prends pas tes désirs pour des réalités

J’ai parlé de programme, pas de modele

moi, je ne te parle pas de programme, je te parle de communisme.

Cdlt

non, je ne crois pas. Connais-tu le sens du mot cordial ? Relis sa définition avant de l’utiliser sans savoir.

14/10/2018 05:07 par Roubachoff

Il n’en reste pas moins qu’une partie des électeurs, qui n’ont pas de boussole politique, peuvent envisager de voter pour Lula puis voter pour un fasciste parce que Lula n’est pas là. Nous voyons ce phénomène partout en Europe, ou presque, et il serait temps de se pencher dessus. Collectivement, et à tous les niveaux des mouvements progressistes.

14/10/2018 12:14 par legrandsoir

@Xiao Pignouf et @Borboleta

Vous connaissez l’histoire des deux coqs dans une basse-cour ? Alors, voilà, c’est l’histoire de deux coqs dans une basse-cour. Et il y en a un qui dit à l’autre... Nan, je vous la raconterai une autre fois.

14/10/2018 12:38 par Xiao Pignouf

Vous connaissez l’histoire des deux coqs dans une basse-cour ?

Oui, mais y a une poule dans l’histoire, normalement. Alors on peut se raconter une variante sans : celle où les coqs finissent par s’... non plus ? Ok.

Vive le GS !

14/10/2018 15:24 par Assimbonanga

Ce syndrome n’est-il pas le panurgisme ? Tout le monde suit le mouton qui est parti le premier. Un machin instinctif, irrationnel, un réflexe grégaire dont notre formation intellectuelle, notre éducation nationale républicaine, est censée nous préserver, mais bon, ça ne fonctionne pas sur tous. Avec l’aide du pilonnage médiatique dominant aussi surtout ! Un sorte de fatalité du comportement humain mais dont les opportunistes du suffrage universel savent s’emparer. Ils ont compris que cette "saloperie de démocratie" contient suffisamment de moyens en elle-même pour la contourner et en renverser les effets.

D’autant plus que les intérêts des réactionnaires en dépendent directement, leur prospérité, leurs propriétés, leurs business et que les USA versent probablement des aides diverses pour les soutenir. Entre le capitaliste offensif et le brave bougre passif, la force va à l’offensif. Il a déjà une longueur d’avance sur ses victimes puisque lui est en recherche permanente de nuire. Cette combativité est congénitale en lui. Plus la puissance de son fric.

15/10/2018 11:26 par Danael

Pour en savoir plus sur le contexte des luttes au Brésil, ce qui importe dans le fond :
syndicalisme_bresil.pdf
http://www.lapenseelibre.org/2016/06/n-112-quelle-est-la-situation-syndicale-au-bresil.html

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