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Caterpillar et burkini

Alors que nous préparions cette action contre l’interdiction du burkini, nous avons appris la fermeture de l’usine Caterpillar. 2200 ouvriers et employés vont perdre leur emploi, plus de 5000 familles seront directement frappées dans la région. Alors à ces militants de gauche qui nous reprochent de faire des « diversions » avec nos actions contre l’islamophobie et de ne pas nous occuper des « vraies luttes » pour l’emploi, je voudrais dire aujourd’hui : notre cœur et notre esprit sont assez grands pour nous battre à la fois avec les travailleurs de Caterpillar privés de leur droit au travail et de leur dignité et en même temps avec ces femmes musulmanes pourchassées sur les plages en France, privées de leur droit aux loisirs et de leur dignité.

À ceux qui nous reprochent de faire le jeu des terroristes, je voudrais rappeler qu’une des premières femmes tombées à Nice sous les roues du camion blanc, était une femme musulmane portant le foulard et que sa famille aujourd’hui subit la double peine du deuil et du regard suspicieux de nombreux Niçois qui voient en chaque musulman un terroriste potentiel.

C’est cette société qui licencie à tour de bras, qui discrimine, qui exclut, qui prive les jeunes d’avenir et de perspectives, qui organise les guerres et vend à Israël des bulldozers Caterpillar pour terroriser le peuple palestinien, c’est cette société dite démocratique et civilisée qui est la véritable fabrique de terreur.

Nous sommes ici parce que nous avons été révoltés par les images de cette femme se reposant sur la plage, brusquement entourée de policiers en arme lui ordonnant de se dévêtir. Par la passivité des spectateurs, plus préoccupés de faire bronzer toutes les parties de leur corps que de défendre le droit d’une femme à n’en exhiber qu’une partie.

Rappelons qu’un journaliste du temps d’Hitler avait écrit que les Juifs devraient être plus discrets. Et on ne peut pas reprocher aux Juifs de ne pas l’avoir été ; ils ont accepté beaucoup jusqu’à la solution finale et ceux qui alors ont dit que la chasse aux Juifs était une diversion par rapport à la lutte contre le chômage sont en partie complice de leur extermination.

On reparle aujourd’hui en France de la peine de mort, de prisons à la Guantanamo, d’un Patriot Act à l’américaine et l’épisode burkini n’est pas une diversion mais bien une préparation systématique de la population à accepter l’inacceptable.

C’est pour cela que nous sommes ici.

Nous sommes aussi ici en tant que femmes qui nous sommes battues pour le droit de porter ou non des pantalons, de porter ou non la minijupe ou le bikini, parce que nous en avons assez qu’une société toujours aussi masculine édicte des lois, des règles morales, des règlements d’ordre intérieur pour décider quelle partie de notre corps nous les femmes sommes obligés de montrer ou de cacher. Notre pudeur nous appartient et personne n’en décidera à notre place, ni l’État, ni la police, ni les autorités administratives. Quant à nos hommes, nos maris, nos pères, nos frères, la question de savoir si nous acceptons ou non leurs ordres, leurs conseils, leurs désirs, c’est une affaire privée qui ne regarde que nous.

Femmes et hommes solidaires, nous nous battrons pour le respect et la justice, autant pour les familles de Caterpillar que pour les femmes persécutées de Nice, d’ici et d’ailleurs.

Nadine Rosa-Rosso

»» http://nadinerosarosso.blogspot.be/2016/09/burkini-et-caterpillar.html
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Derrière les fronts : chroniques d’une psychiatre psychothérapeute palestinienne sous occupation
Samah JABR
EN LIBRAIRIE LE 22 MARS 2018 En coordination avec la sortie en salle du documentaire d’Alexandra Dols – Derrière les fronts : résistances et résiliences en Palestine – nous vous proposons en coédition avec Hybrid Pulse le premier livre de la psychiatre et écrivaine Palestinienne Samah Jabr. Le livre ne sera pas disponible en librairie pour le moment mais seulement sur notre site ou par demande par courrier à PMN Éditions. « Nous voulons une vie décente, pas n’importe quelle vie. Notre (…)
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Le déficit de l’Etat était l’objet même de spéculations. A la fin de chaque année, nouveau déficit. Au bout de quatre ou cinq ans, nouvel emprunt. Or chaque emprunt fournissait à l’aristocratie une nouvelle occasion de rançonner l’Etat, qui, maintenu artificiellement au bord de la banqueroute, était obligé de traiter avec les banquiers dans des conditions toujours plus défavorables.

Karl Marx
La lutte des classes en France. 1850

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