De l’éducation sexuelle telle qu’elle est conçue par les nouveaux féministes et progressistes du pays.

"Celui qui affecte de dire toujours comme vous dites, et de faire toujours comme vous faites, n'est pas votre ami, c'est votre ombre." (Plutarque ; Préceptes et maximes)

Dans le billet précédent (“ La prostitution du langage au service de la prostitution ”), la question du sens de cette phrase : :

« Cette orientation [celle du Sénat] est un renoncement de fait à la perspective d’abolir la prostitution... »

a été examinée sans insister alors sur ce qui l’introduisait :

« Le PCF appelle les féministes et les progressistes du pays à se mobiliser largement pour que la proposition de loi soit votée, en deuxième lecture, avec l’abrogation du délit de racolage et la responsabilisation des clients. »

Que les nouveaux féministes et les progressistes s’attachent à la protection des femmes victimes de l’exploitation sexuelle ne devrait pas empêcher ceux-ci de réfléchir sur les points de la loi jugés les plus importants dans cette déclaration officielle.

Au lieu de ne s’attacher qu’à celles et ceux qui sont en bout de chaîne, elle aurait pu d’abord insister sur le proxénétisme, et différencier la prostitution du trottoir (91% des femmes qui s’y adonnent sont des étrangères, la plupart venues des pays de l’Est) de la prostitution de "haut vol".

Cette loi, surtout telle qu’elle est ici présentée, est bien plutôt un aveu d’impuissance dans l’application des lois (à juste titre) répressives déjà existantes, et l’occasion d’un détournement dans les voies de la moralisation auxquelles nous ont largement habitués ceux qui nous gouvernent.

Quand la suite argumente sur ce que les auteurs paraissent avoir découvert dans les révélations du récent procès impliquant DSK, la question se pose de leur degré de naïveté, c’est-à-dire de leur niveau d’incompétence dans cette question.

À leurs yeux, ce qui est intéressant dans la future loi, c’est donc la non pénalisation du racolage, et la "responsabilisation", ou encore dit franchement : la pénalisation du client.

Autrement dit, ils défendent l’inverse de ce qui s’applique aux restaurateurs par exemple, qui proposent une table aux clients (qui certes doivent régler l’addition à la fin du repas sous peine d’être "responsables" (?) de grivèlerie), mais qui n’ont pas le droit de le racoler.

Par contre une activité (la location à usage sexuel de son corps, qui n’a rien d’illégal, faut-il le rappeler ?), qui ne propose rien au client (puisque, s’il cède, il tombe sous le coup de la loi : "responsabilisation") se voit reconnu le droit au racolage.

Le Conseil constitutionnel apercevra-t-il cette contradiction ?

Pour, soi-disant, protéger les femmes la loi dépénalise d’un côté, c’est-à-dire supprime le délit de racolage, ou encore promeut la tentation, et de l’autre côté sanctionne le bougre qui a marché.

Elle dit aux femmes : - Allez-y, vous pouvez attirer, aguicher, séduire autant que vous le voulez ; et aux hommes : - Attention ! Pas touche !

Aux femmes prostituées : - Vous pouvez racoler impunément puisque ce faisant vous n’êtes déjà que les victimes du désir des hommes.

Aux hommes clients putatifs, mais le plus souvent simples passants : - Vous êtes déjà « responsables » ; voyez ce que vous provoquez !

Tout ceci dans le but de protéger les femmes et de faire l’éducation des mâles, bien certainement.

Voilà le dernier avatar du féminisme et du progressisme, tombés sous la coupe du moralisme socialiste.

Comment s’étonner que rendus à un si haut degré de bon sens on ait pu entendre du Président de la République dans une récente péroraison :

"Vive le turbo, vive le moteur à essence, vive la reprise de l’économie française, vive la Lorraine et vive la République".

Ce sabre est le plus beau jour de ma vie.

COMMENTAIRES  

12/04/2015 22:33 par Dominique

C’est de l’hypocrisie totale. J’habitais en Suède quand ils ont décidés de criminaliser les clients. Le résultats est que la prostitution a disparu des rues, que les pris ont doublés et que les prostituées à la place d’être dans la rue et de pouvoir se surveiller les unes les autres, se sont retrouvées isolées et donc dé-sécurisées. Entres autres résultats : les étrangères se sont retrouvées dans des "bordels" improvisés à travailler dans des conditions pires que jamais, et des autocars qui viennent des pays de lEst voisins proposent d’autres filles dans des conditions tout autant inhumaines et sordides.

Il semblent que comme toujours dans les pays occidentaux, les politiques et les médias bien pensant ne donnent la parole qu’aux pires des féministes.

13/04/2015 12:09 par Paul-Victor de Merode

Des propositions similaires faîtes dans d’autres pays émanaient quasi toujours de groupes de femmes, souvent féministes, s’attirant bien souvent l’ire des personnes qui exercent ce métier et qui ne supportent pas qu’on les infantilise, ou que l’on parle, voir agir, à leur place.

Il faut savoir que pour les féministes les plus radicales (si ce n’est pas un pléonasme), un homme bon (au sens de mâle) est un homme mort ; pour des raisons qui échappent souvent, elles vouent une haine profonde à tout ce qui se rapporte à l’homme (on imagine facilement l’origine d’un tel comportement, soit un traumatisme durant l’enfance, soit (et/ou) une homosexualité ; ce que l’on peut dès lors comprendre, mais pourquoi diable en vouloir à la moitié de l’humanité). Ces mêmes frustrées se sont battues pour que l’on abolisse l’expression "les Droits de l’Homme" et de la remplacer par les Droits humains, il faudrait rappeler à ces mégères la définition du mot humain : "qui se rapporte à l’homme", et oui, et on revient au point de départ, cet abominable homme des neiges. On en a même vu déclarer que tout rapport sexuel avec un homme s’assimilait toujours à une agression et que, dès lors, dans les rapports hétérosexuels, il n’y a que des victimes, et toujours du même côté...

La prostitution est exercée certes par des femmes, mais aussi des hommes, des transgenres, des lesbiennes et des gays.

Comme déjà mentionné ailleurs, il s’agit bien de l’une de ces démarches moralisantes ancrée dans le fond chrétien de notre civilisation qui, depuis deux mille ans, nous martèle ses discours sur l’infamie du sexe.
Le sexe peut-être sale, en effet, très sale même, mais uniquement pour ceux qui ignorent l’usage de la douche et du savon !

Quant à la déclaration magistrale présidentielle, qui, n’en doutons pas, fera date dans l’Histoire de France, on ajoutera :

"Vive la choucroute garnie, vive le camembert et vive la médiocrité institutionnalisée !"

13/04/2015 23:34 par Feufollet

Commercialement ça pourrait être très profitable
Imaginons la femme d’un flic qui est prostituée
Elle, elle vous taxe à l’entrée
Lui, il vous taxe à la sortie

14/04/2015 00:33 par Dwaabala

J’ai entendu parler d’une enquête selon laquelle seulement 10 % des hommes interrogés avouaient avoir eu recours aux prestations des prostituées. On est loin de l’imagerie conventionnelle.
On entend quelquefois parler d’importantes saisies de drogue ou de démantèlement de réseaux, mais les hommes d’affaires proxénètes des pays de l’Est ou leurs managers et contre-maîtres en France (on est loin de ma petite entreprise de @ Feufollet) qui font tapiner la plupart des femmes ?

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