FRANCOIS. Je n’ai jamais pensé que les Français étaient des gros cons quand ils ne votaient pas à gauche. Tu dis, toi, l’avoir pensé. Le dégout des Français est le pendant de l’enthousiasme pour les Français. Je crains qu’il ne guette nombre d’insoumis après les élections.
En effet, ils sont, entre autre, dégoutés de ceux qui les représentent. Mais là encore, évitons le jugement atmosphérique : les élus locaux ne sont pas du tout perçus de la même façon. D’où l’idée absurde du PG d’avoir une stratégie nationale comparable à celle du local. Les deux niveaux sont différents.
Donc les Français sont dégoûtés. Que propose-t-on ? Du neuf ? Non. Un candidat qui dit : "Avec moi, le changement, c’est maintenant". Qui dit : "Moi, président". Hollande ? Non, JLM. Les dégoutés ne croient plus en la parole politique, pourquoi croirait-il JLM ? C’est le enième qui leur dit : "votez pour moi, avec moi, ça va enfin changer".
La pratique politique renouvelée ? Non, une politique non-électoraliste ? Mais FI s’est constituée pour une élection et le PG ne milite que dans ce cadre. Retour du refoulé solférinien.
L’idée d’un travail de terrain permanent, d’une implantation lente dans les milieux populaires n’est pas à l’ordre du jour. Si on ne se rend pas utile à la population dès aujourd’hui dans les boites et les quartiers en montrant qu’on s’intéresse, dès aujourd’hui, aux problèmes concrets, pourquoi nous feraient-ils confiance ? Parce qu’on a une bonne gueule ? D’où l’importance d’avoir des élus locaux. Parce qu’ils ont un peu de pouvoir pour faire bouger quelques lignes.
Or JLM ne politise pas du tout cette question. Il enfume avec l’idée de "mouvement" qui ne veut rien dire d’autre que "parti (avec tous ses travers) sans cotisation". Tous ses travers ? Chez nous, FI doit demander à son national si elle a le droit de participer à une action avec d’autres orgas !! C’est regressif. JLM est à contre courant de Podemos qui s’est constitué en parti. JLM, par son sectarisme au legislatives, va empêcher la constitution de son orga (ça c’est tant mieux) et va contribuer à affaiblir toutes les orgas de gauches et même peut-être faire élire des députés socialistes tendance Valls comme à Montreuil.
Alors ROGER, je ne crache pas dans la soupe. Plus il y aura de gens dans les meeting mieux, ce sera. Mais oui, je crois qu’il y a une énorme illusion à s’imaginer qu’il suffit d’investir l’espace médiatique le temps d’une campagne. Je pense qu’il est désastreux de ne pas poser la question de l’organisation et de son renforcement, qu’il n’est pas bon de dire aux gens qu’il suffit d’élire un type. Car jamais je n’entends une phrase sur la façon de faire plier la bourgeoisie. Comme si, voter JLM était sufisant. Vous qui avez si souvent parlé du Venezuela et de la Bolivie, il aurait fallu le faire sérieusement. Leur politique a été rendu possible par 40 ans de travail de fourmis à gagner la confiance des gens en montrant que l’organisation est un instument utile dans la vie quotidienne. Le MAS bolivien ne sortait pas du bois tou sles 5 ans, mais était présent en permanence.
Donc, bravo pour les meetings, mais en même temps, ne passe pas l’impression que demain le boulot sera énorme pour aller convaincre qu’il faut poser la question des rapports de forces entre les classes et d’une politique non-réduite à l’électoralisme. Ce qu’on continuera de faire, quand beaucoup d’enthousiaste diront que les Français sont des cons, qu’ils n’ont pas été à la hauteur de JLM et de FI (pas tous, mais certains... assurément).
D’accord avc HF ; on a l’impression que la politique est un match de foot. Le coup de sifflet final est le jour de l’élection. Alors qu’il faut penser aussi la troiisème mi-temps face au patronnat.