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Lettre ouverte à Jean-Luc, Benoît et quelques autres pour sortir du vrai/faux débat sur le revenu universel

Défendons la gratuité du service public !

Au moment où la question du revenu d’existence revient dans le débat aussi bien à droite de l’échiquier politique qu’au sein des forces de gauche et écologistes, Paul Ariès lance un appel au nom de l’Observatoire International de la Gratuité.

Nous appelons les forces de gauche et écologistes et notamment La France Insoumise à sortir du vrai/faux débat sur le revenu d’existence ou universel. Cette question nous divise parce que nous n’allons pas assez loin dans la mise en cause des fondements du système capitaliste et du productiviste.

La France à genoux économiquement, mais debout politiquement, avait su en 1944 instaurer la sécurité sociale qui n’était pas une simple roue de secours face aux accidents de la vie, mais le fondement d’une autre conception de la société. C’est pourquoi nous ne parlons pas des services publics mais du service public. Alors que la France n’a jamais été aussi riche qu’aujourd’hui nous devons mettre au cœur de nos combats la défense et l’extension de la sphère de la gratuité du service public et de nombreux biens communs, par souci de répondre aux urgences sociales, écologiques, politiques, mais aussi pour commencer à changer la société dans le sens d’une transition vers l’éco-socialisme.

Nous ne partons pas de rien pour cela mais d’un « déjà là » conquis de haute lutte, avec la gratuité de l’école publique et ce qui reste de celle des soins ou du logement. Nous partons aussi de tout ce qui s’expérimente aujourd’hui dans des centaines de villes avec la gratuité de l’eau vitale, des transports en commun urbains, des services culturels, de la restauration scolaire, des services funéraires, du bouclier énergétique, etc.

Par gratuité du service public nous entendons une gratuité construite, une gratuité économiquement construite : l’école publique est gratuite mais financée par nos impôts, une gratuité politiquement, socialement, culturellement construite. La gratuité du service public ce n’est pas le produit ou le service débarrassé du coût mais du prix.
Défendre et étendre la sphère de la gratuité c’est apprendre à lier le social et l’écologie car nous devons apprendre à différencier selon les usages : pourquoi payer son eau le même prix pour faire son ménage et remplir sa piscine ?

Il n’existe pas de biens ou de services destinés en soi à être gratuits ou marchands. C’est aux gens de décider ce qui doit être gratuit, renchérit et parfois interdit. Défendre et étendre la sphère de la gratuité ce n’est pas rendre gratuit ce qui existe mais profiter de la gratuité pour repenser les produits et les services ce qui suppose de démocratiser au maximum le fonctionnement du service public.

Ainsi, rendre les transports en commun gratuits c’est nécessairement les modifier pour défendre à la fois l’écologie et le droit au déplacement des plus pauvres. Ainsi rendre la restauration sociale gratuite, c’est se donner les moyens d’avancer vers une alimentation relocalisée, désaisonnalisée, moins gourmande en eau, moins carnée, assurant la biodiversité, faite sur place et servie à table. Défendre et étendre la sphère de la gratuité, c’est donner à chacune et à chacun de quoi vivre de façon inconditionnelle mais avec un revenu largement démonétarisé, déséconomisé, c’est donc commencer à sortir du capitalisme.

Défendre et étendre la sphère de la gratuité c’est se situer sur le terrain de l’émancipation sociale et non pas de l’accompagnement de la misère.

Jean-Luc, Benoît et quelques autres, vous pouvez ne pas diviser la gauche et l’écologie en imaginant ce que pourrait être dès maintenant une économie répondant aux besoins, sans passer par la marchandisation et la monétarisation.

Soyez les défenseurs d’une sécurité sociale généralisée.
Soyez ceux qui défendent et étendent la sphère de la gratuité du service public.

Paul ARIES

Paul Ariès est politologue, rédacteur en chef du mensuel Les Zindigné (e )s, délégué général de l’Observatoire International de la gratuité.
http://vivelagratuite.canalblog.com/

COMMENTAIRES  

24/01/2017 16:51 par triaire

M.Aries, je pense que Mélenchon est tout à fait ouvert avec sa mouvance à ce genre de débat, mais laissons leur le temps d’être aux commandes et le temps de planifier tout ça...On ne peut pas, peut-être, arréter les centrales en un clic, imaginer la gratuité des services en cinq minutes etc...
Déjà, ne nous dispersons pas sur des broutilles, comme s’essaient à le faire toutes ces petites sectes, y compris et surtout les Solfériniens .Exigeons des gens de gauche de voter sixième république au lieu des votes Macron, Hamon, Poutou ou autres qui ne dépasseront jamais les 5% mais enlèvent des voix aux Insoumis .

24/01/2017 19:41 par Georges SPORRI

Il y a quand même un problème... Presque tous les chômeurs longue durée ont droit au RSA (je préfèrerais un revenu inconditionnel par solidarité avec les asociaux et anti sociaux, au sens psychiatrique de ces termes)... Mais les 18-25 ans sont privés de cette assurance et condamnés à la dépendance familiale... C’est une discrimination basée sur l’âge ! Elle n’est pas légitime...

24/01/2017 19:53 par Alain

J’ai toujours été dubitatif sur cette revendication d’un revenu minimum universel ,pour plusieurs raisons ,la principale étant que ce revenu minimum fait partie des pistes explorées par les libéraux (Friedmann) .
Pour eux la contrepartie en est la supression de tous les services publics ( faisons le calcul de ce que coutent les services publics à chaque citoyen et donnons à chacun le montant ainsi calculé .Chacun sera alors libre de se tourner vers le fournisseur de son choix) et la supression du salaire minimum garanti .
Les belles envolées sur l’abandon de la "valeur travail" sont un cache misère du libéralisme masqué .
Merci pour votre article ,les solutions sont simples et nos anciens se sont battus pour les mettre en place :liberté égalité solidarité et fraternité .

24/01/2017 20:02 par jakodey

Même insoumis nous n’avons plus le pouvoir et donc tout cela n’est que fantasme. Tout est à Bruxelles et dans la main de la BCE.
Alors soyez insoumis avec caca nerveux dans votre parc. Ca mange pas de lait en poudre.
Moi je voterai pour quelqu’un qui ose affirmer haut et clair que tout découlera de la sortie de la France de la prétendue union européenne.
Une nouvelle fois je parle et crie : frexit et oui : article 50 du Traité de l’ue.
Ca vous énerve, allez on va changer la couche.
Merci à la rédaction du Grand soir de relayer mes rugissements (pas aboiements ou miaulements encore moins couinements).
Merci car c’est une preuve d’ouverture et d’un réel esprit démocratique.

24/01/2017 20:08 par BQ

Bravo à Paul Ariès et aux Z’Indignés !
Ils soutiennent JLM et la France Insoumise :
http://www.gabrielamard.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=609%3A2017-01-24-08-31-31&catid=38%3Anotescat&Itemid=53

24/01/2017 20:28 par Chris DEL

Merci de cette contribution de gauche ou altermondialiste !

Les SERVICES PUBLICS, en stricte logique, et donc dans la mesure ou il servent - l’intérêt général et pas le profit privé, - les besoins sociaux et environnementaux et pas les désirs des riches et ou ils peuvent de ce fait se dégager largement de la marchandisation généralisée et des prix du marché partout - néolibéralisme - peut construire une grille tarifaire qui prévoit effectivement la gratuité pour les produits et services de base, des prix modestes pour d’autres et des prix plus élevés pour la dissuasion de certaines consommations .

25/01/2017 04:05 par babelouest

Bouh ! J’espère que Jacodey va ARRÊTER de nous bassiner avec cette aberration qu’est l’article 50 du TUE : si la France veut sortir de l’union, et c’est bien entendu son intérêt, elle le fait en toute souveraineté et sans demander la permission à d’autres ; le principe internationalement reconnu de nécessité est là pour cela.

25/01/2017 08:16 par jakodey

à Babelouest
Vous promouvez la violence en quelque sorte. Ou la révolution, ou quelque chose comme ça.
Nous avons encore cette possibilité JURIDIQUE de l’article 50 avant d’en venir aux mains.
Si un jour il appert que ce n’est plus le cas et qu’on est toujours dans cette ue de ch... alors je reconnaîtrai m’être trompé mais je n’ARRETERAI pas et ... je viendrai grossir vos rangs.
Ah, au fait il abandonne quand son job à Strasbourg et à Bruxelles notre cher JLM le boboinsoumis à 15 000 € par mois ?
En attendant, soyez insoumis c’est un ordre ! (faut bien rire un peu quand même).

25/01/2017 08:16 par cunegonde godot

La gratuité à l’échelle étatique c’est, fondamentalement, de l’aumône à l’échelle étatique. La Sécurité sociale n’est pas "gratuite" puisque financée directement par la plus-value dégagée par le travail, en responsabilisant les cotisants. Ce n’est pas de l’aumône. La gratuité est le meilleur moyen de culpabiliser et d’assujettir le peuple. L’aumône (la gratuité) à toujours conforté le système capitaliste et toutes les sociétés inégalitaires avant lui...

25/01/2017 09:06 par Cartésien

@ Jakodey

Ah, au fait il abandonne quand son job à Strasbourg et à Bruxelles notre cher JLM le boboinsoumis à 15 000 € par mois ?

15 000, c’est à la louche, je crois. On attend vos chiffres sur les rémunérations des sénateurs (Pierre Laurent), des anciens membres du Cabinet de Pasqua (je vous ai reconnu), de Montebourg dans le privé, de Valls, du foyer Hamon (sa compagne est responsable des Affaires publiques du groupe de luxe, LVMH), de Pénélope Fillon, de Fillon, député et homme d’affaire, et même de Renaud qui soutient "l’honnête homme Fillon"). Je vous dispense du niveau de vie de Macron, il est hors concours.

25/01/2017 10:10 par Louis St O

@ Jakodey
Enlevez moi d’un doute,
Vous parlez bien de celui qui est tour à tour
conseiller pour les affaires internationales de Gérard Longuet puis de José Rossiau gouvernement Juppé de 1993 à 1995
il rejoint le mouvement fondé par Charles Pasqua et Philippe de Villiers. En 1999,
directeur de cabinet de Charles Pasqua de 2001 à 2004.
Lors des élections municipales de 2001 à Paris, il est tête de liste dans le 19e arrondissement, inscrit sur la liste de Jean Tiberi,
il est nommé délégué général par Nicolas Sarkozy Le 19 octobre 2004.

Donc c’est un homme de droite voir de la droite d’extrême j’espère que vous ne croyez pas que c’est un homme de gauche ou que vous ne voulez pas nous le vendre comme tel.

26/01/2017 11:03 par Assimbonanga

@Cunégonde : oui ! Et il n’est pas surprenant qu’un bon élève de l’école catholique de Dakar, où son papa était ingénieur, se fasse soudain le promoteur d’une charité étatique ( voir biographie Benoît Hamon). La bonne éducation enfantine suit des chemins insidieux à l’âge adulte. Comme on le sait d’après la parabole, la bonne parole est une graine qui germe à la longue.

27/01/2017 08:51 par cabanes JAck

Il y a " Défendre et étendre la sphère de la gratuité c’est se situer sur le terrain de l’émancipation sociale et non pas de l’accompagnement de la misère."
et également " Ainsi, rendre les transports en commun gratuits c’est nécessairement les modifier pour défendre à la fois l’écologie et le droit au déplacement des plus pauvres." ????!!

Entre ces argument de "’accompagnement de la misère" et "droit au déplacement des plus pauvres" n’aboutirions nous pas alors plutot à moins de voitures individuellement utilisées et AISANCE de circulation POUR TOUS ?

29/01/2017 22:26 par Bernard

Les faits reprochés a Monsieur Asselineau remonte à 2004 si j’ai bien lu , mais qu’en est il de Monsieur Mélenchon ministre de Jospin la fripouille et qui en 2012 a appelé à voter Hollande la fripouille imbécile ; pour ce qui est de la gratuité du service public il y a urgence en ce sens ou bientot il n’y aura plus de service public , l’école gratuite !!! la sécu ??

30/01/2017 04:47 par babelouest

Pour revenir à ce que défend Paul Ariès, oui, bien sûr, il faut LE service public, payé par NOS impôts, en particulier DIRECTS avec une dizaine de tranches pour que les plus à l’aise paient pour ceux qui n’ont rien, et sans abattements et niches fiscales ! Il faut AUSSI que les revenus encaissés en France, y restent ! Cela permet de revenir à une Sécu pour tous (mais pas pour des soins esthétiques), à des emplois pour tous, à des retraites pour tous avec un plancher et un plafond, à des transports en commun urbains pour tous, des trains moyenne distance gratuits (l’équivalent des TER et des Intercités) ; pour le reste, des assurances habitation forfaitaires gratuites, couvrant des logements garantis selon la taille de la cellule familiale. Oui, tout cela est possible, ce n’est qu’une question de répartition.

30/01/2017 16:21 par Combelle

Bonjour,
Vous avez dit "gratuité des services publiques" ?
Attention, il y a service publique et service publique. Exemple
L’Ecole, OUI, car elle est ouverte à tous et partout, sa gratuité est justifiée, quoique "vider" un élève du collège ou du lycée est un abandon inadmissible qui, s’il s’agissait des parents, serait mis au bans de la société et condamné en justice.

La santé. OUI, car elle doit être ouverte par tous, mais attention à ce qu’elle ne soit pas sous contrainte. Il faut laisser le choix du médecin, celui qui traite la gastro, n’est forcement l’idéal pour l’artrit ou la prostat,

Les transports en commun. NON car de nombreux déplacements générés par la gratuité ne sont pas des obligations. Et puis ils ne déservent pas la totalité de la population (cf Aubagne). Seuls les riverains et les proximités en profitent alors que c’est la totalité de l’espace communal qui les finance. Autre exemple : Ile de France : si vous faites l’effort financier de vous loger pres de votre travail, il est injuste de payer comme celui qui habite confortablement dans un commune à cout plus faible
Toutefois les transports scolaires sont justifiés par la généralité de l’École

L’Eau,. Oui, mais avec un quota/personne. S’il n’est pas justifié de payer le même prix pour sa piscine, il en est de même de son jardin.

Le logement. OUI, mais que ce soit universel, car il est inadmissible que les assistés soient mieux logés que bien des non assistés pourtant contribuables. C’est la "Société" qui doit assumer cette charge et non pas comme actuellement la reporter sur certains particuliers (Cf loi de septembre 48 et réglementations diverses type encadrement des loyers basée sur des concepts idiots)

Et combien d’autres ?

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