24 

Des chercheurs étatsuniens payés pour attaquer la science

Naomi Oreskes, historienne des sciences de la Terre, professeure à l’université de Californie à San Diego (Etats-Unis), est coauteure, avec Erik Conway, d’un ouvrage de référence sur les racines du climatoscepticisme, qui est paru en français (les Marchands de doute - Le Pommier, 524 pages, 29 euros).

Ce livre traite principalement des causes du scepticisme climatique. Naomi Oreskes s’est récemment rendu à Paris où elle y a tenu une série de conférences. Elle a également accordé un entretien au quotidien Le Monde. Dans cet entretien, elle explique qu’il n’y a pas de débat scientifique sur le fait que le réchauffement climatique est causé par les gaz à effet de serre et par la déforestation. Un débat s’impose selon l’auteure, et pour qu’il y ait débat, il faut que des travaux soient soumis au reste de la communauté scientifique.

Or, il n’en est rien. Aux États-Unis, explique la scientifique, ceux qui contestent la science climatique sont les mêmes qui ont précédemment mis en doute les pluies acides ou les trous dans la couche d’ozone… voire la nocivité du tabac. Naomi Oreskes explique dans son livre comment ces « scientifiques » agissent, poussés par ce qu’on peut appeler « le fondamentalisme du libre marché, fondé sur l’absence de toute réglementation ». C’est ainsi que les Républicains, malgré les dégâts considérables provoqués par l’ouragan Katrina en 2005, continuent de nier la science climatique. De surcroît, ces mêmes « scientifiques » toucheraient un pactole pour attaquer la science.

En Europe aussi, la bataille négationniste sur le climat a commencé depuis bien longtemps, menée par des cabinets de relations publiques bien « financés » qui ont diffusé des messages efficaces et convaincants. On retrouve donc d’un côté, les scientifiques qui analysent un dossier compliqué, le climat, et tentent d’anticiper la survenue d’événements extrêmes (cyclones, sécheresses, etc.) ; de l’autre, ceux qui prétendent que la main invisible du marché réussira à résoudre tous les problèmes. Le message que les braves gens préfèrent naturellement entendre est bien évidemment celui qu’assènent ces derniers.

Naomi Oreskes poursuit son entretien en soutenant que le « climatoscepticisme est avant tout une histoire étatsunienne qui trouve sa source dans l’angoisse face au communisme. On trouve à l’origine un groupe de « scientifiques » qui ont fait carrière durant la Guerre froide et qui, après l’effondrement de l’URSS, ont vu dans les préoccupations environnementales un avatar du socialisme ».

La scientifique conclut en « voyant cette campagne contre la science climatique comme une sorte de maladie qui s’est propagée. Et il y a toujours des raisons différentes de tomber malade ! ».

Capitaine Martin

Résistance http://www.resistance-politique.fr/article-des-chercheurs-etatsuniens-payes-pour-attaquer-la-science-104896455.html

COMMENTAIRES  

10/05/2012 10:25 par gérard

wahou !...qu’un article de ce style paraît bien incongru sur le Grand Soir !
Que d’amalgames s’y trouvent , à commencer par le titre, et immédiatement après par le ton qui est donné :

"Des chercheurs étatsuniens payés pour attaquer la science [..]un ouvrage de référence sur les racines du climatoscepticisme"

... des gens sont payés, ( sous entendu : soudoyés, corrompus) pour attaquer LA Science....ce sont les climatosceptiques.
A partir de là on retire l’échelle, la "messe est dite", LA science c’est le réchauffement climatique par l’activité humaine, par l’effet de serre. Toutes les autres explications ne peuvent pas être scientifiques, mais bassement mercantiles.
...Mais on est rassuré :

elle explique qu’il n’y a pas de débat scientifique sur le fait que le réchauffement climatique est causé par les gaz à effet de serre et par la déforestation. Un débat s’impose selon l’auteure, et pour qu’il y ait débat, il faut que des travaux soient soumis au reste de la communauté scientifique.

Ouf, on respire car la science sans débats, ce n’est pas la science, on est bien d’accord,
mais on est immédiatement inquiété :

ceux qui contestent la science climatique sont les mêmes qui ont précédemment mis en doute les pluies acides ou les trous dans la couche d’ozone… voire la nocivité du tabac.

...par cette rhétorique implacable qu’est...l’amalgame !
Les climatosceptiques et ceux qui nient la nocivité du tabac,...ce sont les mêmes !
Tout de texte de l’article est du même acabit.
Ceux qui nient la cause exclusivement humaine
- ce ne sont que des "scientifiques" entre guillemets, sous entendu : ce n’en sont évidemment pas !
- (ils)" toucheraient un pactole pour attaquer la science",
- Ce sont des négationnistes ("la bataille négationniste sur le climat a commencé depuis bien longtemps"),... ah !... cet adjectif, "négationniste",s’il n’existait pas...il faudrait l’inventer.
- "le « climatoscepticisme est avant tout une histoire étatsunienne qui trouve sa source dans l’angoisse face au communisme."...no comments !
STOP !
Je suis dans les préoccupation écologistes depuis,... depuis le temps où on se moquait d’eux !..pour ceux qui connaissent je citerai simplement : depuis Fournier et "la Gueule Ouverte".
Aborder l’Écologie uniquement par "l’effet de serre" et le réchauffement climatique, le tout uniquement causé par l’Être Humain c’est le faire par le petit bout de la lorgnette. Rien ne pourrait non plus empêcher d’envisager que les lobbies nucléaires ne soient pas derrière, mais je n’oserais pas l’envisager !
Il y a des Scientifiques Honnêtes qui, de par leurs études sur des "carottes" prélevées très profondément dans la glace de l’Antarctique, développent d’autres hypothèses sur les cycles climatiques, et ce tout en tirant aussi la sonnette d’alarme sur la pollution..., ce ne serait que des "révisionnistes" ?
Quand chacun sur la planète aura sa petite bagnole "nucléaire" (ce qui sera matériellement impossible avec une seule Terre)...on aura donc résolu le problème : plus de gaz à effet de serre !
Il faudrait mettre bien à plat TOUS les Problèmes Écologiques, et d’Écologie Politique surtout...mais ça, c’est une "autre paire de manche"...surtout pour des "oreilles américaines" !
La décroissance, que j’aimerais plutôt appeler "croissance intelligente" remettrait trop de choses en question sur cet "american way of life" qui sévit dans nos sociétés...
Il y aurait tant de choses à dire et que cet article est réducteur et même malhonnête...Tant de Kérosène gaspillé pour venir de Californie dire ça !

10/05/2012 11:32 par legrandsoir

@ gérard

Ca ressemble à un commentaire "juste pour le plaisir de contre-dire". Vous mettez un extrait "ceux qui contestent la science climatique" en oubliant le début de la phrase "Aux Etats-Unis..." Ce qui, vu d’ici, a plutôt l’air vrai. Ce sont les mêmes (appelons les des Républicains pour faire court, même lorsqu’ils sont Démocrates) qui prennent toujours le parti-pris de l’industrie contre le consommateur et/ou la santé. Qui ne veulent jamais admettre quoi que ce soit qui puisse mettre en cause le consumérisme et la liberté du marché. Qui affirment qu’on peut bien creuser des puits de pétrole en Alaska, que les OGM c’est bon, etc. Et ce sont effectivement des lobbies organisés pour influer sur les élus et les médias et éviter toute réglementation qui viendrait gêner le business. Il y a une sacrée nuance entre un climatosceptique qui s’appuierait sur des données scientifiques et un lobbyste qui choisit d’ABORD le climatoscepticisme (ou son tabacoscepticisme) pour des raisons idéologico-économiques pour ENSUITE tenter de le démontrer. Même ceux qui disent que la terre n’a que 5000 ans vont tenter de le prouver "scientifiquement".

10/05/2012 17:59 par gérard

@ 10/05/2012 à 11:32, legrandsoir
Je me suis effectivement posé votre question,
j’ai d’ailleurs failli tout effacer.
Cela fait tellement longtemps que je réfléchi au problème...
Après avoir lu l’article, l y a une phrase qui me revenait en tête comme une obsession : "l’enfer est pavé de bonnes intentions"
J’avais été frappé par les propos sur LCP ? ARTE ?la 5 ? enfin peu importe de :http://www.wikiberal.org/wiki/Vincent_Courtillot, et il est des honnêtetés qui ne trompent pas, et là je marche à l’intuition....Et c’était le cas en ce qui le concernait !
C’est un "climato-sceptique"...
Voir aussi la "poignée" de ses collègues :
http://www.wikiberal.org/wiki/Liste_de_scientifiques_sceptiques_sur_le_r%C3%A9chauffement_climatique

J’étais dans la ligne "classique" à l’époque. Il ne me venait pas à l’idée de contester ce "dogme", il entrait tellement dans ma ligne de pensée.
Mais j’ai un très grave défaut, et ça je le traîne depuis fort longtemps, comme une profession de foi en quelque sorte : en toute chose je considère que.... "rien n’est évident". Cela m’a aidé d’ailleurs sur des sujets brûlants comme le 11 Septembre.
Vous m’arrêterez si je me trompe, mais le Grand Soir le démontre régulièrement, par ses analyses sur la Libye, la Syrie,....on ne hurle pas ici...avec les loups, je me trompe ?
Mais revenons à cet article, et à votre remarque (je m’attendais d’ailleurs à une réaction, mais sans trop savoir laquelle).
Cette médiatisation à outrance du réchauffement climatique me pose problème : lorsque quelque chose déplait au Système...il met tout en oeuvre pour le combattre, et il y arrive ! (Voir pour le 11 Septembre...)
Je veux bien être parano, mais quelque chose me "chiffonne" : par exemple, je n’aime pas (et c’est un euphémisme !) Claude Allègre, mais je n’arrive pas à intérioriser l’idée qu’il soit vendu, ou bien quelque chose de ce style.
J’ai le sentiment d’une vaste manipulation dont je n’arrive pas encore à en définir les tenants et les aboutissants, mais j’espère me tromper !
Ne sous-estimons nous pas les pouvoirs des Lobbies pro-nucléaire ? Ne seraient-ils pas près à tout pour aboutir à leurs fins ? Ne joueraient-ils pas sur du velours avec cette question du réchauffement climatique ? Quoi de plus efficace que de se baser sur des "vérités" et les encourager, pour faire passer leurs intérêts ?
L’énergie nucléaire a demandé beaucoup d’investissements notamment en Recherche, elle est immédiatement disponible...et d’après eux (ce qui reste sérieusement à démontrer !)... plus rapidement que les énergies alternatives. Il y a des intérêts gigantesques derrière. Attiser l’urgence de la responsabilité humaine dans le réchauffement du climat ne serait pas une trop mauvaise opération pour le lobby nucléaire.
Mais j’ai l’esprit mal tourné !
De toute façon je trouve cet article trop succinct sur les problèmes écologiques de la Planète.
Il ne fait même pas cas de la pollution atmosphérique, c’est une catastrophe dans les villes...Il ne parle pas des conséquences géo-politiques du pétrole,....de ses "malédictions", et il en est de même en ce qui concerne l’exploitation du gaz de schiste et des pollutions que ça va entraîner...etc..etc..etc..
Mettre l’accent sur le réchauffement climatique, dont les causes ne sont même pas évidentes, n’est-ce pas mettre en évidence l’arbre qui cache la forêt des enjeux et des problèmes énergétiques mondiaux....et ainsi, pourquoi pas, d’en détourner l’attention ?
Réchauffement climatique ou pas, de toute façon il faut se sortir des énergies fossiles, qu’on le veuille ou non, on y sera obligé un jour ou l’autre.
Sur l’énergie nucléaire, il y a beaucoup à dire aussi dans ce sens.
Point commun à ces deux sujets : des décisions sur des orientations politiques claires nettes et précises doivent être prises rapidement sur des SOLUTIONS, et des solutions c’est ce que réclament les gens, ou alors ils vous rétorquent : "retour à la bougie ?"
....Alors autant s’y préparer à l’avance.
Vaste sujet.

10/05/2012 20:58 par Aodren

@ legrandsoir

"Même ceux qui disent que la terre n’a que 5000 ans vont tenter de le prouver "scientifiquement"."

Donc pour cela ils vont commencer par faire sauter le musée du louvre, même là y a des trucs plus vieux...

10/05/2012 22:09 par Erwin

Ouaip ! Bien d’accord avec gégé !
Depuis plusieurs années on nous rabâche le réchauffement climatique comme principal problème environnemental, voire comme le seul, puisque c’est le seul dont on parle (et c’est bien connu, ce dont "on" ne parle pas n’existe pas...).
L’arbre cache effectivement très bien la forêt, et permet de résoudre le problème en faisant du développement durable (beurk comme çà veut rien dire, vilain concept !) consistant à produire des voitures écolos (et mon cul il est écolo ?), mettre en place une taxe carbone qui ressemble à une belle farce capitaliste et développer des agrocarburants qui volent de plus en plus de terres agricoles, et donc de nourriture.
Bref, le fameux capitalisme vert peut faire fortune grâce à cet ennemi désigné qu’est le réchauffement climatique, et qui pourtant ne constitue qu’une faible proportion de la catastrophe écologique que nous vivons.
Quant au nucléaire, ma foi il s’en sort plutôt bien, en effet.
Après, que les causes du réchauffement soient partiellement, totalement ou pas du tout anthropiques, les engins en tous genre qui produisent des gaz à effet de serre ont d’autres effets néfastes, qui nous concernent beaucoup plus directement que le réchauffement : cancers et compagnie (maladies physiques et mentales en tous genres, et dans les mentales j’inclus bien sur l’aliénation de l’humain par la machine...bref).
Conclusion : laissons parler ceux qui émettent des doutes sur la légitimité de l’emballement médiatique autour du réchauffement climatique. Pour ma part, il me semble évident que l’activité de nos sociétés ne peuvent pas être sans effet sur le climat, mais il est tout aussi évident que lorsqu’un sujet semble faire consensus, c’est qu’il y a anguille sous roche.
J’aimerais ajouter que la problématique environnementale est à mon goût très insuffisamment traitée par LGS : une pensée de gauche ne peut pas en faire l’économie, ce serait se dissimuler une grande partie de la réalité et des enjeux. Pourquoi ne publieriez-vous pas régulièrement des articles décroissants ? Par exemple...

11/05/2012 00:09 par legrandsoir

(et mon cul il est écolo ?)

Uniquement s’il est équipé d’un pot catalytique.

Pourquoi ne publieriez-vous pas régulièrement des articles décroissants ?

Parce qu’on n’en reçoit pas. Il y a pourtant la possibilité de saisir en libre-service des articles.

11/05/2012 02:07 par Erwin

eheh, je vois qu’on est en forme ce soir...
Très bonne blague, merci !
Pour ce qui est des articles décroissants en fait je crois que je n’avais pas bien compris comment çà marche un site d’info alter : je pensais que vous alliez à la pêche aux articles sur le net, mais apparemment les articles viennent à vous.
Mais du coup si les articles publiés ici ne traitent jamais (ou presque) d’écologie, de modes de vie alternatifs (qui sont pourtant la meilleure façon de résister !), d’initiatives expérimentant des modes alternatifs de production / consommation / rapport aux ressources et à l’environnement qui les produit etc., il y a peu de chances que leurs auteurs aient l’idée de vous en envoyer.
LGS ne se mord-il pas la queue (oui j’attends une nouvelle blague) ?

11/05/2012 02:47 par legrandsoir

De rien...

Je ne pense pas qu’il y ait une règle précise pour un fonctionnement d’un site alter... Je ne peux parler qu’au nom du GS. Il y a les deux : nous allons à la pêche, lorsque nous avons le temps, et on nous propose des articles. Pour la partie pêche : nous pêchons (forcément) dans les eaux que nous connaissons (ou prétendons connaître) le mieux. L’écologie n’est pas notre fort et il nous est donc difficile de porter un jugement sur tel ou tel article. C’est effectivement un cercle vicieux doublé d’un problème de disponibilité de chacun. Cela dit, les écologistes (le terme est-il politiquement correct ?) auraient tort de se passer d’une caisse de résonance comme LGS ;-) .... Si quelqu’un a des suggestions.

11/05/2012 03:43 par Erwin

ok je ne promets rien, mais je partirai à la pêche un de ces quatre et essaierai de vous proposer quelques articles

11/05/2012 08:10 par Yannik

Ou comment un petit billet somme toute plutôt banal, évoquant les travaux de Naomi Oreskes sur des faits archi-documentés et incontestables - à savoir l’entreprise des lobbies industriels capitalistes visant à contester des faits scientifiques avérés, pour maintenir leurs profits - donne lieu à des cris d’orfraie de qui donc ? Eh bien de ces quelques égarés qui hantent étrangement un site d’expression progressiste et aussi (a contrario ?) de mystiques de cette nouvelle secte religieuse auto-nommée "écologie".... Amusant non ?

11/05/2012 12:29 par gérard

@ 10/05/2012 à 22:09, par Erwin
100% d’accord
@ 11/05/2012 à 08:10, par Yannik

l’entreprise des lobbies industriels capitalistes visant à contester des faits scientifiques avérés,

Pour :"l’entreprise des lobbies industriels capitalistes", là je suis plus qu’ entièrement d’accord : c’est la peste, le choléra et que sais-je encore réunis !
Pour : "les faits scientifiques avérés", là c’est tout autre chose : il vaut mieux relire ou plutôt lire car apparemment ça n’a pas été fait, mon commentaire précédent sur cet article.
signé :
un parmi comme tu dis, les :
"quelques égarés qui hantent étrangement un site d’expression progressiste", et en plus "mystiques de cette nouvelle secte religieuse auto-nommée "écologie""...j’ajouterai modestement POLITIQUE !
Tiens il vaut mieux écouter Mélenchon, sur le problème de l’énergie, c’est plus instructif :
http://www.reporterre.net/spip.php?article2779

@ Grand Soir
Grosse fatigue !
...Mais faut reconnaitre que j’ai fait court...

11/05/2012 12:35 par legrandsoir

Pour la longueur, c’est mieux.

Pour le nombre : encore un effort.

11/05/2012 13:31 par Yannik

@11/05/2012 à 12:29, par gérard

Mis à part pour les discipes de la secte de Raël, (& autres "crétins sidéraux" (sic) du même acabit) affirmer que le soleil serait vert ne suffit pas pour ce qu’il le soit...

11/05/2012 16:25 par gérard

@ 11/05/2012 à 13:31, par Yannik
Ca veux dire quoi...ce "soleil vert" ?
Ca sert à quoi de hisser le débat jusqu’au point culminant de cette haute figure intellectuelle qu’est la...dérision ?
Je préfère ce niveau là :
http://www.dailymotion.com/video/xffn8t_science-publique-vincent-courtillot_tech
...à chacun les niveaux qu’il peut.
"Il est dangereux d’avoir raison pour de mauvaises raisons" dit Vincent Courtillot à un moment de son exposé...à méditer !

12/05/2012 00:02 par Erwin

@ 11/05/2012 à 08:10, par Yannik

Amusant en effet. Comme quoi chez LGS on a l’esprit ouvert !

Alors reprenons point par point :

« l’entreprise des lobbies industriels capitalistes visant à contester des faits scientifiques avérés » voilà une chose sur laquelle nous sommes entièrement d’accord.

Ensuite sur l’agression dont je fais l’objet :

Moi mystique ? Mouais pas complètement faux, c’est vrai que j’aime bien, devant toutes ses beautés, affubler la Nature d’une âme et de sentiments, et même parfois lui accorder une majuscule. Tout cela bien entendu en certaines circonstances bien précises : afin d’apporter un peu de magie, par exemple, à une balade en forêt ou à une soirée grotte (on reparlera des grottes…). Il s’agit donc d’élans lyriques bien plus que de croyances. J’aime aussi l’appeler « notre mère à tous », ce qui en dernière analyse est exact, quelles que soient nos croyances.

L’ « écologie » nouvelle secte religieuse ?
Alors là , il y a du boulot :
« Nouvelle », à l’échelle de l’histoire des idées, oui. Mais l’idée qu’il faille préserver le patrimoine naturel date au moins du XIXe siècle (Création du parc de Yellowstone en 1872), et sa traduction politique date en gros des années 1970 (Club de Rome etc.). Donc pas si nouvelle.
« Secte religieuse ». Bon à ce stade, une mise au point sémantique s’impose. Le mot secte désigne depuis l’Antiquité un groupe de personnes partageant une doctrine philosophique, puis religieuse un peu plus tard. Aujourd’hui, il désigne couramment une organisation plus ou moins religieuse dont les membres croient en une vérité incontestable, s’alignent sur un dogme et respectent certaines règles de vie. Ouais une religion, quoi. Petite différence (de nos jours) : le terme « secte », péjoratif, est souvent associé à une vérité révélée qui, au regard des autres « vérités » auxquelles on est habitués, paraît farfelue, ainsi qu’au fait que les prêtres en tous genres tirent parti de la foi des adeptes. Ouais une religion, quoi. Ah et il y a aussi l’idée qu’elle touche beaucoup moins de gens que les « vraies » religions. Ouais comme toutes les religions à leurs début, quoi. Rappelons que le terme a désigné au temps de leur naissance les différentes Eglises dissidentes (luthérienne, calviniste etc.)
Bref. Je vois mal ce que les différents mouvements issus de la pensée écologiste ont de sectaire. Déjà car il existe en effet une multitude de déclinaisons de cette pensée, qui vont du scientisme écologique (il y a un gros problème, mais grâce à la science et seulement elle nous en viendrons à bout) jusqu’à la décroissance (il y a un gros problème : l’activité, la production, ne peuvent continuer de croître indéfiniment sur une planète aux ressources finies, il faut donc produire pour répondre à nos besoins et non créer sans cesse de nouveaux besoins pour répondre à ceux du capitalisme), en passant par Europe Ecologie (il y a un gros problème, donc on va continuer tout pareil mais en polluant moins), et par l’écologie d’extrême droite (pour ménager une place aux animaux, il faut virer les humains de certaines zones, ou, encore mieux, pour que quelques humains puissent vivre bien avec les ressources qui s’épuisent il faut éradiquer une bonne partie de la population mondiale). Ces courtes présentations sont bien évidemment orientées, vous aurez compris dans quel sens…
Donc multitude de courants, et par conséquent pas de dogme.
Ensuite, et vous m’aidez en désignant LGS comme « site d’expression progressiste » (ce que n’est donc pas l’ « écologie ») : que veut dire « progressiste » ? S’agit-il d’un progrès dans les conditions de vie des peuples ? Dans ce cas je vous suis. Par contre l’idée de progrès au sens généralement admis est à mon sens infiniment plus dogmatique que toute pensée écologiste. Je dirais même qu’il s’agît d’une religion, née avec les Lumières (qui ne sont pas à mettre en cause bien sur), développée avec l’âge industriel et qui en nos temps de recul des sectes officielles (pardon, religions), est devenue majoritaire en nos sociétés « développées ». Il s’agit plus précisément d’une foi inébranlable en la capacité émancipatrice, civilisatrice, libératrice de la science, de la technique, l’idée que chaque avancée scientifique et ses applications techniques participe à mouvement unidirectionnel qui fait qu’aujourd’hui sera toujours meilleur qu’hier (ou qu’avant-hier, parce qu’en ce moment on voit bien que beaucoup de choses régressent), et que demain (bon d’accord après-demain) sera meilleur qu’aujourd’hui. En bref un mouvement téléologique de l’humanité nous emmenant gaiement vers un avenir radieux. On n’arrête pas le progrès et tant mieux ! Donc exactement l’inverse de la longue décadence de l’humanité dont l’idée prévalait auparavant, en tout cas dans les sociétés chrétiennes.
En plus du couple divin science/progrès, cette religion polythéiste vénère les déesses consommation et croissance (à moins qu’il faille classer celle-ci dans les éléments de dogme), possède ses temples (les supermarchés), ses prêtres (les publicitaires) et ses inquisiteurs, conscients ou non, qui font passer les infidèles pour des doux-rêveurs, des idéalistes, des passéistes voire des terroristes (car nuisibles à la bonne marche de l’économie, voir la définition du ministère de l’intérieur de ce mot magique).
Pour ma part, et c’est le cas me semble-t-il de la plupart des hérétiques de ma secte, j’ose espérer que l’on va vers un mieux, sinon à quoi bon lire LGS ? ;) Effectivement de nombreuses découvertes ont nettement amélioré nos conditions de vie, et je ne regrette absolument pas le temps ou l’être humain vivait dans des grottes et s’éclairait à la bougie (voilà , je les ai placés…), ce que les inquisiteurs s’évertuent pourtant à répéter pour décrédibiliser toute remise en cause du dogme. Il ne s’agit pas de cela. Simplement d’examiner de manière pragmatique (donc le moins idéologique possible) le bien-fondé de chaque « progrès » scientifique, et surtout technique (moins compliqué à analyser), pour définir s’il constitue en effet un plus pour l’humanité, pour toute l’humanité.
Il s’agit également pour chacun, toujours pragmatiquement, de se poser la question du rapport utilité / contraintes pour chacun des objets et services qu’il est habitué à consommer. Et les résultats varient évidemment en fonction des besoins de chacun. Pour prendre un exemple, je ne possède pas de voiture, non pas par conviction (même si c’était un peu le cas au début), mais parce que l’utilité que j’en aurais ne justifie pas les dépenses que cela occasionnerait, les contraintes du genre aller-retour chez le garagiste, le coût énergétique et la pollution engendrée. Cà ne m’empêche pas de louer une voiture de temps à autre lorsque le besoin s’en fait sentir. Evidemment, un plombier par exemple peut difficilement s’en passer, donc la voiture est une invention utile, mais dont l’utilisation, surtout en imaginant la mise en place d’un vrai réseau de transports en commun, n’est pas pertinente pour tout le monde. En outre, elle est un exemple de technique que le peuple doit se réapproprier : aujourd’hui, réparer un moteur c’est hyper galère, la conception en a été compliquée à dessein. Par exemple, le saviez-vous, on peut les faire marcher à l’eau. Oui oui. Et là pour le coup la conception du moteur est vraiment sommaire.
Bon, au temps pour le mystico-sectaire : j’ai un ordinateur, une chaîne hi-fi, une cuisinière, une imprimante, un piano numérique, et j’habite même dans une maison, une vraie, en béton dégueu (pour l’instant) avec téléphone, internet, électricité, eau courante et même pas de chiottes sèches. Bref, une maison d’arriérés !
Pour finir, il y a souvent dans la pensée sociale l’idée que tous les peuples doivent avoir accès au même niveau et au même type de développement que les sociétés les plus développées. Heu, çà va pas être possible : pas assez de ressources, pollution monstre en perspective, cancers en masse pour tout le monde… Conclusion, il faut changer de modèle. L’orienter en fonction des besoin des gens et non du capital. A ce sujet je m’étonne que les initiatives cubaines (pays le plus écolo du monde), extrêmement novatrices (notamment en matière d’agroécologie -l’agriculture est, me semble-t-il, la base de la souveraineté d’un peuple) et qui ont pour certaines connu de très belles réussites, ne soient pas relayées ici.
Allez pour la route ma définition de l’écologie : recherche de l’utilisation optimale par l’être humain de son environnement naturel, dans une perspective durable. Mais vraiment durable. Ce n’est que çà …

Pour vaincre le grand capital, deux stratégies doivent marcher de front : lui confisquer l’outil de production et arrêter d’acheter toutes les m….. qu’il produit. La première peut porter rapidement ses fruits, mais est très incertaine et risquée. Elle dépend d’un rapport de forces politique qui pour l’instant, au Nord, reste franchement à notre désavantage. La seconde est beaucoup plus longue à mettre en oeuvre, car il s’agit de bousculer les représentations et les habitudes d’une partie de l’humanité, mais le résultat est assuré. Sans nous le système s’effondre.

12/05/2012 00:53 par legrandsoir

A ce sujet je m’étonne que les initiatives cubaines (pays le plus écolo du monde), extrêmement novatrices (notamment en matière d’agroécologie -l’agriculture est, me semble-t-il, la base de la souveraineté d’un peuple) et qui ont pour certaines connu de très belles réussites, ne soient pas relayées ici.

M’enfin ! Bien-sûr que si... Nous sommes pratiquement les seuls, d’ailleurs. Tiens, un documentaire en passant : How Cuba Survived Peal Oil (un must mais en anglais) :

Cela dit : ceci n’est pas un commentaire, c’est (presque) un article. Certains lecteurs (suivez ma souris) sont manifestement capables d’écrire un article, mais ils viennent se "réfugier" dans les commentaires. Par pudeur ? Par manque de confiance ?

12/05/2012 02:00 par Erwin

Mea culpa maxima (euh enfin Maxime, quoi, ou Viktor, va savoir...). Je fais un bien mauvais lecteur du GS en fin de compte. Effectivement je me souviens de l’article sur le peak oil mais je ne l’avais pas lu chez vous. Oui, en 2006 je n’étais qu’un alter-informé débutant et tâtonnant de site en site, dont certains pas très fréquentables en fin de compte. Je n’avais pas encore élu LGS comme site préféré et digne d’une confiance quasi-totale.
Bon et puis après recherche, ce n’est pas le seul article de ce genre que vous publiâtes.
Donc me v’là bien bête !
Voilà une des raison qui me retiennent d’écrire et proposer des articles : mon manque de rigueur. Quant à la pudeur, oui, aussi, mais je me soigne. Pour le manque de confiance je fais des efforts aussi. Donc qui sait, tout peut arriver...

12/05/2012 03:27 par Erwin

En effet très bon documentaire.
Merci

12/05/2012 10:24 par Michail

@12/05/2012 à 00:02, par Erwin

Si je puis me permettre, dans votre énumération des courants "écologistes", vous en avez oublié un dont je m’honore de faire partie !

Il est vrai - à votre décharge - que c’est encore un courant assez confidentiel, mais qui à mon sens gagnerait à être plus connu et est promu à un bel avenir je pense.

Je parle donc d’un courant d’ultra-gauche marxiste léniniste néo-polpotiste adepte des méthodes très radicales - et assez controversées, il faut bien l’admettre - des Khmers rouges, pour qui la solution passait non seulement par la décroissance, la collectivisation des moyens de production, mais aussi la ruralisation (ou désurbanisation comme l’on préfèrera) et un traitement agressif de la pollution démographique, la seule qui en soit réellement une en fait quand on appelle un chat un chat.

Des écologistes révolutionnaires pragmatiques en quelque sorte ! (On y viendra vous verrez...)

12/05/2012 10:25 par gérard

@ 12/05/2012 à 00:02, par Erwin
Dire que je m’associe à toi, c’est un euphémisme, rien à rajouter ou alors beaucoup trop car le sujet est si vaste !

J’avais "pondu"(c’est le cas de le dire !) cet article sur Le Grand Soir : "le fabuleux destin du poulet classe A"
http://www.legrandsoir.info/le-fabuleux-destin-du-poulet-classe-a.html
On ne se rend pas compte à quel point notre manière de vivre peut être un acte politique de gauche... de la gauche même.
De l’écologie-politique j’en rêvais depuis, depuis sa création par Fournier, son "canard" (on reste dans les volatiles) "la Gueule Ouverte", et Reiser qui a commencé ses "méfaits" à ce sujet dans Charlie Hebdo, le vrai pas celui qui a été dévoyé par ce sinistre individu de Val, mais ça c’est une autre histoire...
Donc le sujet, je pense le connaitre...."un peu".
La situation politique était depuis 1981(la Droite on en parle pas !) : PS et PC productivistes, les partis d’extrême-Gauche (pour éviter des polémiques acerbes dans les commentaires, je vais éviter de dire ce que j’en pense), le mouvement écologique à la recherche de son identité entre écologie-bobo, et écologie-politique naissante. Cette dernière inquiétait tous ceux cités précédemment : "rien que des anarchistes !"... C’était trop d’honneur d’être associé à ce que je considère comme étant LA Philosophie ; mais ça ne faisait pas avancer d’un pouce l’écologie-politique pour autant.
Les élections "ronronnaient" donc, écolo (sans trop de convictions) premier tour, cocu (par "discipline" !) deuxième tour...
...Jusqu’à ce que ce diable de Mélenchon par son approche (en plus !) de l’écologie-politique :
http://www.reporterre.net/spip.php?article2779 ....fasse enfin bouger les lignes !
Il avait fini de me réveiller complètement...pourvu que ça dure !
@ Grand Soir
voici un extrait de la conclusion de mon article sur le "poulet classe A" :
"Quand je lis un article du Grand Soir, j’attends énormément de choses aussi de la qualité de ses commentaires, ils déterminent d’une certaine manière la pertinence ou l’impertinence de l’article."
Écrire un article ce n’est pas évident :
- si le sujet peut être l’objet de polémiques, on se retrouve attendu au tournant,
- cela prend beaucoup de temps si on veut être clair net et concis,
- il ne faut pas être trop long, le lecteur va finir par zapper et lire en diagonale,
- il ne faut pas être trop court, à coup sûr le sujet est galvaudé, ou alors il faut être très très fort...
La même chose devrait être appliquée en ce qui concerne les commentaires.
C’est pourquoi il m’a été reproché d’être trop long : je n’arrive pas à concevoir de réagir à un article ou à un commentaire sans avoir essayé de bien faire l’analyse de son texte.
Surtout ne pas réagir impulsivement sur un mot par exemple : c’est entrer dans des polémiques qu’il est possible à la rigueur de concevoir oralement, mais pas dans un commentaire de texte...ça tourne très vite à la "prise de tête".
Et il y a bien d’autres raisons, mais j’arrête ...je vais finir par être trop long.
Petite suggestion d’ordre technique : il faudrait ne plus avoir à disposition de mettre en gras, mais plutôt celle de souligner.
Mettre en gras, c’est un peu "hausser la voix",..et "hausser la voix", ce n’est pas un argument !
Souligner c’est simplement faire ressortir l’importance d’un mot (ou plus) à l’intérieur d’un texte, c’est moins agressif !

12/05/2012 11:03 par legrandsoir

il faudrait ne plus avoir à disposition de mettre en gras, mais plutôt celle de souligner

Effectivement. Notre outil de publication ne le permet pas (a priori). En attendant, et rien que pour vous, vous pouvez encadrer le texte à souligner par deux symboles

<u>Le texte à  souligner</u>

et ça donne :

Le texte à souligner.

En attendant, quoi.

12/05/2012 10:34 par Yannik

@12/05/2012 à 00:02, par Erwin

Votre réponse ne manque pas d’humour. Mon "attaque" sur les écologistes ne se voulait pas méchante ; quand ils n’oublient pas d’être aussi marxistes ils ont ont toute ma sympathie, mais dans la négative je vous avoue qu’ils m’agacent au mieux...

12/05/2012 15:12 par Erwin

@ Yannik
Ouaip, les écolos, c’est comme tout le monde, lorsqu’ils prétendent n’être ni de droite ni de gauche, on sait ce qu’ils sont...
Pour ma part je ne suis pas plus écolo que coco, je laisse simplement les deux se féconder (dans les herbes folles au milieu des pâquerettes -et non au raz...)

12/05/2012 15:24 par Erwin

@ Michail

un traitement agressif de la pollution démographique

à savoir ?

(Commentaires désactivés)