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Deux Palestiniens en grève de la faim envoient leurs derniers signaux de détresse (Mondoweiss)

Mahmoud Sarsak. (Photo : PFLP)

Le mois dernier, quand 2000 Palestiniens qui faisaient la grève de la faim pour être traités avec dignité ont mis fin à leur mouvement de protestation, deux détenus palestiniens se sont engagés à continuer la lutte des ventres vides. Des semaines plus tard, en dépit de la diminution de la couverture médiatique et des manifestations de solidarité, leur combat continue et les irréductibles grévistes de la faim sont en danger de mort. Le célèbre joueur de football de l’équipe nationale de Palestine, Mahmoud Sarsak, est dans sa 82ième journée de jeûne et le prisonnier diabétique, Akram Rikhawi, est dans sa 58ième journée de jeûne.

Devant la gravité de leur état, il y a trois jours, les deux grévistes de la faim ont fait un vibrant appel : "Il reste encore assez de temps pour intervenir et mieux vaut nous soutenir tardivement que jamais. Il vaut mieux nous récupérer vivants et victorieux que morts dans des sacs noirs."

L’appel a été posté en Arabique sur la page facebook de Addameer et traduit en Anglais par Electronic Intifada. L’appel est le "dernier signal de détresse" des deux hommes qui continuent au péril de leur vie à se battre contre les brutales politiques de détention israéliennes :

"Nous vous envoyons en urgence ce dernier signal de détresse du fond de nos cellules du soi-disant hôpital de la prison de Ramle où on nous laisse volontairement mourir à petits feux, pour que vous sachiez que vos fils et vos frères se battent toujours contre la mort mais vous, vous ne vous en souciez pas et vous ne soutenez pas leur cause— comme si, à la fin de la grève, les prisonniers avaient obtenu tout ce qu’ils avaient demandé.

Nous sommes toujours là , et nous continuons notre grève de la faim illimitée car notre combat n’est pas terminé."

Bien que leur combat dure depuis longtemps, ce n’est qu’hier qu’on a permis à deux médecins indépendants de l’organisation pour les droits humains israélienne (PHR-Israel) de venir les voir. Après leur visite, PHR-Israel et le Conseil Palestinien pour les droits humains (PCHRO) ont fait une déclaration décrivant l’état critique de Sarsak et Rikhawi et soulignant l’urgence de la situation.

Ils ont déclaré à propos de Sarsak :

Mahmoud souffre d’une grande perte de tissu musculaire et d’une perte de poids drastique. Il a perdu environ 33% de son poids : il pesait 76 kg et il en pèse aujourd’hui 51. Il s’évanouit, perd souvent conscience et a des pertes de mémoire. Le docteur a ajouté que Mahmoud souffre de troubles du rythme cardiaque (arythmie) qui mettent sa vie en danger.

Et à propos de Rikhawi voilà ce que les docteurs de PHR-Israel ont dit :

Akram aussi souffre déjà d’une grande perte du tissu musculaire et d’une perte de poids drastique. Son poids est passé de 68 kg à 50 kg, ce qui représente une perte de 26,5%. Le docteur de PHR-Israel a aussi déclaré que la combinaison de l’inflammation due à une maladie chronique antérieure et des complications dues à la grève de la faim rendaient leur hospitalisation d’urgence indispensable.

Akram est enfermé au centre médical de la prison de Ramley depuis son arrestation en 2004 parce qu’il souffre de plusieurs maladies chroniques, dont le diabète et l’asthme. Akram a commencé sa grève de la faim le 12 avril pour protester contre le fait que sa demande de liberté anticipée lui ait été refusée en dépit de son état de santé. Hier le 5 juin, sa demande de liberté anticipée pour des raisons médicales a été à nouveau rejetée. Les menaces des docteurs de IPS (Israel Prison Service) de le nourrir de force et de le soigner de force ajoutées à leur refus de soutenir sa demande de remise de peine en raison de son état de santé, ont conduit Akram à se méfier profondément d’eux. C’est pourquoi il a souvent refusé d’être traité pour ses maladies chroniques ou pour les complications qu’elles engendrent.

PHR-Israel a aussi fait état d’un troisième gréviste de la faim pour la dignité qui a rejoint Sarsak et Rikhawi pour protester contre les méthodes de détention :

Un troisième prisonnier palestinien fait aussi la grève de la faim. Il s’agit de Samer Al-Barq, 38 ans, retenu en détention administrative sans charge ni jugement depuis le 11 juillet 2010. Samer est emprisonné au centre médical de Ramley. Samer a participé à la grande grève de la faim des prisonniers palestiniens du 17 avril au 14 mai. Il s’est remis en la grève de la faim le 21 mai pour protester contre le renouvellement des détentions administratives en violation des accords conclus à l’issue de la grève de la faim selon lesquels les détentions administratives des prisonniers actuellement en détention ne seraient pas renouvelées.

Rikhawi et al-Barq sont retenus en détention administrative, la méthode israélienne pour emprisonner les gens sans charges sur la foi de "preuves secrètes", mais Sarsak est emprisonné au titre de la "loi des combattants illégaux". Originellement destinée à être le moyen légal de court-circuiter les droits des prisonnier politiques libanais suspectés de collaborer avec le Hezbollah, cette loi est utilisée depuis 10 ans pour capturer les Palestiniens de Gaza et les détenir dans des conditions plus dures que celles de la détention administrative.

Il y a 3 ans, Sarak a été arrêté en Israël alors qu’il se rendait de Gaza en Cisjordanie pour rejoindre l’équipe nationale palestinienne de football. Les Israéliens ont utilisé la loi des combattants ennemis pour kidnapper Sarsak. Depuis son arrestation en 2009 Sarsak n’a fait l’objet d’aucunes charges. Et sous les lois israéliennes le joueur de football peut rester en prison indéfiniment ou en tous cas très longtemps puisqu’il est dans l’impossibilité de se défendre contre des accusations qu’il ne connaît pas.

L’année dernière, le groupe israélien de défense des droits de l’homme, B’tselem, a critiqué la loi d’internement des combattants illégaux en ces termes : "Elle permet à l’état de faire des arrestations massives, de retenir les prisonniers indéfiniment sans contrôle judiciaire réel". B’tselem soulignait deux points de la loi si vaguement énoncés qu’ils rendaient la libération pratiquement impossible :

1. La première présomption est que relâcher un combattant illégal nuirait à la sécurité de l’état. Voilà comment est rédigée la loi :

En vertu de cette loi, toute personne qui est membre d’une force hostile à l’état d’Israël ou qui a pris part à des actes hostiles, que ce soit directement ou indirectement, sera considérée comme quelqu’un dont la libération mettrait en danger la sécurité de l’état aussi longtemps qu’il ne pourra pas être prouvé que cette force hostile à Israël a cessé d’exister.

2. La seconde présomption touche l’existence des actes hostiles :

Un document signé de la main du ministre de la défense, dans lequel il indiquera qu’une force donnée est impliquée dans des actes hostiles à Israël ou que ses actes hostiles à Israël ont pris fin ou n’ont pas encore pris fin servira de preuve dans toutes les procédures légales, tant que le contraire ne sera pas prouvé.

B’tselem explique que ces deux éléments de la loi "placent le fardeau de la preuve sur le prévenu". C’est lui qui doit démontrer qu’il n’est pas une menace pour l’état. Dans le cas de Sarsak, le joueur de football doit prouver qu’il est innocent de charges secrètes et aussi qu’il n’est pas - existentiellement - une menace pour Israël.

Mais selon l’accord qu’Israël a conclu le mois dernier avec les grévistes de la faim pour la dignité, l’état hébreu ne peut plus continuer à emprisonner arbitrairement des gens sans charges ; l’accord exige qu’Israël relâche ces prisonniers ou juge ceux qui ont été arrêtés sur la foi de preuves secrètes. Pourtant Israël a juré qu’il ne relâcherait pas Sarsak, Rikhawi et al-Barq.

De plus, hier, Amnesty International (AI) a confirmé qu’Israël ne respectait pas les engagements pris avec les grévistes de la faim. Selon Ann Harrison de AI, le service de la prison a renouvelé au moins 30 détentions administratives. Selon elle : "En dépit de l’annonce par de nombreux médias que les autorités israéliennes avaient accepté de relâcher les prisonniers administratifs à la fin de leur période de détention en vigueur ’sauf en cas de nouvelles informations’, d’après ce que nous savons, les choses continuent comme avant en ce qui concerne la détention sans charges et sans jugement".

Allison Deger

Pour consulter l’original : http://mondoweiss.net/2012/06/2-hunger-strikers-issue-final-distress-call.html

Traduction : Dominique Muselet

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