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Dilemme syrien (Hurriyet)

Gwynne Dyer

Un dilemme est, par sa nature même un choix entre des maux, et c’est ce à quoi font maintenant face les autres pays à propos de l’utilisation de gaz toxiques en Syrie. Toutes les options peuvent être "sur la table", mais aucune d’entre elles n’est bonne.

Personne ne nie que du gaz toxique ait été utilisé dans des parties tenues par les rebelles à Damas le 21 Août, pas même le gouvernement syrien. Médecins Sans Frontières affirme que 3.600 patients présentant des symptômes d’intoxication ont été traités dans trois hôpitaux situés près de Damas après l’attaque, et qu’au moins 355 d’entre eux sont morts. Le total réel pourrait atteindre 1000 morts. Ce sont les morts que cause habituellement la guerre civile syrienne en une semaine intervenus en une seule journée.

Après cela, cependant, nous manquons de faits. Les rebelles affirment que le régime baasiste serait responsable, alors que le gouvernement syrien affirme que les rebelles l’auraient fait eux-mêmes dans l’espoir de déclencher une intervention militaire étrangère. L’envoi d’inspecteurs de l’ONU ne règlera pas cet argument : si du gaz neurotoxique a été effectivement utilisé, il est possible qu’il provienne de stocks gouvernementaux, mais cela ne signifie pas que ce soit le régime qui l’ait employé.

Tout le monde sait que l’armée syrienne possède des stocks de gaz toxiques, mais ce qui se passe en Syrie est une guerre civile. Les rebelles n’ont pas envahi l’un des sites de stockage connus pour détenir des armes chimiques syriennes, mais ils pourraient avoir des partisans secrets à l’intérieur de ces sites qui leur en auraient fourni clandestinement.

Si vous vous posez la vielle question "qui en bénéficie ?", les rebelles, qui sont actuellement en perte de vitesse, ont une forte motivation à obtenir que le régime de Bachar al-Assad soit blâmé pour l’utilisation d’armes illégales. Si cela conduit les États-Unis et d’autres puissances occidentales à imposer une zone d’exclusion aérienne, ou à bombarder des bases militaires du régime, cela favoriserait la cause rebelle. Alors peut-être auraient-ils agi pour fournir les "preuves" nécessaires : certains d’entre eux sont très certainement suffisamment impitoyables pour agir ainsi.

Il est plus facile d’imaginer que le régime aurait utilisé des armes chimiques, il est tout aussi impitoyable, et il en possède réellement. Mais ce ne serait manifestement pas à son avantage de le faire. Les troupes du président Bachar al-Assad sont en train de gagner la guerre sans en employer, et la dernière chose dont ils auraient besoin serait une intervention militaire étrangère. L’utilisation d’armes chimiques pourrait conduire à un tel un résultat, et il serait exceptionnellement stupide de la part du régime de le faire.

D’un autre côté les armées et les régimes ont fait des choses exceptionnellement stupides par le passé, surtout quand ils sont isolés et sous une forte pression. Le consensus qui se dégage parmi les gouvernements occidentaux, en tout cas, c’est que Bachar al-Assad serait responsable. Alors, que faire à ce propos ?

La France a d’ores et déjà appelé à l’usage de la force, et les Etats-Unis et la Grande-Bretagne semble être sur le point de le faire : après un appel téléphonique de 40 minutes samedi dernier, le Président, Barack Obama et le Premier ministre David Cameron ont convenu que "une utilisation considérable d’armes chimiques mériterait une réponse sérieuse". Mais c’est à peu près le moins que l’on puisse dire, dans les circonstances.

Une intervention militaire américaine est peu susceptible de conduire au résultat que la politique étrangère américaine désire vraiment : la préservation de la laïcité existant en Syrie, avec un changement de leadership au sommet. Si Bachar al-Assad était renversé, il entrainerait probablement tout l’édifice avec lui. Si les rebelles gagnaient, ce seraient presque certainement les islamistes radicaux qui prendraient la relève. Donc, si une intervention militaire est pratiquement destinée à finir dans les larmes, alors pourquoi ne pas l’éviter ?

Parce que les armes chimiques sont classées comme des "armes de destruction massive", il existe un traité international interdisant leur utilisation. Si vous laissiez Assad s’en tirer comme cela, stipule l’argument, il aurait brisé un tabou international important sur l’utilisation des armes de destruction massive. Eh bien, pas vraiment.

Les armes biologiques ("la guerre bactériologique") sont des armes terrifiantes de destruction massive, interdites par un traité, et personne ne les a jamais utilisées. Les armes nucléaires peuvent tuer des milliards d’individus, elles n’ont jamais été interdites, mais elles n’ont pas été utilisées en guerre depuis 68 ans maintenant. Le gaz toxique, cependant, n’est pas vraiment une arme de destruction massive du tout.

Le napalm, les explosifs incendiaires et les bombes à sous-munitions sont tout aussi méchants que les gaz toxiques et parfaitement légaux. L’interdiction historique des gaz toxique a un effet dissuasif important, mais certaines infractions antérieures lui ont survécu et empêcher son utilisation ne vaut pas une guerre. Surtout si elle est, du point de vue des intervenants potentiels, une guerre impossible à gagner.

Gwynne Dyer,
Le 27 août 2013.

Source : Syrian Dilemma

 http://www.hurriyetdailynews.com/syrian-dilemma.aspx?pageID=449&nID=53268&NewsCatID=418

COMMENTAIRES  

29/08/2013 17:30 par Quidam

@ Administration LGS

Une coquille grammaticale dans l’avant-dernier paragraphe :

"(...) Les armes nucléaires peuvent tuer des milliards d’individus, elles n’ont jamais été interdites, mais elles n’ont pas été utilisées en guerre depuis 68 ans maintenant. (...)"

30/08/2013 01:19 par Leo Lerouge

Bien piètre analyse. Pas plus inspirée qu’une rédaction d’écolier.
Qu’est-ce que c’est que ce "dilemme" dont il parle ?
Et où a-t-il vu qu’il s’agissait d’une "guerre civile" ?

"Une intervention militaire américaine est peu susceptible de conduire au résultat que la politique étrangère américaine désire vraiment : la préservation de la laïcité existant en Syrie, avec un changement de leadership au sommet"

Ah bon ? Il doit être le seul au monde aujourd’hui à gober encore les salades de l’administration américaine. Pourtant, il devrait être bien échaudé, depuis le temps.

Quant aux armes interdites par les traités internationaux, il oublie de citer leur utilisation par le "régime" américain.
"D’un autre côté les armées et les régimes ont fait des choses exceptionnellement stupides par le passé, surtout quand ils sont isolés et sous une forte pression", dit-il, après avoir dit qu’il "serait exceptionnellement stupide de la part du régime [d’Assad]" d’utiliser des armes chimiques".
"les armées et les régimes" ? Qu’est-ce ?
Apparemment, il a raté pas mal d’épisodes "exceptionnellement stupides" de l’histoire des US, depuis le génocide des Indiens jusqu’à nos jours, en passant par Hiroshima et Nagasaki, le Vietnam et le demi-million d’enfants irakiens morts à cause des sanctions contre l’Irak (dont Madeleine Albright avait dit que le prix à payer en valait la peine).

Apparemment, également, il n’a pas non plus été choqué par le cynisme du ministre des affaires étrangères US, John Kerry, qui a déclaré :

" Ce que nous avons vu en Syrie la semaine dernière devrait secouer la conscience du monde. Cela défie tout code de moralité. Je vais être direct. Le massacre inconsidéré de civils, de femmes, d’enfants et de passants innocents par des armes chimiques est une obscénité morale".

Kerry, qui a oublié qu’il a voté pour l’invasion de l’Irak, qui a été contaminé par les armes chimiques utilisées par les US et où les enfants naissent encore avec des malformations abominables, sans parler des innombrables victimes qui sont mortes, ont été estropiées ou contaminées, ni de la situation actuelle du pays, en plein chaos.

Autre chose :

Aujourd’hui, a eu lieu un débat important à la Chambre des Communes et un vote sur la motion présentée par Cameron.
Les députés ont finalement rejeté par 285 voix contre 272 la demande d’autorisation du gouvernement britannique de lancer une intervention militaire en Syrie.
David Cameron a déclaré qu’il comptait respecter cette décision, et ne pas donner l’ordre d’une offensive.

Et nous, on va avoir droit à un débat aussi ? Ou bien Hollande va-t-il décider de partir en guerre tout seul, comme son prédécesseur ?
L’initiative de Cameron ne doit pas arranger nos valeureux guerriers français ...

30/08/2013 02:17 par Quidam

@Leo Lerouge

Je crains que vous saisissiez pas bien la finesse du style de l’auteur ... Tout le monde aura compris que Gwynne Dyer est fermement opposé à toute intervention étrangère (supplémentaire) en Syrie & qu’il ne croit pas un seul instant à la rhétorique interventionniste & belliciste occidentale ...

Seulement pour le dire on n’est pas obligé de monter sur ses grand chevaux & de qualifier de noms d’oiseaux les protagonistes, pour faire plaisir à ceux qui sont déjà de cet avis, mais plus intelligemment d’argumenter finement afin de toucher un public qui n’a pas encore pris conscience du caractère fallacieux de cette rhétorique diffusée en boucle dans les médias propagandistes.

Convaincre les convaincus pour se faire plaisir, c’est de la masturbation intellectuelle, ce n’est de toute évidence pas le but de l’auteur Gwynne Dyer !

30/08/2013 09:13 par Quidam

Ceci étant, excellente analyse à mon sens ! En bon historien & plus particulièrement de l’histoire des guerres, l’auteur démonte l’argumentaire sommaire de la rhétorique de cette dernière aventure belliciste en date.

L’Occident n’aurait en effet de toute évidence rien à gagner dans une telle nouvelle folie aussi meurtrière que vaine, d’autant que depuis plus deux ans il a déjà fait bien trop de mal aux habitants de cette région martyre, ne serait-ce que par la guerre médiatique qu’il n’a cessé de mener contre la Syrie, & en laissant les monarchies obscurantistes de la Péninsule arabique & du Golfe persique y jouer les Machiavels en y semant le chaos.

Gwynne Dyer nous a en outre épargné un détail juridique & technique, c’est que la Syrie n’étant pas signataire du traité d’interdiction des armes chimiques & bactériologiques, leur utilisation éventuelle ne constituerait pas une atteinte au droit international contrairement à ce que prétendent les dirigeants occidentaux … m’enfin, ce genre de petites inexactitudes ne leur fait pas peur …

30/08/2013 13:01 par Leo Lerouge

Je reconnais ne pas avoir, en effet, votre finesse d’analyse.
D’ailleurs, n’est-ce pas vous qui, il y a peu, disiez que vous ne pensiez pas que les Etats-Unis comptaient attaquer la Syrie, et que les journaux US que vous consultiez n’en parlaient pas ?

Penser que les deux pitres franco-britanniques (dont un, désavoué par ses pairs, a lâchement quitté le navire) qui sont tellement inféodés à Washington qu’ils commettent des exactions pour son compte (cf. l’affaire de la NSA, la garde à vue de David Miranda ou l’immobilisation de l’avion de Morales) qu’ils agissent seuls pour la Syrie, me semble une aberration, à moi personnellement.

J’ai, sans doute, le tort de penser que les tergiversations sur qui a utilisé le gaz et, dans ce cas, quoi faire, sont bien dérisoires en l’état actuel des choses.
Et que la question n’est de toute évidence pas là, puisque, s’il s’agissait des rebelles, il ne serait pas question de les inquiéter pour si peu (d’ailleurs, cela s’est déjà produit sans qu’il y ait une telle levée d’armes), mais que la motivation est toute autre : utiliser ce prétexte pour renverser Assad, qui les nargue depuis deux ans, malgré les efforts pour armer ces bras cassés de rebelles, peu importe les conséquences pour le peuple syrien, déjà pris entre deux feux malgré eux.

J’ai aussi la faiblesse d’estimer que s’en prendre à un Etat souverain pour renverser son président et aller assassiner son peuple, c’est une violation des lois internationales et que cela suffit largement à "monter sur ses grands chevaux" pour dénoncer ces crimes contre l’humanité, avec un grand H et un petit.

D’autre part, quand une agression d’une telle envergure (qui peut se répercuter à d’autres pays, qui plus est) et parfaitement illégale se profile, je pense qu’il est temps d’alerter le public de toutes les façons, pas de tourner autour du pot pour finir par dire, non finalement, je crois qu’il ne faut pas que les "intervenants " (admirons la pudeur) attaquent ce pays.

"L’interdiction historique des gaz toxique (sic) a un effet dissuasif important, mais certaines infractions antérieures lui ont survécu et empêcher son utilisation ne vaut pas une guerre. Surtout si elle est, du point de vue des intervenants potentiels, une guerre impossible à gagner."

C’est–à-dire que ce bon journaliste incompris nous explique que faire la guerre pour empêcher l’utilisation de gaz toxiques est vain, qu’il y avait déjà eu des "infractions" (en effet, je vous l’accorde, le vocabulaire est modéré à souhait) antérieures, surtout qu’on n’est pas sûr de "gagner" ("gagner" quoi ?).
Bien, je note la fermeté de son opposition à toute intervention étrangère.

En outre, parler de ces infractions sans évoquer l’Irak, la Palestine, le Vietnam, et bien d’autres, c’est, en effet, remarquable de pondération.

C’est ainsi que, pour ne vexer aucun "protagoniste", et comme il a raison, il reste volontairement dans le flou : "les autres pays" ; " Personne ne nie" ; "l’envoi d’inspecteurs de l’ONU ne règlera pas cet argument" (tiens, c’est justement ce que dit Obama : qu’il se passera de leur avis) ; "tout le monde sait" ; " "si cela conduit les États-Unis et d’autres puissances occidentales à imposer une zone d’exclusion aérienne, ou à bombarder des bases militaires du régime" (comme en Libye ?) ; "les armes nucléaires n’ont jamais été interdites (donc, on peut les utiliser si on veut ? ), mais elles n’ont pas été utilisées en guerre depuis 68 ans maintenant (par qui donc ?) ; etc.
Du travail d’orfèvre de journaliste.
Il faut avoir la foi du charbonnier pour trouver une quelconque utilité à ce pensum.
D’après moi (mais qui suis-je, à côté des fins analystes ?), s’il veut apporter la bonne parole à un non-convaincu, il faudrait qu’il commence par ne pas prêcher dans le désert.

NB : Non, un "dilemme" n’est pas un choix entre deux "maux", c’est un choix difficile auquel est confrontée une personne (ou autre) entre deux options contradictoires et, de toute façon, préjudiciables, quel que soit le choix final. Ex : le choix entre amour et honneur.

Ici, le vrai dilemme serait : si nous ne bombardons pas ceux qui ont véritablement utilisé le gaz (quels qu’ils soient), ils vont continuer à l’utiliser impunément et tuer d’autres civils innocents, mais, si nous les bombardons, ces derniers seront tués en plus grand nombre encore.

Or le choix cornélien du "journaliste" est : "il est indéniable que du gaz toxique a été utilisé, mais on ne sait pas qui à coup sûr, donc, d’une part, il ne faudrait pas bombarder l’Etat syrien sans preuves et d’autre part, on n’est pas sûr de gagner.

Et pour ceux qui lisent l’anglais et qui voudraient des informations sur le sujet, mais où, hélas, par manque de finesse, les protagonistes sont qualifiés de noms d’oiseau, voici quelques liens :

What Is America’s Code of Morality ?

Imposing Inevitability : Unilaterally Striking Syria

Descending Into Chaos : Syria At Stake

Syria : Obama’s Pretext for War ?

Bonne journée quand même.

NB 2 : Juste une parenthèse : qui donc a traduit ce texte bourré de fautes ?

30/08/2013 22:10 par legrandsoir

Il faut avoir la foi du charbonnier pour trouver une quelconque utilité à ce pensum.

Utilité, Intérêt... C’est un des plus grands quotidiens turcs (me semble-t-il), d’où l’intérêt, donc l’utilité, quelque part quoi...

31/08/2013 08:49 par Leo Lerouge

On peut aussi dire du Monde qu’il est "un des plus grands quotidiens" français.

D’autre part, ce n’est pas faire honneur au journalisme en Turquie.
En outre, rien n’indique, apparemment, qu’il écrit du point de vue d’un Turc, ce qui aurait eu un intérêt indéniable. A moins que les Turcs ne soient à l’origine de l’expression :" peut-être bien que si, peut-être bien que non". Je me demande comment ça se dit en turc ...

Cela dit, cet article a au moins l’avantage de montrer qu’on peut, en journalisme, annoncer des nouvelles que tout le monde connaît déjà, en plus exhaustif.
Du moins, sur ce site, où les articles sur la Syrie n’ont pas manqué.
Après, évidemment, si c’est de la vulgarisation destinée aux homologues des lecteurs exclusifs du Monde, c’est une autre paire de manchettes ...

31/08/2013 11:37 par A propos d'Hurriyet

Copie d’un commentaire à l’article Fantasmes chimiques et dures réalités (Hürriyet) :

Un autre article de Gwynne Dyer publié en 2011 par le Grand Soir :

Poutine : L’érosion du temps (Hurriyet)

Il ne faut pas confondre Gwynne Dyer avec Peter DYER, auteur en 2008 d’un article également publié par Le Grand Soir :

Les journalistes étatsuniens et les crimes de guerre

Par ailleurs, sur Le Nouvel Observateur, on trouve :
Gwynne Dyer (photo) - Polémologue - Ma bio -
"Gwynne Dyer est Docteur en études de guerre à l’université de Londres, il a été enseignant au collège des Forces armées canadiennes, et à l’académie militaire royale de Sandhurst. Auteur du best-seller "War", il a été nominé aux Oscars pour la série télévisée tirée de cet ouvrage. Dernier livre paru : "Alerte changement climatique : la menace de guerre" (éd. Robert Laffont)".

31/08/2013 13:19 par Quidam

Puisqu’il est question du canard & de l’auteur du papier (?) ... Hürriyet (1) est bien un journal turc & Gwynne Dyer est en particulier l’auteur d’un bouquin intitulé : "The Mess They Made : (2) The Middle East After Iraq" ce qui situe bien le personnage me semble-t-il ...

Quand à son bouquin (monumental) "War" & le reportage vidéo éponyme qu’il en a tiré, (3) racheté par quelques chaines de TV, ils n’ont rien à voir avec une apologie de la guerre, mais sont bien au contraire très clairement antimilitaristes, que les choses soient bien claires.

Ceci étant je m’étonne que l’on en vienne à parler de ça ... vu que ce n’est pas le sujet ...

(1) "Hürriyet" siginifie "libeté" en turc.
(2) "The Mess They Made" pourrait se traduire en bon français courant par : "Le bordel qu’ils ont foutu !"
(3) Disponible en intégralité & gratuitement sur le web pour qui se donnerait la peine de chercher un peu, sachant que c’est volumineux : + de 6 heures de vidéo ...

31/08/2013 23:28 par Leo Lerouge

Merci @ A propos d’Hurriyet pour ces précisions utiles.

En commentant cet article de Gwynne Dyer, je ne me doutais pas que d’autres du même auteur avaient déjà été publiés sur le GS.
Et ce qu’il y dit est édifiant, et confirme le malaise que j’ai ressenti en lisant ce texte.
Les commentaires sur les autres textes sont d’ailleurs à la hauteur de l’indignation que l’auteur a soulevée.
Ainsi, dans le texte " Fantasmes chimiques et dures réalités" (voici le bon lien), l’auteur écrit :

Une ingérence dans une guerre civile est rarement une bonne idée, et l’armée du régime baasiste pourrait infliger des pertes très sévères à un envahisseur. Même imposer une zone d’exclusion aérienne signifierait que des pilotes occidentaux seraient tués ou leurs jets abattus, parce que les défenses aériennes de la Syrie sont modernes, d’un bon niveau et considérables (souligné par moi).

Ces pauvres pilotes occidentaux qui se feraient ratatiner s’ils décidaient d’une action en Syrie, hein ?

D’ailleurs, pour préserver les victimes occidentales, il a une meilleure solution. Il propose :

" L’issue la moins mauvaise, à ce stade, serait un coup d’État militaire furtif du régime qui déposerait discrètement Bachar al-Assad et ses acolytes, sans abandonner les principes de la laïcité, et ensuite isolerait les djihadistes en recherchant un large règlement pacifique avec les autres éléments des forces rebelles."

On a bien lu : la solution, puisque la coalition occidentale ne pourrait pas "gagner" (comme il le dit dans ce texte-ci), c’est que l’armée syrienne se livre à un putsch !
Quand on sait ce que cela signifie, on peut se demander pour qui roule cet individu. Et qu’est-ce qui viendra après ? La démocratie ? Ça n’a pas l’air de l’intéresser. Ni, non plus, le peuple syrien, qui en pâtirait, comme toutes les victimes de putsch.
Quelle malveillance peut pousser un "historien" à préconiser un coup d’état militaire dans un pays étranger ?
Et quel intérêt personnel a-t-il à ce qu’Assad soit renversé ?

Dans un article trouvé sur le web, il explique que, grosso modo, s’il y a des conflits, ce sont plutôt des guerres civiles, avec parfois intervention extérieure mais rien de grave (il n’y aurait plus, dans le monde, que deux guerres : et encore, celle d’Afghanistan est bientôt terminée, selon lui ; pas compris laquelle était N°2, mais j’ai essayé de ne pas trop patauger dans le marigot).

Car, si les guerres au début du XX°s se sont soldées par 90 millions de morts, puis, dans la seconde moitié à 25 millions de morts, suite aux guerres d’indépendance coloniale et aux guerres civiles, aujourd’hui, au XXI°s, tout va bien, il n’y en aurait plus eu qu’un petit million.

Ainsi, le démantèlement de la Somalie serait dû à une vingtaine d’années d’"anarchie violente" (un historien qui confond "anarchie" et "chaos", il faut le faire).

Tout cela, bien entendu, en exonérant l’occident de toutes les agressions directes et indirectes commises dans les pays étrangers. Des luttes armées qu’il qualifie généralement de "guerre civile" ou de "terrorisme".

Irak ? "guerre civile" ; RDC ? "guerre civile" ; Colombie ? "guerre civile" ; Sri Lanka ? "guerre civile" ; les "petites guerres" (dit-il) en Afrique Orientale : "guerres civiles", et même les révolutions russe et chinoise sont ramenées au rang de "guerres civiles" ; etc. (NB : Il a oublié la Libye dans sa liste, mais c’est du pipi de chat, de toute façon).
Et tout ce qui n’est pas "guerre civile" est conflit d’influence entre différentes factions sectaires (musulmanes).

Quant au terme de "guerre civile", c’est ce à quoi il s’obstine à réduire, dans tous ses articles, ce qui se passe en Syrie.
En conclusion, il dit :" ce que nous avons aujourd’hui, c’est une réussite miraculeuse et en grande partie méconnue".
Pas étonnant que son documentaire sur la guerre ait été nominé aux Oscars ! À Hollywood, ils aiment qu’on leur dise qu’ils ne sont responsables de rien de mal et que leurs interventions sont des œuvres de bienfaisance.
"Il a été enseignant au collège des Forces armées canadiennes, et à l’académie militaire royale de Sandhurst" :
Tout de suite, on voit l’antimilitariste qui perce en lui. Mais il se soigne, apparemment.

01/09/2013 09:21 par Quidam

C’est vrai Léo que "al-Assad & Co for ever" c’est une solution parmi d’autres, mais je ne suis pas très sûr qu’un modèle politique & social du type Gengis Kahn & fils soit l’idéal & enthousiasme spécialement le peuple syrien ...

01/09/2013 14:54 par Leo Lerouge

Quand on veut avoir raison, on change de sujet. Méthode classique des dinosaures de la pensée.

Quant à votre acharnement à vouloir défendre ce sinistre individu, il devient fort suspect.
Serait-ce vous qui avez proposé ce texte, voire en avez fait la traduction ?
Cela expliquerait bien des choses.

Par exemple, sur le fond de votre "pensée", qui se réduit, comme celle de l’auteur, à n’avoir aucune éthique et aucun état d’âme envers tout un peuple, quoi que vous prétendiez par ailleurs.

Les avez-vous seulement interrogés sur ce qu’ils veulent ?

Vous êtes-vous seulement posé la question de ce qui se passerait si les "rebelles" prenaient le pouvoir ?
Votre credo est, donc, qu’Assad doit disparaître coûte que coûte et être remplacé, de facto, par une nébuleuse sectaire, souvent étrangère, qui n’a aucun intérêt à promouvoir la démocratie.
C’est exactement ce que disent les Obama / Hollande pour justifier les bombardements sur un pays souverain.

Je suppose que vous étiez également d’accord pour que Kadhafi soit éliminé.
Bravo, c’est une grande victoire pour la Libye. Une affaire qui marche, c’est évident.
Bon, le peuple libyen, on s’en fiche un peu, hein ?

Continuons depuis nos claviers à décider pour ces pauvres imbéciles qui ne savent pas ce qu’ils veulent, alors que nous, nous avons la solution.

01/09/2013 15:59 par legrandsoir

(rappel : en ce qui nous (LGS) concerne, cet article présente un "intérêt" parce que publié dans un quotidien influent turc, partie prenante dans l’agression contre la Syrie)

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