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Elsa Dorlin : "Le féminisme a pour ambition 
de révolutionner la société"

Ixchel Delaporte

Pour Elsa Dorlin [1], le féminisme se fonde 
sur une pratique de soi et s’inscrit dans 
une tradition de luttes sociales qui s’attaquent 
au sexisme, à l’idéologie libérale et au racisme. Philosophe et féministe, Elsa Dorlin est professeure de philosophie politique 
et sociale au département de science politique 
de l’université de Paris-VIII.

Comment définiriez-vous le féminisme ?

Elsa Dorlin. C’est un mouvement politique et intellectuel bien antérieur au mot lui-même. Il mérite que l’on en restitue la complexité, l’historicité – les temporalités qui le traversent, les courants intellectuels qui le composent et les agendas militants qui peuvent l’animer. Trois éléments à mon sens peuvent toutefois le caractériser. Premièrement, la tradition intellectuelle et politique du féminisme a toujours questionné la distinction habituelle entre le théorique et le pratique, en considérant que la pratique est riche de pensées.

À l’inverse, la réflexion est une pratique en soi. Le féminisme s’inscrit deuxièmement dans une tradition de luttes, avec en ligne de mire le renversement de l’ordre établi. Historiquement, les féministes ont été considérées comme révolutionnaires (mais aussi parfois contre-révolutionnaires à certaines époques).

Le féminisme questionne enfin la distinction entre le personnel et le politique. Avant-gardiste, ce mouvement analyse la domination non pas comme relevant du vécu individuel ou d’une faille psychologique, mais toujours comme un rapport matériel qui a des intérêts économiques et des effets symboliques et idéologiques sur toute la société.

Le féminisme est un mouvement incarné – il ne se vit pas à l’abri du tumulte de l’histoire sociale mais il bouleverse aussi la vie dans ce qu’elle a de plus prosaïque : le corps est politique, l’amour, la sexualité est politique, nettoyer la table et ramasser les chaussettes sales est politique !

En tant que philosophe, comment avez-vous fait le lien avec les études féministes ?

Elsa Dorlin. La philosophie est l’une des disciplines parmi les plus conservatrices, masculine et souvent antiféministe, elle est aussi et en même temps l’une des cultures de pensée les plus subversives. Cette matière est une merveilleuse boîte à outils. Avec elle, il est toujours possible de revisiter des questions ou objets qu’elle avait elle-même tendance à idéaliser ou à mettre de côté, d’inventer des manières de questionner le monde inédites.

Il faut aussi rappeler qu’il existe de nombreuses traditions philosophiques hétérodoxes qui ont toujours cultivé cet esprit créateur, qui menace et mine la pensée dominante. Au XVIIe siècle, est né un courant de philosophie féministe qui rassemble des pensées critiques puissantes et novatrices.

Mes premiers travaux de recherche ont justement porté sur ces philosophes qui ont défendu et même démontré l’égalité des sexes. Je pense au cartésien François Poullain de La Barre (1647-1725), mais aussi à Gabrielle Suchon (1632-1703), mise au couvent de force à Semur-en-Auxois, elle s’en échappe et part à Rome demander au pape d’être libérée de ses vœux.

Aristotélicienne autodidacte, génie méconnue, elle rédige deux traités de philosophie de plus de mille pages chacun d’une érudition impressionnante où transperce sa rage. «  Il vaut mieux que les femmes soient spirituelles et censurées, plutôt que rampantes et avoir l’approbation des hommes  », écrit-elle en 1693.

Dans la suite de mes recherches, j’ai plutôt travaillé sur la philosophie contemporaine héritière du marxisme et la pensée féministe actuelle. C’est en particulier via la culture de la gauche américaine universitaire que j’ai pu faire la liaison entre Louis Althusser et Judith Butler, qui est probablement l’une des philosophes contemporaines les plus brillantes. Militante féministe, elle est aussi très engagée dans la lutte pour la liberté du peuple palestinien.

La théorie du genre est-elle récente en France ?

Elsa Dorlin. La «  théorie du genre  » n’existe pas. Cette expression a été inventée de toutes pièces par les détracteurs des études de genre.

À l’origine, le terme «  genre  » est élaboré par la médecine ; il a ensuite été réapproprié et redéfini par la sociologie anglaise des années 1970 pour désigner la construction sociale du masculin et du féminin.

C’est bien cette attention portée à l’histoire des normes, des valeurs, des identités, des incitations-injonctions et des interdits qui nous produisent comme des sujets sociaux «  hommes  » ou «  femmes  » – via l’éducation, la socialisation, mais aussi les représentations sociales communément partagées –, qui marque la naissance des recherches sur le genre.

Les études de genre ou sur le genre existent en Amérique du Nord et du Sud, comme en Europe ou en Asie depuis près de quarante ans.

C’est un champ très institutionnalisé en Europe : en France, en Hollande, en Allemagne, en Suède, en Italie… Les études de genre ne sont donc pas une importation «  étrangère  », une «  mode  » ou le signe avant-coureur de la fin du monde. Les récentes polémiques sur l’introduction de la théorie du genre dans les manuels de sciences de la vie et de la terre (SVT) ou encore la création par la droite ultra-conservatrice de l’Observatoire de la théorie du genre doivent être analysées comme des manipulations, animées par des lobbys réactionnaires et conservateurs, ceux-là mêmes qui sont à la tête de la protestation contre le «  mariage pour tous  ».
En prétendant que la «  théorie du gender  » vise à détruire la différence des sexes via une stratégie de prosélytisme en milieu scolaire, il s’agit d’effrayer l’opinion en jouant sur des penchants dangereux : l’homophobie, l’anti-américanisme primaire et surtout l’anti-intellectualisme.

Quels sont les fondements des études de genre ?

Elsa Dorlin. Les recherches universitaires sur le genre sont transdisciplinaires (sociologie, histoire, biologie, philosophie, littérature, histoire de l’art ou science politique…).

On étudie un rapport de pouvoir, un rapport de domination et d’exploitation qui légitime des inégalités sous couvert de différences entre les individus. Il est essentiel de travailler sur les femmes, mais aussi sur les féminités, sur les hommes, sur les masculinités, sur les corps et la naturalisation de faux antagonismes (comme entre «  hétérosexuels  » et «  homosexuels  »).

De ce point de vue, la question du genre peut être utilisée comme une métaphore du pouvoir en général : comment s’exprime-t-il et s’incarne-t-il de manière «  genrée  » ? Des analogies, plus encore des généalogies peuvent être établies avec le rapport de classe et la question du racisme.

D’après vous, le racisme, l’idéologie libérale 
et le sexisme devraient donc être pensés 
dans un même mouvement…

Elsa Dorlin. Je m’intéresse tout particulièrement au lien entre les antagonismes de classe, le ­racisme et le rapport de genre.

Ces trois ­notions s’entretiennent les unes les autres. Par exemple, déconstruire les normes dominantes de la féminité, les diktats de la mode ou les injonctions des sociétés de consommation implique une analyse précise du néolibéralisme comme des normes esthétiques et morales héritières des cultures postcoloniales.

La quintessence de la féminité contemporaine est occidentale, blanche, jeune, hétérosexuelle, sans handicap (y compris en termes de poids) et économiquement solvable !

On ne peut pas travailler sur le genre de façon isolée. L’un des exemples récents de cette imbrication des rapports de pouvoir est les différentes «  affaires du voile  » en France. Or, cette situation d’imbrication peut avoir des conséquences catastrophiques sur les mobilisations et les mouvements sociaux.

L’enjeu n’est donc pas seulement théorique mais aussi politique : comment lutter ensemble aujourd’hui ?

Elsa Dorlin. Au moment de la loi de 2004 sur l’interdiction du voile à l’école, par exemple, on a assisté à une violente scission au sein du féminisme puisqu’une partie du mouvement a soutenu la loi, considérant que cela permettait de protéger les femmes contre ce que d’aucuns considéraient comme le paroxysme du sexisme : l’islam ; tandis que d’autres jugeaient cette loi comme éminemment raciste : au nom de la liberté des femmes, on stigmatisait l’ensemble d’une communauté.
Le débat n’est toujours pas clos.

Toute la difficulté est non seulement de penser ensemble les rapports de pouvoir, mais surtout de ne pas faire des engagements politiques qui en découlent des combats ennemis.

Dans le cas des législations sur le voile, si on dénonçait une loi pour son sexisme, on était raciste, et si on critiquait une loi pour son racisme, on était sexiste…
Poser ainsi les termes du débat piégeait tout le monde.

Dans un contexte nationaliste et impérialiste de lutte contre le terrorisme et de chasse à l’étranger, le féminisme a fini par devenir le porte-drapeau des régimes sécuritaires de l’Occident triomphant. Il y a donc urgence pour le mouvement féministe à repolitiser le débat et à s’internationaliser.

En quoi consiste cette repolitisation 
de la cause des femmes ?

Elsa Dorlin. Après les attentats du 11 septembre, beaucoup de travaux ont montré comment l’intervention en Afghanistan a été légitimée au nom de la libération des Afghanes et comment la question du droit des femmes a été une rhétorique employée par l’administration Bush pour s’autoriser militairement et moralement à violer les accords internationaux.

La question de la pénalisation de l’homosexualité a aussi servi de caution à certaines interventions. La guerre contre le terrorisme devenait juste et justifiable sur le dos des minorités. Cela s’est reproduit en Irak, en Libye, au Mali…

Vis-à-vis des pays du Sud, qui plus est musulmans, s’offusquer de la condition féminine est devenue une pratique occidentale créant une entité «  Occident  » pouvant se prévaloir d’une civilisation respectueuse du droit des femmes.

Mais qu’en est-il des politiques d’égalité en «  Occident  » ? Comme si les droits et libertés étaient liés à une téléologie et non à des combats menés de haute lutte. Tout cela relève de ce que Roland Barthes qualifiait de mythologie ! Une fable dépolitisée et dépolitisante.

Cette rhétorique a été relayée par une partie du mouvement féministe qui, pour partie, a renoué avec une tradition ancienne des mouvements féministes coloniaux du XIXe en Europe. Ces derniers ont noué des rapports de solidarité avec les politiques impériales, au nom de la libération des femmes «  indigènes  ».

Cela ne veut pas dire que les féministes étaient racistes, mais cela signifie que ce courant féministe a pu être partie prenante dans la colonisation. Il est toujours important de montrer qu’il n’y a pas eu un seul féminisme.

Il y a un féminisme colonial, catholique, socialiste, marxiste, libertaire, islamique, écologique.

Comment situez-vous les questions de sexualité dans le courant féministe ?

Elsa Dorlin. Pour une partie des féministes, les questions de sexualité ne font plus partie de leurs problématiques ou agendas de façon positive.

Or, le genre et la sexualité sont indissociables car la sexualité est une pratique sociale, qui produit des corps et des identités «  hétéro-normées  », mais aussi une pratique, une éthique de soi.

On parle ici d’une normativité qui force les individus à se construire dans un antagonisme de genre (tout ce qui est masculin est le contraire du féminin et inversement), à advenir comme des individus, c’est-à-dire comme des hommes ou des femmes qui ne désirent que leur «  opposé  ».

La sexualité est la trame sociale, historique et charnelle de cette injonction continuelle, omniprésente et souvent violente dans et contre laquelle nous expérimentons d’autres modalités d’existence.

Il faut donc être vigilant à ne pas réduire la sexualité aux seules questions de contraception et d’avortement – questions fondamentales évidemment – ou même de nudité. Cela revient à faire l’impasse sur des traditions féministes qui ont montré que la sexualité était éminemment politique, et que si elle peut être le creuset de l’oppression, elle est ce par quoi il était possible de s’émanciper.

Ainsi, la pensée féministe a souvent fait le constat que les pensées révolutionnaires ignoraient la question de la sexualité et que les mouvements de libération sexuelle ignoraient le féminisme !

Ce constat s’est traduit par une réflexion, toujours ouverte, sur ce que voulait dire une révolution sexuelle féministe.

Certains considèrent le féminisme comme 
un mouvement en déclin. Qu’en pensez-vous ?

Elsa Dorlin. Quelles que soient les époques, on a toujours taxé les féministes d’arriver trop tard, c’est un lieu commun de l’antiféminisme.

Cela suppose d’ailleurs de réduire le féminisme à un combat pour des droits. Bien sûr, l’égalité des droits a été et continue à être un combat long et difficile mais le féminisme n’est pas réductible à une revendication de droits.

C’est un mouvement qui a toujours pour ambition de réformer, voire de révolutionner la société. C’est un combat d’actualité, mais les inégalités de fait qui s’éternisent montrent aussi qu’il est vital de restaurer un rapport de forces et de consolider les solidarités entre les mobilisations et les courants.

Entretien réalisé par Ixchel Delaporte.

[1Elle a été maîtresse de conférences en philosophie à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne 
(2005-2011). Ses recherches portent sur 
les philosophies féministes, études sur le genre et les sexualités, mais aussi sur l’esclavage, le colonialisme et le postcolonialisme (histoire des idées, des luttes et des mouvements des diasporas noires, Black Feminism). L’histoire et la philosophie de la médecine (corps, santé, nation) tiennent une place importante dans son travail. Issu de sa thèse soutenue en 2004, son livre la Matrice de la race. Généalogie sexuelle 
et coloniale de la nation française a été publié 
aux éditions La Découverte en 2006. Elsa Dorlin y analyse les articulations entre le genre, la sexualité et la race, et leur rôle central dans la formation de la nation française moderne. «  Au XVIIe siècle, la conception du corps 
des femmes comme 
un corps malade justifie efficacement l’inégalité des sexes. Le sain et le malsain fonctionnent comme des catégories de pouvoir. 
Aux Amériques, les premiers naturalistes prennent alors modèle sur la différence sexuelle pour élaborer 
le concept de “race” », 
écrit-elle. Ces thématiques la conduisent à étudier 
les théories sexistes 
et racistes modernes. 
Elle a ainsi écrit, en 2008, Sexe, genre et sexualités : introduction à la théorie féministe, édité aux Presses universitaires de France. I.D.


 http://www.humanite.fr/societe/elsa-dorlin-le-feminisme-pour-ambition-de-revoluti-547111

COMMENTAIRES  

23/08/2013 11:12 par Quidam

Le dit féminisme n’est qu’une manière parmi d’autres de détourner les masses opprimées de la lutte des classes, le féminisme est sans objet dans le cadre d’une société marxiste-léniniste où il n’existe qu’un genre : le genre humain, & où les hommes & les femmes se battent pour l’intérêt de la classe laborieuse sans aucune distincion d’ethnie, de sexe ou de quoique ce soit ! Foutaise !

23/08/2013 17:14 par Libre Plume

Merci pour cet article très intéressant.
Par contre, je n’ai pas compris le glissement de l’interview sur le féminisme vers une discussion sur la théorie des genres.

Vous dites :
« En prétendant que la «  théorie du gender  » vise à détruire la différence des sexes via une stratégie de prosélytisme en milieu scolaire, il s’agit d’effrayer l’opinion en jouant sur des penchants dangereux : l’homophobie, l’anti-américanisme primaire et surtout l’anti-intellectualisme. »
C’est surtout qu’on demande à des enseignants de SVT ou Biologie d’enseigner cette théorie. Hors ce sont des scientifiques et ils ne peuvent pas démontrer cette théorie, car il ne s’agit que d’une théorie. De plus, c’est un sujet largement trop sensible pour qu’il soit enseigné aux plus jeunes (lycée). Car enfin, il s’agit d’aborder la question de l’homosexualité, et là, est-ce vraiment le rôle de l’Education Nationale et surtout des enseignants ? Enfin, j’imagine le « débarquement » de parents nous demandant de quoi nous nous mêlons. Peut-être n’auraient-ils pas tort d’ailleurs.

« C’est bien cette attention portée à l’histoire des normes, des valeurs, des identités, des incitations-injonctions et des interdits qui nous produisent comme des sujets sociaux «  hommes  » ou «  femmes  » – via l’éducation, la socialisation, mais aussi les représentations sociales communément partagées –, qui marque la naissance des recherches sur le genre. »
Il est vrai que vous parlez de diktats dominants.
Mais oui, il y a bien une construction sociale par le genre masculin et féminin, comment est-il possible de faire autrement. Penser cela n’a pas de rapport avec l’homophobie, je veux dire par là qu’il est essentiel pour l’humanité qu’il y ait un homme et une femme pour enfanter, donc la norme se pose d’elle-même, non ?

Vous posez un regard de philosophe et sociologue et par là même vous élargissez le débat à d’autres questions : théorie du genre, homophobie … ce qui ne me parait « ratisser trop large ». Si je pense avec vous que le féminisme est profondément révolutionnaire et qu’il y a des diktats dominants dont se servent les politiques, j’ai quand même du mal à toujours vous suivre.

C’est dommage il manque plus d’info sur la question de la féminité. Car si on peut adopter une politique féministe ou la rejeter, il me semble qu’on ne pourra fait l’économie de compter sur la féminité. Et là vous définissez cela comme les diktats de la mode, du poids , bref l’apparence. Mais la féminité, c’est vraiment une entité pour moi : physique (grossir/maigrir selon les grossesses, les cycles féminins, la ménopause ….), des arrêts indispensables (congés maternité, la rougeole du petit dernier - et oui ! -) des réalités de limites physiques, d’un type de sensibilité selon les moments de la vie. Les hommes sont beaucoup moins sujets à des changements physiques.

Cordialement.

23/08/2013 21:26 par calame julia

Oui ! Elle est maîtresse de conférence et donc elle doit produire un sujet de recherche
qu’elle fera paraître de préférence aux P.U.F..
Rien d’exceptionnel à cela. Ces sujets sont des documents de travail pour le milieu
universitaire et d’autres bien entendu ; mais prioritairement le milieu U parce que immé-
diatement informé ou plus facilement en tout cas.

Déjà installée à quelques lieues d’elle "a pour ambition" ainsi que "révolutionner la société".

24/08/2013 11:53 par Sheynat

@ Quidam le 23/08/2013 à 11:12
Quelle est donc cette société où le féminisme est sans objet car dans son cadre marxiste-léniniste « il n’existe qu’un genre : le genre humain, & où les hommes & les femmes se battent pour l’intérêt de la classe laborieuse sans aucune distinction d’ethnie, de sexe ou de quoique ce soit ! »
Où est-elle ? Que je puisse y aller lorsque j’en aurai les moyens...


Quand Libre Plume avance que « la norme se pose d’elle-même » , je pense que cela devrait induire, justement parce qu’elle est déjà posée, cette norme, qu’elle n’aurait pas à s’imposer comme unique orientation sexuelle à suivre.
Informer les jeunes en SVT que l’espèce humaine ne choisit pas forcément ses tendances sexuelles en fonction d’une norme établie c’est les inviter à considérer que d’autres réalités existent, tout aussi acceptables ; l’éducation, me semble-t-il, offre à l’être humain la possibilité d’éveiller et d’ouvrir son regard sur des perspectives qui dépassent les limites habituelles du cadre dans lequel il évolue.
De plus, l’orientation sexuelle n’est pas qu’une construction sociale. Elle est aussi biologique, mais biologique au-delà des apparences des organes sexuels et de leurs fonctions de procréation : lors des modifications hormonales à l’adolescence, certains découvrent qu’ils sont attirés irrésistiblement par des personnes de même sexe, et cela se produit en contradiction avec la construction sociale dans laquelle ils ont baigné.
Et s’ils pouvaient faire autrement, certains d’entre eux se passeraient volontiers de cette tendance "hors-norme", car ils savent très bien tous les problèmes qui les attendent dans une société qui les rejette :

« La sexualité est la trame sociale, historique et charnelle de cette injonction continuelle, omniprésente et souvent violente dans et contre laquelle nous expérimentons d’autres modalités d’existence. » explique Elsa Dorlin.

Quant aux transformations biologiques que traversent les femmes, et qui en détermineraient l’identité féminine, je n’ai pas compris en quoi le fait de concevoir qu’elles peuvent préférer des partenaires sexuelles femmes impliquerait une « économie de compter sur la féminité », sachant que parmi les hétérosexuelles il y en a qui choisissent d’éviter une de ces transformations biologiques : la grossesse, et, inversement, des homosexuelles enfantent. On peut d’ailleurs rencontrer des femmes homosexuelles aux attitudes et apparences très féminines (idem pour les homosexuels hommes, affichant tous les comportements attribués à la virilité).

Confondre les principes du « genre » avec ceux du « neutre » -« neutre » signifiant a-sexuel, sans sexe, comme le sont les tables ou les tabourets- est peut-être ce qui engendre les craintes de négation des principes féminins et masculins.


Calame Julia dit :

Oui ! Elle est maîtresse de conférence et donc elle doit produire un sujet de recherche
qu’elle fera paraître de préférence aux P.U.F.

Non : « Elle a été ».
D’ailleurs, cet entretien et sa publication, et le témoignage de son parcours en vidéo démontrent par la simplicité de ses propos, d’une portée facile à comprendre, qu’elle s’adresse à tout le monde et pas uniquement aux étudiants d’université.

24/08/2013 14:54 par act

Merci à LGS pour cette publication et à Sheynat pour la petite "mise au point".

@Quidam,
Bien que nos opinions divergent souvent, vos arguments sont souvent intéressants,
pourtant celui posté ici s’apparente à du trollisme, avez-vous lu le texte ?
Car comme Sheynat l’a souligné avant moi : où et quand situez vous cette société Marxiste-Léniniste où le combat féministe n’aurait pas de sens, serait "foutaise" ?
Allez donc expliquer aux Cubains (par exemple) que la Fédération des Femmes Cubaines ou le combat en faveur de la liberté d’orientation sexuelle et de l’identité du genre seraient des erreurs, des "foutaises".

24/08/2013 15:02 par Quidam

Sheynat

@ Quidam le 23/08/2013 à 11:12
Quelle est donc cette société où le féminisme est sans objet car dans son cadre marxiste-léniniste « il n’existe qu’un genre : le genre humain, & où les hommes & les femmes se battent pour l’intérêt de la classe laborieuse sans aucune distinction d’ethnie, de sexe ou de quoique ce soit ! »
Où est-elle ? Que je puisse y aller lorsque j’en aurai les moyens...

Elle reste à faire & rien ne vous empêche de contribuer à y parvenir. ;-)

24/08/2013 15:28 par calame julia

Sheynat,
vous êtes bien aimable de me reprendre pour des détails.
Je n’ai jamais prétendu que les P.U.F. étaient réservées aux universitaires.
Soyez aimable de relire mes commentaires avant de vouloir m’indiquer que
vous trouverez toujours la paille dans mon œil. C’est lassant à la fin.

24/08/2013 15:31 par calame julia

re Sheynat,
je ne me suis jamais située en marxiste-léniniste ni dans aucune autre tendance
politique. Soyez aimable d’en tenir compte en lisant les commentaires.
LGS n’a pas apposé un panneau "réservé à, aux...".

24/08/2013 15:42 par Quidam

calame julia

"je ne me suis jamais située en marxiste-léniniste (...)"

Ah ... Nul n’est parfait ...Humain trop humain. ;-)

24/08/2013 19:32 par Libre Plume

Bonsoir Sheynat,

Parler d’homosexualité à des jeunes n’est jamais un problème, je vous l’accorde, parler de la théorie du genre est un autre débat. Qui peut le faire ? un prof de SVT ? mais c’est un scientifique, on ne peut lui demander d’expliquer la théorie du genre car elle reste une théorie non scientifique, idem pour le prof de Bio.
Enfin, est-ce le rôle de l’école ? le voile, la sexualité, la violence, le racisme, l’homophobie, la jupe, pas la jupe, les grossièretés qui fusent, les insultes faciles dans les cours, avoir un esprit critique, la tolérance, le respect ….. mais également l’écologie, la citoyenneté, les langues vivantes, le sport, l’alimentation, les addictions, les grossesses précoces, et j’en oublie …. Nous nous noyons les enseignants (pas vraiment le débat, mais c’en est une composante). Acquérir des connaissances, c’est quand ????

« De plus, l’orientation sexuelle n’est pas qu’une construction sociale……….et cela se produit en contradiction avec la construction sociale dans laquelle ils ont baigné. »
Mais, je suis d’accord avec vous mais je voulais dire que ce n’est pas théorie du genre qui peut expliquer cela. Nous naissons « homme » et « femme » et quand je dis que c’est la norme de base, je m’exprime mal. Car tout de suite on me renvoie le mot « hors-norme ». Non, je ne vois pas l’homosexualité comme hors-norme. Je pense à la norme comme nécessité pour l’humain de se reproduire, pas plus.

« Quant aux transformations biologiques que traversent ……….. très féminines (idem pour les homosexuels hommes, affichant tous les comportements attribués à la virilité). »
Je voulais dire que quand on parle de Féminisme on pense souvent aux femmes sans leur féminité, les égales des hommes en quelque sorte. Hors, c’est physiologiquement impossible car la femme vit de multiples transformations physiques et psychologiques dans une vie. Mon propos n’était pas par rapport aux femmes homosexuelles et leur apparence, pas du tout mais bien par rapport au Féminisme.
Féminisme, féminité, contente de voir que ces nuances apparaissent dans les discours.

« Confondre les principes du « genre » avec …… de négation des principes féminins et masculins »
Alors j’ai eu plus de mal à vous comprendre. Voulez-vous dire que comme pour moi il y a « homme » et « femme » et que je pose une norme les homosexuels seraient a-sexués (neutres) ? quelle crainte ?. Aïe … voyons voir ! Neutre au sens « table », « chaise », non, bien entendu (on provoque ? sourire), un être humain est unique et … humain, nul besoin de revenir sur cela. Disons que je suis comme beaucoup. L’homosexualité m’est parfaitement égale au sens où chacun est libre d’aimer qui il veut. L’amour reste le même partout, mais la construction du couple dans la société n’est pas la même puisque dans l’un il y a reproduction et pas l’autre. Qu’il y a bien une image de Père et de Mère à donner à un enfant (oula… je sens que je vais me faire étriller moi …. Sourire !).

Enfin Sheynat, me permettrez-vous de rajouter ceci. Commenter et vouloir argumenter ce que j’écris sous l’angle « il faut voir la dimension humaine des homosexuels, ils n’ont rien choisi, ils découvrent et certains souhaiteraient bien autre chose, » et bla, bla … c’est, je crois, chercher à poser mon commentaire comme inhumain voire réactionnaire et bon, je ne lirais pas Le Grand Soir dans ce cas (content Le Grand Soir ?)
Je cherchais un débat sur la théorie du genre, le féminisme mais chercher « à tirer des larmes aux lecteurs » pour se poser en défenseur de la différence entre les êtres humains sur terre, c’est un peu gros quand même. La preuve ? voir la 1ère phrase de « act » qui voit votre commentaire comme une « mise au point ». Mais où est le débat alors ?

Bon, en attendant, personne ne m’aide à comprendre comment on peut partir du féminisme pour arriver à la théorie du genre ! toujours pas compris l’articulation ! oui, décidément, on pourrait reprocher à cet article de ratisser un peu large dans les combats. Déjà voir le Féminisme comme une forme de révolution, c’est beaucoup et c’est très bien.
Nul besoin de rapprocher d’autres combats au risque de rendre le message confus. La preuve, nous voici à discuter de la théorie du genre et non plus de féminisme. C’est intéressant d’ailleurs, mais loin du sujet de base voulu de l’article.

Cordialement.

25/08/2013 00:27 par Sheynat

@ Calame Julia

LGS n’a pas apposé un panneau "réservé à, aux..."

C’est bien pour ça que tant que cela m’est possible, je m’autorise comme les autres à donner mon avis, et, entre autre, sur vos commentaires, (même si c’est exceptionnel) et ce malgré les procès d’intention que vous me faites de manière récurrente. Cela ne m’en dissuadera pas : la manip’ de la victimisation ne marche pas sur moi.

@ Libre Plume :

« il faut voir la dimension humaine des homosexuels, ils n’ont rien choisi, ils découvrent et certains souhaiteraient bien autre chose, » et bla, bla … c’est, je crois, chercher à poser mon commentaire comme inhumain voire réactionnaire »

Bonsoir,
J’ai indiqué que le concept de genre est aussi une expérience, pratique, concrète, qui dépasse et l’apparence physique et les injonctions dominantes. Quand j’ai entendu directement de la bouche d’un jeune adulte homosexuel et de son ami que ce n’était pas une question de choix, cela n’a pas eu pour effet de me tirer des larmes, mais de réaliser à quel point cela relevait du domaine empirique plutôt que du domaine théorique.
Prenons par exemple l’extrait d’un manuel de SVT qui fait polémique :
"Le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle mais ce n’est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de masculin ou de féminin. Cette identité sexuelle, construite tout au long de notre vie, dans une interaction constante entre le biologique et le contexte socio-culturel, est pourtant décisive dans notre positionnement par rapport à l’autre ».
Il y est précisé que l’identité sexuelle ne se limite pas aux fonctions biologiques de procréations, mais s’étend à des pratiques diverses dans un contexte socio-culturel : comment peut-on ramener cette information à une simple « théorie » qui -si j’ai bien interprété vos remarques- trahiraient la teneur scientifique de l’enseignement des profs de SVT et les ferait déborder de leur fonction d’enseignant ?

Bon, en attendant, personne ne m’aide à comprendre comment on peut partir du féminisme pour arriver à la théorie du genre !

Le contenu de l’article développe plusieurs sujets de luttes (domination, racisme, sexualité, idéologie libérale, lutte des classes) s’inscrivant dans le combat féministe, le concept de genre est en rapport direct avec la sexualité.
C’est aussi -à mon avis- parce que des sociétés ont réduit (et le font encore) les femmes, et l’identité féminine, au seul rôle de procréation, alors que dans la pratique, en plus de ce potentiel créateur précis qui est l’enfantement, elles en ont d’autres qu’elles réalisent avec toutes les compétences requises pour peu qu’on les laisse les pratiquer, et sans pour autant y perdre de leur féminité.
Le droit à la diversité de fonctions pour les femmes est du même ressort que celui à la diversité sexuelle, c’est pourquoi le sujet de l’identité de genre préoccupe aussi les féministes... c’est ce que j’ai compris de la définition du féminisme d’ Elsa Dorlin :
"Le féminisme est un mouvement incarné – il ne se vit pas à l’abri du tumulte de l’histoire sociale mais il bouleverse aussi la vie dans ce qu’elle a de plus prosaïque : le corps est politique, l’amour, la sexualité est politique (…)"
Mariella Castro l’exprime en d’autres termes : « Nous ne faisons pas la promotion de modes mais d’une idéologie révolutionnaire, d’égalité et d’équité sociale au sein du processus socialiste cubain » à l’occasion de la Journée internationale contre l’homophobie, et encore :
C’est justement en travaillant sur les droits des femmes que se sont ouvertes ces portes pour travailler sur d’autres droits liés au genre, à l’orientation sexuelle, à l’identité de genre.
(Le Foyer, c’est l’amour, le respect et l’inclusion)

En espérant avoir cette fois répondu à votre question...

« mais la construction du couple dans la société n’est pas la même puisque dans l’un il y a reproduction et pas l’autre. Qu’il y a bien une image de Père et de Mère à donner à un enfant, »

Si vous me le permettez, je vous invite à écouter Serge Hefez à propos de l’homoparentalité.
Il rappelle que l’apprentissage d’un enfant ne se limite pas à la micro-société du couple hétéro, mais à un bain culturel plus large où d’autres modèles familiaux offrent d’autres images parentales que celles du père et de la mère et qu’ainsi il sera amené à faire la différence entre la procréation et l’engendrement.
Il explique également qu’une longue tradition patriarcale a voulu sur-interpréter des différences naturelles biologiques par une division artificielle de fonctions : la nature pour le féminin (le corps, le biologique, les humeurs) ; la culture pour le masculin (le verbe, la transmission, le savoir).

Cela peut aussi expliquer pourquoi on en fait de même pour l’identité sexuelle, sans concevoir qu’appréhender la part de culture n’enlève rien à la part de nature, car cela fait partie d’un ensemble dans la construction d’un être humain. Attention, je ne dis pas que c’est ce que vous pensez, je discute :-)

25/08/2013 14:12 par Anonyme

Le féminisme - et l’homosexualité des femmes - détournent peut-être l’attention du "public" de la "lutte des classes", mais surtout de l’exploitation de l’homme par l’homme (esclavagisme puis les même pas 1% qui prétendent diriger le monde avec leur fric... en construisant un esclavagisme plus "moderne"), et SURTOUT de l’exploitation de la femme, physiquement moins grande et moins musclée, par l’homme... (Du cerveau plus petit à l’absence d’âme pour les catho, tout y passe ! Et très bien répertorié par les féministes - de tout les temps, hélas)

Ce n’est pas en ces temps actuels où la force a soumis la raison, qui ne lui sert au mieux que de caution, au pire n’est que de paroles "dormitives", que le combat des exploités est fini.

25/08/2013 16:05 par calame julia

Qui vous autorise à me parler sur ce ton ?
Le mot victimisation c’est vous qui l’employez d’un bout à l’autre de vos commentaires
pour les causes que soit disant vous défendez.
Et avec ça, vous prétendez être "féministe" ! Evitons l’apoplexie. @ Sheynat.

25/08/2013 19:10 par Sheynat

25/08/2013 à 14:12, par Anonyme

Le féminisme - et l’homosexualité des femmes - détournent (…) SURTOUT de l’exploitation de la femme, physiquement moins grande et moins musclée, par l’homme...

Il y a pourtant nombre de féministes actives, regroupées dans des mouvements et association de soutien, d’hébergement pour les femmes sans logis, battues...
Comment cela pourrait être du détournement ?

@ Calame Julia :
Surtout continuez de monter sur vos grands chevaux pour rien et poursuivez vos affabulations, c’est très intéressant et assez rigolo :-D

25/08/2013 22:54 par calame julia

Affabulation ou fabulation ?
Car, je ne pense pas que vous fassiez partie du roman où je pourrais affabuler ! MeDR @ Sheynat.

26/08/2013 02:22 par legrandsoir

Et ainsi que se conclût l’échange entre calame julia et sheynat.

D’accord ? (question rhétorique)

26/08/2013 12:46 par Leo Lerouge

"C’est surtout qu’on demande à des enseignants de SVT ou Biologie d’enseigner cette théorie. Hors ce sont des scientifiques et ils ne peuvent pas démontrer cette théorie, car il ne s’agit que d’une théorie. De plus, c’est un sujet largement trop sensible pour qu’il soit enseigné aux plus jeunes (lycée). Car enfin, il s’agit d’aborder la question de l’homosexualité, et là, est-ce vraiment le rôle de l’Education Nationale et surtout des enseignants ? Enfin, j’imagine le « débarquement » de parents nous demandant de quoi nous nous mêlons. Peut-être n’auraient-ils pas tort d’ailleurs".

C’est exactement le genre de discours qui avait été tenu quand on a voulu introduire l’éducation sexuelle dans les programmes de biologie.
"Ca n’a rien à faire dans un cursus scolaire, les profs ont autre chose à faire, c’est une question "trop sensible", les enfants risqueraient d’être choqués, les parents viendraient se plaindre, etc. ".
Des décennies plus tard, on nous ressort les mêmes arguments qui consistent à décrire la sexualité comme étant "choquante" et taboue et la fonction de la sexualité comme uniquement destinée à la procréation – ce qui cantonnerait encore et toujours les femmes et les hommes à des rôles bien distincts et immuables (cf. la définition de la "féminité").
Pourtant, les chiffres montrent que l’éducation sexuelle est essentielle (et même pas encore suffisante) dans un pays qui se soucie, justement, de l’avenir des "plus jeunes" (rappelons, tout de même que ces "plus jeunes" des lycées ont 15-16 ans et qu’ils ne croient plus depuis longtemps ni au père noël, ni aux cigognes).
Or, ce n’est pas en disant, comme aux US, que le seul moyen de ne pas avoir de grossesse non désirée, c’est de ne pas avoir de relations sexuelles hors mariage, qu’on arrête le processus.
Aux Etats-Unis, où de nombreux états réduisent, voire suppriment, par pure idéologie, les subventions aux Plannings, où l’éducation sexuelle dans les écoles est "doublée", voire carrément remplacée, par les cours sur l’abstinence, les taux de grossesses des adolescentes sont parmi les plus élevés du monde occidental.
Tous les ans,750 000 femmes entre 15 et 19 ans se retrouvent enceintes, parmi lesquelles plus de 80% des grossesses sont non désirées.
Pourtant :
Près de 80 % des parents sont favorables à des cours d’éducation sexuelle, y compris des cours sur l’orientation sexuelle.
Plus de 90% des parents de collèges et de lycées pensent que ces cours doivent être intégrés dans le cursus.
Etc.
En France, on nous dit aujourd’hui que ce n’est "pas le rôle de l’Education Nationale et surtout des enseignants" d’ expliquer la théorie du genre (et non pas de l’"enseigner", ce n’est pas du prosélytisme, mais une approche éducative qui concerne toutes les générations d’élèves, filles ET garçons, sinon, où pourraient-ils trouver une véritable information sur le sujet ? à l’église ?).

Chaque fois qu’on évoque le sexe, le genre et la sexualité, la France entière, qui se gausse de ces puritains arriérés d’anglo-saxons (et qui veut "libérer" les femmes musulmanes du joug de la religion et du patriarcat), lève les boucliers et tente de justifier avec des arguments d’une pauvreté effarante.
Si ce n’est pas aux enseignants d’en parler, QUI va en parler librement, avec les termes adaptés, débarrassés des préjugés et des interdits liés au contexte familial ?
D’autre part, les enseignants ne sont pas là pour débiter uniquement des "connaissances" théoriques "prouvées", mais pour les relier de façon logique à des questions plus générales qui ont trait aux sujets qu’ils abordent.
Or, la "théorie du genre" existe, et depuis longtemps, et ne pas l’intégrer à des cours sur la reproduction sexuée des êtres vivants et à l’éducation sexuelle, c’est encore perpétuer l’idée que l’homme et la femme ne sont faits que pour s’accoupler pour se reproduire - et occulter tout le reste.
Alors, je veux bien croire que cette approche est progressiste, mais j’ai du mal à m’en convaincre.
Sommes-nous, là encore, déterminés à nous comporter comme des autruches ? Allons-nous laisser à des ignorants le soin de perpétuer les interdits, les mensonges et les préjugés relatifs à tout ce qui touche à la sexualité ?
Une étude réalisée aux Etats-Unis en 2009 indique que 9 élèves LGBT sur 10 ont été harcelés d’une manière ou d’une autre cette année-là dans les établissements scolaires ; 2/3 d’entre eux ne se sentent pas en sécurité dans le milieu scolaire.
Je ne sais si de telles études ont été effectuées en France, mais il serait étonnant que les chiffres soient bien différents.
Alors, que fait-on ? On continue de fermer les yeux sur tout cela ? On laisse les nouvelles générations gérer toutes seules leurs angoisses, non seulement dans le cadre de l’école, mais dans celui de la famille et de tout leur environnement, ou bien on décide d’expliquer que ne pas être "dans la norme" établie par la société, les églises et les réactionnaires de tous bords ne signifie pas qu’ils sont "anormaux" pour autant et qu’il doivent se cacher et se taire ?
Doit-on laisser ces "jeunes enfants" de 15-16 ans s’informer sur la sexualité avec les films porno qu’ils ne manquent pas de voir, faute d’avoir d’autres repères ?

26/08/2013 18:15 par Libre Plume

Bonsoir Leo Lerouge,

Bien, bien, je reprends ….

« C’est exactement le genre de discours qui avait été tenu quand on a voulu introduire l’éducation sexuelle dans les programme s de biologie.  »
Non, pas du tout. On a demandé à des profs de sciences naturelles (à l’époque), donc des scientifiques de parler d’éducation sexuelle et on n’avait eu bien raison car tout cela était dans une logique scientifique.

« Des décennies plus tard, on nous ressort les mêmes arguments qui consistent à décrire la sexualité comme étant "choquante" et taboue »
Premièrement, « On est C… », deuxièmement, j’ai dit ça moi ? …

« L’éducation sexuelle est essentielle », ben …. Oui !
Si je comprends bien votre commentaire est sur l’importance de l’éducation sexuelle aux USA ?
Elle n’existe quasiment plus en France, enfin, si, du saupoudrage ….

Le bla bla sur les USA, je ne réponds pas car pour moi c’est hors sujet, ou plutôt c’est un autre débat.

« Près de 80 % des parents sont favorables à des cours d’éducation sexuelle, y compris des cours sur l’orientation sexuelle.
Plus de 90% des parents de collèges et de lycées pensent que ces cours doivent être intégrés dans le cursus. »

Mais … si vous saviez tout ce que les parents attendent des profs … même qu’ils leur apprennent la politesse … pour dire ! Et depuis quand les parents ont-ils toujours raison ?

« D’autre part, les enseignants ne …. théoriques "prouvées" ….. trait aux sujets qu’ils abordent. « 
Ben …. Oui … logique, je sais pas mais bon, admettons que vous ayez raison (ce qui, au ton péremptoire et passablement à côté du sujet n’est peut-être pas tout à fait le cas ….). Il n’a pas du échapper à votre sagacité que j’avais aligné une bonne dose de thèmes à aborder avec les élèves en plus des connaissances à faire ingurgiter, c’était donc le grand nombre d’orientations assénées par les différentes administrations successivement que je posais en ligne de mire. Mais vous pouvez comprendre ce que vous voulez, vous savez … De toute façon, je vous remercie de me rappeler le rôle du prof, on en a toujours besoin.

« En France, on nous dit aujourd’hui que ce n’est "pas le rôle de l’Education Nationale et surtout des enseignants" d’ expliquer la théorie du genre (et non pas de l’"enseigner", ce n’est pas du prosélytisme, mais une approche éducative qui concerne toutes les générations d’élèves, filles ET garçons, sinon, où pourraient-ils trouver une véritable information sur le sujet ? à l’église ?). »
Non, je n’ai pas dit ça ! J’ai émis des doutes sur la théorie du genre et j’ai rajouté … oh, et puis zut, regardez mes commentaires, je crois bien que je l’ai écrit 3 fois….
Je rajoute encore, ok, pas les profs scientifiques, alors pourquoi pas des profs de philosophie dans ce cas ? puisque cette « théorie » qui n’est PAS scientifique relève de la sociologie, psychologie, philosophie. Mais pas des scientifiques.

« Or, la "théorie du genre" existe, »
Beaucoup de choses existent, et alors ? les champignons vénéneux et les ceps … je choisis bien …

« Sommes-nous, là encore, déterminés à nous comporter comme des autruches ? ….. des ignorants le soin de perpétuer les interdits, …. touche à la sexualité ? »
Là ça fait très, discours ! en tant que prof, j’ai l’habitude de me faire insulter. Ignorant, c’est nouveau, mais bon … tant que vous avez raison, et que vous en êtes convaincu …. Heu, pour ma gouverne, c’est comment une autruche ignorante ? rires …. ah mais que je suis bête ... c’est moi !

« Alors, que fait-on ? On continue de fermer les yeux sur tout cela ? On laisse les nouvelles générations gérer toutes seules leurs angoisses, non seulement dans le cadre de l’école,….. mais la sexualité avec les films porno qu’ils ne manquent pas de voir, faute d’avoir d’autres repères ? »
Ah, le paragraphe de conclusion avec une touche de lyrisme. Allez, je ne vous critique pas, je crains d’être très régulièrement attaquée par cette douce habitude. (Et puis, on est tous le con réac de quelqu’un. Je n’ai pas eu encore le mot suprême, le chouchou du commentaire moyen …. Le troll… mais ça va pas tarder !)
Néanmoins ! Normaux, anormaux … Il ne me semblerait pas très pédagogique de dire à des jeunes, « voici la norme, c’est de ne pas en avoir ». C’est séduisant … mais pas très pédagogique. Oui, je sais, le fantasme du prof genre « pause-café » qui discute sans tabou, va chez les parents, prends le café avec les jeunes et tape le carton ….. oui, oui, je sais ….

Pour les films porno, alors là, je pense que même avec un bon « cours » sur la théorie du genre, beaucoup d’ados ne se gêneront pas pour aller voir des pornos. A nouveau, c’est un autre débat. Le rapport entre l’homosexualité et les pornos ? c’est quoi ? tsss, tsss …. Alors comme ça les homo font du porno ? allez, je vous taquine …

Quant à vos bons mots sur les églises, les arriérés d’anglo-saxons, les réac, les histoires de voiles … TIENS ! QU’EST-CE QUE CA FAIT LA ? …. Tout ça, tout ça …. Ben, ça me fait rigoler et ça n’apporte rien au débat.

Ah, au fait, pour discuter de thèmes fondamentaux comme l’homosexualité que penseriez-vous des ….. PARENTS ? BINGO ! vous savez ? une bonne discussion sympa ou même houleuse car il peut y avoir désaccord (ce qui construit tout autant le jeune d’ailleurs) entre parents et jeunes. Et si …. Les parents se reconnaissaient un peu de responsabilité de temps en temps car la démission des parents copains ça commence à me gonfler sérieusement. Et ça, c’est pas un autre débat, non pas du tout.

Cordialement.

PS : un clin d’œil humouristique, je peux ? je suis de la génération qui a eu des cours d’éducation sexuelle au collège dans les années 70. Et on en attendait des choses et des choses !!! surtout qu’on était de la génération des oies blanches vous savez ! Rires …. Oh la déception ! on sortait de là, et on ne savait toujours pas comment …. Vous savez ? rires …… alors, les belles envolées sur l’éducation sexuelle ….

26/08/2013 21:55 par Prune

Mais enfin la théorie du genre n’existe pas ! un tel entêtement pose tout de même question. On peut critiquer un concept, encore faut-il se donner la peine de le connaître un minimum, histoire de savoir de quoi on parle, sous peine de raconter n’importe quoi. C’est écrit noir sur blanc dans l’article, l’avez-vous ne serait-ce que lu ?

Il y a certes, des ÉTUDES de genre qui sont l’application à plusieurs discipline du postulat suivant : au sexe biologique correspond un genre socialement construit : le masculin pour les hommes et le féminin pour les femmes. Mais la masculinité et la féminité sont observés et analysés comme des faits sociaux au lieu d’être considérés comme des émanations du biologique. Non l’amour du rose n’est pas un effet secondaire des œstrogènes ! et non, le maquillage n’est pas un caractère sexuel secondaire !

Un exemple, avec ma discipline, la psychologie sociale, et le paradigme de la menace du stéréotype.
On a pu constater que le même exercice, proposé à des enfants pouvaient voir réussir les garçons mieux que les filles lorsqu’il était présenté comme un exercice de géométrie, ou voir réussir mieux les filles lorsqu’il était présenté comme un exercice de dessin. Il s’agit exactement du même exercice, mais les stéréotypes attachés aux genres (qui sont déjà largement intégrés à l’école primaire par les enfants) sont que les filles sont nulles en maths et en géométrie, alors que les garçons sont nuls en dessin. Alors le stéréotype de genre agit comme une prophétie auto-réalisatrice.
Voilà, au lieu de partir du postulat que les différences qu’on observe entre les sexes sont dues au biologique, (les femmes ont juste un cerveau plus petit et sont moins intelligente, c’est bien connu), ont les faits passés au crible du genre en tant que construit social des sexes biologiques.
Cette approche qui veut considérer l’existence du genre comme phénomène social est juste la déconstruction de l’essentialisation des inégalités femmes-hommes. Ça existe depuis plusieurs décennies en sciences sociales, en psychologie, en histoire, en science politique, et il faudrait tout jeter à la poubelle sous prétexte que ça déplait à certains catholiques ???? Tous ces gens là ne sont pas des illuminés, par contre cette opposition viscérale et irrationnelle aux études de genre est portée par des illuminés (religieux de toutes obédiences quand il s’agit des femmes, ils se mettent toujours d’accord)
Non parce que je suis sure que la sociologie et la déconstruction des rapports de force entre classes sociales ça doit aussi déplaire à certains. Pourtant, il ne vient à l’idée de personne d’exiger que la sociologie ne soit pas enseignée au lycée, en tout cas, personne ne se réclamant de gauche.
C’est incroyable ! Vouloir interdire les études de genre ou leur mention aux jeunes générations, c’est à peu près comme si l’on voulait remplacer l’étude de la théorie marxiste dans les classes de sociologie par du darwinisme social.

27/08/2013 00:01 par Sheynat

@ leo Lerouge et Prune :
Je ne suis pas assez dispo pour développer plus sur vos interventions (vacances finies, snif...) je me contenterai donc de vous remercier à la fois pour leur pertinence et aussi pour les éléments informatifs qu’elles apportent : un grand merci \°/

27/08/2013 00:14 par Anonyme

à Sheynat : (Et hors du débat ici instauré sur "genre" plutôt que "sexe"). :

Ces femmes dont vous parlez sont une partie des exploités. Focaliser, ainsi que le font les médias, l’attention sur elles risque de détourner cette attention de tous les exploités du monde, quel que soit leur sexe. Beaucoup de bruit... pour rien. ! Car c’est sans apporter de solution bien sûr, dans la mesure où les lois... seront toujours faites par les exploiteurs, hommes et leurs marionnettes femmes, qui peuvent dormir tranquilles. Continuer à asservir, à abuser de leur force et de leur argent, faire obéir par peur, etc... Jusqu’à la mort. Dont celle des femmes.

Au Mexique une étude a montré que les "novelas" (téléfilms américains à épisodes, en France et sur toutes les télés vendues aux USA) mettaient en général en scène une "patronne" aux cheveux et aux yeux clairs tandis que le personnel "de service" avait plutôt la peau et les cheveux plus sombres, et que les femmes y étaient "habituées" à être maltraitées, voire assassinées par les hommes. Or, les hommes Mexicains sont-ils peu exploités par leur voisin, les Etats-Unis ? Ceux-ci encouragent-ils la tendance, hélas humaine, à reporter sur plus faible que soi ce que l’on ne peut faire à celui qui nous tient par la peur ?

27/08/2013 00:50 par Leo Lerouge

@ plume
D’abord, tout ce que j’ai dit ne s’adressait pas qu’à vous. Vous auriez dû vous en rendre compte si vous êtes professeur.
Quant à votre ton ironique, je le trouve fort déplacé. Ironiser, c’est être capable de jugement critique.

Ensuite, vous dites :
"Le bla bla sur les USA, je ne réponds pas car pour moi c’est hors sujet, ou plutôt c’est un autre débat" ;
Ainsi que : " passablement à côté du sujet"
Et, plus bas : "Ça n’apporte rien au débat"’

Ah, c’est donc, vous qui dirigez les débats et qui décidez de ce qui est hors-sujet ou non ?
Sachez que vous n’êtes pas le seul lecteur du GS et que d’autres sont peut-être intéressés par des informations qui vous passent de toute évidence par-dessus la tête.
Si j’ai parlé des US, c’était pour expliquer que l’absence d’éducation sexuelle et de centres de Planning (et de centres IVG) avaient des conséquences catastrophiques pour les jeunes générations, ce qui est démontré par les études qui ont été menées aux Etats-Unis.
Ce serait la même chose en France si la politique était similaire.

D’ailleurs, "le taux de naissance chez les mineures reste très inférieur en France métropolitaine à celui du Royaume-Uni (4 fois plus élevé) ou des États-Unis (10 fois plus élevé).
En France, environ 18 000 mineures se sont retrouvées enceintes en 2010. Chaque année, il y a environ 4 500 naissances chez les jeunes femmes de moins de 18 ans (11 000 en 1980)".

Je vous laisse tirer les conclusions que vous devriez tirer.
Vous dites encore : "cette « théorie » qui n’est PAS scientifique relève de la sociologie, psychologie, philosophie. Mais pas des scientifiques".
Ce que vous appelez "théorie" peut, évidemment, être abordé d’un point de vue philosophique ou sociologique, mais, contrairement à ce que vous dites, les professeurs de biologie sont aussi utiles car ils peuvent faire le lien entre la reproduction sexuée des êtres humains, l’éducation sexuelle et la notion de genre.
Parce que l’idée, c’est de " déconstruire les stéréotypes " - comme, par exemple, pour faire simple, quand on attribue automatiquement à la mère le rôle d’assumer la rougeole du petit.
Or, le thème masculin/féminin, qui fait déjà partie des programmes de SVT, abordé en collège, est approfondi en lycée.
Mais l’idéal, bien sûr, serait que les enseignants de SVT soient associés à des professeurs d’autres disciplines, aux équipes médicales et aux psychologues scolaires, etc. dans un cadre plus élargi, chacun apportant ses compétences.
Cela ne pourrait qu’être efficace, constructif ET pédagogique.
L’enseignement du genre, c’est l’affaire de tous, comme le dit Prune plus bas.
Rien à voir avec les champignons.

" surtout qu’on était de la génération des oies blanches vous savez ! Rires …. Oh la déception ! on sortait de là, et on ne savait toujours pas comment …. Vous savez ? rires …… alors, les belles envolées sur l’éducation sexuelle …."

Moi, cela ne me fait pas rire, mais je n’ai pas le sens de l’humour chevillé au corps comme vous.
Donc, vous nous expliquez que vous n’avez rien compris à des cours théoriques "scientifiques" sur les rapports sexuels.
Vous auriez voulu des travaux pratiques ?
Et si vous aviez des parents inaptes à vous expliquer tout ça, pourquoi voulez-vous que les parents des autres le fassent d’eux-mêmes ?

Mais ce qui ne me fait pas rire du tout, c’est réduire les cours d’éduc-sex à des séances de gloussements. Entre autres, bien des filles qui se sont retrouvées enceintes à l’adolescence n’auraient eu personne vers qui se tourner si des structures et des relais n’avaient pas été mis en place à l’école. Et, ça, c’est énorme.

Quant à dire :

" Il ne me semblerait pas très pédagogique de dire à des jeunes, « voici la norme, c’est de ne pas en avoir ». C’est séduisant … mais pas très pédagogique. Oui, je sais, le fantasme du prof genre « pause-café » qui discute sans tabou, va chez les parents, prends le café avec les jeunes et tape le carton ….. oui, oui, je sais …."

C’est du grand n’importe quoi. Et vous voulez être prise au sérieux ?

Vous me dites plus haut : " je vous remercie de me rappeler le rôle du prof, on en a toujours besoin".
Ne me remerciez pas, je n’ai même pas tenté.
La tâche serait trop ardue.
Parce qu’entre n’enseigner que la "norme" selon vos critères (un papa, une maman et la petite graine), blâmer le "prof genre ’ pause-café’ et les "parents-copains", comme si c’était la règle quasi générale, et comme s’ils ne pouvaient pas réussir avec les enfants, contrairement aux parents et profs traditionnels, et le "à quoi bon enseigner le genre, de toute façon, ils regarderont quand même le porno", vous avez largement démontré vos limites.

@Prune

Votre démonstration est limpide. Merci pour ce commentaire intelligent et éclairé.

Voici, en complément, la vidéo de la conférence de Catherine Vidal " le cerveau a-t-il un sexe ? "

27/08/2013 12:14 par Libre Plume

"L’enseignement du genre, c’est l’affaire de tous, comme le dit Prune plus bas. "

Même renseignée des commentaires éclairés et étayés, je reste dubitative sur cette théorie. Mais c’était intéressant de lire chacun et l’article également.
L’humour ? notre société en manque cruellement. Dommage, dommage ...
Cordialement.
PS à Lerouge : J’ai lu "@ Libre Plume", alors j’ai cru que votre commentaire était une réponse à ce que j’avais écrit, logique. Bon ...

28/08/2013 13:20 par Sheynat

@ Anonyme 27/08/2013 à 00:14

Donc, si je vous comprends bien, étant donné que -comme vous l’avez démontré- les femmes sont surtout exploitées par de multiples facteurs de dominance tels que -si je vous suis toujours- : les hommes au foyer- le patronat- les lois faites par les hommes... si elles se rassemblent et se mobilisent pour lutter sur tous les fronts -puisqu’elles y sont directement confrontées-, c’est de leur part, non seulement faire du bruit inutile mais pire encore, détourner d’une cause plus vraie, qui est... l’exploitation légalisée de l’ensemble des exploités.
Sérieusement ? C’est cela que vous voulez dire ?
Je n’ose même pas imaginer qu’on fasse le même raisonnement pour les résistances des peuples du « Tiers-Monde » : que leurs luttes focaliseraient inutilement les médias sur eux par leurs révoltes, en détournant l’attention de tous les exploités du monde, car c’est l’impérialisme Occidental qui fait les lois, et qu’ils ne sont qu’une partie des exploités car en Occident aussi il y a des exploités, et puis qu’ils sont « habitués » et puis, ces exploités occidentaux qui les exploitent, ne reportent-ils pas sur plus faible que soi ce que l’on ne peut faire à celui qui nous tient par la peur ?

Certes il y a bien des lois à changer, mais celles déjà établies pour l’égalité et la parité, par exemple en France pour les salaires, ne sont pas appliquées, d’autres ne sont pas respectées, ou sont détournées comme, autre exemple, celle de 1950 sur la laïcité.
Par contre, lorsque d’autres sont en projet d’amélioration, on voit s’opposer tous les réactionnaires étriqués par leurs préjugés ou limités à se qui se passe exclusivement autour de leur nombril, dont ceux qui se disent de « gauche ».

Espérer d’eux un changement des lois, c’est aussi incohérent que d’attendre silencieusement de la classe des privilégiés, qu’elle partage les richesses qu’elle détient, avec les pauvres. 

Décréter que ce sont et seront toujours eux qui les font, c’est porter un regard négatif sur les quelques points positifs déjà gagnés, ainsi que sur l’avenir, en vouant un culte aux nouveaux dieux à la mode : l’impuissance et le fatalisme.

Je pense que la moindre des choses, lorsque la situation d’autrui est vampirisée par tous les éléments d’un système de dominance pyramidale parce qu’il se trouve tout en dessous (cf. l’exemple que vous avez proposé), et que malgré tout, cet autrui, méprisé, violé, assassiné, assujetti aux boulots les plus pourris et les plus mal payés, a encore la force de se lever pour se faire entendre, hé bien je pense que la moindre des choses, à défaut de le soutenir ou de croire à sa réussite, serait de lui foutre la paix.

Ce serait éviter d’affirmer que ce qu’il fait ne sert à rien, ou de lui donner des conseils du style de ce qu’on peut voir régulièrement, comme sur ce fil dans le commentaire de Quidam : que sa lutte est vaine parce qu’il y a un paradis qui l’attend lorsqu’il aura bien morflé sur cette Terre, où tous les exploités, même ceux qui le tabassent ou qui dénigrent sa cause, agiront -un beau jour- de telle manière que ses misères ne seront plus qu’un lointain cauchemar. Vous savez, ce Monde des Bisounours auquel il vaut mieux rêvasser -le mythe du sacrifice et de la rédemption ré-actualisé- tout en dénigrant une partie de ceux qui se battent pour le construire, parce que cette partie là a un tort.
Ce tort, cette grande faute, c’est celui d’être un ensemble de femmes qui osent dénoncer, parmi tous les facteurs d’exploitation, aussi la dominance masculine, qui est une partie de l’ensemble du système d’exploitation.

Que les peuples du Tiers Monde fassent des revendications en dénonçant l’élite capitaliste, ça encore, ça passe, même si on se sent un peu responsable, car un peu privilégié, piégé dans ce système et dans la peur de perdre ces privilèges.

Mais quand ce sont des femmes qui œuvrent dans tous les domaines possibles pour que ça change au lieu de pleurer dans leur coin comme on le leur recommande, ça ne passe pas : " foutaise" ou "détournement", voilà ce qu’elles se prennent dans la figure en plus du reste.

28/08/2013 13:28 par Prune

"Même renseignée des commentaires éclairés et étayés, je reste dubitative sur cette théorie. Mais c’était intéressant de lire chacun et l’article également."

Moi en ce qui me concerne, je continue à être dubitative envers la théorie de la sociologie. Ce truc qui prétend qu’il existe des "classes sociales" comme si les pauvres n’étaient pas pauvres parce que moins intelligent, moins courageux, moins audacieux que les riches, mais qu’il s’agirait d’un vaste complot, c’est vraiment difficile à gober. Le simple bon sens, et l’observation de la réalité : les pauvres sont pauvres parce qu’ils sont fainéants, bêtes, sales et méchants, alors que les riches, ce n’est pas par hasard qu’ils réussissent, c’est parce que ce sont les meilleurs, devraient prouver à tout le monde que cette "théorie de la sociologie" est une idiotie qu’il est serait très dangereux d’inculquer à nos chères petites têtes blondes.
Pauvres enfants, évitons de leur farcir la tête avec ces âneries. La société est bien faîte et chacun y est à sa juste place, celle qu’il mérite. Il est inutile, voire nocif, de nier cette réalité.

28/08/2013 17:35 par Libre Plume

@ Prune,
N’IMPORTE QUOI ! mais ... N’IMPORTE QUOI !

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