Ce dernier paradoxe n’est qu’apparent et se retrouve chez certains des nouveaux convertis français de la liberté académique : la science, c’est bien, quand c’est pour le marché, l’innovation, le profit, et tant qu’à faire, l’armée. Le reste, en revanche, relève du « wokisme », de « l’islamo-gauchisme » etc., et mérite qu’on lui coupe les vivres, voire qu’on l’embastille quand les choses vont vraiment trop loin.
Mais les grandes déclarations d’amour à l’accueil des scientifiques étrangers persécutés tardent à se concrétiser en dotations budgétaires nouvelles : au contraire, le gouvernement vient de couper une nouvelle fois dans les crédits alloués à l’Université et à la recherche. À l’inverse, les effets de manche contre les secteurs universitaires indisciplinés se traduisent déjà en actes, y compris en initiatives législatives.
La Libre Pensée a déjà exposé ces derniers mois comment les tronçonneuses budgétaires maniées au nom de l’excellence, de l’innovation et de la compétitivité témoignaient d’un rapport opportuniste et autoritaire au savoir et à la vérité, dans quelque fuseau horaire que ce soit. C’est la même logique qui est à l’œuvre ces derniers jours, malgré les discours ronflants qui prétendent le contraire.
Le fait que le ministre Philippe Baptiste ait changé de braquet dans sa réforme du financement des universités est particulièrement inquiétant puisque, s’il va au bout de son projet, dès 2026, le budget des universités sera entièrement soumis à des contrats d’objectifs et de performances dont les résultats seront évalués de façon discrétionnaire par des indicateurs court-termistes, adéquationnistes et déphasés des missions d’une Université libre, universaliste et exigeante.
La Libre Pensée suit ces évolutions avec préoccupation et porte à la connaissance de ses lectrices et lecteurs quelques éléments d’appréciation glanés auprès de syndicats et de collectifs.
La Libre Pensée a, dans son essence, la conviction que la libre poursuite de la vérité est une nécessité pour une société démocratique. Nous resterons solidaires des universitaires défendant l’exigence et la liberté partout dans le monde.
● Pour l’Institut de Recherches et d’Études de la Libre Pensée (IRELP) :
La Présidente : Isabelle d’Artagnan
● Pour la Fédération nationale de la Libre Pensée (FNLP) :
- Le Président : Jean-Sébastien Pierre
- Pierre-Yves Modicom, membre de la Commission Administrative Nationale
Le 5 mai, Emmanuel Macron réquisitionnait le grand amphithéâtre de la Sorbonne pour se poser en héraut de la liberté académique. L’intersyndicale de l’enseignement supérieur et de la recherche a procédé à une mise au point utile.
Dans le même temps, les parlementaires macronistes entreprenaient de s’attaquer à cette même liberté académique, en s’immisçant dans le débat démocratique à l’Université, en instrumentalisant le problème de l’antisémitisme. Nous reproduisons ici la réaction du syndicat ESR Force Ouvrière.
Pour une bonne mise en perspective, les syndicats FSU de l’enseignement supérieur et de la recherche ont consacré un épais dossier à cette question de la liberté académique.
La première menace pour la liberté académique en France émane du gouvernement qui prévoit de s’arroger dès 2026 un droit d’ingérence généralisé dans le budget des universités et leur politique de recrutement et d’enseignement.
voir aussi l’analyse de la FERC-SUP CGT.
Ces développements confirment les analyses développées par la FNLP depuis longtemps.
La Libre Pensée sera toujours et partout en soutien de celles et ceux qui défendent la liberté académique et ses garanties budgétaires et statutaires, contre les tartuffes du gouvernement.
