Ce 15 juillet 2025, la députée Maud Petit (MoDem) a adressé une nouvelle question écrite au gouvernement concernant l’élargissement du numéro d’écoute 3919 aux hommes victimes de violences conjugales. Il s’agit de la cinquième* tentative parlementaire en quelques mois pour faire évoluer ce dispositif, historiquement réservée aux femmes.
Dans sa question, Maud Petit rappelle que 14 % des appels au 3919 proviennent déjà d’hommes, bien que le service soit officiellement réservé aux femmes. Elle souligne que ces victimes masculines restent peu visibles, souvent confrontées à des freins culturels ou à la peur de ne pas être prises au sérieux.
Tout en reconnaissant l’importance de préserver un espace sûr pour les femmes, la députée propose soit un élargissement encadré du 3919, soit la mise en place d’un numéro parallèle, mais tout aussi efficace et bien financé. Elle alerte aussi sur le manque de moyens accordés aux associations spécialisées dans l’écoute des hommes victimes.
Les précédentes questions similaires – déposées par plusieurs députés de différentes sensibilités – ont reçu des réponses gouvernementales justifiant le maintien du 3919 comme un dispositif genré, sans ouverture prévue pour les hommes. Le débat, toutefois, prend de l’ampleur, porté par des collectifs citoyens et des élus engagés sur la question.
Retrouvez la question complète de la députée sur : https://questions.assemblee-nationale.fr/dyn/17/questions/QANR5L17QE8484
« Mme Maud Petit interroge Mme la ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, sur la possibilité de dupliquer le 3919 « Violences Femmes Infos », le numéro national d’écoute et d’orientation pour les femmes victimes de violences (notamment conjugales, sexuelles, psychologiques ou économiques) victimes de violences conjugales. Instauré en 2007 et géré par la FNSF (Fédération nationale solidarité Femmes), le 3919 est devenu le numéro national de référence d’écoute à destination des femmes victimes de violences conjugales mais aussi de toutes sortes de violences : mariages forcés, mutilations sexuelles, etc. Ce numéro est gratuit, anonyme et, depuis 2021, accessible 24h/24 et 7/7 jours. Il est aussi accessible aux personnes sourdes et malentendantes et disponible en plusieurs langues (dont arabe, créole, espagnol, mandarin). Grâce notamment à l’écoute bienveillante et de qualité des professionnelles recevant les appels, le 3919 a, aujourd’hui, un rôle crucial dans l’accompagnement et l’aide aux femmes victimes de violences. Le 3919 est historiquement centré sur les femmes car elles représentent la majorité écrasante des victimes (86 % des cas signalés selon les chiffres du ministère de l’intérieur, en 2022). Mais des hommes aussi sont victimes de ce type de violences. Certes, ils sont moins nombreux à se déclarer, souvent par peur du ridicule, peur de ne pas être crus ou par honte, mais ils représentent tout de même 14 % des cas. Si ce pourcentage peut paraître dérisoire en comparaison du nombre de femmes victimes, il ne faut pas, pour autant, le négliger. C’est une réalité souvent invisibilisée : les hommes victimes de violences conjugales existent, mais ils sont encore mal identifiés, peu accompagnés et souvent confrontés à un tabou social. Il ne serait pas étonnant que leur nombre soit supérieur, tant l’idée d’un homme battu – par sa femme ou par son conjoint (la violence n’a pas de genre unique) – est contraire à l’image « masculine » véhiculée par la société. Il est donc fort probable que certains hommes n’osent pas parler et a fortiori porter plainte lorsqu’ils sont victimes de violences conjugales. Par leur simple qualité de victime et parce qu’ils sont aussi en souffrance, Mme la députée estime que ces hommes victimes méritent aussi écoute et accompagnement de qualité. De nombreux dispositifs d’écoute généralistes existent, comme le 3039 piloté par le ministère de la justice, le 116 006 numéro national d’aide aux victimes ou encore SOS Homophobie, mais aucun de ces numéros n’est aussi bien identifié que le 3919 et aucun numéro national spécifique n’est encore mis en place pour les hommes victimes de violences conjugales ou intrafamiliales. Mme la députée a pu observer que les hommes victimes hésitent souvent à appeler des numéros perçus comme « réservés » aux femmes. Elle l’interroge donc sur la nécessité de mettre en place un dispositif neutre ou spécifique, qui serait plus adapté. Créer ce numéro ne serait pas nier la violence faite aux femmes mais permettrait d’élargir le filet de sécurité à toutes les victimes. Elle lui demande aussi dans quelle mesure il serait possible d’apporter un soutien aux associations qui accompagnent ces hommes victimes, souvent avec peu de moyens, peu de relais et en manque de ressources spécifiques, le temps qu’un numéro national puisse être créé.< »/quote>
