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FÊTE DE L’HUMA. Discours de clôture de Pierre Laurent

On sait que nos chaînes de télévision, qui n’hésitent pas à diffuser in extenso les discours de Marine Le Pen ou de Manuel Valls, ont tendance à regarder ailleurs quand la gauche tient meeting, organise une université d’été (Parti de Gauche) ou réunit des centaines de milliers de personnes dans une fête populaire (Fête de l’Humanité).
Le discours de clôture de Jean-Luc Mélenchon au Remue-Méninges du Parti de Gauche à Toulouse a été boudé par les médias (on a pu le lire sur LGS) ainsi que celui de Pierre Laurent dimanche à la Courneuve. Le voici donc.
LGS

15 septembre 2015
Chers amis, chers camarades,

Qu’on est bien ici ! Ensemble ! A cette belle fête de l’Humanité !Quelle édition 2015 ! Quel succès ! La fête de l’Humanité, on l’attend toute l’année, on compte les jours qui nous en séparent, on fait et refait la programmation avant l’heure, on s’échange les bons plans, et on se rappelle nos meilleurs souvenirs… et quand arrive enfin la fête et qu’on y est, on se dit que si le bonheur avait une adresse, ce serait ici au Parc Départemental de la Courneuve.
Ce beau parc de la Courneuve, que des promoteurs veulent défigurer !
Que les élus communistes de la Seine St Denis ont implanté ici parce que nous voulons le meilleur, le beau et l’air pur pour les milieux populaires. Pour nous, l’écologie ce n’est pas réservée aux beaux quartiers.
Alors à 3 mois de la COP 21 qui se tiendra ici même, nous ne les laisserons pas faire ! Cette fête qui est unique. Unique par son ampleur, par la qualité culturelle, par la richesse humaine, par les gens qu’on y croise, par l’exigence de ses débats, la pluralité de ses invités. Ici on parle politique…bien sûr… au sens profond du terme, dans une immense agora citoyenne à ciel ouvert. Ici on se moque des petites phrases, des querelles de clans. Ici on construit du neuf, on parle culture, musique, art, sport, littérature, théâtre. On parle d’égalité, de fraternité, de liberté, de justice sociale. Ici on construit l’espoir sans jamais se décourager. Ici on parle paix et
internationalisme. 

Le 6 et le 9 août derniers, j’ai conduit au Japon une délégation du 70e anniversaire d’Hiroshima et de Nagasaki. C’est chaque année le rendez vous des forces pacifistes du monde entier pour rappeler l’actualité du combat pour la Paix et le désarmement nucléaire. Je voudrais ici vous transmettre l’émotion qui fut la mienne quand à 8h15, heure de l’explosion de la bombe sur Hiroshima, le silence s’est emparé du Parc de la Paix où nous nous trouvions réunis. Un silence qui n’a jamais fait autant de bruit, un silence fracassant, assourdissant, qui ne cessait de résonner au son du « Plus jamais ça » !

Ce jour là, 140 000 femmes, enfants et hommes ont été sacrifiés en un instant . La guerre est la négation de l’humanité. Je sais que l’époque est au bellicisme, que de nombreux « observateurs mal-éclairés » mesurent la grandeur de la France au nombre de ses interventions militaires extérieures. On parle de François Hollande comme d’un chef de guerre. Les va-t-en guerre louent sa politique étrangère « interventionniste » quand celle-ci rabaisse la France. La France ne doit plus etre le gendarme de l’Afrique. Nicolas Sarkozy propose lui, d’inventer un nouveau concept pour trier les réfugiés. Il n’a pas honte, lui qui a mis le feu à la poudrière en livrant la Libye au chaos et aux réseaux djihadistes. Monsieur Sarkozy, taisez vous ! Vous avez fait assez de mal comme ça à la paix du monde. La grandeur de la France ne se mesure pas aux nombres de ses champs de bataille ! La France est grande quand sa voix porte un message de paix universelle, et quand, en toutes circonstances, elle engage ses forces pour faire prévaloir la raison, la solution politique, la démocratie, sur l’absurdité de la guerre.

Que la France serait belle si, s’inspirant du pacifisme de ses grands hommes, d’Hugo à Jaurès, de Romain Rolland à Henri Barbusse, elle faisait taire les armes pour laisser parler la diplomatie. Qu’attendez-vous Monsieur Hollande, pour reconnaître au nom de la France la Palestine dans ses frontières de 1967 et peser ainsi de tout notre poids pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens ? Notre Parlement a voté cette reconnaissance il y a maintenant dix mois. Qu’attendez vous pour déposer devant le Conseil de sécurité une résolution pour reprendre le processus de paix, comme s’y était engagé le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius ? Qu’attendez vous, Monsieur Hollande, pour prononcer ces mots simples : le temps est venu de débarrasser la planète entière de toutes les armes nucléaires. Allez à l’Assemblée générale de l’ONU dans quelques jours et osez prononcer ces mots. Vous verrez l’immense prestige qui sera celui ce la France ! Être un dirigeant politique à la hauteur du XXIe siècle c’est prôner la fin des armes nucléaires ! Et que d’argent alors économisé soit utilisé pour lutter contre la guerre, les inégalités, la pauvreté, les grandes pandémies, le réchauffement climatique.

La guerre, c’est le chaos, la mort, la faim et l’exil. La guerre c’est le moyen d’imposer par la force des intérêts contraires à ceux des peuples. La guerre c’est ce qui permet au capitalisme d’organiser le pillage des matières premières. La Paix c’est une autre vision du monde. C’est une nouvelle sécurité collective internationale. La paix c’est l’unité des peuples, c’est la sécurité humaine par le développement, la coopération et la solidarité.

J’entends déjà nos opposants. Votre pacifisme n’est rien que de l’angélisme face à la menace terroriste. J’affirme le contraire. C’est en répandant la haine dans les cœurs, en construisant des murs et des barbelés entre les être humains, qu’on nourrit le terrorisme barbare. Nous partons d’un constat implacable, celui de l’échec éclatant de la stratégie de « guerre contre le terrorisme » lancée par les États-Unis après le 11 septembre. Depuis 2001, les foyers djihadistes ont été multipliés par 13. Les attentats ont continué, et DAESH a étendu son emprise sur toute une partie du Moyen-Orient profitant de la guerre, du chaos des trafics d’armes, de la déstabilisation de pays entiers comme l’Irak et la Syrie. Notre pays n’a malheureusement pas été épargné.

Et ce qui devrait nous faire réfléchir c’est que tous les jeunes Français – car oui, c’était des jeunes de notre société – qui ont servi de bras armés à ces actes terroristes ont séjourné sur ces terrains de guerre.Je crois que chacun d’entre nous, ici à la fête de l’Humanité, se souviendra toute sa vie de là où il était à l’instant où il a appris la tuerie de Charlie Hebdo, de cette immense peine qui nous a submergés, de ses larmes que nous avons contenues avec douleur, de l’effroi que nous avons ressenti quelques jours plus tard à l’annonce de la prise d’otages de l’Hyper-Casher. Charb, Wolinski, Tignous, Honoré, …tous ces compagnons de la fête de l’Humanité, leurs rires et leur malice nous ont cruellement manqué ce week-end.

Et nous pensons très fort à eux. Dans ces moments terribles, le peuple de France a délivré la plus belle des réponses face au terrorisme, celle de notre amour inconditionnel pour la Liberté. Dans ces mobilisations citoyennes exceptionnelles, ce sont aussi réveillé les fractures de notre société. Nous avons senti alors combien la devise républicaine de la France n’avait de sens qu’une et indivisible : Liberté, Égalité, Fraternité. Et que la réponse au terrorisme n’avait de force qu’en œuvrant pour que la République fasse vivre partout et pour tous ces droits fondamentaux sur l’ensemble de notre territoire en n’oubliant personne. Le terrorisme se nourrit du désespoir, de l’ignorance et des horizons obscurcis,. Opposons-lui la force de l’égalité, celle qui dessine un avenir à chacun et donne confiance en un destin collectif.

On ne combat pas le terrorisme en cédant sur la liberté. Le vote de la loi renseignement est une grave erreur. On ne combat par les assaillants de la liberté par la privation de liberté ! Mais par plus de liberté ! On ne combat pas le terrorisme, au contraire on le nourrit, en attisant les flammes de la haine, en parlant « d’ennemi ou de guerre de l’intérieur ». Ceux qui parlent ainsi sont des faiseurs de monstres, des VRP de l’extrémisme, ils nourrissent par leurs propos ce qu’ils prétendent combattre. On ne combat pas le terrorisme en faisant toujours la guerre, sans jamais préparer la paix. Une fois encore en Syrie, la France fait fausse route. En envisageant des bombardements aériens en dehors de tout mandat de l’ONU et sans qu’aucune feuille de route politique de sortie de crise ne soit même esquissée, François Hollande a une nouvelle fois oublié Jaurès « on ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre ». En Syrie, plus qu’ailleurs, face au chaos général, il est temps que la France entre en action prioritairement pour que les acteurs du conflit s’assoient à la table des négociations, sous l’égide des Nations-Unies, sans que n’en soient exclus la Russie ou l’Iran.

Pour combattre DAESH, l’hypocrisie doit cesser. La France doit mener le bras de fer avec les États complices, assécher leurs circuits de financement et donner les moyens nécessaires aux acteurs engagés pour défaire l’État islamique. Une aide d’ampleur directe doit être fournie aux forces démocratiques qui combattent DAESH sur le terrain. La France pourrait montrer l’exemple en commençant par renforcer son soutien matériel et politique aux forces démocratiques kurdes et irakiennes. Mais que fait la France ces derniers jours ? Elle se tait devant le massacre des Kurdes que vient de déclencher le pouvoir turc d’Erdogan.

Je lance un appel pour la reconstruction de Kobané et je m’adresse à François Hollande : sortez de votre silence complice ! Je profite de cette tribune pour lancer un salut fraternel à nos camarades kurdes qui combattent courageusement Solidarité, solidarité, solidarité avec nos frères et nos sœurs Kurdes !

Combattre le terrorisme, ce n’est pas non plus trier parmi les réfugiés qui justement fuient le crime, la barbarie et la misère. Le voilà le bilan insupportable de cette crise humanitaire. 29 000 femmes, enfants, hommes morts qui ont payé de leur vie leur exil vers l’Europe. Leurs cadavres pèsent lourd sur les épaules des dirigeants européens. Pourquoi on-t-il laissé faire ça ! Ne savaient-ils pas nos gouvernants que depuis des mois la Méditerranée était devenu un cimetière dont les vagues charrient chaque jour des corps inanimés. Ils les ont sciemment abandonnés. Ils n’ont rien fait, trop occupés à bâtir une Europe forteresse, à ériger des murs comme en Hongrie, à fouler au pied les fondements et l’histoire même de la construction européenne. Leur responsabilité est immense. Il aura fallu la mort d’un enfant, l’image d’une humanité naufragée sur une plage turque, pour que la vague de l’indignation citoyenne oblige nos gouvernants à agir. Nous avons tous été l’espace d’un instant le père ou la mère de petit Aylan Kurdi. Il venait de Kobané. Je n’oublierai pas l’indifférence médiatique et politique qui a entouré trop longtemps les appels de détresse que nous lancions au nom des réfugiés au retour de notre délégation en octobre 2014. Pour les militants et les élus communistes, le devoir d’accueil et le respect du droit d’asile a toujours été une priorité. Nous nous réjouissons du réveil des consciences qui a gagné l’Europe et maintenant la France .

Nous le savions, notre pays s’est levé pour la liberté après les attentats de Charlie. Il avait la force de se lever pour donner à la fraternité humaine le dernier mot. Vous l’avez compris, moi je crois en la France. Et je ne confonds pas l’état pitoyable du débat politique avec l’état réel des consciences de ce pays. Des forces immenses cherchent, je le sais, le chemin de la fraternité humaine. Non M.le Maire de Roanne, en France on ne trie pas les réfugiés selon leur religion ! Honte à vous qui avait proposé de faire la différence entre un enfant catholique, juif ou musulman ! Honte à vous Patrick Devedjian, et vos blagues racistes, quand les villes huppées de votre département gardent les portes closes aux réfugiés ! Honte à vous Nadine Morano, qui alors que la photo du petit Aylan soulevait le cœur de millions de Français avait osé vous insurger contre la mise en place de transport pour les réfugiés ! Honte au FN et à tous les médias qui continuent à nous bassiner avec la guéguerre entre le père et la fille, pour nous expliquer que le nouveau Front national est arrivé.

Car entre l’ancien et le nouveau Front national…le moins qu’on puisse dire c’est que pour rejeter les réfugiés, c’est bonnet blanc et blanc bonnet… Entre Nicolas Bay qui demande à Laurent Fabius de s’inspirer de la Hongrie, Steeve Briois qui se vante que les villes gérées par le FN n’accueillent aucun réfugié et qui les amalgame à des potentiels terroristes, et Marine Le Pen qui propose de les renvoyer dans leur pays d’origine… Rien n’a changé, ni la haine, ni la violence ! Un Front national qui sent le rance du racisme et l’aigre de la xénophobie. La France doit maintenant se montrer digne de son devoir de solidarité. 24 000 réfugiés en deux ans, ce n’est pas à la hauteur. L’État doit prendre ses responsabilités aux côtés des centaines de communes, des milliers de citoyens et d’associations volontaires. 1000 euros par réfugiés, c’est 24 millions d’euros en deux ans ! Mais la vente d’un seul rafale c’est 94 millions d’euros, hors taxe ! C’est ce monde là qu’il faut changer. La France, c’est pour nous celle qui s’incarne dans ces mots de Nelson Mandela : « Qu’il ne soit jamais dit par les générations futures que l’indifférence, le cynisme et l’égoïsme nous ont empêchés d’être à la hauteur des idéaux humanistes.

Que chacune de nos aspirations prouve que Martin Luther King avait raison, quand il disait que l’humanité ne peut plus être tragiquement liée à la nuit sans étoiles, du racisme et de la guerre. » Je fais une proposition. Le 21 septembre prochain c’est la journée mondiale de la paix. Cette année, faisons de cette journée une mobilisation extraordinaire à travers tout le pays, pour la solidarité et le soutien aux réfugiés et migrants ! Et pour la paix du monde.

Chers amis, ici même dans à peine trois mois, se tiendra la Conférence mondiale sur le climat, un défi majeur pour l’Humanité.En 2013, les réfugiés climatiques étaient 22 millions. Chaque seconde, une personne déménage dans le monde suite à une intempérie. En 2050, on estime à 200 millions par an les déplacés pour raison écologique. La fête de l’Humanité a voulu lancer un appel pressant pour la réussite de la COP 21, pour en faire une grande affaire populaire. De cette conférence internationale doivent sortir des décisions véritablement contraignantes et non de bonnes intentions.

Cela exige des engagements financiers conséquents pour le développement humain et la réduction des inégalités générées par la mondialisation capitaliste. La réduction des émissions de gaz à effet de serre est une nécessité absolue. Il serait criminel de continuer à tergiverser et faire primer les intérêts du capital et la course au profit sur le devenir de la planète. On n’éteindra pas l’incendie avec des pistolets à eau ! Tous les acteurs doivent prendre leurs responsabilités, au premier rang desquels les grands pays industrialisés qui doivent accepter un accord fondé sur le principe d’équité, de justice et de solidarité internationale. Les grandes entreprises multinationales doivent enfin être mises au pied du mur. L’impunité c’est fini ! Faire joujou avec l’avenir de l’Humanité pour se remplir les poches c’est fini ! Exploiter les ressources autant que les Hommes, c’est fini ! L’accord de Paris devra imposer des normes juridiques drastiques à ces grands groupes. L’heure n’est pas à bricoler un pseudo capitalisme vert. La tâche du 21e siècle est de réussir un nouveau modèle de développement. Notre planète est malade et le seul remède valable c’est plus de justice sociale, plus de justice écologique et plus de paix. Tout le processus de production et d’échange doit être repensé en partant des besoins des populations, et de la protection durable de la planète. Le droit à l’énergie et à une alimentation saine pour tous, l’affirmation de biens communs de l’Humanité tels que l’eau doivent prendre place au rang des principes fondamentaux universels.

Oui, comme le dit dans l’encyclique « Laudato si » le Pape François : « L’environnement humain et l’environnement naturel se dégradent ensemble et nous ne pourrons pas affronter adéquatement la dégradation de l’environnement si nous ne prêtons pas attention aux causes qui sont en rapport avec la dégradation humaine et sociale. » Il ne faut pas se mentir, nous sommes loin d’un accord contraignant de haut niveau.

Comme pour les réfugiés, seule une intervention citoyenne large peut faire bouger les États. Il faut penser et voir grand. Lever une puissante vague citoyenne, faire croître le débat et imposer par la force de la démocratie un autre avenir pour notre planète.Je vous donne rendez-vous à tous lors de la marche mondiale pour le climat, le 29 novembre prochain pour enfin faire entendre notre slogan : CHANGEONS LE SYSTÈME, PAS LE CLIMAT ! Dans cette marche, nous devrions exiger des engagements concrets de la France pour un nouveau modèle énergétique bas carbone pour un nouveau modèle de développement agricole comme l’ont exigé les paysans cet été, pour un plan national de rénovation thermique de l’habitat et pour la promotion du service public ferroviaire.

J’en parlais hier avec les Cheminots : une nouvelle bataille du rail est en marche car ils veulent tout casser. Ils font des discours sur le climat mais ils veulent liquider le mode de transport le moins polluant de tous. Ne les laissons pas faire. Avec l’éclatement de la SNCF, les bus d’Emmanuel Macron, – qui continuera, lui, à prendre le TGV quand nous nous entassons dans les bus – la casse du fret ferroviaire au profit des camions, les fermetures de lignes proposés par le rapport Duron, la casse de la cohérence nationale avec la réforme territoriale, c’est tout le rail qui est en danger. Le service public ferroviaire doit devenir une grande cause nationale.

Vous le voyez, mes amis, aucun des grands défis du monde, ni la paix et le développement, ni le réchauffement climatique ne seront relevés en écrasant l’avenir entre les mâchoires de l’austérité et des profits à outrance. Les marchés, la finance mondialisée jouent avec le feu. Toute ambition de lutte contre le chômage, de développement des biens communs, des services publics, d’une industrie de pointe et soutenable, toute ambition pour les PME, les projets solidaires, les « commons », est impossible dans le carcan des logiques capitalistes.

C’est pourquoi la lutte contre l’austérité et la déréglementation sociale généralisée es la lutte n°1 de la gauche en Europe. Pour la première fois cette année, un peuple, le peuple grec, un gouvernement, celui d’Alexis Tsipras, un parti, Syriza, ont porté cette lutte jusqu’au conseil européen, jusque dans l’arène de l’Eurogroup. Ils se sont battus comme des lions, des mois durant, pour faire respecter le choix des Grecs, jusqu’à organiser un référendum où le peuple grec a dit OXI, avec un courage et un calme fabuleux. Comme dit le poète Yannis Ritsos « Ils ont offert un raki à la mort ». C’est cet élan que l’Allemagne de M. Schaüble a voulu briser la nuit du 13 juillet 2015, en imposant à la Grèce un diktat austéritaire. Ils ont pu l’imposer parce que nos luttes communes en Europe aux côtés de la Grèce n’étaient pas encore assez puissantes. Ils l’ont imposée parce que la France n’a pas joué son rôle. Mais le peuple grec est un grand résistant, et sa lutte contre l’austérité ne s’est pas arrêtée le 13 juillet.

Soyez-en convaincus. Nous allons lutter ensemble, Français, Grecs, Espagnols, Italiens, Portugais, Irlandais, Allemands pour notre droit à la dignité, au développement, à la démocratie, pour faire céder pas à pas toutes les digues qui protègent les forces de l’argent : le traité budgétaire, le traité de Lisbonne et le projet de Grand marché transatlantique, jusqu’à redéfinir les fondements de la coopération des peuples européens. Notre vision est celle d’une union de peuples et de nations libres, souveraines et associées.

Chaque pays doit pouvoir renégocier son contrat avec l’UE. Et cela vaut pour la zone euro. La sortie de l’euro vers laquelle Merkel aimerait conduire les plus pauvres n’est pas la solution. La France peut et doit mener la bataille pour une une zone euro radicalement différente, C’est notre argent. Nous n’allons pas les laisser gérer la caisse en sortant de l’euro. Peut-on faire gagner la démocratie contre les marchés ? Peut-on imposer le respect des souverainetés populaires ? Je suis sûr que oui, si les peuples s’en mêlent et si nous développons des solidarités dans des proportions inédites. Il s’agit d’accélérer l’union des forces anti austérité d’Europe. Le combat contre la Troïka et les forces de la finance exige plus que l’élection d’un gouvernement de gauche dans un seul pays. Il exige des mobilisations massives, une lutte des citoyens dans tous les pays, à tous les échelons, dans la durée. Croyez-vous que la finance et les dirigeants européens dormiront à nouveau sur leurs deux oreilles si les Grecs réélisent Alexis Tsipras, qui en six mois a fait plus bouger l’Europe que tous les sociaux-démocrates en vingt ans ? Croyez-vous qu’ils se sentent en confiance quand ils voient que Jérémy Corbyn élu hier, au premier tour, à 60 % est en passe de révolutionner la gauche anglaise ? J’ai d’ailleurs décidé d’aller le rencontrer au plus vite.

Croyez-vous qu’ils ne s’inquiètent pas de voir des capitales européennes gouvernées par des forces alternatives, à Barcelone, à Madrid, à Dublin, comme à la tête du Land de Thuringe en Allemagne ? Ils le savent bien, que nous relevons la tête ! Et plus nous serons unis, plus nous serons solidaires, plus leur inquiétude grandira. Le temps est venu de les tourmenter à nouveau !
Le temps est venu d’amplifier toutes nos batailles contre l’austérité et la déréglementation sociale. Le gouvernement Hollande, Valls, Macron n’est pas notre gouvernement. Il a endossé l’agenda du MEDEF et sa politique n’inversera jamais la courbe du chômage. Il faut donc le faire reculer. Le 19 septembre, l’association des maires de France appelle à une journée d’action contre la réduction des dotations aux collectivités locales. Nous en serons car ce sont toutes les politiques publiques de nos communes et de nos départements qui sont menacées.

Nous avons une autre lutte immédiate de très grande importance. Celle de la libération du travail des impératifs patronaux. Les annonces présidentielles sur le code du travail sont à prendre très au sérieux. I Ils parlent de simplification et il faut comprendre liquidation. Ils parlent de sanctuarisation des grands principes mais actent la domination des accords de branche sur la loi.L’attaque contre le code du travail c’est le nouveau cadeau fait au patronat, c’est la dernière preuve d’amour pour le MEDEF François Hollande et Pierre Gattaz jugent le code du travail « illisible »…je crois au contraire que c’est parce qu’ils arrivent à le lire très bien qu’ils s’y attaquent ! Regardez les actionnaires de Daimler-Benz chez Smart, eux ils ont très bien compris.

39 heures payées 37, pas une seule embauche et les dividendes en hausse : voilà à quoi ils utiliseront tous les nouveaux pouvoirs qu’ont leur donnera. Il faut arrêter de prendre les travailleurs pour des idiots ? Ils leur proposent un référendum mais en leur faisant du chantage à l’emploi. Faisons un autre référendum qui est pour 32 heures payées 35, beaucoup d’embauches et moins d’agent pour les actionnaires. Nous ne nous laisserons pas faire ! Nous allons le défendre notre code du travail, dans la rue aux côtés des syndicats le 8 octobre prochain. Chers amis, chers camarades, comme je vois que vous êtes chauds bouillants sur ce sujet, je veux vous proposer de frapper un grand coup. Ici et maintenant. Tous ensemble ! Nous allons envoyer un petit message à Manuel Valls. Je suis venu avec mon téléphone portable et ma perche à selfie. Je vous propose une chose simple. Faisons ici et maintenant un grand selfie, un selfie collectif pour défendre le code du travail…. pour dire « Pas touche à nos droits ! » Un selfie que je me ferai un plaisir d’envoyer à Manuel Valls et Emmanuel Macron. Comment faire ? Je vous demande de vous lever, de lever les bras comme ça vers le ciel… Levez les bras, Levez les bras, je vais me retourner pour prendre la photo ….UN DEUX TROIS ! Et voilà ! Nous venons de Bravo vous avez été supers. Merci beaucoup, merci pour votre participation. J’en connais un qui va être surpris. Et maintenant revenons aux choses sérieuses.

Je dois encore vous parler un peu. Reprenons notre calme. Je veux vous parler des élections régionales des 6 et 13 décembre prochains. C’est bientôt et c’est très important. Les pouvoirs des 13 nouvelles régions seront énormes. A qui vont servir ces pouvoirs : au peuple ou à la finance ? Imaginez – et je vous l’assure le grand chelem de droite et de l’extrême droite est un réel danger – Valérie Pécresse en Ile de France, Christian Estrosi ou Marion Maréchal Le Pen en Paca, Laurent Vauquiez en Rhône Alpes Auvergne, Marine Le Pen dans le Nord Pas de Calais Picardie ! Nous ne voulons à aucun prix de ce scenario catastrophe. Comment l’évitez ? En lançant dans la bataille sans attendre, de belles listes de la gauche anti austérité et en y mettant toutes nos forces. Entouré des chefs de file communiste des 13 régions, je vous le demande entrons tous dès demain dans la campagne et bouclons nos listes très vite. D’ici la fin du mois, nous serons partout en ordre de bataille. Je renouvelle mon appel à toutes les forces du Front de gauche, arrêtons l’éparpillement. Et à celles d’EELV là où elles sont prêtes à faire liste commune. Faisons peser le respect mutuel sur les prétentions hégémoniques. Et je vous en conjure, avançons, avançons vite.

Avec mes camarades communistes, nous avons décidé d’engager toutes nos forces, et j’ai choisi pour ma part d’y aller en Ile de France parce que je sais combien cela comptera pour notre peuple, combien cela comptera pour les échéances politiques futures.

Oui je m’engage personnellement car nous devons tous être là face à droite et à l’extrême droite. Oui je m’engage parce que le peuple de gauche a besoin d’un nouvel espoir, pas de nouvelle défaite en décembre. Oui je m’engage parce que j’aime profondément l’Ile de France, et nos régions, toutes ces potentialités énormes qu’il faut mettre au service du bien-vivre et de l’égalité. Oui je m’engage car je suis convaincu qu’avec nos listes, nous pouvons frapper un grand coup et faire une percée électorale. Cette bataille nous mènera à 2017. Des forces immenses dans notre pays cherchent la voie nouvelle pour éviter le piège dans lequel on veut nous enfermer. Ou Le Pen, ou Sarkozy, ou en guise d’alternative, le duo Hollande-Valls. Non la gauche ne peut être éliminée. Il faut la rassembler, l’unir, lui ouvrir une nouvelle voie. L’heure n’est pas au casting présidentiel. Elle est à l’engagement commun des forces de la gauche anti austérité. Elles doivent construire un chemin commun vers la victoire. Je veux être utile à ce processus de convergence. Oui, pour l’heure le casting doit s’effacer devant l’exigence de rassemblement que nous impose la situation, devant la construction commune d’un nouveau projet solidaire pour la France qui nous rassemble tous. C’est l’engagement que je prends devant vous. Être utile oui, être utile à ce nouveau rassemblement majoritaire de notre peuple.

Chers amis, chers camarades, une fois n’est pas coutume, mais pour conclure ce discours je voudrais vous parler d’amour et de bonheur. Aujourd’hui les seules fois où l’on entend parler d’amour en politique c’est à l’université d’été du MEDEF… ! Alors que c’est ici à la fête de l’Humanité, là où le peuple de gauche se réunit, oui c’est ici qu’il convient de parler d’amour.

Je voudrais vous parler de ce qui nous anime tous au fond de ce qui nous meut,de ce qui nous fait être heureux quand justice est rendue , de la force de la fraternité qui quelque fois nous arrache une larme, de ce sentiment au creux du ventre quand nous gagnons une lutte syndicale, de ce frisson qui nous a saisi quand un soir de mai 2005 nous avons réalisé que Oui …nous l’avions fait ! Je veux vous parler de la force de l’engagement, du sens que nous donnons à nos vies, de pourquoi nous nous battons. Je suis fier, que nous les communistes, nous conservions au plus profond de nous, une certaine idée du bonheur ! Je suis fier d’être à la tête d’un parti qui soufflera bientôt ces 100 ans…100 années d’une histoire d’amour ininterrompue avec la France ! Un parti qui compte dans ses rangs des dizaines de milliers d’amoureux…D’amoureux de la vie, d’amoureux de la justice, d’amoureux de l’égalité ! D’ailleurs, peut-être ne le saviez-vous mais selon un sondage que j’ai pris très sérieux en tant que Secrétaire national du PCF, les militants communistes et du Front de gauche sont ceux qui déclarent le plus de partenaires amoureux dans leur vie !

Le grand poète turc Nazim Hikmet ne disait-il pas : « je suis communiste, je suis amour des pieds à la tête » ? Nous les communistes, nous ne sommes pas seulement des utopistes, des rêveurs, des chasseurs d’étoiles… Nous sommes aussi des réalistes ! Nous savons que cette quête du bonheur, cette conviction que demain doit être plus beau qu’hier, cette quête de sens universelle nous la devons aux générations futures. Le bonheur, qu’est-ce que le bonheur ? C’est partager des choses simples, un bon repas entre amis, un verre de vin avec un camarade, revoir un bon film, voir son enfant grandir, sentir à plein nez un bouquet de roses rouges… Mais être heureux c’est aussi vivre dans une société où personne n’est laissé sur le bord du chemin, être heureux, c’est penser pour 2, pour 10, pour 1000.

Être heureux, c’est voir plus beau, plus grand, plus loin… Être heureux c’est se dire avec le poète « qu’un jour viendra couleur d’orange. » Nous cherchons toujours le bonheur. Même dans ces temps de tempête, même quand l’espoir vacille, quand les traces de la lutte creusent nos visages, quand nos ennemis se gaussent de nous voir malmenés. Non…nous n’abandonnerons jamais l’idée d’un monde meilleur. Debout nous sommes, debout nous resterons !

Pierre Laurent

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L’Histoire m’acquittera
Fidel CASTRO, Jacques-François BONALDI
L’Histoire m’acquittera (en espagnol : La Historia me absolvera) est un manifeste d’auto-défense écrit par Fidel Castro en octobre 1953, à la veille de son procès (il est jugé pour avoir attaqué la caserne de Moncada le 26 juillet 1953, en réaction au coup d’état de Batista). Fidel Castro est diplômé en droit, il manie la plaidoirie, exercice qu’il connaît bien, avec aisance : il y explique ses actes et son implication dans le soulèvement contre Batista mais surtout, il y développe ses (…)
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Si j’étais un milliardaire ou un agent du renseignement, je voudrais probablement perturber la gauche au point de faire croire que quelqu’un de "gauche" est celui qui ne conteste jamais l’impérialisme US, ou qui soutient activement l’impérialisme US pour "contrebalancer les oligarques étrangers".

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