RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Gore Vidal, le plus américain des Américains

Je n’aime pas les nécrologies. En général, elles obligent ceux qui les écrivent à dire du bien de la personne décédée, autrement dit, ils ne sont pas sincères, quelles que soient les qualités du défunt.

Cela me plait encore moins lorsqu’il s’agit d’un de mes amis qui disparait, un ami très cher.

J’en parlerai toutefois pour rappeler ses écrits les plus importants. Pour moi, Gore Vidal fut l’équivalent pour le XXe siècle de ce que fut Alexis de Tocqueville au XIXe. Si Tocqueville a décrit la démocratie naissante en Amérique, Gore Vidal fut le plus lucide, le plus pertinent, le plus implacable analyste de la fin de celle-ci. On pourrait même dire, de sa transformation en « Empire ».

Je citerai quelques-uns de ses livres, pour ceux qui voudraient prendre la mesure de son talent d’écrivain : « Empire », justement, et aussi « Giuliano », ou encore « L’âge d’or » (The Golden Age). Ses essais sur la transformation que la télévision et le système des médias ont opérée sur la démocratie, la brisant et la transformant en un cérémonial au service des élites dominantes, sont aussi brillants que corrosifs. Pour moi personnellement, ce fut un grand maitre, j’ai puisé dans ses leçons et je continue de le faire. Je pense que plus il sera lu par les jeunes, et plus nombreux seront les esprits critiques capables de se défendre contre les agressions que les médias "mainstream" déchainent contre nous. Pas seulement les médias américains, les nôtres aussi, même si ceux des États-Unis sont en quelque sorte leurs pères. « Les mass media - écrivait-il - méprisent tellement les gens qu’ils les croient encore plus stupides qu’eux-mêmes. »

Lorsqu’on me traite d’anti-américanisme - et cela m’arrive souvent -, je pense toujours à Gore Vidal qui pour moi était le plus américain des Américains que j’ai connus. Il aimait son pays, la grandeur des Pères fondateurs. Lui-même était issu d’une des branches de l’unique élite qui a dominé l’Amérique depuis l’époque d’Abraham Lincoln. Une branche sans descendance, sans feuilles, mais une branche droite, qui ne s’est pas pliée à l’arrogance de la caste dont elle faisait partie.

Je me dois de rappeler qu’il fut l’un des rares grands intellectuels américains qui considéraient que la version officielle sur la tragédie du 11-Septembre était un mensonge. Je ne le remercierai jamais assez d’avoir accepté d’être l’un des intervenants du film Zéro, auquel j’ai consacré tant de travail ces dernières années.

En Amérique, Gore Vidal était lu par plus d’un million de personnes intelligentes, désireuses d’apprendre quelque chose. Le « système » ne pouvait pas le faire rentrer dans le rang, aussi fut-il mis à l’écart dans le plus petit espace possible. Mais on ne peut pas confiner une telle personnalité dans un coin. Cela fait longtemps que l’Amérique n’a pas envie de s’entendre dire la vérité. Et celui qui, parmi les premiers, en avait écrit l’épitaphe, ne pouvait être prophète en son pays. C’est avec cette même épitaphe que je salue mon ami Gore Vidal :

« … cette audacieuse et présomptueuse invention de l’Illuminisme qu’étaient les Etats-Unis, une région sauvage destinée à rêver pour toujours d’être une nouvelle Athènes, alors qu’en réalité il s’agissait d’une Rome recréée avec obstination et maladresse. »

Giulietto Chiesa

le 2 août 2012

http://www.reopen911.info/News/2012/08/02/giulietto-chiesa-rend-hommag...

Traduit de l’Italien par GV pour ReOpenNews

Giulietto Chiesa est journaliste. Il fut correspondant de presse d’Il Manifesto et d’Avvenimenti, et collaborateur de nombreuses radios et télévisions en Italie, en Suisse, au Royaume-Uni, en Russie et au Vatican. Auteur du film "Zéro - Enquête sur le 11-Septembre" et de divers ouvrages, il a notamment écrit sur la dissolution de l’URSS et sur l’impérialisme états-unien. Ancien député au Parlement européen (Alliance des démocrates et libéraux, 2004-2008), il est membre du Bureau exécutif du World Political Forum

URL de cet article 17371
  

Cuba sous embargo - paroles cubaines sur le blocus
Viktor DEDAJ
Instauré depuis 1962 par les États-Unis après un échec de l’invasion de l’île, le blocus non seulement pourrit la vie des Cubains mais constitue également une véritable insulte à la communauté internationale, laquelle, dans sa quasi totalité, le condamne chaque année à l’ONU depuis près de trente ans. Cette négation de la souveraineté des États et cette sanctification du droit d’ingérence par l’asphyxie constitue l’un des plus grands scandales de tous les temps. Dans le carnet de bord qu’il tient tout en (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

On dit d’un fleuve emportant tout qu’il est violent, mais on ne dit jamais rien de la violence des rives qui l’enserrent.

Bertolt Brecht

Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.