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Grève SNCF, RATP, EDF. Une première : c’est la CGT qui a pris l’initiative de la négociation avec un pouvoir de droite, François Wenz-Dumas.



Sarkozy-Parisot






Libération, jeudi 15 novembre 2007.


La CGT dans un rôle de composition. Fait rare, c’est la centrale de Montreuil qui a pris l’initiative de la négociation avec un pouvoir de droite.


Ce qui s’est passé entre la CGT et le gouvernement est une première. Jamais un secrétaire général de la CGT n’avait, comme l’a fait mardi Bernard Thibault, appelé personnellement le ministre du Travail d’un gouvernement de droite pour lui demander un rendez-vous dans la journée, et lui proposer d’ouvrir une négociation en apportant, comme preuve de bonne volonté, une concession importante. « On a été bluffés, reconnaît-t-on dans l’entourage de Xavier Bertrand, tout en regrettant qu’il ne l’ait pas fait quelques jours plus tôt. » La proposition d’une négociation tripartite (Etat, employeurs, syndicats) avait bien été faite dès vendredi. Mais la CGT refusait qu’elle ait lieu entreprise par entreprise, comme le voulait le gouvernement.

En acceptant que la négociation ait lieu « régime par régime » - c’est-à -dire entreprise par entreprise -, la CGT a donné au gouvernement la preuve que sa proposition était sérieuse. Elle est aussi risquée : les plus durs des militants CGT ne manqueront pas de reprocher à Bernard Thibault d’avoir tendu une perche au gouvernement au lieu de s’en tenir à la stratégie d’opposition frontale qui avait contraint Alain Juppé à renoncer à réformer les régimes spéciaux, en 1995.


« Recentrage ».

Hier matin Jean-Christophe Le Duigou, chargé du dossier retraites à la CGT, a précisé sur France Inter la position de la direction confédérale cégétiste : « Nous ne sommes pas par nature des gréviculteurs. N otre boulot, c’est de faire avancer nos revendications. Parfois, il faut faire la grève. Mais notre objectif n’est pas de faire grève pour faire grève, il est de faire avancer certaines revendications, de répondre aux attentes des personnels. » L’ouverture faite au gouvernement est donc un choix stratégique assumé par l’équipe dirigeante de la CGT, celui de renoncer à la posture du « tout ou rien ». Un retour aux fondamentaux de l’action syndicale qui à certains égards rappelle le « recentrage » qu’Edmond Maire avait imposé à la CFDT à la fin dans les années 1970.

Ce choix répond d’abord à la volonté de la CGT de ne pas abandonner le terrain des salariés du privé. Ceux-ci seraient les premières victimes, en tant qu’usagers, d’une grève longue dans les transports publics, et ils ne comprendraient pas d’avoir à payer - et ceci dans tous les sens du terme - alors qu’ils sont eux-mêmes soumis à la règle des quarante annuités. La CGT n’a aucune envie que la CFDT apparaisse comme le seul syndicat crédible possible dans le secteur privé.

L’autre raison du retour de la CGT à une logique de négociation qu’elle semblait avoir un peu oubliée tient au rapport de force syndical dans les entreprises concernées par la réforme des régimes spéciaux. Avec 56,5 % des voix à EDF et 58,5 % chez GDF, plus de 40% à la SNCF, 37% à la RATP, la CGT est dans ses terres. A EDF et GDF, la CFDT arrive loin derrière. A la SNCF, la CFDT a été laminée après la réforme Fillon de 2003 et l’Unsa est devancée par Sud. A la RATP, l’Unsa arrive en seconde position, mais derrière, la CFDT pèse moins de 10 % des voix. La CGT est donc obligée d’assumer la négociation, et elle a choisi de le faire.


« Responsabilités ».

La proposition de la CGT a donc été faite « en tant qu’organisation syndicale responsable et majoritaire dans ces entreprises », rappelait aussi Jean-Christophe le Duigou. Après avoir perdu la plupart de ses bastions de la métallurgie, elle ne peut pas donc pas se permettre de lancer ses derniers gros bataillons dans un combat à l’issue incertaine. La CGT est d’autant plus obligée de prendre ses responsabilités qu’elle ne peut pas, dans aucune de ces entreprises, adopter une posture jusqu’au-boutiste en comptant sur d’autres pour signer un accord qui sauverait les meubles.

Reste à convaincre ses troupes de la suivre sur ce terrain. Ce n’est pas gagné d’avance, après plusieurs décennies où la culture politique a primé sur le réalisme syndical. Mais si la CGT réussit sa sortie de grève, elle aura bien avancé sa mue.

François Wenz-Dumas

- Source : Libération www.liberation.fr




Casse régimes spéciaux de retraite SNCF, RATP, EDF = début de l’offensive de Sarkozy contre l’ensemble du salariat, par Jean-Jacques Chavigné.



Régimes spéciaux : une bataille décisive«  c’est la plus difficile des réformes, puisqu’elle concerne ceux qui ont le pouvoir de blocage le plus fort. Si elle réussit, le reste suivra. », La Riposte.



Grève SNCF, RATP, EDF : Avant la bataille. (en découdre : dans le camp d’en face, on y pense aussi), par Vincent Présumey.



La leçon du 18 octobre : grèves branche par branche, nous n’ avons aucune chance, nous serons défaits, par Vincent Présumey.






COMMENTAIRES  

16/11/2007 12:23 par sergueï

C’est quoi un article comme celui-là sur grand soir ???????????

16/11/2007 12:47 par Anonyme

Pourquoi, c’ est faux ??

LGS

16/11/2007 17:09 par sergueï

c’est surtout ds la ligne libéjofrin : on présente cette évolution comme nécessaire, dans l’ordre des choses et somme toute comme inévitable, et bien faite pour enrichir le "dialogue social" : personelmt j’y vois une trahison supplémentaire de la cgt (de sa direction) qui casse le mouvemt et la possibilité d’une extension de sa dynamique : la cgt est ds la compétition syndicale et le "conatus des appareils" et plus ds le conflit : contrairmt à la bien pensance libéjofrinienne, la démocratie c’est aussi (d’abord ?) la possibilité des conflits, l’’expression des oppositions.

16/11/2007 19:26 par Anonyme

oui, et la même chose dans Le Monde : ces gens se réjouissent ... mais il y a aussi des chances que la manip de la majorités des syndicats, qui en fait ont depuis bien longtemps accepter la réforme, apparaissent au grand jour, et cela, même si Libération et Le Monde font tout pour justemnt casser toutes les résistances.

LGS

17/11/2007 10:31 par sergueï

Certes, et ils le font plus subtilement, dison plutôt moins grossièrement, que les médias audiovisuels. Mais que la base ait à affronter le gouvernement, la totalité des médias et les organisations syndicales, ça ne peut que rendre pessimiste : on voit mal comment pourrait advenir un conflit majeur et vainqueur. Ne nous reste qu’à espérer, c’est bien mince ...

19/11/2007 09:54 par Bernard Trannoy

Il y a belle lurette que Libé n’a plus rien à voir avec le journal fondé par J.P Sartre C’EST LE JOURNAL A ROTCHILL
Quand au reproche faites ici où là à la CGT, cela montre que les capacités d’analyses des uns et des autres n’est pas briante. Qu’on le veuille ou non, que cela fasse plaisir ou non. Le mouvement syndical évolue dans un contexte politique QU’IL N’A PAS CREER ce sont les salariés qui par leurs attitudes politique l’on créés. 80% D’entre eux ont de fait voter pour des gens qui veulent les tondres aujourd’hui et cela c’est un fait. Face à eux et contre eux non seulement SARKO mais aussi le P.S qui ne dénonce par le fond mais la méthode (Autrement dit le PS ce considère plus performant, ce qui n’est pas faux) pour faire avaler les couleuvres

19/11/2007 13:37 par sergueï

80% des salariés ??? Il est élu avec 35 % des inscrits au 2 ème tour : c peu : les syndicats évoluent ds un contecte, certes, mais c aussi un contexte qu’ils ont contribué à créer, et la ligne thibaut n’est passée au congrès de la cgt que grâce à la victoire du cpe

18/11/2007 00:59 par Totoche

Cest quoi ce message dans "le grand soir" et en plus venant du journal de Joffrin, soumis à l’ordre libéral.
Soyons sérieux, on ne pouvait attendre un autre discours que celui-ci dans ce quotidien qui ne fait que reprendre le refrain des médias officielles bien vues en cour : c’est pas la faute de Thibault, mais celle de sa base, des privilégiés qui n’ont pas compris qu’il faut réformer. Soyons solidaires avec les cheminots et organisons une méga manif pour mardi 20 novembre avec grève générale reconductible.

18/11/2007 10:05 par Anonyme

>Cest quoi ce message dans "le grand >soir"

Le message c’ est que, Libération (qui est aussi un média officiel), et donc bien sùr comme tous les autres médias, sont bien contents : " Mais si la CGT réussit sa sortie de grève, elle aura bien avancé sa mue."

Les cheminots à la base demandent le retrait de la réforme, les syndicats eux veulent changer le cadre de la réforme. A suivre !

LGS

16/11/2007 20:22 par Sudiste

Les grèves de 1995, les mobilisations sociales de 2003, le "Non" de 2005 au Traité constitutionnel européen, le mouvement contre le CPE de 2006 ont contribué à freiner en France la contre-réforme libérale qui l’a emporté partout en Europe. Aujourd’hui, Sarkozy et son Gouvernement veulent faire de la grève des cheminots et du mouvement dans les universités un test. S’ils parviennent à les briser, ils espèrent avoir les mains libres pour faire passer au pas de charge le train de réformes annoncé sur le Droit du travail, sur le système de santé, sur la protection sociale. Ils engagent pour cela une bataille d’opinion visant à diviser et opposer ceux qui se lèvent tôt à ceux qui sont supposés se prélasser sur le mol oreiller de l’assistanat, le secteur privé au secteur public, les méritants aux récalcitrants, les étudiants studieux aux insoumis. C’est pourquoi l’offensive gouvernementale commence par la remise en cause des régimes dits "spéciaux" présentés comme un privilège contraire à l’égalité, mais elle se poursuivra par l’augmentation pour toutes et tous de l’âge de la retraite, par la privatisation des services de santé et des assurances contre la maladie et la vieillesse, au détriment de la protection sociale par répartition.

Les cheminots ne luttent pas seulement pour défendre un droit à la retraite obtenu en raison de la pénibilité de leur travail. Ils luttent aussi, comme les employés du métro, les postiers, les électriciens, les personnels de santé, les enseignants, pour défendre ce qui reste de service public contre la concurrence débridée de tous contre tous. La double défense de la solidarité sociale et des conditions de l’autonomie de chaque individu passe au contraire par un partage du temps de travail sans perte de salaire, par le maintien du droit d’accès à la retraite égal dans le privé et le public, tenant compte de la pénibilité du travail, par un retour aux 37,5 annuités pour tous. La loi mal nommée d’autonomie des universités ne les soustrait aux tutelles étatiques que pour mieux faire croître parallèlement l’arbitraire bureaucratique et féodal de Présidents d’universités imitant le management des entreprises privées, et la dépendance à l’égard des marchés. Elle amorce une logique de démantèlement de l’Enseignement supérieur public, d’augmentation des droits d’inscription des étudiants, de fragmentation du corps enseignant, de subordination aux lois de la concurrence et aux caprices du marché du travail. Elle affaiblit le droit à l’étude et l’espace public d’éducation.

Tels sont les enjeux de la bataille sociale engagée. C’est pourquoi, non seulement nous nous déclarons solidaires de la grève des cheminots et des universités en lutte, et manifesterons à leur côté, mais nous participerons à une mobilisation d’ensemble et à une convergence de ces luttes pour la journée de grèves du 20 novembre dans la Fonction publique et au-delà .

Les signatures sont à envoyer à  : Solidarité

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