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Le livre omniprésent dans nos médias (non, c’est pour rire).

HUGO CHÁVEZ, ma première vie. Conversations avec IGNACIO RAMONET

Qui est Ignacio Ramonet ? Je pose la question pour ceux qui ne s’informent que sur TF1 et qui ne connaissent même pas Wikipedia. C’est un sémiologue du cinéma, l’ancien directeur du Monde diplomatique. Il est actuellement directeur de l’édition espagnole du Monde diplomatique1 et président de l’Association Mémoire des luttes (dont LGS publie des articles).

Il est également éditorialiste de politique internationale à l’agence Kyodo News (Tokyo), à l’agence Inter Press Service (IPS)3, à Radio Nederland(Amsterdam), au quotidien Eleftherotypía (Athènes) et au journal d’information numérique Hintergrund en Allemagne.

A l’origine de la création d’Attac, il a été un des promoteurs du Forum social mondial de Porto Alegre, fondateur de l’Observatoire français des médias, il a été parmi les premiers à définir le concept de Pensée unique, il est auteur de nombreux livres, il est primé dans plusieurs pays pour ses écrits, il est titulaire d’un doctorat, docteur honoris causa de plusieurs universités. Il ne lui manque même pas la mère de toutes les médailles : la haine de Reporters sans frontières.

La première fois que j’ai rencontré Ignacio Ramonet, c’était en 2006, dans son bureau du Diplo. J’étais avec Viktor Dedaj et on était venu lui demander des conseils et une aide pour un projet que nous nourrissions depuis quelques mois. Le conseil fut limpide : « Laissez tomber ! ». C’est ainsi qu’il nous a aidés (rire) car notre projet (une sorte de GS en version papier) n’était pas viable. Puis, j’ai participé à des débats à ses côtés à la fête de l’Huma, ce qui m’a permis de ressentir le « syndrome de l’imposteur » qui me taraude quand j’ai l’impression d’avoir été posé trois marches trop haut. N’essayez pas d’expliquer ça à François Hollande (il se prend pour le président de la République). N’en parlez pas d’avantage à David Pujadas (il croit vraiment faire du journalisme).

Il y a quelques semaines, Ignacio Ramonet était à Toulouse et je lui ai dit que j’allais faire exploser les ventes de son livre grâce au GS (rire de l’imposteur) puisque Ruquier, Ardisson, Busnel ne s’y collaient pas.

Car ce livre considérable, véritable vivier pour les journalistes, pour les chercheurs, les historiens, fait l’objet d’une censure de fait par nos grands médias qui savent populariser les pauvres gribouillis de nos sportifs, vedettes de cinéma, politiciens, maîtresses de politiciens (pas vrai, Valérie T. ?).

Pourtant, (le croirez-vous ?) ce livre est grand public, bourré d’anecdotes et d’humour. De plus, on vibre, on reprend espoir en l’homme et en la politique, on rit, on se sent meilleur de l’avoir lu.

L’Université Ouvrière (UOG) présente le livre comme suit à l’occasion d’un débat organisé par le « Collectif Amérique Latine RÉSISTANCES ! » en avril avec Ignacio Ramonet.

« … Comment comprendre le président Hugo Chávez, sans s’intéresser à sa vie et à son rapport avec le peuple vénézuélien ? Comment s’expliquer la haine que l’oligarchie soutenue par les États-Unis voue à son héritage ? Cette personnalité, en démocrate convaincu, n’a pas interdit les médias qui impulsent le coup d’état contre lui en 2002 et il leur permet de poursuivre leur travail. Ces médias qui n’ont eu de cesse de conspirer contre le gouvernement démocratiquement élu jusqu’aujourd’hui. Ils sont tous violemment contre le processus bolivarien que le président a mis en route ».

Quant à l’éditeur, il écrit :
« Rares sont les personnalités contemporaines qui ont eu, sur l’histoire de leur pays, un impact aussi décisif que celui provoqué par Hugo Chavez (1954-2013). Elu président du Venezuela en 1999, Il a réveillé l’ensemble de l’Amérique latine par la puissance de son verbe, la modernité de ses idées et l’exemple des avancées de sa Révolution bolivarienne. L’impuissance des castes latino-américaines traditionnelles à répondre aux aspirations de « ceux d’en bas » a ouvert le chemin à une génération de dirigeants néoprogressistes venus du monde syndical, du militantisme social, des luttes indigènes et même de la guérilla : Lula et Dilma au Brésil, Evo Morales en Bolivie, Rafael Correa en Equateur, Nestor Kirchner et Cristina Fernandez en Argentine, Tabaré Vazquez et José Mujica en Uruguay, et tant d’autres. Mais le premier d’entre eux fut Chavez.

Dans ce livre gorgé de révélations, résultat de cinq ans de travail et de plus de deux cents heures de conversations avec Hugo Chavez, Ignacio Ramonet dresse un passionnant portrait du leader vénézuélien qui raconte sa vie avec ses propres mots.
Qui était Chavez avant de devenir une célébrité politique universellement connue ? Quelle fut son enfance ? Quelle éducation a-t-il reçu ? Quand commença-t-il à s’intéresser à la politique ? Quels livres lisait-il ? Par qui a-t-il été influencé ? Quelle était sa vision géopolitique ? De quels courants idéologiques se réclamait-il ?

Ces mémoires dialogués, centrés sur la première étape de la vie du commandant vénézuélien, apportent des clés indispensables pour comprendre son destin politique. C’est un indispensable livre d’histoire pour celles et ceux que veulent comprendre la première étape du XXIe siècle en Amérique latine et dans le monde ».

A voir absolument, sur le site de notre collaborateur Bernard Gensane, ces vidéos (http://bernard-gensane.over-blog.com/2015/04/bernard-cassen-evoque-le-souvenir-d-hugo-chavez.html) où Ignacio Ramonet, Bernard Cassen et Régis Debray évoquent Hugo Chavez.

« HUGO CHÁVEZ, ma première vie. Conversations avec IGNACIO RAMONET », Editions Galilée, mars 2015, 656 pages, 32 euros.

Le livre est en vente dans les bonnes et les moyennes librairies ; les adeptes des achats en ligne peuvent le commander ici : http://www.librairie-renaissance.fr/

Maxime Vivas

COMMENTAIRES  

20/04/2015 09:27 par Pierre M. Boriliens

Bonjour,

"et qui ne connaissent même pas Wikipedia"

Ce n’est pas nécessairement ce qui pourrait leur arriver de pire...

20/04/2015 14:15 par Maxime Vivas

@ Pierre M. Boriliens

A propos de Wikipedia.
De tout ce que je lis à mon sujet sur Internet et dont je ne contrôle pas le contenu, Wikipedia n’est pas le pire. Et pour tout dire, ça me va assez bien (notez le "assez") pour que je n’y mette pas ma patte tatillonne.

20/04/2015 18:47 par Alexis

Encore un ouvrage présenté par LGS et qui promet.
Comme dit dans l’article, ça nous change des "œuvres" partagées chez ONPC, les Terriens, etc.

20/04/2015 19:07 par DePassage

« Les insurgés libyens méritent l’aide de tous les démocrates »

Oui, m. Ramonet, la Libye vit aujourd’hui dans votre « meilleur des mondes », celui de votre démoncratie (americano-britano-canado-franco-otano-quatarislamocratie) portée par les Bombes de l’OTAN !

Avec un ami bienveillant comme vous et votre moralisme « révolutionnaire » envers les pays d’Amérique latine parce que selon vous, ils n’appuyaient pas assez vivement et ouvertement les « révolutions » colorées arabes et l’intervention assassine de l’OTAN en Libye, eux, préférant la voix de la sage retenue plutôt que les entourloupettes sentimentalistes irraisonnées et la propagande sensasionnaliste névrotique à la Ramonet, oui, avec un ami bienveillant comme vous, Cuba, la République Bolivarienne du Venezuela et le reste de l’Amérique latine n’ont pas besoin d’ennemis…

Votre fresque abracadabrante sur la destruction « légale » de la Lybie relève de la torture psychopathique ! Je serais curieux de la soumettre afin d’analyse aux Udo Ulfkotte et feu Roger Auque de ce monde histoire de connaître leur avis sur sa possible provenance…

« Qu’il sache que la respectabilité n’a qu’un temps et que la haine criminelle qu’il a exprimée en hurlant avec les loups de l’OTAN entachera pour toujours ses écrits précédents. » — Ginette Hess Skandrani

21/04/2015 00:00 par Maxime Vivas

« Qu’il sache que la respectabilité n’a qu’un temps et que la haine criminelle qu’il a exprimée en hurlant avec les loups de l’OTAN entachera pour toujours ses écrits précédents. » — Ginette Hess Skandrani

Entachera pour toujours.... On en sait quelque chose pour avoir publié un jour G. H. Skandrani sans avoir remarqué qu’elle était passée d’EELV à E et R de Soral.
Merci de ne pas la prendre pour référence, va.

20/04/2015 21:46 par Pablo Caller i Salas

Ouais... Bof !

Un peu d’esprit critique Maxime s’il te plait. Alors oui, Ignacio Ramonet a permis à ce qu’un autre son de cloche puisse être entendu, mais de là à en faire un modèle de journalisme, il y a un pas que je ne franchirai pas. Je préfère de loin l’esprit critique d’une Martha Harnacker que les louanges que tisse Ignacio Ramonet.

A titre d’exemple, je reviens de La Paz. Pour préparer ce voyage, j’avais lu entre autres l’article de Ramonet, Bolivia esta cambiando (la Bolivie Change). Alors nul doute que la Bolivie change, que la croissance est au rendez-vous, qu’Evo Morales gagne les élections (quoique le résultat des élections sous-nationales comme ils les appellent sont pour le moins contrastées, le MAS ayant perdu les mairies de La Paz et El Alto), que la pauvreté recule... Mais comment parvient-il en cinq pages à ne pas mentionner que le MAS s’est allié au MEDEF bolivien (La Confederacion de Empresas Privadas de Bolivia) lors du sommet social de 2011 ? qu’il s’est allié aux grands syndicats agricoles (Camara Agropastoral del Oriente) en faveur des monocultures, d’une culture d’exportation, et des transgéniques ? Comment ne pas mentionner la défiance envers les mouvements sociaux en faveur d’un autre développement (CONAMAQ et CIDOB) ? Que les acquis sociaux sont basés sur un modèle assitancialiste ne vivant que grâce à l’extractivisme ? Que l’emploi informel concerne encore 60% des travailleurs et notamment des enfants. Tout ceci n’est pas à mettre en compte du MAS bien entendu, mais taire ce genre de faits est non seulement discutable mais contre productif pour peu que l’on lutte pour un autre dévloppement...

Tout ceci pour dire que pour ma part, je n’ai pas d’argent à investir dans une hagiographie, soit-elle dédiée à Hugo Chavez. Pour ceux qui douteraient de mes dires, je leur suggère de lire l’article qu’Ignacio Ramonet avait écrit suite à la mort d’Hugo Chavez et qui était paru dans le Monde Diplomatique, un article digne de la Pravda ou de Paris Match c’est selon.

J’espère cette fois-ci que vous publierez mon commentaire que je me suis donné la peine de réécrire...

Bien à vous,

Pablo Caller i Salas

20/04/2015 23:55 par Maxime Vivas

...oui, Ignacio Ramonet a permis à ce qu’un autre son de cloche puisse être entendu, mais de là à en faire un modèle de journalisme, il y a un pas que je ne franchirai pas.

J’ai écrit que quelqu’un est un modèle de journalisme ?

J’espère cette fois-ci que vous publierez mon commentaire que je me suis donné la peine de réécrire...

Ce que vous espérez surtout c’est que vos commentaires soient publiés illico, même si nous avons 10 ou 20 articles à lire pour publication.

Ces choses là sont rudes...

20/04/2015 22:05 par Pablo Caller i Salas

Sinon, je connais personnellement de nombreux contributeurs de votre site (Jean Bricmont, Francois Houtart). Je saurai faire votre publicité...

Ironie de la vie, un ministère équatorien vient de m’appeler pour avoir le contact d’Ignacio Ramonet, ils veulent l’inviter à un événement ici, à Quito.

Soit, que le Figaro, que Libération, que le Monde censurent des propos, ça ne m’étonne pas... Mais que vous le fassiez, ca me dégoûte, moi qui vous lisait depuis des années

20/04/2015 23:56 par Maxime Vivas

Rien compris.
Ou alors c’est parce que votre commentaire n’a pas été lu et publié à la minute.

21/04/2015 02:19 par Dwaabala

Maxime Vivas, entre la Libye et moi j’ai des relations, je trouve que vous pêchez par modestie : c’est encore trois marche au-dessus que vous situe votre calme olympien.

21/04/2015 08:46 par rouge de honte

@DePassage,
Merci de l’avoir dit !
Il y a eu, au moment de cette lâche et dégoutante guerre contre la Libye (et de fait contre l’Afrique) toute une série d’intellectuels médiatiques qui ont montrés leur côté obscure de la force. Je pense aussi à Ziegler.
L’économie de l’Europe allait basculer à ce moment, voler l’Afrique et l’empêcher de se libérer de l’emprise économique de l’Europe a retardé le grand basculement...enfin peut-être.

22/04/2015 18:17 par Jérôme Dufaur

Pour le bien commun, il serait souhaitable que Pablo Caller i Salas explique plus précisément en quoi il a été censuré.

Car, effectivement, son commentaire est intéressant.

L’article d’Ignacio Ramonet dont il parle (publié par Le Grand soir le 2 novembre 2014) commence par : "Pour le voyageur que revient en Bolivie après quelques années d’absence, et qui marche doucement dans les rues étroites de La Paz, ville balafrée par des ravins escarpés à presque quatre mille mètres d’altitude, les changements sautent aux yeux : on ne voit plus de mendiants, ni de vendeurs informels qui remplissaient les trottoirs."

Dès ses premières lignes, cet article affirme des choses qui sont fausses et sautent manifestement aux yeux lorsqu’on marche dans les rues de la capitale politique de la Bolivie. Ce qui était mon cas en novembre 2012 puis en février 2015. Car à La Paz mendiants (dont des enfants en bas âge et des vieillards décharnés assis sur les trottoirs de la plus grande avenue de la ville) et vendeurs informels (mon fournisseur officiel de mouchoirs en papier était tous les matins sur la passerelle reliant le marché Lanza et la Calle comercio) sont légions. C’est une triste réalité. Mais une réalité tout de même. Une réalité qui d’ailleurs ne peut échapper à personne :
http://www.madmoizelle.com/voyage-bolivie-beaute-pauvrete-2-314066

Bien entendu, cette réalité là ne résume pas ce qu’est la Bolivie d’aujourd’hui. Mais je ne vois pas l’intérêt de passer sous silence cette réalité.

Le Gouvernement Bolivien, en ce qui le concerne, ne le fait pas puisque l’éradication de l’extrême pauvreté est la priorité numéro 1 de l’agenda patriotique 2025 (brochure "13 pilares de la Bolivia digna y soberana - agenda patriotica 2025" qui m’a été remise au Ministère de la communication). Or, si l’on fait de l’éradication de l’extrême pauvreté une priorité politique, cela suppose de reconnaître que l’extrême pauvreté existe. Certains Gouvernements (nationaux ou locaux), y compris dans notre beau pays, n’hésitent pas à la déplacer ou à la cacher.

Le processus bolivien est enthousiasmant. Mais reste très contradictoire. Evo Morales, Alvaro Garcia Linera et nos camarades n’agissent pas dans un laboratoire où ils pourraient transformer le réel à leur convenance. Tant mieux. Néanmoins, les scandales de corruption (dans lesquels Felipa Huanca, candidate malheureuse du MAS-IPSP pour le poste de Gouverneur de La Paz, était mouillée jusqu’au cou), les alliances électorales "contre-nature", les choix économiques, le système judiciaire... suscitent d’âpres débats et controverses. Là aussi, tant mieux. Espérons que les revers électoraux du 29 mars (à La Paz - ville et département - et surtout El Alto) seront synonymes de remises en question et d’approfondissements du processus révolutionnaire.

Bref, mon commentaire est hors sujet par rapport à l’article mais il me semblait utile de partager ces éléments.

26/04/2015 16:57 par maria

Bonjour,
je prends note de la référence Ramonet/Chavez,merci.
Toutefois, je regrette beaucoup (si ce que "Depassage ", l’un des commentateurs affirme , est avéré )
le soutien de Ramonet
au renversement de Khadafi , comme BHL er l’Otan , déconcertant !..

26/04/2015 17:53 par Maxime Vivas

Notre ami Pierre Lévy (dont nous publions les éditoriaux de son journal BRN et dont nous venons d’annoncer la sortie de sa revue "Ruptures") a écrit une longue lettre de protestation sur le sujet.
Medelu (mémoire des luttes) de Ramonet l’a publiée in extenso (chapeau !) et l’a fait suivre d’une courte réponse de Ramonet.
Vous trouverez ces textes ici :
http://www.medelu.org/Contre-la-banalisation-et-la

Ceux qui rêvent de l’infaillibilité de Ramonet, Lévy, LGS, y trouveront matière à discussion.
Pour moi, il reste que Ramonet est un des grands intellectuels européens à jouir de l’amitié méritée des chefs d’Etat d’Amérique latine.

28/08/2016 18:16 par Scalpel

Hugo Chavez (1954-2113)

Cool, Chavez est encore en vie ! (et nous enterra tous !)
En voilà une bonne nouvelle... ;-)

28/08/2016 19:00 par legrandsoir

Corrigé. Merci de l’avoir signalé.

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