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Kenya : "Les gens ne meurent pas de faim à cause d’un manque de nourriture", par Joyce Mulama.






IPS, Nairobi, 17 mars 2006.


Alors que la famine continue de ravager des parties du Kenya, une organisation non gouvernementale est en train de demander aux autorités de réduire le coût des produits alimentaires de base, en particulier la farine de maïs -l’aliment de base.


Une étude réalisée par le groupe ’Bunge la Mwananchi’ a indiqué que même si les vivres sont vendus dans des zones affectées, ils sont trop chers pour les gens qui vivent dans ces régions.

’’Ceci montre clairement que les gens ne meurent pas à cause d’un manque de vivres. Il est question de gens qui n’ont pas les moyens d’acheter de la nourriture. Les citoyens ordinaires dans ces zones nous ont confirmé qu’en fait, les prix des vivres étaient hors de leur portée’’, a déclaré à IPS, Wangui Mbatia, au nom de Bunge la Mwananchi (une expression kiswahili pour dire ’’Parlement des citoyens’’).

L’organisation estime que le prix d’un sac de deux kilogrammes de farine de maïs — appelée localement ’’unga’’ — devrait être réduit à environ 40 cents (soit 30 shillings kényans, Ksh) de son prix actuel de 70 cents). Symbolisée par un ruban blanc, l’initiative du groupe a été dénommée ’Campagne Unga à 30 Ksh’

Selon Bunge la Mwananchi, ceci pourrait être obtenu à travers la réduction ou la suppression des taxes sur les produits comestibles, principalement la farine de maïs.

’’Le gouvernement augmente les prix des produits par une taxation complexes. Tout ce qu’il doit faire est de baisser ou de supprimer les taxes inutiles sur les produits alimentaires de base. Ceci rendra les produits beaucoup moins chers’’, a souligné Mbatia.

’’Si le gouvernement a pu supprimer les taxes sur les serviettes hygiéniques, pourquoi ne peut-il pas en faire autant pour le unga et d’autres produits de base ?’’.

Pendant l’exercice budgétaire de l’année dernière, des responsables des finances ont supprimé la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les serviettes hygiéniques afin de les rendre plus largement disponibles, ceci après des pressions des femmes parlementaires.

Les autorités ont déclaré la famine causée par la sécheresse un désastre national en décembre dernier, avec le président Mwai Kibaki qui a lancé un appel international à l’aide alimentaire pour aider plus de trois millions de personnes à éviter la famine. Le nord-est du Kenya serait la région la plus touchée par la crise.

Toutefois, plus tôt ce mois, le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), James Morris, a prévenu que l’agence manquait de vivres pour nourrir les Kényans.

’’Jusqu’ici, le nombre de victimes humaines est assez limitéà , mais nous craignons qu’une quelconque rupture dans la fourniture de vivres aux personnes les plus vulnérables ne conduise à des souffrances et à des décès sur une échelle beaucoup plus grande’’, aurait-il déclaré dans un communiqué de presse de l’agence, datant du 5 mars. Les rations pour environ 230.000 réfugiés somaliens et soudanais dans le nord-est du Kenya ont été coupées depuis.

Mais, Mbatia a soutenu que l’aide d’urgence n’était qu’une solution partielle au problème.

’’On ne peut pas remédier à la sécheresse et à la famine au Kenya avec l’utilisation de l’aide alimentaire seule. Nous voulons que le gouvernement s’attaque au problème d’une façon beaucoup plus (globale), et c’est la réduction des prix des vivres’’, a-t-elle affirmé.

Avec des branches à travers tout le pays, Bunge la Mwananchi organise des programmes d’éducation civique pour mettre en place un soutien public pour une réduction du prix des vivres. L’organisation a également l’intention d’organiser des manifestations pacifiques pour amener les autorités à tenir compte de ses appels.

Le défenseur des droits des consommateurs, John Kinuthia, a déclaré ouvertement son soutien à la ’Campagne Unga à 30 Ksh’.

’’C’est très mauvais qu’un gouvernement taxe les produits de base qui peuvent sauver la vie de ses citoyens. Il peut décider plutôt de trouver des revenus sur des produits non essentiels’’, a-t-il souligné. Il a été suggéré que les taxes sur des produits non essentiels comme les cigarettes et la bière soient relevées pour compenser le déficit de fonds perdus à travers la suppression des taxes sur des produits de base.

Mais ceci seul fera-t-il l’affaire ? Fredrick Muthengi de l’Institut des Affaires économiques, un groupe civique basé à Nairobi, en doute.

’’Même si les taxes sur les produits alimentaires de base sont réduites ou supprimées totalement, il est important d’avoir un organe qui régule et fixe le prix maximum pour les produits à travers le pays. L’institution doit fixer un plafond au-delà duquel les produits ne doivent pas être taxés ’’, a-t-il indiqué.

Muthengi souligne également la nécessité d’intensifier l’activisme des consommateurs.

’’Ce dont le pays a besoin, c’est une organisation de consommateurs puissante qui se lève pour protester contre la hausse des prix. Nous avons vu ce travail il y a plus de dix ans’’, a-t-il noté, citant une tentative réussie pour lutter contre la forte hausse des prix de timbres postaux par la ’Kenya Posts and Telecommunications Corporation’ (Société kényane des postes et télécommunications) d’alors, en 1996.

En plus de la suppression de la TVA sur les produits de base, affirme Kinuthia, le gouvernement pourrait également subventionner la production alimentaire pour la consommation locale, afin de baisser les prix et d’assurer une sécurité alimentaire.

Actuellement, des produits comme les semences, les engrais, les insecticides et les herbicides ne sont pas subventionnés — entraînant des coûts de production élevés qui sont répercutés sur le consommateur.


Le Kenya n’est pas le seul pays d’Afrique de l’est à souffrir de pénuries alimentaires. Selon le PAM, Djibouti, l’Ethiopie et la Somalie sont également confrontés à une crise : à travers la Corne de l’Afrique, plus de six millions de personnes ont besoin d’aide d’urgence. Faire venir des vivres en Somalie se révèle particulièrement difficile.

’’Tandis qu’un manque de financement entrave les opérations d’urgence contre la sécheresse au Kenya, le PAM et d’autres agences humanitaires, dans le sud de la Somalie, sont confrontés à d’énormes défis pour atteindre les victimes de la sécheresse dans des zones éloignées et peu sûres’’, a indiqué Morris.

Un gouvernement de transition a été mis en place pour la Somalie il y a plus d’un an, pour mettre fin à l’anarchie provoquée par la chute du régime de Muhammad Siad Barre en 1991 ; mais, il n’a pas pu étendre son autorité sur le pays.

La Somalie est toujours divisée entre des leaders de factions rivales, à qui le patron du PAM a lancé un appel : ’’Nous exhortons les leaders et leurs milices rivales à mettre de côté leurs différences et à garantir un passage sûr pour éviter une catastrophe humanitaire’’. (FIN/2006)

Joyce Mulama


- Source : IPS www.ipsnews.net/fr

Droits de reproduction et de diffusion réservés © IPS Inter Press Service.


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