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Khrouchtchev a menti !

Des phrases et… des bases (Viktor Ivanovitch Govorkov)

Ce pourrait être le titre accrocheur d’un article paru dans le mensuel à diffusion militante d’un petit groupe marxiste-léniniste peu connu, mais il s’agit de tout autre chose. Un ouvrage de 410 pages d’un historien étasunien ignoré en France puisqu’aucun de ses ouvrages n’a jusqu’à ce jour été traduit en français.

Son nom : GROVER FURR. Ce jeune homme de 70 ans est professeur à l’université de Montclar dans l’Etat du New-Jersey, il écrit et publie en anglais et en russe et ses domaines de recherche sont : la littérature anglaise du Moyen-âge, l’histoire de l’URSS et l’histoire du mouvement communiste.

Formé à l’université de Princeton, une des plus prestigieuses des Etats-Unis, il est considéré par DAVID HOROWITZ, (ancien communiste étasunien il quitte le Parti après le rapport Khrouchtchev passe à la nouvelle gauche et finit dans le camp des néoconservateurs) comme un des universitaires étasuniens les plus dangereux. Pas étonnant que les grandes maisons d’édition des Etats-Unis ne lui ouvrent pas leur catalogue. Il n’a trouvé là-bas qu’un petit éditeur militant dans l’Ohio ERYTHROS PRESS AND MEDIA.

Ses ouvrages en russe sont vendus par PENGUIN BOOKS à Moscou mais ne sont pas annoncés sur les sites anglais et étasunien de ce puissant groupe éditorial au rayonnement mondial !

Son site Internet en anglais est nourri de très nombreux articles qu’il continue à écrire sur ses sujets de travail.

Ses principaux livres publiés en anglais

  • Sur Staline et Khrouchtchev : « Khrouchtchev a menti » (2011)
  • Sur Kirov : « Le meurtre de Kirov » (2013)
    D’autres ouvrages ont été publiés –ailleurs, ainsi directement en Turquie un livre sur l’affrontement politique entre Staline et Trotski

Stalin ve Demokrasi - Trotskiy ve Naziler. Istanbul : Yazilama, 2012

(Staline et la démocratie- Trotski et les nazis)

« KHRUSHCHEV LIED » a déjà été traduit en de nombreuses langues : espagnol, galicien, vietnamien, turc …

La traduction française vient d’être publiée par les éditions Delga.

Khrouchtchev a menti dans son fameux rapport secret au XX° congrès du PCUS en 1956 qui a bouleversé le mouvement communiste international car aucune des affirmations de ce discours ne résiste au travail scrupuleux et nourri d’années de travail de GROVER FURR sur les archives.

Nous publions un court extrait de la conclusion du livre sans reproduire le très important appareil de notes qui accompagne chaque page de l’ouvrage simplement pour donner envie de lire ce livre qui bouleverse l’historiographie occidentale en vigueur.

Comaguer

http://comaguer.over-blog.com
Bulletin n° 273 - semaine 38 - 2014

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Extrait du Chapitre 12 - Traduction COMAGUER

Conclusion : L’héritage persistant de la tromperie de Khrouchtchev

Pendant des décennies, il a été admis que Khrouchtchev avait attaqué Staline pour les raisons qu’il a mises en avant dans le « discours secret ». Mais maintenant que nous avons établi que les accusations de Khrouchtchev, ou ses « révélations » contre Staline dans ce discours sont fausses, la question se pose avec encore plus de force : Que s’est-il vraiment passé ?

Pourquoi Khrouchtchev a-t-il attaqué Staline ?

Pourquoi Khrouchtchev a-t-il attaqué Staline ? Quelles étaient ses motivations réelles ? Les raisons qu’il a mises en avant ne peuvent pas être les vraies. Les ’révélations’ de Khrouchtchev sont fausses, et Khrouchtchev soit le savait (dans la plupart des cas), soit ne s’en souciait pas.

Khrouchtchev avait certaines raisons réelles, mais c’est précisément celles sur lesquelles il est resté silencieux dans son discours lors du 20e Congrès du Parti à ce sujet, et d’ailleurs, pour le reste de son existence. En d’autres termes, ’derrière’ le « discours » connu dans le monde il y en a un second, un véritable « discours secret » - celui qui est resté ’secret’, non prononcé. Mon but est de soulever cette question plutôt que d’y répondre. Je mentionnerai simplement quelques possibilités et des questions qui nécessitent un complément d’enquête, certaines évidentes, d’autres moins.

Khrouchtchev voulait certainement éviter que qui que ce soit s’intéresse à son propre rôle dans les répressions de masse injustifiées des années 1930 en déplaçant la faute sur Staline et en lançant des ’réhabilitations’. Il a probablement supposé que les « réhabilitations » le rendraient populaire dans de larges secteurs de l’élite du Parti, sans se soucier de savoir si ces « réhabilités » avaient été ou non coupables. Peut-être même imaginait-il, à Moscou et en Ukraine, où sa réputation d’organisateur des répressions fut bien méritée et largement connue, qu’en rejetant la responsabilité sur le défunt Staline tout en innocentant les réprimés et leurs familles survivantes (ce qui était tout aussi important), il atténuerait l’animosité que beaucoup devaient avoir contre lui.

Note du traducteur : l’actualité invite à souligner que la décision d’intégrer la Crimée à l’Ukraine fut une décision inattendue prise par le seul Khrouchtchev qui l’imposa sans débat)

Le Discours de Khrouchtchev a jusqu’à présent été pris au pied de la lettre. La recherche publiée ici prouve que c’est une erreur de le faire. Cela nous laisse avec une masse de questions. Pourquoi Khrouchtchev a-t-il prononcé ce discours ? Pourquoi est-t-il allé à de telles extrémités - de fausses recherches, des documents authentiques camouflés - et a-t-il fait faire de tels sacrifices politiques, afin de prononcer un discours qui n’était, dans tous ses objectifs pratiques, rien que des mensonges ?

Le Parti communiste chinois a apporté une réponse. Il croyait que Khrouchtchev et ses alliés voulaient mener l’URSS sur une trajectoire politique fortement différente de celle qu’il pensait avoir été prise sous Staline. Nous avons brièvement fait allusion à certaines politiques économiques et politiques mises en place sous Khrouchtchev que la direction du PCC a vu comme un abandon des principes marxistes-léninistes de base.

Il doit y avoir une certaine vérité dans cette théorie. Mais une base pour de telles idées existait déjà en URSS. Les origines de ces politiques, maintenant identifiées à Khrouchtchev et à ses épigones, Brejnev et les autres, se trouvent dans l’immédiate période poststalinienne, bien avant l’arrivée que Khrouchtchev ne parvienne à dominer la direction soviétique. En fait, beaucoup de ces idées peuvent être retrouvées à la fin des années 1940 et au début des années 1950, la période de « la fin de Staline ».

Il est difficile de discerner dans quelle mesure Staline a lui-même soutenu ou s’est opposé à ces politiques. Dans ses dernières années il était de moins en moins actif politiquement. Périodiquement, il semble que Staline ait essayé de faire valoir une autre voie vers le communisme. Dans son dernier livre « Les problèmes économiques du socialisme en URSS (1952) », par exemple, et au 19e congrès du Parti en Octobre 1952 Plus tard, Mikoyan écrit que les dernières visions de Staline étaient « une déviation incroyablement gauchiste ». Mais immédiatement après la mort de Staline la « direction collective » se trouva tout entière d’accord pour abandonner toute référence au livre de Staline et pour enterrer le nouveau système de gouvernance du Parti.

Khrouchtchev a utilisé son attaque contre Staline et Beria comme une arme contre les autres membres de la « direction collective », en particulier Malenkov, Molotov, Kaganovitch. Mais cette opération était risquée. Comment pouvait-il savoir qu’ils ne l’accuseraient pas lui aussi, voire plus ? Une partie de la raison doit avoir été que Khrouchtchev a pu compter sur des alliés comme Pospelov, qui l’aida à ’purger’ les archives de la documentation sur son implication personnelle dans la répression de masse.

Khrouchtchev a peut-être aussi réalisé que, Beria parti, lui seul avait un « programme », un projet et la capacité à le réaliser, nous pouvons voir rétrospectivement que les autres membres de la Présidence étaient étonnamment passifs au cours de cette période peut-être avaient-ils toujours compté sur Staline pour prendre l’initiative, pour prendre des décisions importantes. Ou peut-être que la passivité apparente cachait une lutte d’idées politiques confinée au sein de l’organe de direction.

L’historien Youri Zhoukov a exposé une troisième théorie. Selon lui l’objectif de Khrouchtchev était de fermer la porte de manière décisive sur les réformes démocratiques auxquelles Staline était associé et que les anciens alliés de Staline dans le Présidium (appelé le Politburo jusqu’en Octobre 1952), en particulier Malenkov, essayaient de promouvoir. Ces réformes visaient à écarter le Parti du contrôle sur la politique, l’économie et la culture et de mettre ceux-ci dans les mains des Soviets élus. Cela aurait été une « perestroïka » virtuelle ou une « restructuration », mais dans les limites du socialisme par opposition à la restauration entière du capitalisme prédateur à laquelle plus tard la ’perestroïka’ de Gorbatchev a conduit.

Zhoukov détaille un certain nombre de moments dans la lutte entre Staline et ses alliés, qui voulaient écarter le parti des leviers du pouvoir, et le reste du Politburo, qui s’y opposait fermement. En mai 1953, peu après la mort de Staline, la branche exécutive du gouvernement soviétique, le conseil (soviétique) des ministres, a adopté des résolutions privant les dirigeants du parti de leurs « enveloppes », ou d’une rémunération supplémentaire, la réduction de leur revenu à un ou deux niveaux en dessous de celui des membres du gouvernement. Selon Zhoukov, Malenkov était le promoteur de cette réforme. Ceci est cohérent avec le projet de rendre le pouvoir au gouvernement soviétique et de diminuer le rôle du Parti, excluant le Parti de la gestion du pays, de l’économie et de la culture. De manière significative, ceci fut fait avant la répression de Lavrentii Beria qui, nous le savons maintenant, soutenait ce projet.

En Juin 1953 Beria a été réprimé, soit par l’arrestation et l’emprisonnement soit purement et simplement par un assassinat. En Août Khrouchtchev réussit - comment, nous ne savons pas - à rétablir les « enveloppes » de primes spéciales pour les hauts fonctionnaires du Parti et même à leur payer les trois mois de retard. Trois semaines plus tard, à la fin d’un Plénum du Comité Central, le poste de premier secrétaire du Parti fut rétabli (jusqu’en 1934, il avait été appelé « Secrétaire général ») et Khrouchtchev y fut élu, il est difficile de ne pas voir ceci comme la récompense de la nomenklatura du parti pour « leur homme ».

Zhoukov conclut :

C’est ma ferme conviction que la véritable signification du 20e Congrès réside précisément dans ce retour de l’appareil du Parti au pouvoir. C’est la nécessité de cacher ce fait qui a rendu nécessaire le détournement de l’attention sur les événements contemporains et de la concentrer sur le passé à l’aide du « rapport secret ».

Les deux premières explications, l’antirévisionniste ou « chinoise » et les explications de la « lutte pour le pouvoir » contiennent certainement des éléments de vérité. À mon avis, cependant, la théorie de Zhukov rend mieux compte des faits concrets tout en restant cohérente avec le contenu du discours secret et le fait que, comme nous l’avons découvert, il est pratiquement entièrement faux.

Staline et ses partisans avaient défendu un plan de démocratisation de l’URSS par des élections ouvertes. Leur plan semble avoir été de déplacer le lieu du pouvoir en URSS des dirigeants du Parti comme Khrouchtchev aux gouvernements élus. Faire cela aurait aussi jeté les bases pour la restauration du Parti en tant qu’organisation de personnes vouées à la lutte pour le communisme plutôt qu’à des carrières ou à des avantages matériels personnels. Khrouchtchev semble avoir eu l’appui des premiers secrétaires du Parti, qui étaient déterminés à saboter ce projet et à perpétuer leurs propres positions privilégiées.

Khrouchtchev a mené des politiques, à la fois intérieures et extérieures, que les observateurs contemporains ont reconnues comme une rupture brutale avec celles menées sous la direction de Staline. En fait des changements de politiques similaires sinon identiques à celles initiées ou défendues plus tard par Khrouchtchev, mais globalement très ressemblantes avec celles ont été menées immédiatement après la mort de Staline, quand Khrouchtchev lui-même n’était encore qu’un membre parmi d’autres, et pas le plus important, du Présidium du Comité central.
Parmi les « réformes » les plus souvent citées qui vont directement à l’encontre des politiques de longue date de Staline il y avait :

• Une évolution vers des réformes axées sur le « marché »

• Un changement concomitant de l’industrie lourde et de la fabrication des moyens de production, vers la production de biens de consommation ;

• En politique internationale, l’abandon de la notion traditionnelle marxiste-léniniste selon laquelle la guerre avec l’impérialisme est inévitable aussi longtemps que l’impérialisme existe, pour éviter à tout prix toute guerre directe avec l’impérialisme

• Moins mettre l’accent sur la classe ouvrière comme l’avant-garde de la révolution sociale, afin de d’encourager la création d’alliances avec d’autres classes ;

• Une nouvelle notion selon laquelle le capitalisme lui-même pourrait être dépassé sans révolution par la ’concurrence pacifique’ et par des moyens parlementaires ;

• Un abandon des plans de Staline pour passer à la prochaine étape du socialisme et vers un véritable communisme.

Khrouchtchev n’aurait pas pu prendre le pouvoir, ni son ’discours secret’ être conçu, étudié, livré et avoir eu le succès qu’il eut, sans profonds changements dans la société soviétique et le Parti communiste de l’Union soviétique.

La Conspiration de Khrouchtchev ?

Ailleurs Zhoukov a fait valoir que ce sont les premiers secrétaires, dirigés par Robert Eikhe, qui semblent avoir entamé les répressions de masse de 1937 à 1938. Khrouchtchev, un de ces puissants Premiers Secrétaires, était lui-même très fortement impliqué dans la répression à grande échelle, y compris l’exécution de milliers de personnes.

Beaucoup de ces premiers secrétaires furent eux-mêmes plus tard jugés et exécutés. Certains d’entre eux, comme Kabakov, ont été accusés de faire partie d’une conspiration. D’autres, comme Postychev, ont été accusés, au moins au début, de répression de masse, injustifiée, des membres du Parti. Eikhe semble également tomber dans ce groupe. Plus tard, beaucoup de ces hommes ont également été accusés de faire partie de divers complots eux-mêmes. Khrouchtchev était l’un des rares premiers secrétaires pendant les années 1937 à 1938, non seulement à avoir échappé à ces accusations, mais à avoir été promu.

Se pourrait-il que Khrouchtchev ait fait partie d’une telle conspiration - mais qu’il ait été l’un des plus hauts dirigeants à ne pas avoir été découvert ? Nous ne pouvons ni confirmer ni infirmer cette hypothèse. Mais ceci expliquerait toutes les preuves dont nous disposons maintenant.

Le Discours de Khrouchtchev a été décrit comme visant à la « réhabilitation » de Boukharine. Certains personnages des procès de Moscou de 1938 de ’Boukharine’ ont effectivement été réhabilités. Ainsi, il aurait été logique d’inclure Boukharine. Mais cela n’a pas été fait. Khrouchtchev lui-même a écrit qu’il voulait réhabiliter Boukharine, mais ne le fit pas en raison de l’opposition de certains des dirigeants communistes étrangers. Mikoyan a écrit que les documents avaient déjà été signés, mais que c’était Khrouchtchev qui s’était rétracté. Pourquoi Khrouchtchev voulait-il, parmi tous les personnages des trois grands procès de Moscou, réhabiliter Boukharine en particulier ? Il a dû ressentir une forte loyauté envers Boukharine plus qu’envers les autres. Peut-être était-ce une loyauté envers les idées de Boukharine. Mais ce n’est pas la seule explication possible.

Depuis l’époque de Khrouchtchev, mais surtout depuis la réhabilitation formelle sous Gorbatchev en 1988, ’l’innocence’ de Boukharine a été considérée pour acquise. Dans un article publié récemment Vladimir L. Bobrov et moi avons montré qu’il n’y a pas de raison de penser que cela soit vrai. Les preuves que nous avons - seule une petite fraction de ce que le gouvernement soviétique savait dans les années 1930 - suggère de façon écrasante que Boukharine était en fait impliqué dans un complot de grande envergure. Dans une autre étude publiée récemment en russe, nous avons démontré que le décret de réhabilitation de Boukharine de l’ère Gorbatchev par l’Assemblée plénière de la Cour suprême de l’URSS, publié le 4 Février 1988, contient des falsifications délibérées.

Selon cette théorie Boukharine a dit la vérité dans sa confession au procès de Moscou en Mars 1938. Mais nous savons que Boukharine n’a pas dit toute la vérité. Getty a suggéré que Boukharine n’a commencé à avouer qu’après que Toukhatchevski eut avoué, et il est raisonnable de penser que le Boukharine emprisonné pourrait en avoir eu connaissance au moment où il donna le nom de Toukhatchevski.

Il existe des preuves que Boukharine connaissait d’autres conspirateurs qu’il n’a pas nommés. Frinovskii a affirmé qu’Ezhov était lui-même l’un d’eux. Cela semble crédible à la lumière des éléments de preuve sur Ezhov que nous avons maintenant à notre disposition. Khrouchtchev pourrait également avoir été l’un d’eux - connu de Boukharine ou pas ? S’il l’avait été, il aurait été un conspirateur haut placé, et donc très secret.

D’après ce que nous pouvons dire maintenant, Khrouchtchev a ’réprimé’ un grand nombre de personnes - peut-être plus que toute autre personne en dehors d’Ezhov et ses hommes, et peut-être de Robert Eikhe. Peut-être que c’était parce qu’il était premier secrétaire à Moscou (ville et province) jusqu’en Janvier 1938, et par la suite Premier secrétaire en Ukraine. Ce sont deux grandes zones. En considérant ou en supposant qu’il s’agit d’un complot interne au Parti, il serait logique que cela eut été important dans la région de Moscou, et en Ukraine où l’opposition nationaliste a toujours eu une place.

Frinovskii a déclaré catégoriquement que lui et Ezhov ont ’réprimé’ - torturé, fabriqué de faux aveux et assassiné judiciairement - un grand nombre de personnes afin de paraître plus loyaux que les plus loyaux et ainsi masquer leurs propres activités conspiratrices. Cet aveu de Frinovskii non seulement est crédible, mais c’est la seule explication qui a un sens. Ezhov lui-même a cité un motif supplémentaire de propagation de l’insatisfaction à l’égard du système soviétique, afin de faciliter les rébellions dans le cas d’une invasion étrangère.

Il semble que Postychev et Eikhe, deux Premiers secrétaires qui ont réprimé beaucoup de gens innocents, ont agi pour de tels motifs. Et nous savons qu’au moins Eikhe, travaillait en étroite collaboration avec Ezhov dans ce sens. Est-il possible que d’autres Premiers Secrétaires aient également agi de cette façon ? Plus précisément, se peut-il que Khrouchtchev ait organisé des manipulations massives, des procès truqués, et des exécutions, afin de couvrir sa propre participation ?

D’autres explications sont :

(1) plusieurs centaines de milliers de personnes étaient en fait coupables de complot ; ou

(2), ces personnes ont été tout simplement massacrées parce que « Staline était paranoïaque » c’est à dire a voulu tuer toute personne qui pourrait être un danger pour lui dans l’avenir. Mais nous savons que c’est Khrouchtchev, pas Staline et le Politburo, qui a pris l’initiative en exigeant de relever les limites du nombre de personnes à réprimer. Et personne n’a jamais prétendu que Khrouchtchev était « paranoïaque ».

Les anti-communistes, les trotskistes, et les adhérents au paradigme « totalitaire » ont normalement adopté l’explication « paranoïaque », même si en réalité elle n’ ’explique’ rien mais est plutôt une excuse pour un manque d’explication. Mais nous savons maintenant que ce n’est pas le cas. Ce n’est pas Staline, mais les membres du Comité Central - et spécialement les Premiers Secrétaires – qui ont initié les répressions de masse et des exécutions.

Frinovskii affirme explicitement que Boukharine savait qu’Ezhov faisait partie du complot ’droitier-trotskiste’, mais a refusé de nommer Ezhov dans ses confessions ou au procès. Frinovskii prétend que c’était parce qu’Ezhov avait dit à Boukharine qu’il serait épargné en échange de son silence. Cela est possible, mais c’est une explication qui ne fait pas honneur à Boukharine qui était, après tout, un bolchevik, vétéran des jours très sanglants de la révolution d’Octobre 1917 à Moscou.
Les Révolutionnaires clandestins se sont parfois laissés condamnés à mort plutôt que de donner tous leurs camarades. Pourquoi ne pas admettre que Boukharine aurait refusé de nommer Ezhov pour cette seule raison ? Nous savons que Boukharine n’avait pas, en fait, dit ’toute la vérité’ dans une de ses déclarations précédant son procès. Pourquoi s’il n’était pas encore ’désarmé’, ne poursuivait-il pas encore la lutte contre Staline ? Les proclamations de Boukharine de son ’amour’ pour Staline ’en pleine conscience ’ sont à grincer des dents, pénibles à lire, elles ne peuvent pas avoir été sincères et Staline aurait difficilement pu les croire plus que nous pouvons le faire aujourd’hui.

Nous avons vu que Boukharine n’a nommé Toukhatchevski qu’après qu’il ait su que ce dernier était en état d’arrestation et avait avoué. Si Boukharine pour n’importe quel motif, est allé à son exécution sans nommer Ezhov comme co-conspirateur - comme Frinovskii l’a proclamé plus tard - pourquoi n’aurait-il pas tout autant protégé les autres co-conspirateurs ?

Nous ne pouvons pas savoir avec certitude si Khrouchtchev était un de ces conspirateurs cachés, ou si Boukharine le savait. Mais nous savons que des conspirateurs anti-gouvernementaux ont continué à exister en URSS après 1937 et 1938, et que certains d’entre eux étaient dans des postes élevés Nous savons aussi que Khrouchtchev est resté fidèle à Boukharine, longtemps même après la mort de ce dernier.

L’hypothèse que Khrouchtchev ait pu avoir été un membre secret d’une des nombreuses branches de la ’conspiration droitière- trotskiste’ est renforcée par le fait qu’il a certainement été impliqué dans un certain nombre d’autres complots que nous ignorons.

En Mars 1953, alors que Staline n’était pas encore mort, les anciens membres du Politburo se sont réunis et ont aboli la Présidence élargie qui avait été approuvée au 19° Congrès du Parti en Octobre précédent. Ce fut presque un coup d’Etat au sein du Parti, sans vote, sans même un débat au sein du Présidium ou du Comité central.

Khrouchtchev était la force motrice derrière le complot en vue de ’réprimer’ - d’arrêter, peut-être de tuer Laurenti Beria. Nous savons que cette arrestation n’avait pas été prévue longtemps à l’avance, car le projet de discours de Malenkov pour la réunion du Bureau au cours de laquelle l’arrestation (ou l’assassinat) a eu lieu a été publié. Ce projet de discours demande seulement le retrait de Beria de la direction du combiné MVD-MGB et de Vice-président du Conseil des Ministres, et la nomination de Beria en tant que ministre de l’industrie pétrolière.

Comme Khrouchtchev était en mesure de refuser à d’autres membres du Présidium l’accès aux documents étudiés par le rapport Pospelov et par les commissions de réhabilitation, il devait prendre la tête d’une autre conspiration de personnes qui l’alimenteraient lui mais pas les autres en informations.

Ce complot devait inclure Pospelov, qui a rédigé le Rapport. Il devait aussi inclure Rudenko, car il a signé tous les grands rapports de réhabilitation. La recherche sur la façon dont la réhabilitation et les rapports de la Commission Pospelov ont été préparés doit encore être faite. On peut supposer que les autres membres des commissions de réhabilitation, ainsi que les chercheurs et les archivistes qui ont trouvé les documents pour ces rapports et pour Pospelov, ont juré de garder le silence, ou faisaient partie eux-mêmes de la conspiration.

Nous connaissons les noms et quelques données sur certaines des personnes qui, on peut le supposer, ont, soi-disant, examiné les documents d’enquête. Par exemple, nous connaissons un certain Boris Viktorov qui était l’un des juristes impliqués dans les réhabilitations. Sur ce travail de Viktorov il existe au moins un article dans la Pravda du 29 Avril 1988, dont le but était de réaffirmer l’innocence du maréchal Toukhatchevski et des autres commandants militaires condamnés avec lui le 11 Juin 1937. En 1990 Viktorov a publié un livre prétendant donner des détails sur de nombreux autres cas de répression.

Son propos est certainement une dissimulation malhonnête. Viktorov affirme leur innocence, mais ne peut pas la démontrer, il cite un document contesté et ne tient pas compte des preuves accablantes qu’il aurait lui-même certainement vues et qui n’avaient pas été rendues publiques quand il a écrit, mais que nous avons maintenant. Donc Viktorov faisait au moins partie de la ’conspiration’ pour fournir à Khrouchtchev des éléments de preuve bidon que celles évoquées dans le discours étaient, en fait, innocentes.

Il est généralement admis que, après avoir pris le pouvoir, Khrouchtchev a fait fouiller les archives, fait enlever et sans doute possible détruire de nombreux documents. Les mêmes chercheurs conviennent que ces documents avaient probablement à voir avec le propre rôle de Khrouchtchev dans les répressions massives de la fin des années 1930. Maintenant que nous savons que Khrouchtchev a falsifié presque toutes les annonces du Discours secret, et que les rapports de réhabilitation et le rapport Pospelov sont aussi fortement falsifiés, il semble probable que Khrouchtchev ait fait disparaitre d’autres documents.

C’est un gros travail qui aurait mobilisé de nombreux archivistes, qui auraient dû eux-mêmes être supervisés. Cela parait une tâche trop lourde pour avoir été supervisée par les seuls Rudenko et Pospelov. Un grand nombre de chercheurs et de fonctionnaires, y compris bien sûr des officiels du Parti fidèles à Khrouchtchev, mais encore inconnus de nous, aurait dû être impliqué. Naturellement ces personnes auraient su quelle preuve Khrouchtchev cachait ou détruisait.


En 1952, un an avant sa mort, le présumé « paranoïaque » écrit dans le cadre d’une discussion sur la publication d’un ouvrage sur l’économie marxiste un texte sur « les problèmes économiques du socialisme en URSS » (texte accessible intégralement en français sur internet sous ce titre)

Nous en extrayons un chapitre qui traite des raisons de la seconde guerre mondiale et de l’intervention de l’URSS et qui montre que le « paranoïaque » a la tête bien sur les épaules !

5. De la désagrégation du marché mondial unique et de l’aggravation de la crise du système capitaliste mondial

 Le résultat économique le plus important de la deuxième guerre mondiale et de ses conséquences pour l’économie a été la désagrégation du marché mondial unique, universel. Ce qui a déterminé l’aggravation ultérieure de la crise générale du système capitaliste mondial.

 La deuxième guerre mondiale a été elle-même engendrée par cette crise. Chacune des deux coalitions capitalistes engagées dans le conflit, espérait pouvoir battre l’adversaire et asseoir sa domination sur le monde. C’est en cela qu’elles cherchaient une issue à la crise. Les Etats-Unis d’Amérique comptaient mettre hors de combat leurs concurrents les plus dangereux, l’Allemagne et le Japon, s’emparer des marchés étrangers, des ressources mondiales de matières premières et asseoir leur domination sur le monde.

 La guerre cependant n’a pas donné raison à leurs espoirs. Il est vrai que l’Allemagne et le Japon ont été mis hors de combat eu tant que concurrents des trois principaux pays capitalistes : U.S.A., Grande-Bretagne, France. Mais on a vu d’autre part se détacher du système capitaliste la Chine et les pays de démocratie populaire en Europe, pour former avec l’Union soviétique un seul et vaste camp socialiste, opposé au camp du capitalisme. Le résultat économique de l’existence des deux camps opposés fut que le marché unique, universel s’est désagrégé, ce qui fait que nous avons maintenant deux marchés mondiaux parallèles qui eux aussi s’opposent l’un à l’autre.

 Notons que les U.S.A. et la Grande-Bretagne avec la France ont contribué eux-mêmes, bien entendu, indépendamment de leur volonté, à former et à consolider un nouveau marché mondial parallèle. Ils ont soumis au blocus économique l’U.R.S.S., la Chine et les pays de démocratie populaire en Europe, qui ne faisaient pas partie du ’plan Marshall’, croyant ainsi pouvoir les étrangler. En réalité, loin d’être étranglé, le marché mondial nouveau a été consolidé.

 L’essentiel pourtant ne consiste pas ici dans le blocus économique, mais en ce que, dans l’après-guerre, ces pays se sont associés économiquement et ont organisé la collaboration et l’entraide économiques. L’expérience de cette coopération montre qu’aucun pays capitaliste n’aurait pu prêter aux pays de démocratie populaire une aide aussi efficace et techniquement qualifiée que celle qu’ils reçoivent de l’Union soviétique.

 Il ne s’agit pas seulement du fait que cette aide est très peu dispendieuse et de premier ordre au point de vue technique. Il s’agit avant tout qu’à la base de cette collaboration se trouve le désir sincère de s’entraider et de réaliser un essor économique général.

 Résultat : nous enregistrons des rythmes de développement élevés dans ces pays. On peut dire avec assurance qu’avec de tels rythmes de développement de l’industrie, ces pays n’auront bientôt plus besoin d’importer des marchandises provenant des pays capitalistes, mais éprouveront eux-mêmes la nécessité de vendre à l’étranger les excédents de leur production.

 Mais il s’ensuit que la sphère d’application des forces des principaux pays capitalistes (U.S.A., Grande-Bretagne, France) aux ressources mondiales, ne s’étendra pas mais diminuera ; que les conditions, quant aux débouchés mondiaux, s’aggraveront pour ces pays, et que la sous-production des entreprises y augmentera. C’est en cela que consiste proprement l’aggravation de la crise générale du système capitaliste universel, à la suite de la désagrégation du marché mondial.

 C’est ce que les capitalistes comprennent fort bien, car il est difficile de ne pas ressentir la perte de marchés tels que l’U.R.S.S., la Chine. Ils s’attachent à remédier à ces difficultés par le ’plan Marshall’, par la guerre en Corée, par la course aux armements, par la militarisation de l’industrie. Mais cela ressemble fort au noyé qui s’accroche à un brin de paille.

 Devant cette situation deux problèmes se posent aux économistes :

 a) Peut-on affirmer que la thèse bien connue de Staline sur la stabilité relative des marchés en période de crise générale du capitalisme, thèse formulée avant la deuxième guerre mondiale, — reste toujours en vigueur ?

b) Peut-on affirmer que la thèse bien connue, formulée par Lénine au printemps de 1916, selon laquelle, malgré sa putréfaction ’dans l’ensemble le capitalisme se développe infiniment plus vite que naguère’, — reste toujours en vigueur ?

 Je pense qu’on ne saurait l’affirmer. Etant donné les nouvelles conditions dues à la deuxième guerre mondiale, il faut considérer ces deux thèses comme périmées.

 

6. De l’inévitabilité des guerres entre pays capitalistes

 Certains camarades affirment qu’étant donné les nouvelles conditions internationales, après la deuxième guerre mondiale, les guerres entre pays capitalistes ne sont plus inévitables. Ils estiment que les contradictions entre le camp du socialisme et celui du capitalisme sont plus fortes que les contradictions entre pays capitalistes ; que les Etats-Unis d’Amérique se sont suffisamment soumis les autres pays capitalistes pour les empêcher de se faire la guerre et de s’affaiblir mutuellement ; que les hommes avancés du capitalisme sont assez instruits par l’expérience des deux guerres mondiales, qui ont porté un sérieux préjudice à l’ensemble du monde capitaliste, pour se permettre d’entraîner à nouveau les pays capitalistes dans une guerre entre eux ; que, de ce fait, les guerres entre pays capitalistes ne sont plus inévitables.

 Ces camarades se trompent. Ils voient les phénomènes extérieurs affleurant à la surface, mais ils n’aperçoivent pas les forces profondes qui, bien qu’agissant momentanément de façon invisible, n’en détermineront pas moins le cours des événements.

 En apparence, la ’sérénité’ règne partout : les Etats-Unis d’Amérique ont réduit à la portion congrue l’Europe occidentale, le Japon et les autres pays capitalistes ; l’Allemagne (de l’Ouest), la Grande-Bretagne, la France, l’Italie, le Japon, tombés dans les griffes des U.S.A., exécutent docilement leurs injonctions. Mais on aurait tort de croire que cette ’sérénité’ puisse se maintenir ’pour l’éternité’ ; que ces pays supporteront sans fin la domination et le joug des Etats-Unis d’Amérique ; qu’ils n’essaieront pas de s’arracher du joug américain pour s’engager sur le chemin de l’indépendance.

 Considérons d’abord l’Angleterre et la France. Il est certain que ce sont des pays impérialistes. Il est certain que les matières premières à bon marché et les débouchés assurés ont pour eux une importance de premier plan. Peut-on imaginer qu’ils supporteront sans fin la situation actuelle, quand les Américains, à la faveur d’une ’aide’ prêtée au titre du ’plan Marshall’, s’installent dans le système économique de la Grande-Bretagne et de la France, système dont ils veulent faire un appendice de l’économie américaine ; quand le capital américain s’empare des matières premières et des débouchés dans les colonies anglo-françaises, préparant ainsi la catastrophe pour les profits exorbitants des capitalistes anglo-français ? N’est-il pas plus exact de dire que l’Angleterre capitaliste et, à sa suite, la France capitaliste seront finalement obligées de s’arracher à l’étreinte des U.S.A. et d’entrer en conflit avec eux pour s’assurer une situation indépendante et, bien entendu, des profits exorbitants ?

 Passons aux principaux pays vaincus, à l’Allemagne (occidentale), au Japon. Ces pays mènent aujourd’hui une existence lamentable sous la botte de l’impérialisme américain. Leur industrie et leur agriculture, leur commerce, leur politique extérieure et intérieure, toute leur existence sont enchaînés par le ’régime’ d’occupation américain. Dire qu’hier encore c’étaient de grandes puissances impérialistes qui ébranlaient les assises de la domination de la Grande-Bretagne, des U.S.A., de la France en Europe et en Asie. Penser que ces pays n’essaieront pas de se relever, de briser le ’régime’ des U.S.A. et de s’engager sur le chemin de l’indépendance, c’est croire au miracle. On dit que les contradictions entre capitalisme et socialisme sont plus fortes que celles existant entre les pays capitalistes. Théoriquement, c’est juste, bien sûr. Ce n’est pas seulement juste aujourd’hui, cela l’était aussi avant la deuxième guerre mondiale.

 C’est ce que comprenaient plus ou moins les dirigeants des pays capitalistes. Et cependant, la deuxième guerre mondiale n’a pas commencé par la guerre contre l’U.R.S.S., mais par une guerre entre paya capitalistes. Pourquoi ? Parce que, d’abord, la guerre contre l’U.R.S.S., pays du socialisme, est plus dangereuse pour le capitalisme que la guerre entre pays capitalistes. Car si la guerre entre pays capitalistes pose seulement le problème de la domination de tels pays capitalistes sur tels autres, la guerre contre l’U.R.S.S. doit nécessairement poser la question de l’existence même du capitalisme. Parce que, en second lieu, les capitalistes, bien qu’ils proclament, aux fins de ’propagande’, l’agressivité de l’Union soviétique, n’y croient pas eux-mêmes, puisqu’ils tiennent compte de la politique de paix de l’Union soviétique et savent que l’U.R.S.S. n’attaquera pas d’elle-même les pays capitalistes.

 Au lendemain de la première guerre mondiale, on considérait aussi que l’Allemagne avait été définitivement mise hors de combat, de même que le sont aujourd’hui, selon certains camarades, le Japon et l’Allemagne. A ce moment, on disait aussi et on proclamait dans la presse que les Etats-Unis d’Amérique avaient réduit l’Europe à la portion congrue ; que l’Allemagne ne pourrait plus se relever ; qu’il ne devait plus y avoir de guerre entre pays capitalistes. Mais, malgré cela, l’Allemagne s’est remise debout comme une grande puissance quinze à vingt ans après sa défaite ; elle s’est évadée de sa captivité et engagée sur le chemin de l’indépendance. Chose caractéristique, c’est que la Grande-Bretagne et les Etats-Unis d’Amérique ont aidé eux-mêmes l’Allemagne à se relever économiquement et à rétablir son potentiel économique et militaire. Sans doute qu’en aidant l’Allemagne à se relever économiquement, les U.S.A. et la Grande-Bretagne entendaient diriger l’Allemagne, une fois relevée, contre l’Union soviétique, l’utiliser contre le pays du socialisme. L’Allemagne cependant a dirigé ses forces, en premier lieu, contre le bloc anglo-franco-américain. Et lorsque l’Allemagne hitlérienne eut déclaré la guerre à l’Union soviétique, le bloc anglo-franco-américain, loin de se rallier à l’Allemagne hitlérienne, fut obligée, au contraire, de se coaliser avec l’U.R.S.S. contre l’Allemagne hitlérienne.

Par conséquent, la lutte des pays capitalistes pour la possession des marchés et le désir de noyer leurs concurrents se sont pratiquement révélés plus forts que les contradictions entre le camp du capitalisme et celui du socialisme. On se demande : où est la garantie que l’Allemagne et le Japon ne se relèveront pas et ne tenteront pas de s’évader de la captivité américaine pour commencer une vie propre, indépendante ? Je pense que cette garantie n’existe pas. Il s’ensuit donc que l’inévitabilité des guerres entre pays capitalistes reste entière. On dit qu’il faut considérer comme périmée la thèse de Lénine selon laquelle l’impérialisme engendre inévitablement les guerres, puisque de puissantes forces populaires ont surgi maintenant, qui défendent la paix contre une nouvelle guerre mondiale. Cela est faux.

 Le mouvement actuel pour la paix se propose d’entraîner les masses populaires dans la lutte pour le maintien de la paix, pour conjurer une nouvelle guerre mondiale. Par conséquent, il ne vise pas à renverser le capitalisme et à instaurer le socialisme, — il se borne à des buts démocratiques de lutte pour le maintien de la paix. A cet égard, le mouvement actuel pour le maintien de la paix se distingue de celui qui existait lors de la première guerre mondiale, et qui, visant à transformer la guerre impérialiste en guerre civile, allait plus loin et poursuivait des buts socialistes.

 Il se peut que, les circonstances aidant, la lutte pour la paix évolue çà et là vers la lutte pour le socialisme, mais ce ne sera plus le mouvement actuel en faveur de la paix, mais un mouvement pour renverser le capitalisme.

 Le plus probable, c’est que le mouvement actuel en faveur de la paix, en tant que mouvement pour le maintien de la paix, contribuera, en cas de succès, à conjurer une guerre donnée, à l’ajourner temporairement, à maintenir temporairement une paix donnée, à faire démissionner le gouvernement belliciste et à y substituer un autre gouvernement, disposé à maintenir provisoirement la paix. Cela est bien, naturellement. C’est même très bien. Mais cela ne suffit cependant pas pour supprimer l’inévitabilité des guerres, en général, entre pays capitalistes. Cela ne suffit pas, car malgré tous ces succès du mouvement de la paix, l’impérialisme demeure debout, reste en vigueur. Par suite, l’inévitabilité des guerres reste également entière.

Pour supprimer l’inévitabilité des guerres, il faut détruire l’impérialisme.

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Bulletin n° 273 - semaine 38 - 2014

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