L’Amérique latine contre une intervention militaire en Syrie

Al Manar

La majorité des pays d’Amérique latine se sont prononcés mercredi contre une intervention militaire en Syrie, au moment où les Etats-Unis et certains de leurs alliés européens envisagent de mener des frappes contre la Syrie.

"Une agression contre la Syrie aurait des conséquences extrêmement graves pour le Moyen-Orient, une région qui est déjà en proie à des troubles", a déclaré dans un communiqué le ministère cubain des Affaires étrangères.

"Elle constituerait une violation flagrante des principes de la Charte des Nations unies et du droit international et accroîtrait les dangers pour la paix et la sécurité internationales", a estimé le ministère cubain.

Le président de l’Equateur, Rafael Correa, a exprimé "le rejet de toute ingérence, à plus forte raison militaire, dans le problème syrien".

Son homologue bolivien, Evo Morales, a lui aussi condamné les menaces de frappes. "Nous rejetons, nous condamnons" toute intervention militaire étrangère en Syrie, a-t-il déclaré au palais présidentiel à la Paz.

M. Morales a mentionné des informations de presse selon lesquelles des armes chimiques auraient été utilisées près de Damas non par le pouvoir mais par la rébellion, afin de susciter une intervention internationale.

"Nous n’acceptons pas l’utilisation d’agents chimiques qui, selon ces informations, sont utilisés par des groupes qui déstabilisent la démocratie et le gouvernement" syrien, a déclaré le président bolivien.

Le Brésil ne soutiendra pas une intervention militaire en Syrie sans l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU, a déclaré mercredi le nouveau ministre des Affaires étrangères Luiz Alberto Figueiredo. Selon lui, il s’agirait d’une violation du droit international et de la charte de l’ONU.

Maduro évoque un lien entre les complots d’assassinat contre lui et l’intervention en Syrie

Venezuela/Nicolas MaduroDe même le président du Venezuela, Nicolas Maduro, a condamné les menaces occidentales de frappes contre la Syrie, au cours d’une visite à Tachira, dans l’ouest du pays.

Et il a affirmé que les autorités vénézuéliennes avaient déjoué un complot qui visait à l’assassiner au moment où auraient lieu d’éventuelles frappes occidentales contre la Syrie.

M. Maduro a rappelé l’arrestation au Venezuela, annoncée lundi par les autorités, de deux Colombiens qui seraient impliqués dans ce projet d’assassinat. "Le plan était de m’éliminer au moment de l’attaque contre la Syrie", a-t-il affirmé.

« Le projet des Occidentaux était de les faire coïncider (dans le temps), tout comme ils avaient tenté de le faire en 2002, lorsqu’une tentative de coup d’Etat contre Chavez avait précédé l’agression de l’Irak par les Etats-Unis », ont rapporté les médias vénézuéliens.

Le secrétaire général de l’OEA "opposé" à une intervention en Syrie

Dans ce contexte, le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA), le Chilien José Miguel Insulza, s’est déclaré mercredi "profondément opposé" à une éventuelle intervention militaire en Syrie.

"Je suis profondément opposé aux interventions militaires. Il n’y a pas beaucoup d’exemples dans le monde d’interventions de ce type qui ont été positives", a indiqué M. Insulza à la presse.

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COMMENTAIRES  

30/08/2013 11:35 par BQ

On est très loin des va-t’en-guerres d’ici...Je recommande la lecture du sondage IFOP sur l’intervention militaire en Syrie qui me paraît hallucinant (Août 2013 : http://www.ifop.com/media/poll/2316-1-study_file.pdf). On pourrait évidemment s’interroger sur les biais des questions posées.

Vous savez que depuis deux ans maintenant, une guerre civile occasionnant de violents combats se déroule en Syrie. Seriez-vous tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt pas favorable ou pas du tout
favorable à une intervention militaire des Nations-Unies [ou de la France, question 2] en Syrie ?

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Néanmoins, résultat : 55% favorable dans le cas de l’ONU (66% pour les sensibilités Front de Gauche) mais là où l’écart se creuse c’est lorsqu’il s’agit de l’intervention militaire de la France, 59% non favorable (58% pour les sensibilités Front de Gauche). C’est plutôt rassurant de voir que les interventions militaires de notre pays sont rejetées par la majorité de la population. C’est affolant à plusieurs aspects : les plus anti-interventions militaires en Syrie sont les électeurs de droite, ceux qui soutiennent l’intervention militaire sont en majorité ceux de "gauche" au sens large, dont les électeurs Front de gauche pour l’ONU (néanmoins pas pour la France). Même s’il y a une évolution tout à fait positive de la position de JLM et du parti de gauche sur l’opposition franche à toute intervention militaire en Syrie (goût amer malgré tout en Libye où un bras dans l’engrenage avait été mis en tolérant les résolutions ingérentes et violatrices des principes de droit international de l’ONU), il reste quand même pas mal de va t’en guerre dans la gauche. Le RI du PCF n’y est d’ailleurs pas étranger...

En tous les cas, ce rapport de l’IFOP montre comment la population peut rapidement être influencée, manipulée, rongée dans ses pires instincts (ex : 30% de personnes en France favorables au bombardement en Libye en 10 jours, après l’annonce des soi-disantes 6000 victimes de Kadhafi), si l’on ne construit pas une politique et des idées de défense exclusivement nationale, souveraineté (pour nous et les autres), de solidarité internationaliste désintéressée. Voilà encore une fois une preuve que des exemples de progrès humain et de vivre ensemble se construisent ailleurs, en Amérique Latine notamment.

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