Alors que la planète salue le réveil de la démocratie au Qatar, une affaire est passée sous silence et qui met en lumière l’injustice de la famille régnante envers des travailleurs maghrébins. En effet, depuis le 27 septembre 2011, l’ancien directeur d’Al Jazeera Children, le Tunisien Mahmoud Bounab, possédant également la citoyenneté canadienne, sa femme et son ancienne directrice de la programmation, Malika Alouane de nationalité marocaine, sont retenus au Qatar, leurs passeports confisqués et interdits de quitter le territoire qatari. Selon Human Rights Watch, les trois travailleurs étrangers ont été informés que leur ancien employeur : Al Jazeera Children, les avait accusés d’infractions financières en octobre 2011, mais ils n’étaient au courant d’aucune enquête criminelle officielle jusqu’à ce que des accusations aient été déposées contre eux, en décembre 2012. Une décision qui a surpris l’ancien journaliste tunisien, Mohamed Bounab, qui s’est investi dans le lancement de cette chaîne et dont leur dernier rapport et budget quinquennal avait été approuvé et signé par la Fondation du Qatar. Cette dernière n’a jamais commenté publiquement les poursuites. Mais durant plus de deux ans, ces cadres maghrébins d’Al Jazeera Children, sont empêchés de travailler et de quitter le territoire qatari et leur procès a été ajourné à la demande des avocats. Human Rights Watch a écrit aux autorités du Qatar, le 14 mars, pour demander des éclaircissements sur la base juridique de ces interdictions de voyage, sur les éventuelles mesures prises par les autorités pour aviser les personnes concernées et sur les recours disponibles pour contester ou annuler leurs interdictions de voyager. L’avocat d’Al jazerra Children aurait exigé 200 millions de rials qataris en réparation du préjudice financier causé à la société en raison des agissements des accusés - qui n’ont pas encore comparus devant la cour. Les avocats des accusés ont demandé plus de temps pour que les documents judiciaires présentés par la cour de justice puissent être traduits de l’anglais à l’arabe. L’avocat de Bounab a déclaré au Doha News qu’il était trop tôt pour se prononcer sur l’affaire. Le responsable tunisien a dit que quelles que soient les accusations, lui et ses collègues étaient « totalement innocents. » Bounab avait quitté son poste de travail pour le président du conseil à Al Jazeera News (aujourd’hui Al Jazeera Media Network) pour devenir le directeur général exécutif JCC au début de 2003. La chaîne JCC a été officiellement lancée en septembre 2005 et a remporté plusieurs prix pour la production d’émissions pour enfants pour le Monde arabe. Dans le Monde arabe, aucune réaction. En Tunisie, la présidente du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), Nejiba Hamrouni, avait lancé le 4 février 2013 un sit-in devant le siège de l’ambassade du Qatar à Tunis pour revendiquer la libération du journaliste Mahmoud Bounab, détenu au Qatar depuis septembre 2011. Le journaliste lui-même qui est fatigué de cette prison dorée, a lancé, le 30 mai, un appel dans lequel il demandait aux autorités qataris de le libérer. L’arrivée du fils de Cheikha Moza aux commandes du pays y changera quelque chose ? Pas sûr, car l’emprise de la mère est très forte sur le fils ! Pour preuve, même le président tunisien Marzouki, qui serait salarié d’Al Jazeera n’est pas intervenu pour faire libérer son compatriote.
Amira SOLTANE